mardi 29 juin 2021

Les joies d'en bas

Voici un ouvrage sympathique de Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl sur le sexe féminin. Issu d'un blog lancé par ces deux étudiantes en médecine, il garde une légèreté de ton et un humour sympathique. Pédagogique, précis, il passe au crible les croyances et idées fausses sur le sexe féminin, la sexualité, la contraception. Parfois questionnant sur le tout médical (vaccin, pilule) et sur la question du sexe génétique, anatomique et psychologique, sur lesquels il parait un peu directif, il est dans l'ensemble très éclairant. Les dessins et les tableaux viennent faciliter les explications et rendre ludique un sujet qui ne l'est pas tellement !

La première partie est très anatomique et concerne l'appareil génital, en abordant la question du plaisir, de la virginité, mais aussi des poils ! On passe ensuite aux sécrétions diverses : glaires, règles et tout l'arsenal des serviettes et des douleurs - mais aussi des effets sur l'humeur, agressive ou dépressive. Puis, il est question de vie sexuelle, la première fois, le désir, l'absence de désir, l'orgasme, puis de contraception avec toutes ces questions sur les risques et avantages des différentes contraceptions. La dernière partie traite de tous les petits et grands soucis, depuis des règles irrégulières, les MST, l'endométriose, les fausses couches au cancer du col de l'utérus.

A mettre entre les mains des femmes comme des hommes !



jeudi 24 juin 2021

Les sept cadrans

Et voici le petit Agatha Christie traditionnel du mois anglais. Cela risque d'être ma seule participation cette année car je n'ai pas noté beaucoup de romans anglais ces derniers temps.

Lors d'une sauterie, le jeune Wade est retrouvé mort dans son lit. Ce gros dormeur, à qui les autres invités avaient fait la surprise de mettre des réveils dans sa chambre, n'entend pas le boucan des 8 sonneries. La cause de sa mort semble accidentelle, cependant, certains soupçons s'éveillent. Surtout lorsqu'un autre invité meurt également le lendemain. La vive Eileen Brent, qui a manqué d'écraser le pauvre homme, se lance dans l'affaire, à la poursuite d'un club criminel des 7 cadrans. Elle entreprend d'embarquer la sœur de Wade, Loraine et Jimmy, un des autres invités dans la compréhension de cette affaire à laquelle se mêlent des plans à ne pas se faire dérober et des questions politiques. 

Hélas, si le roman se veut plein de rebondissements, la fin et le dénouement sont précipités. C'est en effet le surintendant Battle, de Scotland Yard, qui suivait l'affaire de loin, qui nous en livre tous les éléments au chapitre final.





lundi 21 juin 2021

Prisonnier au berceau

Un peu de Bobin à nouveau ! 

Ici dans une forme plus autobiographique - ou géographiquement limitée. On reste en effet au Creusot, dans l'enfance de l'écrivain. C'est une enfance d'enfermement dans une maison, les fenêtres ouvertes vers le ciel et les livres. C'est une enfance mystique, à la recherche de la sainteté, sainteté ordinaire des jours, du travail, de l'ennui. C'est une formation à l'écriture par une observation profonde et concentrée du monde, de la petite cour, des hortensias et du ciel où les anges et les flocons dégringolent. Il y a quelques rencontres, dont celle d'Emily Dickinson, la porte des livres et des mots. Et comme souvent des phrases qui résonnent dans le cœur !

"J'écris ce livre pour tous ces gens qui ont une vie simple et très belle, mais qui finissent par en douter parce qu'on ne leur propose que du spectaculaire"

"L'ennui est un petit balai de genêts manié par un ange pour chasser la poussière de nos désirs. En la vidant peu à peu, il éclaircit la chambre de l'âme"

"La vie était une mendiante que des serviteurs avaient la consigne de laisser à la porte"

vendredi 18 juin 2021

Bénie soit Sixtine

Avec ce roman, bienvenue chez les tradis tradis ! Maylis Adhémar nous invite à suivre Sixtine, jeune fille élevée dans un milieu catholique fondamentaliste. Mais aussi une Erika, qui écrit des lettes à Muriel, en qui l'on reconnait la mère de Sixtine.

Sixtine rencontre Pierre-Louis, un jeune polytechnicien de bonne famille, ils se marient, elle arrête ses études, elle est enceinte quelques semaines après son mariage. Tout pourrait en rester là et Sixtine pourrait suivre le chemin de ses sœurs et belles-sœurs avec une tripotée d'enfant. Mais Pierre-Louis a un drôle de loisirs avec ses amis de la Milice : aller à des concerts où les paroles racistes s'enchainent et taper sur les anars. Ce qui finit mal. Pierre-Louis meurt ainsi qu'un gauchiste. Et Sixtine commence à douter de son milieu et des valeurs dans lesquelles elle a grandi. Elle met au monde un petit Adam et s'enfonce dans le cocon de la belle-famille. Mais les moyens pris par sa belle-mère pour la  détacher un peu du petit bébé la rendent folle. Elle décide de fuir et de se cacher. 

En parallèle de l'émancipation de Sixtine, c'est aussi l'histoire de sa mère et de sa grand-mère qui s'écrivent. L'histoire d'une femme qui s'est totalement détachée de ses parents au point de ne pas les inviter à son mariage et de les faire passer pour morts. 

Un joli roman sur l'emprise d'un milieu social effrayant et sectaire ! Et roman initiatique d'une jeune femme qui est restée comme en dehors du monde.



lundi 14 juin 2021

La Vie de sainte Thérèse d'Avila

Cette biographie de sainte Thérèse d'Avila - à ne pas confondre à avec sainte Thérèse de Lisieux - était sur ma LAL depuis tellement longtemps et m'avait été recommandée à plusieurs reprises. Cette œuvre de Marcelle Auclair se lit comme un roman. Il faut dire que Teresa Sánchez de Cepeda Dávila y Ahumada vit à l'époque des hidalgos, de la conquête des Indes, de Charles Quint et de Luther, dans la glorieuse Espagne. La plume vivante de l'auteure nous fait bien sentir l'exaltation de l'époque, la richesse qui vient du nouveau monde et l'énergie de Thérèse. Car c'est bien Teresa que nous allons suivre, de sa naissance en 1515 (Marignan !) à sa mort en 1582.

Teresa grandit dans une famille nombreuse, c'est la fille d'Alonso Sánchez de Cepeda et Beatriz Dávila y Ahumada. Enfant vive et jolie, elle aime lire, écrire et jouer à l'ermite. Adolescente, elle cherche à plaire. C'est donc une surprise de la voir rentrer au couvent suite à une maladie. Là, elle continue à souffrir de nombreux maux, reste paralysée deux ans, et ne prend pas beaucoup soin d'elle. On la voit apprendre à prier, tout en restant en partie dans le monde - ce n'était pas un ordre cloitré. Elle guérit et commence à voir le Christ lui apparaitre, se demandant s'il s'agit de tentations ou non. 

"Le Seigneur n'attendait que la décision de Teresa pour la combler de grâces spirituelles. "A peine avais-je détourné mon regard des occasions de pécher, et déjà Sa Majesté recommençait à m'aimer... Il me semblait que je venais à peine de me disposer à le servir, et déjà Sa Majesté recommençait à me choyer...""

Ces visions / extases dureront toute sa vie. La vie du couvent commence à lui sembler trop mondaine et elle désire simplifier la vie des sœurs. 

"A quelques ferventes près, le monastère de l'Incarnation semblait plutôt une pension de dames seules, où chacune, suivant sa fortune, son rang, ses attraits personnels, s'organisait une existence plus ou moins agréable, dans la pratique de vertus estimées indispensables pour atteindre, sans trop de peine, à une position de bonne compagnie dans l'autre monde. Dans l'autre monde : car en celui-ci "il est impossible de rien réussir de bien lorsqu'il y a plus de quarante femmes ensemble : tout n'est que tumulte et tohu-bohu, elles s'entravent les unes les autres". Teresa trouva beaucoup d'amies pour l'aider à tomber parmi les cent quatre-vingt nonnes de l'Incarnation, alors que, pour se relever, elle était seule"

C'est ainsi qu'elle réforme l'ordre du carmel, fondant le monastère Saint-Joseph, et revenant à la règle d'origine : pauvreté, clôture, jeûne, prière et obéissance. Il n'est plus question de visites, les sœurs ne peuvent communiquer avec l'extérieur qu'au parloir et selon des règles strictes. Elles sont aussi peu nombreuses par couvent. Elles ne possèdent rien et se vêtent de bure et sandales. 

Mais cette réforme est loin d'être simple ! Les carmes non-réformés ne vont cesser de médire de Teresa et des siens, comme Saint Jean de la Croix, le réformateur des couvents masculins. Et les autres ordres ne sont pas en reste. Teresa aura aussi affaire à l'inquisition et aux médisances. Alors quand elle se met à fonder divers couvents, c'est souvent compliqué et à contre courant. Toutefois, elle reste droite, soutenue par la prière et les extases mystiques. Femme active, d'une force de caractère et d'une vitalité étonnante vue sa santé, elle meurt après avoir réformé un ordre, fondé une quinzaine de couvents, écrit des ouvrages sur l'oraison.

La biographie s'arrête avec sa mort et ce qu'il advint de son corps - dispersé et découpé en reliques. Il y a quelques mots sur sa béatification et sanctification mais pas sur comment elle est devenue docteur de l'Eglise - sacré titre - et la première femme à l'être. 

"Elle semblait d'autant moins douée pour la sainteté qu'elle était mieux faite pour le succès dans le monde, se jugeait pétrie de défauts et de contradictions : orgueilleuse, mais futile ; dominatrice, mais sensible aux influences ; elle parle de son "extrême dissimulation" et de son horreur du mensonge, de son gout de plaire, qui ne freine pourtant pas ses vivacités d'humeur capables de se manifester en colères "terribles" ; et ce point d'honneur, ce "noir amour-propre", cet amour-propre mal entendu "chaîne que nulle lime n'entame" !"

"L'instant où s'efforçant de décrire la sorte d'hébétude dans laquelle elle se trouvait parfois, tout absorbée en Dieu, Teresa dit :

- Il me semble que mon âme est comme un petit âne en train de brouter..."

jeudi 10 juin 2021

Lexique amoureux

Un peu de poésie arabe, je crois que c'est ma première fois. Adonis dans ce recueil, m'ouvre les portes d'une poésie amoureuse, langoureuse, qui parle des corps et de la passion, du désamour et du manque. Composé de plusieurs recueil, cet opus comporte La forêt de l'amour en nous, Les feuillets de Khaoula, Commencement du corps fin de l'océan et Histoire qui se déchire sur le corps d'une femme. J'ai aimé ses jeux avec les lettres arabes, ce lexique de l'amour.

Si la dernière partie, poème à plusieurs voix, aux airs d'épopée maritale ne m'a pas convaincue, à part ces vers "l'herbe est lignes, La terre un cahier et je suis l'encre de ce lieu" d'autres poèmes ont marqué mon attention. En voici quelques uns !


Corps qui veille : masque

Dois-je jeter un pont
Entre le feu qui embrase mon corps
Et l’argile des mots
Pour traverser la traversée des désirs ?


Qui suis-je? Tu demandes
La réponse est mon corps
Tu connais ses légendes
Mon corps ce voyageur
Dans un nuage de terre


Les larmes suspendent leurs miroirs cassés
Sous ses cils


J’étreins le tronc. Nuit
Et les étoiles déplacent leurs troupeaux
Dans les prairies. Comme moi, le ciel
A la nostalgie du tronc
Un olivier
Fruit est sa taille
Fruits, sa poitrine
Fruits, ses seins
J’étreins le tronc. Nuit
J’offre mes mains à ses passions

Un rêve dans lequel j’erre
Et qui erre dans mes yeux

Son amour : nuage
Qui s’évapore de cet océan
Dessiné par la tragédie


Seule - Le thé est sans saveur. Nous en avons bu hier. Il était exquis. 


Mon amour - 
respire par le poumon des choses
accède au poème
dans une rose dans un rai de poussière.

Il confie ses états à l'univers
comme le vent et le soleil quand il fendent la poitrine du paysage
versant leur encre sur le livre de la terre.


Je n'aime pas les lettres
Je ne veux pas de cette insomnie pour notre amour
ni qu'il soit trainé par les mots.

Je n'aime pas les lettres
Je ne veux pas que nos corps voyagent
dans une barque de papier. 


Mes chemins m'ont apparentée à toi, mes chemins vers toi
sont ruines et déserts.
Je ne puis arriver
mon lieu est étrange.

Même les saisons se sentent en pays inconnu entre ses jours.

Prends-moi par la main
donne-moi de nouveau la tienne
je n'arrive pas. 


Revenons
aux rues qui furent notre refuge un jour.
Regardons

le monde s'ancrer dans nos respirations, le temps aller et venir
dans les fenêtres brisées.

Nous marchons sur le miroir de nos pas
dans le lexique des feuilles mortes.

Pas d'autre bruit que celui de nos pieds
nous marchons dans les plus hauts jardins. 


Maintenant je blesse un rêve et m'interroge : un rêve peut-il saigner ?
Pourtant
rien entre mes paupières et mes rêves
ne pouvait le démentir.

J'ai dormi dans les draps de mon amour
voué à ses déesses
était-ce ton cœur qu'elles ont blessé ou le mien ?


Le plus beau en toi : tes larmes
entre les vagues
voguent les navires.

J'ouvre dans mes paumes des chemins sur leurs traces
puise mon encre dans le halètement de leur source
et écris !
les larmes de la femme que j'aime sont blessures à la langue de l'espace. 


Je visiterai les lieux de l'été après notre départ
entre les rivages d'Ulysse, dans la nuit de Delphes et le soleil d'Hydra.

Je marcherai comme je marchais
laissant aux fleurs le pouvoir d'éveiller le parfum de nos rencontres

C'est sûr
qu'elles me demanderont de tes nouvelles. Qu'es-tu devenue ?
où es-tu ? quel est ton visage maintenant ?
Mais que leur dire
les saisons ont effacé les saisons.


J'ouvre la porte au vent
il visite les dessins suspendus
effleure leurs contours
puis baille et s'en va le dos courbé.

Notre amour n'était pas là, ses spectres
ont emporté tout ce qu'ils avaient dessiné sur
le lit, les coussins, la poignée de la porte
sur son cadenas avant de disparaitre.

Ai-je tout imaginé ? Pourtant
un nuage a tout confirmé
un nuage qui passe à l'instant.

Pas de vent visiteur personne pour dire à ces dessins
comment raconter les légendes
comment s'écrit l'histoire de ces nuages.


Souvent la nuit 
j'inspecte ma maison, allume les lampes
mais elles n'éclairent pas
j'ouvre les fenêtres, mais
elles n'éclairent pas
trouverai-je une lueur dans la porte ?
je cours vers la porte, la supplie, mais
elle n'éclaire pas
l'obscurité en ces lieux est blessure
même guérie elle continue à saigner.

Ô amour
d'où vient la lumière
quand le ciel trahit le ciel ?


Cela te console que les nuages arrivent partent 
laissent la place à d'autres nuages ?
Cela te console de savoir que les tombes sont des demeures
et qu'entre leurs murs les hommes sont égaux ?
Cela te console que l'œil ne voit
que ce qui a été dessiné par les nuages ?
Ma consolation : c'est que le lieu d'où je viens
continue de confier ses secrets au 
temps, et que le temps auquel j'appartiens
ne cesse de renouveler ses couleurs
de feuilleter les pages
du livre des arbres.


Nos deux corps 
un seul temple    mes pas vers sa porte sont aussi les siens
pas une seule fois je n'ai voulu
pas une seule fois elle n'a voulu
être reine
et que je sois prisonnier
alors que je suis captif de la mémoire.

Celle-ci est le point central de la numération de mon amour
de sa calligraphie
de ses formes.

ن nun 
Il est rare 
que l'errance regroupe ses vieilles carioles
et les tire entre ses membres
de sa lumière la lune tissait un oreiller
le conviait à s'y appuyer
la nuit étendait ses vêtements autour de lui, sur les arbres
alors qu'il était à l'écoute du halètement des fleurs qui s'ouvraient. 


Ils prétendent que je ne fus créée que pour être le récipient
du sperme comme si j'étais seulement champ et labour,
que mon corps n'est fait que de menstrues et de vomi
et que ma vie coule,
mime parfois, et parfois cri.

Pour quelle raison alors le monde écrit-il ses secrets 
avec les mains d'un amant ?
Et pourquoi les prophètes naissent-ils tous
dans la couche d'une femme ?



lundi 7 juin 2021

Lettres à un jeune auteur

Cet ouvrage de Colum McCann m'a été conseillé par une personne qui se reconnaitra peut-être. Pour ma part, je ne vois plus qui. 

Il s'agit de lettres pour auteur débutant réparties en courts chapitres. C'est rapide à lire et sympathique, et les conseils semblent avisés. Si McCann débute en écrivant que seuls comptent les mots jetés sur la page et que personne ne peut aider un jeune auteur, il propose tout de même une cinquantaine de chapitres sur l'écriture. Il traite des personnages, de la page blanche, de l'éditeur, des recherches, de l'inspiration, de la langue, des lectures, des critiques, des corrections etc. C'est souvent concret, efficace et non sans humour !


Le premier chapitre ou lettre les contient tous, c'est ramassé et actif. En voici un extrait : 

"ÉLOIGNE-TOI DU RAISONNABLE. SOIS FERVENT. Dévoué. D’une aisance subversive. Lis à haute voix. Mets-toi en jeu. Ne crains pas les sentiments, même taxés de sensiblerie. Sois prêt à te faire réduire en miettes: cela arrive. Accorde-toi la colère. Échoue. Marque un temps. Accepte le rejet. Nourris-toi de tes chutes. Pratique la résurrection. Émerveille-toi. Porte ta part du monde. Trouve un lecteur en qui tu aies confiance. Ils doivent aussi te faire confiance. Même quand tu enseignes, sois l'étudiant et non le professeur. Ne te raconte pas de bobards. Si tu te fies aux bonnes critiques, tu dois aussi te fier aux mauvaises. Ne t'enfonce pas pour autant. Ne laisse pas ton cœur se durcir. Admets-le : les cyniques sont meilleurs que toi pour les bons mots. Courage ! Ils ne terminent jamais leurs histoires. Aime la difficulté. Enlace le mystère. Repère l'universel sans le local. Prête foi à la langue - les personnages suivront et l'intrigue finira par se dessiner. Exige davantage de toi. Evite le surplace. On peut survivre ainsi, mais pas écrire. Ne sois jamais satisfait. Transcende l'individuel. Compte sur la résilience du bien. Notre voix provient de celles des autres. Lis sans entraves. Imite, copie, mais deviens ta propre voix. Ecris sur ce que tu veux savoir. Mieux, braque ta plume sur ce que tu ignores. Le meilleur travail nait au-dehors. Alors seulement il se développera en toi."

Ensuite, les chapitres sont thématiques, plus ou moins concis. Ils révèlent à la fois une didactique et une philosophie du travail de l'écrivain.   

"Un écrivain est un explorateur. Il sait qu'il souhaite aller quelque part, mais il ignore si ce quelque part existe déjà. Il convient de le créer, telles des Galapagos de l'imagination"

"Les "personnages déterminent le destin", ce qui signifie (probablement) qu'un personnage bien composé agira conformément à ses motivations. Dans ce cas, sa personnalité prêtera à conséquence dans le dénouement de l'histoire. Mais celle-ci ne vaudra rien s'il ne fait pas partie du grand tourbillon humain. nous devons les rendre tellement vrais que le lecteur ne les oubliera jamais [...] Il faut qu'il leur arrive quelque chose : une secousse qui réveille soudain nos cœurs fatigués. [...] S'ils ont envie de quitter la page, force-les à rester une page de plus. Embrouille-les. Heurte-les. Donne-leur une langue fourchue. La vraie vie est ainsi. Ne sois pas trop logique. La logique est paralysante"

"Tiens une conversation avec ce que tu écris. Lis ton travail à haute voix. Promène-toi dans l'appartement et projette-toi à travers le plafond. Le ciel est, quoi qu'il en soit, plus intéressant que lui. Ne chuchote pas, j'ai dit A HAUTE VOIX. Affronte la gène. Accepte les railleries. Engueule un peu tes mots"

 Un chouette ouvrage sur le processus créatif. 

jeudi 3 juin 2021

Guérir de sa famille par la psychogénéalogie

Cet ouvrage de Michèle Bromet-Camou, élève d'Anne Ancelin Schützenberger (que j'avais lue sur ce sujet), parle des souffrances héritées. Toutes nos familles sont un peu folles ou cachent des petits et gros secrets, non ? Dans les familles, il n'est pas rare qu'un enfant prenne sur lui la souffrance ou le secret d'un adulte et l'exprime en "dysfonctionnement" quelconque. Elle raconte donc quelques rencontres et quelques guérisons, avec des enfants et des adultes. Il est surtout intéressant de lire son expérience dans les maternités où, dès la naissance, les noms et les rêves des parents annoncent des questions familiales à venir ! Et l'auteur se mouille, elle met en résonnance sa propre thérapie avec certains de ses patients. 
Parmi mes découvertes : le psychodrame, une façon de "jouer" son histoire pour la guérir. Et diverses façons de démêler des "C'est plus fort que moi".