lundi 25 juillet 2022

La montagne de minuit

Je poursuis ma découverte des romans de Jean-Marie Blas de Roblès avec ce titre. Au programme, un voyage au Tibet.

Bastien, gardien dans une école mis à la retraite, est passionné du Tibet. Sa voisine, Rose, intriguée par cette passion peu commune, l'invite et découvre un érudit dont le seul rêve est d'aller au Tibet. Voyage qu'ils font ensemble et sur lequel le fils de Rose revient, par lettres interposées. Comment a-t-il pu se former et connaitre tant d'éléments sur le Tibet, c'est un des mystères que Rose va élucider pendant le voyage. 

Un joli roman initiatique qui s'interroge sur la place de la vérité, de l'histoire, qui fait voyager !  



lundi 18 juillet 2022

La langue géniale

Certains d'entre vous le savent peut-être, j'ai étudié et adoré le grec ! D'abord, les mythes et les personnages soumis aux dieux et à leurs passions, puis la littérature avec la langue et la philosophie. C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans cet ouvrage d'Andrea Marcolongo. Loin d'être un simple essai sur cette langue, c'est une déclaration d'amour.

On la suit d'abord dans les conjugaisons et la notion de temps. On ira jusqu'à l'optatif. Il y a de drôles de temps en grec, comme l'aoriste par exemple. Et il y a des aspects qui qualifient l'action. A partir d'exemples, souvent assez humoristiques, et d'extraits de textes grecs, on rentre dans la complexité et l'unicité de la langue.

On parle ensuite - avec la prononciation, perdue. Mais des petits indices restent dans l'écriture avec les esprits et les accents. Un détour par la poésie nous fait rêver de récitations. 

Puis, le lecteur découvre les genres et nombres notamment le neutre et le duel. Puis les cas et les fameuses déclinaisons.  

On sort ensuite de ces questions grammaticales pour rentrer dans la traduction, cette inévitable trahison, et les nombreuses façons de traduire. Rassurez-vous, c'est possible ! Enfin, on termine, et c'est étonnant, par un chapitre sur la langue, ses origines, la façon dont elle s'est fixée tout en continuant sous d'autres formes ailleurs qu'à Athènes.

Un joli voyage dans la grammaire grecque !




mercredi 13 juillet 2022

La maison dans laquelle

Je ne sais plus chez qui j'ai repéré ce titre de Mariam Petrosyan mais merci à cette personne pour la découverte fabuleuse ! Ce roman a occupé tout mon temps libre cette semaine, j'étais fascinée par ce monde, par cette maison aux murs barbouillés de mots, de dragons ou de girafes. Une maison où vivent des enfants et des adolescents, tous mutilés, organisés en groupes, en bandes. 

Le fameux groupe 4, avec lequel on traine pendant les 954 pages chez Monsieur Toussaint Louverture, nous apparait à travers les yeux de Fumeur, transfuge du groupe 1. Cette jeune recrue nous fait rencontrer des personnages étonnants : Sphinx, l'Aveugle, Tabaqui, Vautour, Noiraud et bien d'autres. Tous ces jeunes gens ont des handicaps physiques, certains sont des roulants (en fauteuil) et d'autres non. Ils évoluent dans une maison qui peut aussi être une forêt la nuit, une maison pleine d'histoires et de secrets. Les leurs mais aussi ceux des promos précédentes dont les départs ont été vécus dans la violence. 

Pas beaucoup de profs, de cours, d'éduc et d'adultes en général. Ils existent à la marge des vies adolescentes, peu intéressants. Idem pour l'Extérieur, qui désigne tout ce qui n'est pas la maison. Effrayant ou inintéressant, il ne mérite pas que l'on s'y attarde ou que l'on y retourne. Pas besoin de ces éléments, la Maison est riche et les histoires qui s'y vivent apparaissent comme autant de contes que certains se racontent lors de la nuit la plus longue, celle où toutes les horloges s'arrêtent. Et les strates des murs révéleraient les appartenances de chacun, leurs bandes d'origine car les gens changent, leurs surnoms aussi et leur groupe d'amis tout autant. Il y a à l'époque principale, les Faisans, très sérieux, les Rats, punks crados, les Oiseaux gothiques et fans de plantes, les Chiens avec leurs colliers à clous... et le groupe 4. Et le lecteur d'amuse à repérer sous les comportements des ados les enfants qu'ils étaient à leur arrivée - un récit des origines s'intercale avec celui de Fumeur.

Cette maison, c'est un monde à part entière, et un autre monde aussi car certains ont la faculté de "sauter" dans l'envers, dans la forêt, ailleurs. Il y a un sépulcre (l'infirmerie), le côté des filles et celui des garçons, la cafetière (où se boivent des boissons étranges), un croisement et bien d'autres lieux dans le labyrinthe qu'est la Maison, comme si elle se métamorphosait elle aussi. Elle a surtout ses mystères, ceux que le lecteur emporte en fermant le roman, les questions et les interprétations vont encore longtemps me trotter dans la tête ! 


lundi 11 juillet 2022

Le huitième jour de la semaine

Encore un recueil de Bobin ! Ce n'est pas mon favori mais on y trouve de belles phrases. 

« Qu’est-ce donc que la vie ordinaire, celle où nous sommes sans y être ? C’est une langue sans désir, un temps sans merveille. C’est une chose douce comme un mensonge. Je connais bien cet état. J’en sais – tiré par le cœur – la banalité et la violence. L’âme y est comme une ruche vidée de ses abeilles. »

« Au fond, si la vérité nous fait parfois défaut, c’est parce que nous avons commencé à lui manquer, en prétendant la régenter et la connaître. »

« Les grandes décisions se prennent dès l’enfance, celles qui orientent le cours des astres et l’allure des songes. Elles naissent de tout et de rien. Elles naissent de l’indigence soudainement révélée du tout de la vie. A sept ans, l’âme est déjà menée à son terme, enroulée sur sa propre absence, comme les pétales d’une rose amoureusement repliés sur le vide en leur centre. »

« Nous manquons à notre vie. Nous manquons à tout. L’étrange est au fond que la grâce nous atteigne, quand tous nos efforts tendent à nous rendre inaccessibles. »

« Il faut encore vouloir ce que l’on aime, et il faut le vouloir d’une volonté profonde, pure de toute impatience, comme obscure à elle-même. Un désir trop brutal menacerait les puissances qui sont en nous tout aussi surement qu’un trop long oubli. » 
« Vous portez à son incandescence une vertu partagée par toutes les femmes de ne jamais rien céder aux vains prestiges des êtres. Il y a une joie dans le monde. Il y a une jouie élémentaire de l’univers, que l’on assombrit chaque fois que l’on prétend être quelqu’un ou savoir quelque chose. »

 


lundi 4 juillet 2022

Chanson douce

Après le livre et le film, je me décide enfin à découvrir ce roman de Leïla Slimani dont j'ai lu beaucoup de critiques enchantées. Je sors pourtant un peu frustrée de cette lecture.

Myriam a eu deux enfants avec Paul. Enfermée dans son rôle de mère, elle ne le supporte plus. C'est donc un petit miracle lorsqu'un avocat lui propose de travailler avec lui. Myriam et Paul se mettent en quête d'une nounou et engagent Louise. Louise est parfaite : elle calme les chagrins, cuisine à merveille et range l'appartement. Certes, Myriam culpabilise parfois de lui laisser ses enfants mais elle s'épanouit dans son travail et, à nouveau, dans son couple. Louise est de plus en plus indispensable. 

Mais derrière son apparente perfection, Louise cache bien des soucis, qui la mènent jusqu'à l'irréparable décrit en début de roman. Et c'est ce fil qui est remonté par les enquêteurs pour comprendre le crime. 

Rondement mené et difficile à lâcher, ce roman campe un personnage fascinant - et effrayant - avec cette Louise qui s'insinue dans la famille. Je regrette simplement que Myriam y soit de moins en moins présente. Un roman proche du thriller et, en creux, l'analyse d'une forme de relation maître-esclave dans nos sociétés urbaines où tout se sous-traite.