Je ne vais pas revenir sur les débats qui agitent la création du Louvre des sables et la vente de la marque Louvre. Je parlerai uniquement de cette exposition des premières œuvres achetées pour ce Louvre à venir. J'avais envie de voir si un musée créé si tardivement dans l'histoire des musées pouvait encore trouver de beaux objets pour répondre à son ambition universelle (oui, oui, comme le Louvre). Car le marché de l'art peut être dépourvu sur certaines périodes. Difficile aujourd'hui d'acquérir un Van Gogh, on n'en vend pas tous les jours ! Alors que le mobilier Art Déco se trouve assez facilement. De même, une belle sculpture grecque archaïque, ça ne court pas les rues. En outre, le discours m'intéressait : était-ce une simple présentation des futures cimaises d'un musée ou allait-il y avoir une problématique suffisamment large pour embrasser l'histoire des civilisations depuis leurs origines ?
L'organisation de l'exposition est chronologique, des Princesses de Bactriane à Cy Twombly. Le propos ? Le dialogue entre les civilisations à travers les œuvres. Le jeu d'influences marche plutôt bien au début, les rapprochements sont intéressants, notamment au Moyen Âge avec l'Aigle de Domagnano. Mais tout cela se dilue dans un discours historiciste sur l'art, qui propose des jolis objets. La majorité des périodes est représentée (plus ou moins bien), quelques tableaux, sculptures ou objets d'art viennent illustrer l'ailleurs dans une tentative d'universalisme. Mais qui reste bien entendu soumis à un regard très occidental.
Quant aux œuvres en elles-mêmes, certaines sont imposantes comme le décor d'un hôtel particulier parisien, d'autres superbes comme un bracelet perse ou certaines pages de manuscrits indiens, tous deux d'une grande finesse, d'autres enfin sont assez décevantes. Et la vocation universaliste est louable mais parait complexe à mettre en place. Non, tous les courants artistiques sont loin d'être représentés, idem pour les civilisations et les thèmes. Quant au projet architectural, une maquette le présente. Et c'est tout.
Bref, c'est une exposition aux ambitions plus politiques qu'artistiques, qui permet de réviser vaguement son histoire de l'art (avec quelques trous) mais certainement pas de la challenger ou de l'interroger, de voir quelques belles acquisitions mais qui ne donne pas envie d'aller voir le résultat final à Abu Dhabi...
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