Le livre s'ouvre la marche épuisante d’une femme et son enfant, dans les montagnes du Liban. Elle vient soumettre un projet ambitieux à l'homme d'affaires de son village natal, d'où elle avait dû fuir pour vivre sa grossesse. Plusieurs générations plus tard, Fouad, parisien fraîchement débarqué au Liban pour une histoire d'héritage, découvre sa famille maternelle. Il passe signer des papiers pour la vente d’une maison familiale dont il ignore tout. Nelly, sa mère, originaire du Liban, a vécu en France depuis ses 20 ans. Mais pourquoi a-t-elle ainsi quitté les siens ? Fouad, d'abord méfiant et mal à l'aise, n’a qu’une envie : partir. Puis, accompagné de sa séduisante nièce, Nicole, il se propose de mener l’enquête et va interroger les proches de Nelly.
Ce roman d'Olga Lossky propose une quête des origines du héros, en forme de miroir. Car Nelly, femme de caractère, n'a rien à envier à son aïeule, Evelyne. La vie de l’une renvoie à celle de l’autre. Volontaires et enthousiastes, elles aiment lancer des défis, sans se soucier du regard des autres. Amoureuses, fières, elles avancent. Au cœur de ce récit, l'attirance de femmes pour ce qui leur est interdit et la rivalité d'hommes trop fiers. Si le cadre d'un Liban qui se modernise, qui repense les relations homme-femme et qui panse les plaies d'une guerre civile m'a semblé intéressant, j'ai toutefois trouvé l'histoire de Fouad assez classique, sans originalité, ni dans la construction de la narration qui alterne flash-back et cours principal de la quête, ni dans le style, fluide et simple. Si ce roman se déguste bien et rapidement, comme une de ces pâtisseries orientales dont est gavé le héros, j'avais d'autres attentes pour ce livre. J'espérais une véritable saga familiale, des relations plus poussées entre les personnages. Ou l’histoire de cette maison du titre, cette maison bâtie par Evelyne pour les siens, celle où Nelly a grandi, qui va bientôt être démolie. Cette histoire existe dans le roman mais elle est racontée au pas de course. Quant à la maison au sens de famille, elle n’intéresse pas réellement le héros, trop en quête de lui-même. Car finalement, seul Fouad compte ici. Et il la joue plutôt solo. Tout ce qu'il exhume n'a qu'un but personnel, une curiosité comme prétexte à son indécision. Il utilise les souvenirs des autres pour se forger une histoire mais n’éprouve pas d’empathie ou de désir de partager plus avec ces personnages. A l’exception de Nicole… Ah, que j’ai trouvé très mal amenée et très lourde la relation ambigüe qui s'esquisse avec elle ! Cette ambiguïté ne prend corps que dans les impressions de Fouad, qui se sent lui-même pris dans cette tornade d'amours adultères qu’il exhume. Pourquoi lutter contre ce sentiment ? Après tout, n’est-ce pas le destin ? Cette oscillation entre déterminisme et liberté reste néanmoins très classique. Mais de là à proposer un inceste potentiel, j'ai trouvé que la ligne ne méritait pas d'être franchie. On peut concevoir qu'un homme qui questionne enfin son identité, à quarante ans, puisse sentir vaciller toutes ses certitudes. Toutefois, cette situation pseudo amoureuse perd toute crédibilité et agace le lecteur car elle apparaît très artificielle, comme si elle avait été greffée a posteriori dans le livre.
Bref, j'ai trouvé que ce roman aurait mérité des personnages plus consistants et des relations plus complexes qu'un simple phénomène de répétition transgenerationelle. Il aurait fallu, soit entrer plus dans les détails et proposer un roman plus costaud, soit rester dans un entre deux comme celui-ci mais en se contentant de la quête. Les interrogations de Fouad sur sa nièce, répétitives et ridicules, ont discrédité ce livre. Dommage pour un roman à la couverture si jolie, qui laissait imaginer un arbre généalogique touffu à remonter.
Le dernier roman que j'ai lu se déroulant au Liban m'a donné envie de visiter ce pays.
RépondreSupprimerCelui-ci ne donne pas spécialement envie de voyager, à part au début, dans le Liban des années 1920.
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