vendredi 23 mai 2014

Au musée du Louvre, le trésor de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune et les plafonds du XVIIe siècle

Deux expositions vues récemment au musée du Louvre (juste avant la fermeture de "Peupler les cieux"), l'une sur de magnifiques trésors médiévaux (enfin, jusqu'au XVIe siècle), l'autre sur des dessins du XVIIe siècle.


Trésor de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune


A l'occasion de la restauration du musée de l'abbaye suisse, ses trésors sont exposés au Louvre, pour le plus grand plaisir d'amateurs d'émaux cloisonnés, de réutilisation d'intailles antiques et plus largement d'orfèvrerie. Après une introduction sur l'abbaye, fondée en 515 autour des reliques de Saint Maurice (triste histoire que celle de ce saint : décurion d'une légion romaine issue de Thèbes, il refuse de tuer des chrétiens. Du coup, sa légion se fait massacrer par la légion voisine), on découvre quelques inscriptions funéraires antiques.

Mais c'est après que tout commence... Parmi les pièces les plus splendides, le reliquaire du prêtre de Teudéric, l'aiguière dite de Charlemagne et le vase dit de Saint Martin. L'orfèvrerie du Haut Moyen Âge, c'est incroyable : les émaux d'une couleur vive et chatoyante, qui jouent avec la lumière et épousent la forme de l'objet jusque dans ses courbes ; les objets hérités de l'Antiquité que l'on intègre, l'air de rien, que l'on repense, que l'on sublime ; les tailles en cabochon ; les cloisonnés... Je suis plus que séduite par ces objets qui demandent une grande maîtrise technique et une inventivité folle. Et ce qui me rend encore plus joyeuse (oui, j'ai des petits plaisirs tout à fait étonnants), ce sont les tissus qui ont été retrouvés avec ces objets : morceaux de soieries aux animaux fantastiques et aux personnages mythiques. C'est émouvant de penser aux reliques qu'ils protégeaient.

Puis, on découvre les trésors romans, notamment le chef reliquaire de saint Candide, d'une froide beauté, délicatement martelé et à la barbe ciselée. La châsse des enfants de saint Sigismond, gigantesque, fait aussi partie des merveilles à découvrir. 
Enfin, l'exposition se clôt sur des reliquaires, des coupes, une épée et une statue équestre du saint qui nous mènent jusqu'à la fin du XVIe siècle.

Plus que d'exposer simplement des trésors, cette exposition s'attache à en resituer le contexte de la création, à nommer les donateurs généreux de l'abbaye et à nous introduire à l'art médiéval. Bien entendu, une telle exposition ne peut que vous encourager à aller courir ensuite les rares trésors médiévaux qui nous sont parvenus... Et qui donne envie de découvrir celui présenté au musée Maillol.

AIGUIÈRE DITE DE CHARLEMAGNE © TRÉSOR DE L'ABBAYE DE SAINT-MAURICE. JEAN-YVES GLASSEY ET MICHEL MARTINEZ
Aiguière dite de Charlemagne © Trésor de l'abbaye de Saint-Maurice. Jean-Yves Glassey et Michel Martinez


Peupler les cieux. Dessins pour les plafonds parisiens au XVIIe siècle


Le département des arts graphiques proposait jusqu'à lundi dernier une très belle exposition de dessins. A travers ceux-ci, le visiteur pouvait découvrir des projets pour des plafonds de l'hôtel Lambert, du palais du Louvre, du palais des Tuileries et du palais Mazarin. Autant dire des plafonds qui ont majoritairement disparu (étonnantes ces copies des plafonds du palais Mazarin dont l'emplacement est restitué ici) ou que l'on aura guère l'occasion de voir de sitôt (à l'exception de ceux du Louvre. Levez les yeux, visiteurs !).

Au XVIIe siècle, le plafond à compartiments, qui joue sur les voussures, les formes des compartiments et bien entendu les motifs, connait un important développement. On apprend avec étonnement que les motifs de ces compartiments étaient pensés indépendamment de la composition centrale. On voit combien le motif a pu évoluer du croquis à l'esquisse, jusqu'à la peinture finale. On s'amuse de voir qu'un dessin est rarement symétrique et propose des variations autour d'une forme centrale ou de compartiments latéraux. 

Bref, cette petite exposition était fort intéressante. Elle présentait à la fois des œuvres rarement vues et très belles et mettait en lumière un pan de l'histoire de l'art qui nous est surtout connu par les exemples versaillais.

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