Au musée des Arts Décoratifs se tient une très belle exposition sur le vernis Martin. L'occasion de découvrir la créativité des artistes du XVIIIe siècle en termes de décor de mobilier, d'accessoires et de véhicules.
Au XVIIIe siècle, les chinoiseries sont au goût du jour. Chacun veut avoir son laque : rare, coûteux et très long à expédier (plus d'un an en bateau) depuis le Japon et la Chine, c'est un objet de grand luxe. Qui, comme tous les objets luxueux, est destiné à être abondamment imité. C'est un peu le Vuitton de l'époque. Parmi les peintres-vernisseurs les plus connus, on retiendra en France le nom de Martin, une dynastie dont les créations courent sur toute la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Les premiers objets présentés sont des laques asiatiques du XVIIe siècle. Mais très vite, ceux-ci sont démontés par les marchands-merciers et réutilisés, créant ainsi des meubles aux laques mixtes, asiatiques et européennes. Il s'agit initialement d'imiter le mieux possible l'art japonais, de s'en tenir au noir et à l'or. C'est à ce moment là que le visiteur constate qu'il a souvent bien des difficultés à différencier les originaux des copies. Et qu'il s'interroge sur la notion d'authenticité.
Après le temps de l'imitation, vient celui de la création. Les Martin développent une laque française, un vernis composé de plusieurs couches superposées... et y introduisent de la couleur. On découvre ainsi les étonnants effets d'un vernis bleu aux motifs dorés sur divers meubles, comme cette jolie commode ou l'un des secrétaires de Madame de Pompadour. Dans un premier temps, on conserve des motifs asiatiques avant de s'en détacher pour introduire des motifs de style rocaille mis à la mode par des artistes comme Boucher.
Commode à deux rangs de tiroirs, Paris, estampillée de Jacques Dubois (1694-1764)
Paris, galerie Steinitz
© DR |
Et les usages se diversifient également. Le vernis Martin ne s'applique pas uniquement sur des meubles mais aussi sur toutes sortes d'accessoires : étuis, outils scientifiques, instruments de musique, tabatières, cache-pots, voitures, etc. On découvre des bonbonnières alliant vernis Martin et peinture à l'huile, faisant la part belle aux guirlandes et aux rayures. Mais le plus étonnant reste certainement l'ensemble de berlines présenté par le musée. Leur décor est bien souvent peint de scènes de genres ou de compositions mythologiques laquées.
Bonbonnière, anonyme, Paris, milieu des années 1770
Münster, Museum für Lackkunst
© DR |
On ressort de cette riche exposition (environs 300 objets présentés) ravi de toutes ces découvertes. Personnellement, je m'étais arrêtée à l'imitation par les Martin des laques asiatiques. Je n'avais absolument pas idée que ces meubles aux décors de guirlandes et de fleurs roses ou bleus sur fond blanc appartenaient à leurs créations. Mon seul regret : il m'a manqué un peu de détails sur la laque asiatique (composition, utilisation) qui a inspiré la laque française. Mais retenez que cette exposition est absolument passionnante ! Elle traite à la fois de la technique de ce vernis (une vidéo très instructive sur les analyses du C2RMF), de son histoire, de l'évolution des objets, de l'iconographie et des teintes qu'il dessine et protège... Bref, le panorama est très complet et beaucoup plus intéressant que son titre ne le laisse paraître.
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