dimanche 11 mai 2014

Robert Adams et Mathieu Pernot au Jeu de Paume

Une semaine avant la fin des expos du Jeu de Paume, je me suis rendue compte que je risquais de les rater. 

Robert Adams, L'endroit où nous vivons

Ce photographe de l'ouest américain nous invite à parcourir le Colorado, notamment Denver, mais aussi la Californie. Il photographie les paysages urbains et suburbains, la nature qui disparaît, s'efface au profit de l'humain. Une photographie en noir et blanc, sobre et économe, de taille modeste, qui pointe les contradictions de l'homme : son désir de vivre dans des endroits d'une grande beauté qu'il détruit par ses industries polluantes et ses banlieues tentaculaires. Certaines séries m'ont touchée comme son travail sur les églises méthodistes, sur la consommation et les arbres (peupliers et souches). Les autres, beaucoup moins.
Je vous laisse méditer sur les questions que nous pose l'artiste en guise d'introduction : qu'est-ce que la géographie nous oblige à croire ? Que nous autorise-t-elle à croire ? Et, le cas échéant, quelles obligations résultent de nos croyances ? 

Mathieu Pernot, La traversée

Tout autre est le travail de M. Pernot. Plus que le paysage, c'est l'homme son sujet et plus spécialement les hommes nomades (tziganes et migrants). A travers différentes séries, le visiteur découvre ainsi des photos d'identité d'enfants qui traduisent leur méconnaissance des photomatons, des récits d'anciens internés de camps de nomades pendant la Seconde Guerre mondiale (le photographe mêle photos actuelles, documents d'archives et cartographie de leurs déplacements), des barres d'immeubles démolies, des migrants fantomatiques endormis dans les rues de la capitale...
Suivant les mêmes personnes pendant plusieurs années, le photographe questionne sur ce qui constitue notre identité et notre histoire. De même, à travers ses images des banlieues, des barres dynamitées ou des cartes postales anciennes, il teint de nostalgie une époque où ces lieux vivaient. L'attachement des habitants qui indiquent leur appartement est sensible. En intitulant l'une de ces séries "Le meilleur des mondes", il exprime bien la valeur utopique mais mensongère de ces logements sociaux.
Variant les formats, passant de la couleur au noir et blanc, M. Pernot propose des photographies documentaires qui racontent des histoires, c'est certainement ce qui les rend si intéressantes, touchantes et attachantes. 

M. Pernot, Le meilleur des mondes et Les témoins, 2006

M. Pernot, Implosions, 2000-2008

M. Pernot, Un camp pour les bohémiens, 1998-2006

NikaAutor, Film d'actualités - l'actu est à nous

J'ai enfin terminé par le film et les objets exposés par Nika Autor autour de l'histoire de la Yougoslavie, qu'elle présente, qu'elle transforme, qu'elle repense. Pour un retour au journalisme engagé. J'ai été moins emballée.

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup "l'implosion" on dirait un Picasso en noir et blanc...

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    1. Oui, il y a de ça ! Cette série est dans l'ensemble époustouflante.

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