mardi 5 août 2014

Lucio Fontana, rétrospective

Avant d'aller visiter cette exposition du Musée d'art moderne de la ville de Paris, j'imaginais que Fontana n'avait fait que des toiles lacérées, les fameux Tagli. Oui, je ne brille pas forcément en histoire de l'art contemporain. J'ignorais donc totalement une partie de son oeuvre, notamment ce qui touche à la sculpture. 

Fontana, Saint Georges, 1935
Fontana, Saint Georges, 1935
Car c'est bien par la sculpture que s'ouvre l'exposition : des objets de plâtre ou de cire, plus ou moins figuratifs. Rien à voir avec les peintures à la fente si nette. Ici, les sculptures presque torturées répondent aux céramiques colorées et brillantes, limite kitsches. 

Puis dans les années 1950, l'artiste construit sa théorie spatialiste, qui dirige sa création jusqu'à la fin de sa vie, en 1968. Théorie collective élaborée par des artistes et des penseurs, elle est fondée sur les notions de temps et d'espace : il faut capturer le mouvement, la lumière, donner à voir l'espace et la couleur. Oui, les futuristes ne sont pas loin ! Les premières oeuvres spatialistes sont les Buchi : ce sont des toiles peintes et trouées composant des spirales ou des lignes. Viennent ensuite les Tagli, ces grandes fentes sur des toiles monochromes et les Olii, des toiles monochromes aux couleurs vives, trouées avec une violence appliquée, lourdes des couches épaisses de peinture.

Fontana, Concept spatial, Attente, 1959
Fontana, Concept spatial, Attente, 1959

Outre la peinture, Lucio Fontana continue à pratiquer la sculpture. Il crée dans les années 1960 les Natures, ces boules fendues et percées, qu'il assimile à des planètes et à des sexes féminins... Il participe également à des concours d'architecture. 

Fontana, Concept spatial, petit théâtre, 1965, gal Dello Scudo, Vérone
Fontana, Concept spatial,
 petit théâtre
, 1965
Les dernières salles exposent les Venezie, ces peintures qui renouent avec les premiers dessins spatialistes par leurs formes rondes et spiralées ainsi qu'avec la brillance des céramiques : des toiles parsemées d'éclats lumineux. On découvre enfin les amusants Teatrini, ces petits théâtres au cadre découpé encadrant des toiles colorées. On a l'impression d'être devant un décor de conte devant lequel manque le spectacle de marionnettes !

Montrant la diversité des créations de Fontana, cette exposition rassemble beaucoup d’œuvres. Elle peine toutefois à expliquer clairement le spatialisme et les techniques de l'artiste. Heureusement, quelques vidéos de Fontana, permettent de mieux appréhender sa démarche. Par ailleurs, j'ai pu lire que l'aspect politique de certaines œuvres, qui montrent des hommes forts en marche par exemple, n'était pas assez explicité dans l'exposition. Il est vrai que le soutien de l'artiste au fascisme n'est jamais évoqué dans l'expo (mais l'est dans le catalogue). Faut-il ou non le taire ? Je pense qu'en parler peut aider à replacer les œuvres dans leur contexte. Car nous sommes dans un musée après tout, un lieu où l'on peut espérer arriver sans forcément tout connaitre, pour apprendre. Même si la scénographie blanche et simple fait penser à une exposition de galerie plus que de musée...

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