lundi 29 décembre 2014

Inside

Le Palais de Tokyo, c'est un lieu plein de surprises ! On y va toujours avec une petite appréhension (mais que vont-ils encore inventer ?) et l'on ressort avec de belles découvertes, quelques incompréhensions voire détestations et beaucoup de questions.

Numen/for use

Avec Inside, on pénètre dans les entrailles du Palais... et dans les recoins les plus sombres de l'esprit humain. Dans le hall, le cocon de Numen/For use laisse deviner des hommes rampant vers l'entrée. Leurs corps suspendus et flous nous précèdent dans cette étrange traversée que constitue l'exposition. Puis, tout commence avec une forêt, cet espace de passage dans les contes, cet espace effrayant et sombre dans lequel il nous faut pénétrer. Cela me rappelle Into the woods. Nous voilà embarqués, coupés du monde par les bois de carton d'E. Jospin. Nous écoutons quelques temps les mineurs imitant les bruits de la mine avant de franchir un second passage, celui de M. Galan : avec son oeuvre minimaliste et illusionniste, il parvient à perturber le visiteur. Faut-il ou non passer de l'autre côté du miroir ? Que se passe-t-il lorsque l'on dépasse la ligne ? Simple et efficace !

Les bois d'E. Jospin

Des salles suivantes, je retiendrai surtout les cabanes de marbre de R. Gander, à la fois poétiques et énigmatiques, à la limite de l'inquiétant. Puis nous descendons en suivant les dessins de Dran. Ils sont très beaux, enfantins, mais souvent cruels. Et là, si vous n'étiez pas encore immergés dans l'expo, c'est le moment où vous plongez ! Impossible d'échapper à ce dessin sombre et obsédant. 

R. Gander, I is...
Plus loin, c'est la queue devant l'oeuvre de V. Fetisov : les parisiens se pressent pour être enfermés en tête à tête avec une télé. Je trouve le concept très fort et plutôt perturbant (claustro s'abstenir) : c'est au visiteur enfermé de trouver comment sortir de cette pièce. Et ça peut prendre 10 minutes comme trois heures... La sensation d'enfermement et d'angoisse croit avec Exorcise me, ces japonaises maquillées en mortes, puis avec l'oeuvre et le film d'A. Wekua... L'homme qui tousse de Boltanski est insupportable. On avance. On est physiquement mal à l'aise, un peu perturbé. Et notre voyeurisme se poursuit avec The Nameless Spectacle, Berek (The Game of tag) et les courts métrages de Nathalie Djurberg et Hans Berg. J'ai détesté ces corps humains maltraités et obscènes. Heureusement, quelques refuges ont ponctué ma route : celui de S. Thidet, étonnant et poétique, puis Burn à la fois rassurant et terrible (un intérieur dévoré par les flammes, sans que les êtres qui y vivent aient conscience de la catastrophe) et Ao, une installation qui joue sur la répétition. La musique et l'image, toujours semblables, hypnotisent et apaisent. 

Une exposition qui joue à fond sur l'expérimentation par le visiteur d'états très divers, qui progresse sans cesse vers l'intime, le caché. Dans certaines salles, on pourrait rester des heures, tandis que d'autres nous sont insupportables. C'est intéressant d'expérimenter l'art au niveau le plus épidermique, de ne pas intellectualiser tout ce qui est exposé. Bref, c'est un voyage décapant que je vous invite à vivre - si vous l'osez !

Dran, le dessin qui envahit l'escalier


Les autres expositions du Palais ont nettement moins retenu notre attention. Inside China nous a laissé complètement froids. Et les films et dessins de Louise Pressager nous ont amusé.

2 commentaires:

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