mardi 30 juin 2015

Les contes de Canterbury

Quand plusieurs pèlerins se rencontrent dans une auberge de Londres et s'aperçoivent qu'ils vont tous à Canterbury se recueillir sur la tombe de saint Thomas, ils décident de voyager ensemble. Plus sûr. Et surtout plus amusant ! Car nos pèlerins veulent passer du bon temps. Pas question de voyager en silence et en prière. Ils vont plutôt se raconter des histoires. Et rarement des histoires saintes. Il est plutôt question d'amour et de guerre. A la manière du Décaméron, chacun va prendre la parole, en prose ou en vers. Et toute la société du XIVe siècle se retrouve comme photographiée. Car ce pèlerinage rassemble chevalier, bourgeois, marchand, clerc, marin, meunier, médecin, curé... bref, tout ce que compte le monde, dont Chaucer lui-même !

Ce qui est plaisant ici, ce sont les échanges entre les personnages entre chaque conte. Ils ne sont pas uniquement des conteurs, ils sont aussi des auditeurs critiques. Les piques entre les uns et les autres ne manquent pas, que ce soit par conte interposé ou de façon directe. Il est des conteurs plus drôles que d'autres, il en est de plus poétiques ou de plus graveleux. Le lecteur passe de la fable à la mythologie, du prêche moral au conte de fées, du récit de chevalerie à la vie de saint... Là aussi, on touche à l'universel. 

chevaliers moyen age

C'est le genre de livre un peu épais qui se lit tout seul, un conte après l'autre. Si le discours final du prêtre semble un peu longuet, le reste se picore tout seul. Voilà un classique de Geoffrey Chaucer qui peut sans problème se glisser dans un sac de vacances ! 




lundi 29 juin 2015

Drood

J'ai l'impression que je n'avais pas lu Dan Simmons depuis un bail. Et ce roman ne m'a pas réellement donné l'impression de renouer avec lui : je le connaissais plus sur des planètes lointaines que dans le Londres victorien

mithra

Au cœur de ce roman, deux personnages : Charles Dickens et Wilkie Collins. C'est d'ailleurs Wilkie notre guide et narrateur. Des hôtels particuliers aux salles de spectacle en passant par les bas-fonds de la ville, nos deux héros vont nous faire voir toutes les facettes de Londres. Que cherchent-ils ? Drood. Drood est un homme étrange, croisé par Dickens lors d'une catastrophe ferroviaire qui a coûté la vie à bien des passagers. L'Inimitable en est par contre sorti indemne. En apparence. Car il est obsédé de ce Drood qu'il veut retrouver à tout prix. Collins, drogué au laudanum à longueur de journée - quand ce n'est pas à l'opium - lui emboîte le pas. 

L'intrigue est très prenante, malgré les longueurs de ce roman. Le lecteur ne cesse de s'interroger sur la santé mentale du narrateur, voire de Dickens, ce qui rend cette recherche particulièrement complexe et passionnante : qu'en est-il réellement ? Collins est-il un drogué paranoïaque ou a-t-il rencontré Drood aussi ? Est-il manipulable ? Dickens est-il traumatisé, fou, menteur ou sain d'esprit et manipulateur ? L'autre aspect très sympa, outre la vie londonienne bien documentée, c'est le quotidien d'écrivain. Comment crée-t-il ? Nous entrons avec ce livre dans l'intimité des deux hommes et découvrons leurs rivalités, leurs façons de travailler, de se bouder. Enfin, le lecteur se demande pendant 800 pages s'il lit une biographie, un polar, un roman fantastique, historique, gothique... sans vraiment pouvoir trancher : ce livre est inclassable.

Cette pseudo biographie de deux écrivains célèbres est tout à fait jubilatoire. Elle égratigne leur image mais les rend bien plus humains ! Pour moi qui connais assez mal la vie de ces deux hommes, ce roman me donne terriblement envie de les lire... et de découvrir ce que c'est que cette histoire de drogue et de Drood. 

dimanche 28 juin 2015

Promenade au Louvre, des Thraces à Poussin

Cette période est décidément très speed et j'ai à peine le temps d'aller voir les expos qui m'inspirent. Voilà pour quoi il vous reste à peine deux jours après mes billets pour profiter des expos et spectacles dont j'ai pu vous parler dernièrement. Courrons rapidement au musée du Louvre pour trois expositions !

L'épopée des rois thraces

Pour l'épopée des rois thraces, il vous reste un petit mois. Cette exposition fait le point sur la recherche archéologique en Bulgarie entre le Ve et le IIIe siècle avant Jésus-Christ. On est introduit dans l'expo par quelques personnages mythologiques : Orphée, mis à mort par les femmes thraces, Térée, incestueux et cannibale... Franchement, c'est sympa comme coin ! 

Pour l'aspect historique, sachez que le royaume des Odryses ne fait pas de vieux os. Cette aristocratie guerrière s'unifie après les guerres médiques, se casse la figure avec Philippe II et voit sa capitale Seuthopolis détruite par les Celtes en -278.

On entre ensuite dans le vif du sujet avec la présentation d'objets archéologiques issus de tombes aristocratiques du Ve siècle : celles-ci permettent de constater les échanges faits avec la Grèce (les fameux vases) ainsi que la vivacité des créations thraces (armes, cnémides, bijoux...). Un petit film nous entraîne au cœur des tombes monumentales et parfois peintes (Kalanzak). Le focus sur la tombe de Golyama Kosmatka permet de découvrir de véritables trésors des arts du métal. 

La suite du parcours tend à montrer la variété et la richesse d'un art et d'un groupe hétéroclite. Influencés par les colonies grecques, leurs voisins macédoniens et les tribus locales, les Odryses bénéficient d'échanges artistiques et culturels avec elles, tout en gardant leur propre style. Parmi les très beaux objets exposés, on retiendra la tête de Seuthès III en bronze, d'une grande force expressive, les cnémides ciselées et martelées, la couronne de feuilles d'or (très macédonienne), les objets du trésor de Panagyurishte... Un seul regret : la complexité historique et culturelle de cette zone ne peut qu'être partiellement appréhendée à travers une telle exposition.

Jambières. Tombe de Zlatinitsa
Jambières. Tombe de Zlatinitsa. 400-350 av. J.-C. Argent et dorures. Musée national d’Histoire, Sofia © Sofia, Musée national d’histoire / Todor Dimitrov


Poussin et Dieu

Poussin et Dieu, ça se termine demain. Oui, ça mérite peut-être que vous changiez votre planning du jour ! Dans un siècle éminemment religieux comme le XVIIe siècle, rien d'étonnant à ce que les commandes s'inspirent de sujets bibliques. Mais qu'en est-il chez Poussin, ce peintre qui mêle étroitement inspirations mythologiques et religieuses ? 

L'exposition s'ouvre sur des œuvres monumentales, caractéristiques de l'esprit de la Contre-Réforme : ici, pas d'approche trop intériorisée ou intellectualisée mais la puissance de Dieu dans toute sa splendeur. Miracle, Assomption, dominent le fidèle. 

Quelques pas plus loin, une salle est consacrée aux saintes familles. L'occasion d'admirer la magnifique Sainte famille à l'escalier de Cleveland (Attention, ne vous attendez pas à voir beaucoup d’œuvres de collections étrangères, beaucoup sont habituellement exposées au Louvre). Mais aussi toutes ces autres saintes familles où le peintre semble rivaliser sans cesse d'imagination pour modifier personnages et positions : Marie qui fait des guilis au Christ, la famille élargie avec Anne et Jean-Baptiste, tout ce petit monde avec des petits bergers... et un Joseph souvent caché, distrait, pas concerné, quoi ! 

Mais Poussin est surtout fan de Moïse : Moïse sur le fleuve, Moïse chez pharaon, Moïse et Aaron... A travers cette figure, il fait la synthèse de bien des inspirations. C'est à la fois Moïse, Hermès, le Christ. Une figure mythologique, philosophique et religieuse. Cette façon de traiter les sujets en y introduisant des significations multiples et mystiques est tout à fait passionnante. Elle va bien au delà de la simple illustration hagiographique. Avec la série des sacrements ou des saisons, on entre dans une lecture plus savante de la peinture. Une lecture méditative sur les mystères de la foi, comme une introduction à la prière. Peintre philosophe ou peintre chrétien, la question de la foi de Poussin n'est pas tranchée dans l'exposition. Mais après tout, est-ce vraiment là l'essentiel ? 

Poussin, déluge, Louvre
Poussin, Le Déluge, Musée du Louvre

La fabrique des saintes images

L'autre expo, très liée à celle sur Poussin, et qui ferme aussi bientôt ses portes, c'est La fabrique des saintes images, Rome-Paris, 1580-1660. Elle s'interroge sur la création artistique et religieuse de la Contre Réforme. Tout commence avec la question de la représentation du Christ : incarné, celui-ci est représentable pour les chrétiens. Mais quel visage lui donner ? Peut-on vénérer son image ? Après tout, il a laissé des images de lui : le saint suaire, le voile de Véronique, non ?

Puis l'on part à Rome où s'ouvrent les chemins de Caravage et Carrache, deux manières de représenter le monde, l'un dans sa matérialité, l'autre dans son universalité. Quelques dessins et tableaux scandent l'évolution de l'art religieux jusqu'à la sainte Thérèse du Bernin. 

Départ pour Paris où l'art religieux se veut plus sobre et dépouillé avec Vouet ou Lesueur. Et l'exposition se clôt sur le Saint Sacrement. Présence et corps réel du Christ par la transsubstantiation, l'hostie ne se montre pas comme corps mais comme pain. Sa présence au centre des tableaux montre une autre image du Christ, une image liée à la dévotion au Saint Sacrement au XVIIe siècle. C'est un visage du Christ dans notre temps. 

Une expo très éclairante sur les questions d'iconophilie, sur l'évolution des représentations de Dieu. A voir !

Champaigne, le christ mort
Champaigne, Christ mort, Musée du Louvre

samedi 27 juin 2015

De Carmen à Mélisande. Drames à l'opéra comique

Stokes, MelisandeJ'ai réussi à aller voir in extremis cette exposition du Petit Palais qui me tentait depuis plusieurs mois ! Pour ceux qui l'auraient repérée aussi, elle se termine dimanche. 

Expo assez courte, elle explore le destin de quelques grandes créations pour l'Opéra comique de Paris. C'est ainsi que j'ai découvert que ce lieu fêtait ses 300 ans. D'où l'expo. Celle-ci se concentre sur la période faste de la fin du XIXe siècle. On passe de Carmen aux Contes d'Hoffmann, de Lakmé à Manon, du Rêve à Louise et à Pelléas et Mélisande. Au milieu de l'exposition, l'incendie de 1887 qui détruit l'opéra est évoqué ainsi que le concours pour sa reconstruction (quelques beaux dessins d'archi exposés). 

Béraud, la baignoire, au théâtre des variétés
Oh les coquins, mais que regardent-ils tous ?

Après une brève introduction et une jolie frise chronologique (bien plus chouette que d'habitude avec ses visuels), on entre dans le vif du sujet. Quelques tableaux, des dessins, notamment des costumes, des partitions, un portrait du compositeur, des pistes audio et vidéo résument sommairement chacun des opéras énumérés plus haut. Le but n'est pas forcément d'entrer dans le détail de la création mais de l'évoquer par ses passages les plus connus, ses costumes ou personnages les plus parlants. On sort donc de cette exposition un peu frustré par le peu de grain à moudre. C'est donc plus une introduction à l'Opéra comique, un hommage aux créateurs qui ont fait sa renommée plus que les résultats de 10 ans de recherches. Le petit plus : une scéno simple et efficace qui joue avec les codes du théâtre : rideaux rouges, côté cour ou jardin et dos de décors orientent le visiteur. Une chose est sûre, en sortant, on n'a qu'une envie : filer voir un spectacle dans cette salle !

Giacomotti, Bizet

vendredi 26 juin 2015

Un conte de deux villes

Ce Dickens traînait sur ma PAL depuis des années. Ce qui n'a pas aidé à l'en faire sortir, c'est la couverture. Plus kitsch, tu meurs. En gros et rouge, "Espoir et passions" avec le vrai titre en tout petit en dessous. Et Dickens avec une police noire ombrée de gris... Miam ! Merci donc au mois anglais de débroussailler ainsi ma PAL et de me faire changer de regard sur certains auteurs. Dickens et moi, ce n'était pas gagné. Franchement, je n'accrochais pas au peu que j'avais lu. Est-ce le fait d'avoir lu Oliver Twist en cours de théâtre ? Est-ce un mauvais souvenir de son Chant de Noël ? En tous cas, je n'avais aucune affinité avec cet auteur. Tout a changé avec ce roman. 

Wiertz, civilisation du 19e siècle

J'ai été embarquée dès les premiers paragraphes. L'incipit, "L'époque", est d'une force peu commune ! Cette façon de brosser le portrait d'un temps en quelques lignes au pas de charge m'a littéralement happée dans le roman (d'ailleurs, je vous mets plus bas ce commencement). Ce qui a aidé aussi, c'est justement la période choisie : la Révolution française est un moment fascinant. Cette flambée, la Terreur, l'histoire de France qui s'emballe... Bref, je partais presque acquise à la cause. Ou du moins à la période. 

L'histoire en elle-même m'a peut-être moins marquée que le contexte et l'écriture. Les personnages m'ont paru un peu trop entiers, presque plats : Lucie est une petite poupée, Charles un gentil naïf, Carton un héros, Mme Defarge la pire des tricoteuses... seul le Docteur Manette intrigue. Son passé est mystérieux, ses réactions aussi... 
Certes, cette aventure entre la France et l'Angleterre, entre une fille et son père puis entre son père et son mari, m'a touchée mais ce n'était peut-être pas là l'essentiel. Je vous fais un peu le plot quand même : Lucie Manette, anglaise et orpheline, se découvre un père. Ancien médecin, détenu à la Bastille, il doit se réhabituer à vivre. Lucie et lui s'installent à Londres. C'est là qu'ils rencontrent Charles Darnay, français. Un peu naïf, celui-ci se décide à rentrer en France en 1792 pour sortir de prison un de ses employés... Evidemment, c'est une très très mauvaise idée.

Malgré la relative platitude des personnages et les invraisemblances des nombreuses coïncidences, ce roman est tout à fait prenant et monte en puissance. Je regrette que l'on y lise pas plus les deux villes du titre mais les quelques images de la banque Tellson, des rues de Paris ou celles des foules anonymes qui assistent aux procès, à Londres ou à Paris, nous font sentir la vie de ces endroits bien mieux que n'importe quelle description. Il y a une force épique, une ambiance dramatique dans ce roman qui me rappelle Hugo (le compliment ultime). Bien sûr, c'est souvent too much et ça devient presque sentimental ou pathétique selon les moments. Mais l'on se prend durant tout le roman à guetter les pas qui précipitent la France vers la flambée de violence finale. Soyez aussi attentifs aux titres des chapitres, ils sont souvent extra, se répondent entre eux et jouent bien leur rôle annonciateur. Bref, je ne peux que vous encourager à le découvrir et je vous offre les premières pages de cette lecture : 

"It was the best of times, it was the worst of times, it was the age of wisdom, it was the age of foolishness, it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity, it was the season of Light, it was the season of Darkness, it was the spring of hope, it was the winter of despair, we had everything before us, we had nothing before us, we were all going direct to Heaven, we were all going direct the other way— in short, the period was so far like the present period, that some of its noisiest authorities insisted on its being received, for good or for evil, in the superlative degree of comparison only. 

There were a king with a large jaw and a queen with a plain face, on the throne of England; there were a king with a large jaw and a queen with a fair face, on the throne of France. In both countries it was clearer than crystal to the lords of the State preserves of loaves and fishes, that things in general were settled for ever. It was the year of Our Lord one thousand seven hundred and seventy-five. Spiritual revelations were conceded to England at that favoured period, as at this. Mrs. Southcott had recently attained her five-and-twentieth blessed birthday, of whom a prophetic private in the Life Guards had heralded the sublime appearance by announcing that arrangements were made for the swallowing up of London and Westminster. Even the Cock-lane ghost had been laid only a round dozen of years, after rapping out its messages, as the spirits of this very year last past (supernaturally deficient in originality) rapped out theirs. Mere messages in the earthly order of events had lately come to the English Crown and People, from a congress of British subjects in America: which, strange to relate, have proved more important to the human race than any communications yet received through any of the chickens of the Cock-lane brood. France, less favoured on the whole as to matters spiritual than her sister of the shield and trident, rolled with exceeding smoothness down hill, making paper money and spending it. Under the guidance of her Christian pastors, she entertained herself, besides, with such humane achievements as sentencing a youth to have his hands cut off, his tongue torn out with pincers, and his body burned alive, because he had not kneeled down in the rain to do honour to a dirty procession of monks which passed within his view, at a distance of some fifty or sixty yards. It is likely enough that, rooted in the woods of France and Norway, there were growing trees, when that sufferer was put to death, already marked by the Woodman, Fate, to come down and be sawn into boards, to make a certain movable framework with a sack and a knife in it, terrible in history. It is likely enough that in the rough outhouses of some tillers of the heavy lands adjacent to Paris, there were sheltered from the weather that very day, rude carts, bespattered with rustic mire, snuffed about by pigs, and roosted in by poultry, which the Farmer, Death, had already set apart to be his tumbrils of the Revolution. But that Woodman and that Farmer, though they work unceasingly, work silently, and no one heard them as they went about with muffled tread: the rather, forasmuch as to entertain any suspicion that they were awake, was to be atheistical and traitorous. In England, there was scarcely an amount of order and protection to justify much national boasting. Daring burglaries by armed men, and highway robberies, took place in the capital itself every night; families were publicly cautioned not to go out of town without removing their furniture to upholsterers' warehouses for security; the highwayman in the dark was a City tradesman in the light, and, being recognised and challenged by his fellow-tradesman whom he stopped in his character of "the Captain," gallantly shot him through the head and rode away; the mail was waylaid by seven robbers, and the guard shot three dead, and then got shot dead himself by the other four, "in consequence of the failure of his ammunition:" after which the mail was robbed in peace; that magnificent potentate, the Lord Mayor of London, was made to stand and deliver on Turnham Green, by one highwayman, who despoiled the illustrious creature in sight of all his retinue; prisoners in London gaols fought battles with their turnkeys, and the majesty of the law fired blunderbusses in among them, loaded with rounds of shot and ball; thieves snipped off diamond crosses from the necks of noble lords at Court drawing-rooms; musketeers went into St. Giles's, to search for contraband goods, and the mob fired on the musketeers, and the musketeers fired on the mob, and nobody thought any of these occurrences much out of the common way. In the midst of them, the hangman, ever busy and ever worse than useless, was in constant requisition; now, stringing up long rows of miscellaneous criminals; now, hanging a housebreaker on Saturday who had been taken on Tuesday; now, burning people in the hand at Newgate by the dozen, and now burning pamphlets at the door of Westminster Hall; to-day, taking the life of an atrocious murderer, and to-morrow of a wretched pilferer who had robbed a farmer's boy of sixpence. All these things, and a thousand like them, came to pass in and close upon the dear old year one thousand seven hundred and seventy-five. Environed by them, while the Woodman and the Farmer worked unheeded, those two of the large jaws, and those other two of the plain and the fair faces, trod with stir enough, and carried their divine rights with a high hand. Thus did the year one thousand seven hundred and seventy-five conduct their Greatnesses, and myriads of small creatures—the creatures of this chronicle among the rest—along the roads that lay before them."



mercredi 24 juin 2015

Vice Versa

Nous avions repéré ce Pixar depuis un bon moment : le concept nous avait séduit dès la première bande annonce !


L’originalité de Vice-versa est que l'histoire se déroule dans la tête d'une petite fille ! On voit sa personnalité se forger durant sa petite enfance, grâce à 5 protagonistes qui agissent en permanence dans les "quartiers cérébraux" : Joie, Colère, Peur, Dégoût et Tristesse. Si c'est Joie qui mène la danse et qui fait tout pour que  la petite Riley ne garde que des bons souvenirs de ses journées, qu'elle reste positive, Colère, Peur et Dégoût ont quand même leur mot à dire de temps en temps... La seule personne que Joie n'arrive vraiment pas à comprendre, c'est Tristesse... Tout ce qu'elle touche devient morne, à quoi peut-elle donc bien servir ?

Les choses s'emballent dans le cerveau lorsque Riley quitte son Minnesota natal pour San Francisco... Lors d'une dispute, Joie et Tristesse se retrouvent éjectées hors du quartier central et doivent retrouver leur chemin à travers les méandres de la mémoire de Riley, qui commence lentement à se couper de tout ce qu'elle aimait...

Ce Pixar tient bien ses promesses, et même s'il n'est pas d'une profondeur incroyable, il permet d'aborder avec le sourire et un peu de philosophie des concepts compliqués tels que la légitimité du bonheur à tout prix, la mélancolie, l'oubli...


Et comme d'habitude, il y en a pour tous les âges, vous n'avez pas de réel argument pour manquer ça !

lundi 22 juin 2015

La belle Hélène

Ce doit être la première fois que nous sortons déçus du théâtre du Châtelet. Nous attendions avec impatience cette Belle Hélène, en aficionados d'Offenbach que nous sommes. Las, si la prestation de Gaëlle Arquez a largement comblé nos attentes, le reste nous a paru bien trop léger. 

Parlons d'abord de la mise en scène. L'idée d'utiliser des caméras et un fond bleu pour projeter des acteurs sur grand écran était amusante mais lasse à mesure qu'avance le spectacle. Les effets spéciaux que permet cette mise en scène n'ont finalement que peu de valeur ajoutée. L'introduction notamment d'un clown, garde du corps et femme de ménage qui distrait et amuse le spectateur est tout aussi artificiel. Tout cela manque de subtilité et de finesse. Ce n'est par forcément ce qui caractérise Offenbach mais la, ça tourne vraiment à la farce grasse. 

Quant aux chanteurs, nous les avons trouvé fades. Les voix n'avaient pas de profondeur à l'exception de celle d’Hélène. Bref, grosse déception !

Andrea del Sarto, Leda et le cygne

jeudi 18 juin 2015

Orlando

Ah ce mois anglais... Il me permet de redécouvrir des trésors dans ma PAL. Virginia Woolf, c'est une de mes grandes découvertes récentes. Je pensais que j'allais détester. En fait, je suis fan. Avec Orlando, ça a été la surprise complète. Je ne m'attendais pas du tout à ce personnage traversant les siècles.

Picasso, femme miroirNous rencontrons Orlando, jeune noble, sous le règne d'Elizabeth Ie. Beau et charmant, il s'adonne aux plaisirs de la vie (et à l'écriture, thème qui parcourt tout le roman). Il se découvre des passions : passion pour l'amour avec Sasha, passion pour les lettres, passion pour les beaux objets, pour la nature, pour l'ailleurs... mais jamais cette passion ne semble assouvir ses désirs profonds. Recherchant un sens et un goût pour la vie, Orlando oscille entre joies et désespoirs. Et les siècles passent, et le décor change, et lui-même (ou elle-même) évolue jusqu'au XXe siècle. Bien qu'éternellement jeune, le temps autour de lui ne cesse d'accélérer jusqu'à cette journée de 1928 traversée au grand galop ! Orlando, c'est aussi l'histoire d'un personnage qui, s'endormant homme, se réveille femme ; d'un anglais qui file en Turquie à l'époque des turqueries ; d'un écrivain toujours en recherche du vers idéal, retravaillant le même poème durant quatre siècles.

Ce que j'ai aimé dans ce roman, ce sont à la fois les thèmes abordés par Virginia Woolf (l'écriture et le sens de la vie) et son style. On y retrouve sa quête du mot juste, de l'expression qui traduira le mieux une pensée. Tout est extrêmement sensible dans son écriture. Mais c'est aussi un roman plein de fantaisie avec des changements climatiques exceptionnels, des travers ironiquement épinglés, des situations bouffonnes... L'ensemble est absolument saisissant. Pour moi, c'est un vrai coup de cœur !

Voici quelques extraits pour vous faire sentir l'humour de ce roman. Jouant à la biographe, Virginia Woolf excelle ici dans les analyses et les incises !

"Il s'essayait à décrire - comme tous les jeunes poètes sempiternellement s'y essayent - la nature et, afin de rendre précisément une nuance de vert, il fit preuve de plus d'audace que la majorité et regarda la chose elle-même, qui se trouvait être un buisson de laurier poussant sous sa fenêtre. Après quoi, il fut incapable, comme de juste, d'écrire un mot de plus. Le vert de la nature est une chose, et une autre le vert en littérature. La nature et les lettres semblent entretenir une antipathie naturelle : mettez-les en contact et elles s'entre-déchirent".

"La violence du gel fut telle qu'il s'ensuivit parfois une sorte de pétrification, et l'on attribua communément le surcroît remarquable de rochers dans le Derbyshire, non pas à une éruption (il n'y en eut pas), mais à la solidification de quelques malheureux voyageurs très littéralement mués en pierres. L'Eglise ne put offrir que de maigres secours en l’occurrence : quelques propriétaires firent bien bénir ces reliques, mais, pour la plupart, ils préférèrent les transformer en bornes, y faire gratter leurs moutons ou bien encore, quand la forme s'y prêtait, en faire des abreuvoirs - usages qu'elles ont admirablement remplis dans l'ensemble jusqu'à ce jour".

"Nous sommes donc amenés à conclure que la haute société est comme ces breuvages brûlants que servent à Noël les maîtresses de maison avisées : ils ne sont bons que si l'on sait mélanger et remuer convenablement une douzaine d'ingrédients différents. Enlevez Lord O., Lord A., Lord C. ou Mr M. Séparément, chacun n'est rien ; mais ensemble, ils se combinent pour exhaler la saveur la plus enivrante, le parfum le plus séduisant. C'est pourquoi l'on peut dire tout à la fois que la société est tout et qu'elle n'est rien. La société est la concoction la plus puissante du monde et la société n'a pas la moindre réalité. Seuls les poètes et les romanciers peuvent traiter avec de tels monstres ; leurs livres sont gros jusqu'à l'énormité de tels sujets vaseux ; et nous sommes heureux de les leur laisser, avec la meilleur grâce du monde".

"C'est la vérité qui nous anéantit. La vie est un rêve : nous réveiller, c'est nous assassiner"

"Après vingt minutes, le corps et l'esprit ressemblaient à des lambeaux de papier déchiré s'échappant d'un sac et, en vérité, il y a tellement de points communs entre le fait de sortir de Londres aussi vite que possible au volant de sa voiture, et l'émiettement de l'identité qui précède l'inconscience et peut-être la mort elle-même, que la question de savoir si Orlando pouvait passer pour vivante en cet instant présent, ne saurait trouver de réponse. Pour tout dire, Orlando semblant une personne totalement démembrée, nous aurions cessé de faire d'elle le moindre cas"

"Elle se mit à changer de moi aussi vite qu'elle conduisait - un nouveau surgissait à chaque tournant -, ce qui se produit inexplicablement quand le moi conscient, qui est prédominant et possède le pouvoir de désirer, souhaite n'être rien qu'un moi unique"

 

samedi 13 juin 2015

Le bouc émissaire

Ce roman de Daphné du Maurier m'intriguait beaucoup. Je n'avais jamais entendu parler de ce titre avant de le croiser, abandonné, sur l'étagère d'une librairie. 

Toute cette histoire se déroule en France, près du Mans. John, enseignant anglais, rentre de vacances. Il s'arrête sur le chemin du retour, déprimé, et envisage de faire un séjour à la Grande Trappe. Mais c'est sans compter la curieuse rencontre de Jean de Gué... 

Propulsé dans une nouvelle vie, John va tenter de résoudre tous les problèmes d'une famille qu'il ne connait pas. Mais des années de mauvaises pratiques ne se résolvent pas en quelques heures. Et la naïveté de John est bien souvent confondante !

Sur le thème du sosie et de l'échange d'identité, je ne retiendrai pas ce roman comme exemplaire. En effet, les ficelles et les réactions manquent un peu de finesse. Les personnages sont caricaturaux et le héros très naïf : le lecteur a bien cerné les intrigues avant même qu'elles ne lui soient mises sous le nez. Pourtant, l'auteur tente de faire des mystères à propos de tout et n'importe quoi (Mais qu'a donc ramené Jean à sa mère ? Pourquoi est-il faché avec Blanche ?). Cela aurait pu fonctionner car ce thème du médiocre qui change de peau et manque d'être découvert à chaque instant est plutôt prenant. Mais la vie de Jean de Gué n'a finalement pas grand chose d'étonnant et notre héros rentre assez facilement dans les vêtements de son double. Un peu moins dans sa manière de penser et dans sa (mauvaise) conscience ! 


vendredi 12 juin 2015

Les Tudors

Je ne vous parlerai pas ici de la série fameuse mais de l'exposition du Musée du Luxembourg sur cette célèbre dynastie anglaise. 

Cette petite exposition suit un déroulement chronologique et nous introduit plus aux personnages du temps qu'à ses productions artistiques à proprement parler. Au programme ? Des portraits, quelques livres, des objets... et la légende des Tudors.

1485, Henry VII met fin à la Guerre des Deux-Roses et unit les maisons ennemies de York et de Lancaster. La rose rouge et la rose blanche ornent vêtements et objets. Fondateur de la dynastie, il amorce un renouveau artistique fastueux comme en témoigne la riche chape de Stonyhurst. Son fils Henry VIII, le fameux Barbe-bleu anglais, lui succède. On retient de lui ses six femmes, qui ont plutôt mal fini. Si elles n'ont pas toutes été portraiturées lors de son règne, elles n'en n'ont pas moins inspiré les artistes des siècles suivants qui s'efforcèrent de les imaginer. Quelques portraits cependant ont été conservés... et un charmant sifflet d'Anne Boleyn offert par le souverain. Un pendentif pour mieux la siffler ? Quelques mots sur les relations avec François Ie, sur la rupture avec Rome... et l'on passe à Edouard VI avant d’enchaîner sur Marie la sanglante et Elisabeth Ie, la reine vierge. La diabolisation de la première est assez peu perceptible dans les œuvres exposées ; par contre, Elisabeth apparaît bien comme une souveraine austère, éternellement jeune, au corps entièrement dissimulée par des vêtements d'apparats tellement fouillés qu'ils en deviennent décoratif. Ce qui prime, c'est un visage, toujours le même, et des attributs royaux.
L'exposition se clôt sur la légende des Tudors : au XIXe siècle, ils sont à la mode en France. Les romantiques portent leurs intrigues sur les planches et diffusent à leur tour une image de cette dynastie. 

Il est intéressant de lire dans cette exposition la façon dont le souverain impose son image : il la diffuse, la rend visible, comme pour mieux affirmer sa puissance. L'autre point qui a retenu mon attention, c'est la mise en lumière d'un art anglais de la Renaissance que l'on connait assez mal en France. Ce qui m'a plus gênée, c'est l'aspect "survol" de l'expo : on passe très rapidement d'un règne à l'autre, sans trop entrer dans le détail de la création artistique, encore moins dans celui des événements du règne. Ce focus sur la communication politique des Tudors par le portrait est bien mené mais j'aurais souhaité plus de détails, mieux connaitre le contexte, etc. Au boulot !

 chape de Stonyhurst

mardi 9 juin 2015

G.

J'ai profité du mois anglais pour sortir de ma PAL quelques très vieux compagnons. Ce livre de John Berger a dû me suivre dans deux-trois déménagements sans que j'éprouve le besoin de l'ouvrir. Et pourtant ce roman que je n'osais pas commencer fut une bonne surprise. 

G., c'est le héros. Né d'un père italien et d'une mère anglaise, il est élevé chez des cousins où, dès l'enfance, il éprouve une vive attirance pour tout ce qui porte jupon. Il aime aussi se trouver au coeur des insurrections, comme à Milan en 1898. Cette agitation politique, cette masse en lutte le séduit. 

Nana, Niki St PhalleCe roman qui est tout sauf linéaire et nous suivons G. dans quelques épisodes de sa vie. Tous donnent l'impression de se finir trop vite. Les scènes sont rapides, fugaces, sans début ni fin. Ainsi, l'on passe de la campagne anglaise à Milan, de Milan à la campagne anglaise, sans transition, passant d'une gouvernante à une tante, d'une femme de la noblesse à une paysanne. Car G., c'est un peu Don Giovanni. Mais un Don Giovanni qui aurait rejeté l'idée de posséder les femmes, qui voudrait simplement les voir s'épanouir et se libérer. Il ne les veut pas pour lui mais pour elles. Pour qu'elles se libèrent de leurs carcans. C'est par le sexe qu'il veut prouver à chaque femme son potentiel révolutionnaire. Pas de complaisance et de descriptions pornographiques, le sexe est ici un moyen d'action. C'est n'est pas un instrument de séduction et de possession mais de liberté ! En toile de fond, d'autres images de la liberté avec l'aviateur Chavez qui survole les Alpes, les manifestations populaires... Avec l'image de Garibaldi qui revient comme un écho à ce que fait G.

Un roman que j'ai beaucoup aimé pour son écriture un peu fragmentée, son personnage insaisissable, ses dessins... Quelques citations pour vous mettre en appétit.

"Ses privilèges sont plus importants pour lui que sa vie, non parce qu'il ne pourrait survivre sans sa maîtresse américaine, quatre domestiques à la maison, une fontaine dans son jardin, des chemises en soie faites à la main, ou les soirées de sa femme, mais parce que les valeurs et les jugements qui donnent son sens à la vie qu'il mène y sont implicitement contenus. Toutes les valeurs sont fondées sur sa conviction que ses privilèges sont mérités.
Pourtant, le sens qu'il donne à sa vie ne le satisfait pas. Pourquoi faut-il que la liberté, se demande-t-il, soit toujours rétrospective, un avantage déjà acquis et contrôlé ? Pourquoi n'y a-t-il pas de liberté à conquérir maintenant ?
Umberto nomme folie ce qui menace la structure sociale garantissant ses privilèges. I teppisti sont la personnification de la folie. Cependant, la folie représente aussi la liberté par rapport à la structure sociale qui l'encercle. Il finit par en conclure qu'une folie limitée lui accorde une liberté plus grande à l'intérieur de la structure".

"Ce monde subjonctif de la femme, ce règne de sa présence, était la garantie qu'aucune action entreprise en son sein ne posséderait jamais sa pleine intégrité ; dans chaque action il y avait une ambiguïté qui correspondait à l’ambiguïté dans la personne, divisée entre surveillant et surveillé. La prétendue duplicité de la femme était le résultat de la domination monolithique de l'homme".

"Pour la femme, l'état amoureux était un interrègne hallucinatoire entre deux propriétaires, le fiancé prenant la place du père, ou plus tard, peut-être, l'amant prenant celle du mari". 

"Marika fit son entrée cinq minutes après G. Elle marchait comme un animal. Il m'est difficile de décrire sa démarche parce qu'elle évoquait non pas celle d'un animal mais plusieurs. Elle ressemblait à un animal composite, une licorne, mais en même temps il n'y avait rien de mythique en elle. Ce n'était pas une apparition parmi les fleurs d'une tapisserie. Ses jambes étaient osseuses et très longues. Parfois, j'ai l'impression qu'elles partaient des épaules et que, comme les quatre jambes d'un cheval, elles avaient chacune trois articulations. En marchant, elle gardait la tête immobile. Son cou était large et musclé. Elle avait le port de tête d'un cerf ; au-dessus de sa chevelure rousse, il y avait des bois invisibles. Pourtant elle se déplaçait de façon gauche, se balançant d'un côté à l'autre, sa foulée ne paraissait jamais assez sûre pour sa taille et sa corpulence - en cela, elle ressemblait à un chameau".

"La fin du monde, quand elle arrive, est plus douce qu'un murmure"

mois anglais

jeudi 4 juin 2015

Le crime de l'Orient Express

Depuis ma visite de l'exposition "Il était une fois l'Orient Express" à l'Institut du monde arabe, cette question me tourmentait : avais-je ou non lu le roman éponyme d'Agatha Christie ? Si c'était le cas, je n'en avais aucun souvenir. Pourtant, j'en ai lu des polars anglais : J'ai passé les premières années de mon collège à dévorer les milles polars des éditions du masque de la bibliothèque parentale. Il faut croire que celui-ci n'y était pas. Car je peux vous l'assurer, je n'avais pas lu ce titre.

ombrelle
Je vous campe le décor. Hercule Poirot revient d'une expédition à Alep et emprunte le Taurus Express puis l'Orient Express pour regagner Londres en urgence. C'est l'hiver et le train est étonnamment plein. La seconde nuit de voyage, un crime est commis. Le voyageur le plus déplaisant est assassiné tandis que le train est bloqué par la neige au milieu de nulle part. Poirot va alors mener l'enquête à huis clos, interrogeant successivement tous les voyageurs. Hélas, l'écheveau est terriblement embrouillé et il faudra toute la perspicacité du détective pour le démêler !

Ce qui est très plaisant dans ce roman policier, ce sont les personnages : la psychologie et la sagacité d'Hercule Poirot, sa façon de mener les interrogatoires et d'amener les suspects à dévoiler leur nature ; la lourdeur de Mr Bouc, directeur de la compagnie ; le snobisme de la princesse... et bien sûr, le comportement de chacun, très lié à son origine géographique (vive les clichés). Tout n'est pas toujours très fin mais le tableau d'ensemble est agréable. Le déroulé est plutôt très classique, il s'agit essentiellement d'un enchaînement d'interrogatoires suivi de la démonstration finale de l'enquêteur. Mais il est amusant de suivre l'accumulation des preuves, les schémas du détective, ses doutes... Enfin, j'ai aimé le style très british de ce polar, son léger humour, ses remarques piquantes. J'ai souvenir que ceux où intervenait Mrs Marple étaient encore plus british, non ? Quant au dénouement ? Il m'a estomaquée. J'ai eu un peu de mal à y croire. Mais c'est plutôt bien joué, Agatha !

Et c'est bien sûr ma première lecture pour ce mois anglais !




lundi 1 juin 2015

Le liseur

Republié pour le blogoclub 

Voilà des années au bas mot que je voulais découvrir ce roman de Schlink. On m'en avait dit beaucoup de bien mais je ne savais pas trop de quoi il parlait.

Terminé il y a peu, je suis presque sûre qu'il demeurera une lecture marquante. 

Mikael a la jaunisse. Malade en pleine rue, il est aidé par une femme. En allant la remercier, il s'éprend doucement d'elle. Hanna, aime cet adolescent, l'encourage à travailler et surtout à lire. Comme elle aime quand Mikael lui fait la lecture ! Malgré la différence d'âge, une véritable complicité des corps s'instaure, une tendresse. Par contre, Mikael sait très peu de choses de sa conquête.
Elle disparaît un jour sans lui dire adieu et hante sa vie de jeune homme puis d'adulte. Il faut dire qu'il revoit Hanna dans un cadre on ne peut plus troublant : jugée pour des crimes pendant la seconde guerre.
Une nouvelle relation se construit entre les deux êtres.

Une vision de la lecture comme une communion, un don, un partage. Un cadre historique délicat. Deux personnages attachants. Un très bon roman. Une belle écriture. Des chapitres succincts et nombreux comme je les aime.