jeudi 30 avril 2020

La société du spectacle

Je préfère l'annoncer d'entrée de jeu, ce n'est pas une lecture simple malgré son apparence : court, divisé en 221 thèses, mots simples, on pourrait croire que c'est de la philosophie facile. Il n'en est rien. C'est plutôt complexe et j'ai eu besoin de me renseigner un peu pour comprendre de quel spectacle il était question - bon j'avais bien compris que c'était marxiste et anticapitaliste !



"Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation"
"Le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n’est pas un supplément du monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le cœur de l’irréalisme de la société réelle. Sous toutes ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante"
"Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l'occupation totale de la vie sociale"
"Le spectacle est l'idéologie par excellence, parce qu'il expose et manifeste dans sa plénitude l'essence de tout système idéologique : l'appauvrissement, l'asservissement et la négation de la vie réelle. Le spectacle est matériellement «l'expression de la séparation et de l'éloignement entre l'homme et l'homme»."

C'est donc la vie dans ce monde où le produit est au centre, ce monde capitaliste qui est une société de spectacle. Mais c'est aussi ce qu'il y a autour : les produits, les publicités sur les produits, l'accumulation, la vie par procuration et consommatrice plutôt que vécue... Ce qui est intéressant, c'est qu'on est bien avant les réseaux sociaux ou la télé réalité ! Et pourtant, on croirait presque qu'il en parle dans ce passage, non ?

"La première phase de la domination de l'économie sur la vie sociale avait entraîné dans la définition de toute réalisation humaine une évidente dégradation de l'être en avoir. La phase présente de l'occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l'économie conduit à un glissement généralisé de l'avoir au paraître, dont tout « avoir » effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière. En même temps toute réalité individuelle est devenue sociale, directement dépendante de la puissance sociale, façonnée par elle. En ceci seulement qu'elle n'est pas, il lui est permis d'apparaître"

Parmi les thèmes abordés, de façon plus ou moins claire, il y a l'individualisme, l'uniformisation du monde, l'aliénation, une reprise des théories de Marx, notamment sur la séparation des tâches dans le travail. Et il y a certainement d'autres éléments que je n'ai pas identifiés.

Lecture exigeante, dont je comprend qu'elle puisse être une référence intellectuelle mais qui me semble parfois trop absconse pour être entendue d'un grand nombre. Dommage quand on veut faire tomber un système dominant !  

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