Dans cet ouvrage de Jean-Paul Mari, le lecteur suit des itinéraires de migration et de migrants. Remontant à l'origine d'un départ, accompagnant tout le parcours ou un bout de chemin, l'auteur nous invite à regarder l'inhumaine condition des hommes qui fuient la mort. Et le cimetière qu'est devenu la Méditerranée.
Quittant l'Erythrée ou l'Afghanistan, payant des passeurs, poursuivis par les talibans ou la guerre, ils cherchent une vie meilleure ou un lieu de sécurité. Un lieu où survivre. Mais ils doivent avant cela traverser l'enfer. S'ils se font prendre dans le Sinaï, ils peuvent subir des jours de torture jusqu'à ce que leurs proches vident leurs poches. Dans les traversées, la peur renverse les bateaux, les plus riches assassinent les plus pauvres, les navires croisés ignorent les migrants mourant. A Lampedusa, Calais ou Athènes, c'est haine et solidarité qui se vivent quotidiennement. Et l'on ne parle pas de ce qui se passe en Libye.
A travers des personnages identifiés, Robiel, Zachiel, Fassi, Abdelaziz, Timis, Salomon, et d'autres ce sont des histoires personnelles qui sont partagées, sur des routes incertaines et violentes, sans savoir où elles pourront enfin s'arrêter. Des chemins qui passent par des poste-frontières et des villes dévastées par la guerre. Où l'ont se déshumanise aussi, où les illusions tombent, mais où quelques gestes peuvent faire croire en une miette de solidarité.
C'est dur, c'est violent, c'est indispensable pour penser humainement la migration. Et cela invite à questionner nos politiques !
"Où passe la frontière sinon en moi ? A force de buter contre une ligne sur la carte, l'homme-frontière finit par faire sienne cette fracture géographique. Qu'importe qu'il finisse par la franchir, par passer d'un espace délimité à un autre ! La frontière reste gravée en lui, à jamais. L'exil est sans retour parce que l'exilé est coupé en deux, disloqué. Il a perdu une partie de lui-même, celle qu'il a sectionnée de ses mains, tronçonnées, comme un arbre tranché à la base, impossible à replanter. Il n'est pas déraciné, il est sans racines"
Un sujet dont on ne parle plus, mais le drame est toujours là.
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