Jean d'Ormesson et moi, c'est une histoire d'amour. J'ai rencontré sa plume avec La Douane de mer et Histoire du juif errant. Et j'ai tout de suite accroché aux histoires de cet amoureux de Chateaubriand, de Venise et de l'amour. C'est donc avec plaisir que j'ai plongé dans ce roman sur le rien, sur ce qu'il y a derrière le mur de Planck, sur le néant et l'éternité. Ce néant, ne pourrait-on pas l'appeler Dieu ?
En remontant à l'origine, de manière plus littéraire et philosophique que scientifique, Jean d'Ormesson examine l’avènement du temps et de l'espace, du hasard et de la nécessité. Il y voit Dieu, à la fois esprit et volonté. Un Dieu inconnaissable et inconcevable pour nos esprits humains. Il ne s'interroge pas vraiment sur le "comment" mais surtout sur le "pourquoi" de la vie, de l'univers et de la pensée humaine. Bref, on s'y interroge sur nos origines mais aussi sur nos qualités d'êtres humains. Sur notre liberté, celle de faire le bien ou le mal, celle de croire ou non. Et l'auteur termine par une louange au monde : sa lumière, ses paysages, ses livres, ses musiques... et cite ce magnifique petit texte :
"Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes les personnes.
Dites doucement et clairement votre vérité.
Écoutez les autres, même les simples d’esprit et les ignorants, ils ont eux aussi leur histoire.
Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l’esprit.
Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.
Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements.
Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste soit-elle ; c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.
Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d’héroïsme.
Soyez vous-même.
Surtout n’affectez pas l’amitié.
Non plus ne soyez pas cynique en amour car il est en face de tout désenchantement aussi éternel que l’herbe.
Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse.
Fortifiez-vous une puissance d’esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous-même.
Vous êtes un enfant de l’univers, pas moins que les arbres et les étoiles, vous avez le droit d’être ici.
Et qu’il vous soit clair ou non, l’univers se déroule sans doute comme il le devrait.
Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.
Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau."
Très court et divisé en de nombreux chapitres d'une page, ce livre se dévore très vite. Mais il n'est pas pour autant fini une fois la dernière page tournée car l'on y revient, pour relire un passage, un paragraphe ou une page. Lumineux et simple, il s'appuie sur des philosophes (antiques et modernes) avec légèreté et clarté. Il propose une philosophie de vie qui est de la goûter, de la savourer et de l'aimer. Et d'aimer Dieu et les hommes. Voilà qui me touche et me parle, qui me rappelle de prendre le temps, de choisir plutôt que de subir, bref d'empoigner la vie !
pas encore lu mais il est sur ma liseuse, je ne suis pas fan de l'auteur mais je trouve qu'il se bonifie avec l'âge :-)
RépondreSupprimerMoi je l'aimais déjà bien avant :) Mais je trouve aussi qu'il gagne sans cesse en charme ;)
SupprimerTu es de partie-pris car tu adores l'auteur.
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