mercredi 25 juin 2014

Mrs Dalloway

Le mois anglais est pour moi l'occasion de sortir un monument de ma PAL. Un Virginia Woolf. Le truc improbable. Pourquoi ? Parce que quand j'ai su que ce roman s'apparentait à l'Ulysse de Joyce (lecture en cours depuis... six ans ?), notamment dans son exploration d'une vie, pendant une journée, j'ai caché ce roman tout en bas de ma PAL. Et puis, mois anglais aidant, je l'ai fait remonter. Non sans craintes. Et là, je vous spoile direct : j'ai beaucoup aimé ! Merci le mois anglais :)

Une chambre à soi Miroir

Nous suivons effectivement Clarissa Dalloway pendant toute une journée. Ses actions mais surtout ses réflexions. Les pensées qui l'agitent et se construisent par vagues, se précisant, s'éloignant, revenant sur un sujet. Cette journée est plutôt ordinaire. Clarissa donne une soirée chez elle le soir même. Sa journée est consacrée aux préparatifs. Elle sort acheter des fleurs, recoud une robe, reçoit. Bref, la vie normale et futile d'une grande bourgeoise londonienne entre les deux guerres. 
Mais ses pensées ne sont pas exclusivement consacrées à ce qu'elle fait. Elle pense au passé, évoquant (et invoquant presque, d'ailleurs) ses amis et amours d'adolescence. 
Et le roman ne lui est pas entièrement dédié. Ainsi, à mesure que Clarissa croise d'autres individus, le lecteur a accès à leur intériorité. Celle de Peter, rentré récemment des Indes, amoureux éconduit de Clarissa. Celle d'Elizabeth, sa fille. De Richard, son époux. Mais surtout de Septimus, ancien soldat, en pleine dépression depuis son retour du front. Cet homme, qui croise la route de Clarissa et de ses proches toute la journée, est l'image même de la communication impossible, de l'incompréhension des hommes. 

Est-ce le style que j'ai aimé, cette façon de construire les pensées comme des marées montantes ? Est-ce le (ou les) personnage(s) ? Est-ce Londres dans son bourdonnement, avec ses parcs, ses voitures mystérieuses, sa royauté, Big Ben, qui sonne les heures et égraine le temps ? Pourtant, on peut dire qu'il ne se passe rien dans ce roman. Et que Clarissa est une femme froide, calculatrice, intéressée par son confort domestique. Elle ne s'est pas risquée à l'amour. Elle ne s'est pas heurtée aux conventions sociales. Elle ne se soucie pas de politique (Les Arméniens ? Les Albanais ?). Mais elle est finalement lucide sur elle-même et sur ses choix. Ce n'est pas une extrémiste comme Miss Kilman, aigrie et envieuse. Ni une guerrière comme Mrs Bruton. Elle ne part pas en croisade, elle choisit la vie rangée et sage. Et lorsqu'elle fait le bilan, que donne-t-il ? 

Ce roman, c'est finalement bien plus d'une journée, c'est une vie toute entière. C'est la pensée, l'amour, la mort, la politique, la culture, la société... C'est le présent mais surtout le passé (et le futur grâce à Elizabeth). Ce sont les relations entre les hommes, leur éternelle solitude face aux choix. Dur d'assumer sa liberté et sa finitude !

Un véritable coup de cœur pour moi, autant pour le procédé de monologue intérieur, qui permet une grande finesse psychologique, que pour l'écriture (que je n'ai pas trouvé alambiquée) et les personnages. J'ai été littéralement happée par ce roman. C'est un ouvrage d'une grande richesse, un de ces opus qui fait réfléchir le lecteur, qui l'interroge sur ses propres choix, sur sa conception de la littérature aussi... 

Merci à ceux qui m'ont encouragée à lire ce roman avec leurs billets, comme Lilly et Erzie (oui, ça date). 

Mois anglais Woolf

15 commentaires:

  1. Tu as bien fait de le lire (perso j'en suis à avoir envie de le relire...)(je l'ai lu en VO, si on peut, c'est mieux). Et c'est bien moins long que 'Ulysse (que je n'ai pas lu)

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    1. Mais il ne me motive pas à retourner vers Ulysse... Le pauvre dort sur une étagère pour un bout de temps !

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  2. C'est devenu un coup de cœur pour moi aussi mais après plusieurs tentatives et finalement c'est en l'écoutant en audio que j'ai fini par l'aimer et le relire et ça ne me déplairait pas de le relire encore une fois. Il est si riche, tu as raison. On n'en a jamais fini avec lui!

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    1. J'ai l'impression qu'il faut bien choisir son moment pour le découvrir, on peut facilement tomber à côté !

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  3. Je n'ai jamais rien lu de la grande Virginia, shame on me !

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  4. Un bien joli billet. Tu me donnes envie de lire à nouveau ce roman.

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  5. Je pense que je l'ai lu trop jeune.

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  6. Un roman qui m'a marquée, que j'ai lu plusieurs fois et que j'ai étudié !

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    1. Je pense qu'il va entrer dans mon panthéon personnel !

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  7. Eh bien voilà, mon prochain Woolf est tout trouvé ! (je connaissais le titre mais j'hésitais, un peu impressionné par Mrs Dalloway dont le nom donne le titre au roman... bête, non ? ;-) )
    J'aime quand tu dis "dur d'assumer sa liberté et sa finitude", et aussi qu'il s'agit d'une vie concentrée en une journée. Je suis impressionné par toutes tes lectures chroniquées, dont beaucoup me parlent, et je me promets de retourner lire ton blog quand j'aurai plus le temps !

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