jeudi 17 mai 2007

Contes


Les contes de Nodier sont empreints d'une douce féérie, proche de Nerval ai-je pensé. Un peu difficile de pénétrer ces mondes oniriques au premier abord : le style en est souvent très lyrique. On retrouve bien les premiers feux du romantisme dans ces oeuvres fantastiques ; Nodier tient parfois d'Hoffmann... Mon recueil comportait cinq contes, de longueur et de qualité inégale.

Smarra est le plus lyrique de tous. Il s'agit du récit d'un rêve ou cauchemar, si flou que l'on ne distingue pas vraiment la réalité du songe. Dans une Thessalie brumeuse, le héros erre entre Grâces et ombres. L'écriture est proche du poème et complexe. Il semble parfois que ce monsieur fasse étalage de ses connaissances d'helleniste de façon trop érudite (vi, vi, c'est une helleniste qui dit ça!)... Voilà qui m'a fait remettre à plus tard la lecture des autres contes (on fait tous des erreurs!).

Trilby m'a rappelé La Sorcière de Michelet, ce bouquin pseudo historique, très teinté de romantisme également. Il est question d'un personnage elfique, le lutin Trilby qui s'est attachée à la pauvre masure de Jeannie et de Dougal. Trilby protège ce couple, apporte de bonnes pêches et courtise Jeannie. Troublée, elle fait part de ses inquiètudes à son mari qui choisit de faire exorciser la maison par un moine. La tristesse s'abat alors sur la demeure et le remord hante Jeannie, jusqu'à ce que Trilby se manifeste à nouveau..

La fée aux miettes raconte l'histoire d'un pauvre fou, interné à Glasgow. Un aristocrate choisit de visiter un asile, il y rencontre Michel qui lui demande "De grâce, monsieur, apprenez-moi si elle a chanté la chanson de la mandragore : c'est moi, c'est moi, c'est moi ! je suis la mandragore, la fille des beaux jours qui s' éveille à l' aurore, et qui chante pour toi ! ". S'ensuit la triste histoire du charpentier : son ardeur au travail et les malheurs qui s'abattent sur sa famille, l'amour qu'il inspire à une vieille mendiante et la passion qu'il conçoit pour un portrait sublime, des animaux qu'il croise et s'étonne de voir traités comme des humains et... la quête de la mandragore.

Jean-François les bas-bleus est fou, mais il reprend ses esprits lorsqu'un sujet scientifique ou philosophique est discuté. Après avoir acquis de grandes connaissances, il a perdu la raison à cause d'une passion impossible. Cet homme peut-il aussi révéler l'avenir ?

Inès de Las Sierras est un tour de passe-passe. Des voyageurs passent la nuit dans un chateau que l'on dit hanté. Pendant leur repas, apparait effectivement une jeune beauté, une sylphide sublime qui anime leur soirée. Quand elle demande à l'un des hommes de la rejoindre, tous craignent une suite funeste et choississent de veiller, en proie à l'angoisse. Telle est la première partie du conte tandis que la seconde vise à donner une explication plus rationnelle à l'événement. Notons que Gauthier fit de cette oeuvre un joli poème.

L'ensemble est assez plaisant mais il faut se remettre dans le bain (l'ambiance XIXe très friande de fantaisies de ce genre) : une écriture romantique très lyrique, des références parfois obscures et des digressions fréquentes. De quoi inspirer un surréaliste ou donner envie de revoir l'ami Lautréamont.

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