vendredi 18 avril 2014

Troie. Le Seigneur de l'arc d'argent

Oui, j'ai envie de lire des réécritures en ce moment. Ce roman de D. Gemmell est sur ma LAL depuis... un swap mythique. On ne va pas se mentir, ce n'est pas de la grande littérature, le scénario n'est pas très compliqué et l'écriture est fluide sans inventivité mais l'ensemble est prenant, porté par des rebondissements et des trahisons multiples. Vous me connaissez, dès qu'il est question de challenger Homère, ça me plait ! T'inquiète personne n'arrive jamais à ta cheville, mon vieil Homère !

Vase à figures noires Oltos

Trois personnages au cœur de ce récit. Nous rencontrons les deux premiers rapidement. Il s'agit d'Hélicon (que l'on connait aussi sous le nom d'Enée), marchand et guerrier dardanien, fils du cruel Anchise et d'une femme qui s'est imaginée être Aphrodite, et d'Andromaque, dépeinte comme une amazone lesbienne (oui, ça commence bien côté mythologie). Accessoirement, elle est aussi belle et intelligente. Elle a été rapatriée de Théra où elle était prêtresse (et là, bonjour les fantasmes de l'auteur : elle y passait le temps à danser, chanter, prier, jouer, tirer à l'arc et choper d'autres prêtresses). Le troisième protagoniste est Argurios, un sombre et solitaire mycénien. Le type loyal et héroïque que l'amour adoucit. Oui, nos personnages sont un peu caricaturaux. Et même si Hélicon parait complexe, oscillant entre sa part d'ombre et de lumière, il n'y pas de quoi effrayer un lecteur. 

Quant au récit lui-même, il se déroule avant la guerre de Troie. Agamemnon lorgne sur les richesses de Priam, roi de cette ville aux toits d'or ; les fils du roi, humiliés constamment par leur père, rêvent de prendre sa place. Bref, Troie est une belle femme que tous veulent posséder. Outre Troie, la Grande verte (la mer vineuse d'Homère) est au cœur du récit avec ses bateaux légendaires, ses pirates et ses marchands. Et bien sûr, le plus malin de tous, Ulysse fait une apparition remarquée comme conteur, père adoptif d'Hélicon et psychologue en herbe (oui, parce que c'est un peu agaçant ces traumatismes qui rejaillissent tous au même moment : le type qui a été abandonné dans le noir, celui qui a vu le cadavre de sa mère, etc.). Bon, je me moque mais les ficelles sont un peu grosses.

Et, malgré ce que vous pouvez croire, j'ai plutôt apprécié cette lecture. Je ne lui demandais pas de respecter l'Iliade comme parole d’évangile ou les découvertes de l'archéologie grecque, je souhaitais une aventure prenante et divertissante : le livre a répondu à ces attentes. J'ajouterai que la vision des héros troyens par D. Gemmel est réjouissante. Il occulte les dieux (mais les prophètes ont des visions justes). Cela donne une Cassandre qui prédit l'avenir et n'est crue par personne suite à une maladie d'enfance (oui, l'enfance est cruelle dans ce livre), un Pâris érudit pas très sexy et une Hélène plutôt moche qui aime étudier avec lui, un Ulysse qui raconte l'Odyssée comme une comédie avant même de la vivre, etc. Et c'est assez supportable quand ça concerne des personnages secondaires. Notons aussi qu'il y a un petit mystère égyptien qui plane pendant tout le roman qui rappelle que toutes ces civilisations étaient en contact. Bref, une lecture plaisante avec quelques bonnes trouvailles qu'alourdissent malheureusement quelques clichés et une psychologie de comptoir : c'est pas très subtil mais efficace. Si cela ne vous dérange pas, sachez que l'ensemble est plutôt une uchronie sympathique, en mode roman d'aventure plus que de fantasy (pas de magie ou de dieux) aux rebondissements multiples. 

Si j'ai préféré la version de D. Simmons, je pense que je lirai la suite de cette série !

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