Et qui pourtant valait le déplacement :
Monumenta version Anish Kapoor et Odilon Redon.
Commençons par le plus contemporain. Je n'avais pas eu l'occasion de voir une édition de Monumenta aussi réussie. J'en sortais même plutôt déçue et sceptique. Eh bien, pour une fois, je dois avouer que ce fut une réussite. Un succès. Cette structure gonflable prenait réellement place dans l'espace du Grand Palais, l'habitait entièrement et jouait avec lui par sa forme, sa couleur et les perspectives, entre intérieur et extérieur, qu'elle donnait sur l'architecture, la verrière, les espaces.
Pour une fois, Monumenta portait bien son nom. Et cette façon de pouvoir interagir avec les oeuvres, de les ressentir complètement, bien plus qu'habituellement (je ne sais pas trop comment l'exprimer), c'est vraiment un délice. Bref, c'était remarquable !
Odilon Redon c'était extra aussi dans un autre genre. Onirique, chatoyant, obscur, littéraire, obsessionnel... Je ne sais quel adjectif convient le mieux. La période sombre, illustration de rêves, de cauchemars, de textes littéraires est à la fois effrayante et fascinante. Les Noirs rappellent un peu les gravures de Goya, c'est aussi fantastique et romantique que l'espagnol. Puis quand il se jette dans la couleur, c'est un délice pour les yeux, tant de lumière, de contrastes ! Et les décors intérieurs... Éblouissants !
Quant aux thèmes, on retrouve ces regards effrayants, ces têtes coupées, c'est à la fois malsain, atroce mais plein d'angoisse et de questionnement du monde, de sa réalité ou non. Puis Odilon Redon nous propose une vision plus apaisée avec la couleur, empreinte de religiosité, de références mythologiques et de motifs décoratifs.
Une belle redécouverte que ces pastels étudiés à Orsay dans mes cours il y a maintenant quelques années. Et surtout, beaucoup d'oeuvres que je n'avais pas eu le loisir de voir avant.
Bravo !