jeudi 30 juin 2011

Ce que vous avez manqué au Grand Palais

Et qui pourtant valait le déplacement :
Monumenta version Anish Kapoor et Odilon Redon.
Commençons par le plus contemporain. Je n'avais pas eu l'occasion de voir une édition de Monumenta aussi réussie. J'en sortais même plutôt déçue et sceptique. Eh bien, pour une fois, je dois avouer que ce fut une réussite. Un succès. Cette structure gonflable prenait réellement place dans l'espace du Grand Palais, l'habitait entièrement et jouait avec lui par sa forme, sa couleur et les perspectives, entre intérieur et extérieur, qu'elle donnait sur l'architecture, la verrière, les espaces.
Pour une fois, Monumenta portait bien son nom. Et cette façon de pouvoir interagir avec les oeuvres, de les ressentir complètement, bien plus qu'habituellement (je ne sais pas trop comment l'exprimer), c'est vraiment un délice. Bref, c'était remarquable !

Odilon Redon c'était extra aussi dans un autre genre. Onirique, chatoyant, obscur, littéraire, obsessionnel... Je ne sais quel adjectif convient le mieux. La période sombre, illustration de rêves, de cauchemars, de textes littéraires est à la fois effrayante et fascinante. Les Noirs rappellent un peu les gravures de Goya, c'est aussi fantastique et romantique que l'espagnol. Puis quand il se jette dans la couleur, c'est un délice pour les yeux, tant de lumière, de contrastes ! Et les décors intérieurs... Éblouissants !
Quant aux thèmes, on retrouve ces regards effrayants, ces têtes coupées, c'est à la fois malsain, atroce mais plein d'angoisse et de questionnement du monde, de sa réalité ou non. Puis Odilon Redon nous propose une vision plus apaisée avec la couleur, empreinte de religiosité, de références mythologiques et de motifs décoratifs.
Une belle redécouverte que ces pastels étudiés à Orsay dans mes cours il y a maintenant quelques années. Et surtout, beaucoup d'oeuvres que je n'avais pas eu le loisir de voir avant.
Bravo !

mercredi 29 juin 2011

Les oiseaux vont mourir au Pérou

... est un recueil de nouvelles de Romain Gary. Celle qui m'a le plus étonnée est 'Gloire à nos illustres pionniers'. J'ai eu l'impression que Gary s'essayait à la SF et qu'il inspirait D. Simmons, 'Mémoires privées de la pandémie des stigmates de Hoffer' !
A part ce gros coup de poing, les autres nouvelles m'ont plu sans plus.

J'avais déjà parlé du 'luth', de 'une page d'histoire', des 'habitants de la terre', de 'Noblesse et grandeur' et du 'faux'. C'est toujours frustrant de retrouver une nouvelle déjà lue dans un autre recueil... Bref, je ne reparlerai pas de ces lectures qui m'avaient peu enchantée.
Les oiseaux vont mourir au Pérou est l'histoire d'une étrange rencontre, une femme sur une plage en état de choc. Etrange, un peu malsain.
Un humaniste est le destin d'un homme, marchand de jouets, caché chez des amis lors de l'ascension d'Hitler... et après. Belle chute et belle interprétation sur le thème.
Décadence : un mafieu qui se lance dans la sculpture : amusant ! Mais une fin que l'on attend.
Les joies de la nature : amours de clowns, drames de géants et de liliputiens. Mouaif.
Citoyen pigeon : où des touristes américains rencontrent la vaste ouverture russe. Une nouvelle qui ressemble à une blague politique ! 
Le mur : une tragique histoire de Noël sur la solitude. A moins qu'il ne s'agisse d'une histoire d'amour ? Franchement chouette !
Tout va bien sur le Kilimandjaro : Albert Mézigue est un amoureux et un voyageur. Ses cartes postales témoignent de son étonnant destin.
Je parle de l'héroïsme : ou je le mets en oeuvre ? Moyen.
J'ai soif d'innocence : et tout le monde sait que les taihitiens sont désinteressés...
La plus vieille histoire du monde est une histoire de juifs toujours torturés, méprisés, effrayés... même au bout du monde. Edifiant !

Au total, quelques nouvelles que je recommande mais finalement assez peu. Je confirme ma première impression : Gary est meilleur selon moi sur la durée ! le roman ! le long, quoi !

lundi 27 juin 2011

N'oublie pas les chevaux écumants du passé

Christiane Singer est un auteur que j'apprécie beaucoup. Je crois que vous êtes au courant. Je n'ai donc pas hésité longtemps devant ce livre. 

Un peu différent des précédents que j'ai pu lire d'elle, celui-ci est comme une multitude de petites discussions et échanges sur des sujets qui tiennent de l'actualité et des éternelles préoccupations humaines.
Parmi les questions évoquées, le souvenir et l'oubli, la transmission, l'âge, la femme, l'obligation du bonheur, l'étranger, l'amour, l'enfant...
Des sujets qui sont soulevés, comme une vague, qui interrogent, dont on aimerait souligner les références, les réflexions, sur lesquelles il pourrait être bon de s'arrêter, de méditer. Et pourtant, happée par les mots, j'ai poursuivi, d'une traite, cette lecture. Je pense que je relirai ce livre car il avait beaucoup à m'offrir et je n'en ai retenu que quelques moments forts, phrases chocs et idées sages.

J'ai parfois senti combien j'étais en désaccord ou peu prête à croire ce que je lisais, combien l'auteur me semblait naïve, trop heureuse de peindre la vie en couleurs. Il est vrai que la vitalité de sa plume, de ses réflexions, sa croyance en l'homme, en la vie, font plaisir à voir. Une vraie leçon contre le pessimisme et le gris ambiant. 

dimanche 26 juin 2011

Minuit à Paris

J'ai lu quelques critiques sur le coté cliché, un peu niais de ce film... Eh bien, quoi que vous pensiez, je l'ai beaucoup aimé. 
Je vous fais une critique rapide histoire que vous puissiez aller le voir lors de la fête du cinéma, c'est le moment de voir les films que vous avez loupés...

Alors, l'histoire se passe bien sûr à Paris et la ville est délicieusement filmée. C'est le Paris des cartes postales et des touristes car pas d'embouteillage, de métro ou de parisien désagréable. Mais bon, il faut signaler que c'est chouette le Paris cliché. Gil est d'ailleurs plus que sensible au charme fou de la ville. 
Trop belle cette affiche, non ?!

Gil, c'est le personnage principal. Scénariste qui souhaite devenir écrivain, il parcourt Paris avec sa fiancée, Inez, nettement moins sensible que lui aux charmes de Lutèce. 
Et puis, un soir, un étrange phénomène se produit. Gil rencontre des hommes des années 20 : Hemingway, Fitgerald, Picasso, Dali (hilarant), ... et une jolie jeune fille, Adriana, qui lui fait tourner la tête !
Inez, ses parents et les amis de la jeune fiancée, plus terre à terre, ne suffisent plus au jeune Gil.

J'avoue que j'ai été séduite par ce film, son casting par contre ne m'a pas marqué plus que ça... Si, j'ai enfin pu apprécier Marion Cotillard qui d'habitude m'agace prodigieusement. Ici, moins de noirceur, de dépression que dans des films précédents. Joie, gaieté, pluie vivifiante. Ode à Paris et à l'euphorie. Magique. 

samedi 25 juin 2011

La peau du tambour

Perez Reverte m'a un peu saoulée dans ce livre.

L'intrigue en est un peu légère : un pirate s'introduit dans l'ordinateur du pape et y laisse un message concernant une paroisse de Séville qui tue. Aussitôt, un émissaire, Lorenzo Quart, est envoyé pour faire lumière sur les événements.
Il se retrouve confronté à un vieux prêtre plein de convictions, une soeur un peu trop sport, un magnat de la banque, une vieille histoire d'amour et une ravissante jeune femme. Et bien sûr, du sang dans une église et rien qui ressemble à un Anonymous.
Notre jeune prêtre va piétiner dans son enquête, s'approcher un peu trop de la belle, mais l'intrigue semble un peu light pour le nombre de pages qui y sont consacrées. Bref, j'ai trouvé Perez Reverte bavard et un peu vain. Essayant de tirer son histoire comme il le pouvait mais jamais très loin.

Déception pour un auteur qui généralement me séduit.

vendredi 24 juin 2011

American gods

Je mourais d'envie de lire ce livre depuis quelques années. J'ai donc sauté de joie lorsque je l'ai trouvé dans le colis que m'adressait Steph. Le héros en paraissait être THE sexy man !

Ombre n'est pas spécialement le gendre idéal. Il sort de prison, il semble un peu lent mais il est fort et plein de bonnes intentions. Son unique envie : rentrer chez lui et y retrouver sa belle épouse, Laura. Hélas, lorsqu'il sort, il apprend que son épouse est décédée et se voit proposer un étrange contrat par Voyageur. Il devra l'accompagner et le débarrasser des gênants.
Suite à cet étrange contrat, son univers change. Il fréquente désormais des dieux. Les plus anciens, issus de l'Egypte ancienne, des populations indiennes, nègres, asiatiques, nordiques... mais aussi des concepts récents, l'informatique, les supermarchés, la ville... Ces dieux anciens et ces dieux modernes semblent ne pas pouvoir cohabiter en Amérique. C'est un grand combat qui se prépare et Voyageur tente de lever des troupes. Ombre le suit et s'initie à des expériences étranges. Sa femme veille sur lui, revenue des morts mais pas réellement vivante. Ses rêves lui font rencontrer des divinités anciennes, Bastet par exemple. Bref, il perd complètement ses repères et découvre dans son Amérique moderne des superstitions, des traditions et des sacrifices propitiatoires bien vivaces.

Belle plongée dans les mythologies du monde, ce livre m'a parfois semblé manquer de souffle. Etait-ce que j'en attendais trop ? En tous cas, je suis un peu déçue par la lenteur de certains épisodes... 

jeudi 23 juin 2011

Guide de l'antiquité imaginaire


Il n'y pas que les contes que j'apprécie, les mythes aussi ! Et j'aime autant me documenter sur le sujet que sur les contes. Voire plus. Enfin, disons que c'est un sujet auquel j'ai été beaucoup confronté durant mes études et pour lequel j'ai eu bon nombre de lectures.

Claude Aziza nous offre ici un livre tentateur. Car non seulement il y étudie la mode de l'antique mais il nous donne des bibliographies alléchantes. 

Cette mode de la reprise des thèmes littéraires antiques, il la fait débuter au XIXe siècle. C'est un parti pris plutôt sympathique, car beaucoup des livres évoqués sont facilement trouvables ! Aziza étudie bon nombre de romans que vous connaissez comme Les derniers jours de Pompei ou Le roman de la momie mais aussi beaucoup d'autres, méconnus aujourd'hui. Il montre le goût pour certaines époques, l'ombre dans laquelle d'autres demeurent. Car ce n'est pas l'antiquité dans sa globalité qui inspire mais la Rome des premiers chrétiens ou l'Egypte macédonienne... Ce qui est particulièrement intéressant c'est que le même tour d'horizon est proposé pour les reprises ciné et BD. 
La deuxième partie est bien plutôt une liste de références sur un thème : l'Atlantide vous passionne ? Il y a bien un ou deux titres que vous n'avez pas encore découvert. Si ce sont les mythes grecs, Oedipe ou Thésée, c'est aussi possible.
Et puis, ce qui est chouette, c'est qu'il peut y avoir le roman un peu chiant d'un vieil académicien comme du Dan Simmons. C'est éclectique et c'est commenté. Donc si Aziza s'est ennuyé, il vous prévient. Sympa, non ?

Bref, c'est un livre érudit qui va augmenter votre LAL ! Enfin, moi ça a bien complété la mienne !

mercredi 22 juin 2011

La princesse qui n'avait plus rien

Ce livre de Shannon Hale est simple et efficace. C'est un conte détaillé, romancé, adapté.

Il était une fois, au royaume de Kildenrie, une petite fille née princesse qui n'ouvrit pas les yeux sur le monde avant trois jours. Anidori, c'est son nom, grandit avec sa tante pour préceptrice. Celle-ci lui apprend les contes, le regard doux sur le monde et le langage des animaux (des oiseaux en particulier) et de la nature. Hélas, Anidori se retrouve bientôt seule face à une gouvernante bien moins aimable et les responsabilités d'une princesse. Gavée de cours de toute sorte, elle ne trouve de bonheur que dans ses échappées à cheval avec son père. Lequel meurt fort malencontreusement, la laissant à son sort d'aînée.
Mais il est dit qu'elle ne régnera pas en Kildenrie. Elle est promise au prince du royaume voisin, la Bayère, pour préserver la paix. Pendant le voyage, la tension ne cesse de monter jusqu'à ce qu'éclate au grand jour le complot. Anidori est désormais seule...


Ce destin de la princesse, pareil à un conte avec des moments enchanteurs, la récompense du bien et le châtiment des méchants, est une éducation au pouvoir, à l'humilité et aux sentiments. Car Anidori évolue grandement en Bayère. 

Dans ce conte, peu de merveilleux si ce n'est la relation aux bêtes. Et une beauté des descriptions, qu'il s'agisse des couleurs en Bayère ou des paysages... Voilà de quoi ravir votre imagination.
Bref, un joli livre inspiré de la Gardeuse d'oies !

mardi 21 juin 2011

Il était une fois les contes de fées


J'ai longtemps regretté de n'avoir pas vu à la BNF l'exposition qui s'y tenait il y a quelques années sur les contes de fées. Vous savez combien je les aime. Cette passion, née certainement de mes visionnages intensifs de Disney et mes lectures toujours plus nombreuses des contes de tous les pays et civilisations, s'est confortée par la lecture des analyses de contes. Bettelheim m'a ouvert une infinité d'interprétations possibles. Bref, le conte et moi, c'est l'amour fou. Tout cela pour vous faire toucher l'étendue de mes regrets. 

Alors quand j'ai découvert en bibliothèque un catalogue de cette exposition, je me suis précipitée. L'objet lui même est beau : illustrations nombreuses qui reprennent les expots. Et les articles étaient plutôt prenants. Les premiers s'attardent sur les auteurs de contes, Perrault, Grimm ou De Beaumont. Puis il est aussi question des inspirations, de la réception  du conte selon les temps, de leur usage : contes à la veillée dans les campagnes par les hommes, livres de contes pour les plus riches, livres d'enfants, livres de grands. Et le conte est aussi analysé pour lui même : que donne-t-il à voir d'une société, comment les rapports parentaux sont-ils pensés, qui est le héros ? C'est une véritable mine d'informations, de recherches, de pistes de réflexions et de découvertes. 
Et puis vient la question des traitements du contes, de ses exploitations, détournements, inspirations, bref, de sa modernisation constante et de sa place toujours importante dans nos sociétés.

Une belle mine de lectures à venir et de réflexions à développer !

lundi 20 juin 2011

Le rouge et le noir

En parcourant la bibliothèque (fort bien fournie, vous l’aurez deviné) de Praline, la honte m’a gagné : que de classiques non lus, dont je connaissais à peine l’histoire ! Nous avons décidé de combler mes lacunes en commençant par cette œuvre de Stendhal. 
Julien Sorel, jeune garçon d'origine modeste, a de grandes ambitions. Grand admirateur de Napoléon, ses qualités intellectuelles et son désir de réussite le pousseront néanmoins à se tourner vers le clergé. Mais n'est pas homme de foi qui veut et la rencontre avec la belle Madame de Rénal va tout chambouler... 

Il m’a été bien difficile d’écrire ce billet : quelle légitimité aurais-je à faire la critique d’un classique tel que celui-ci ? Ce blog n’ayant pas non plus vocation à faire des résumés pour les étudiants en manque d’inspiration, je vous parlerai donc tout simplement de ce que j’ai ressenti en le lisant.

Et je dois dire qu’étant plutôt un lecteur habitué aux auteurs contemporains, Le rouge et le noir a été une réelle expérience. J’ai été à maintes fois frappé, choqué même, par la façon dont certains personnages pouvaient réagir ! J’ai compris que les mentalités du milieu et de l’époque étaient bien éloignées de ce que je m’imaginais. Cela m’a frappé d’autant plus que je n’avais jamais vraiment eu cette impression-là en lisant Molière ou des auteurs grecs !

N’allez pas non plus croire que je me suis senti sur une autre planète : mais il est vrai que j’ai pu redécouvrir, en lisant Stendhal, une des vertus de la lecture qui m’avaient déjà été révélées avec Belle du Seigneur : on ouvre les yeux et on prend du recul sur des situations qu’on a pu connaître aussi, sans les comprendre. Alors, ours mal dégrossi que je suis parfois, je dois remercier Praline, car cette lecture m’a ouvert à certains « états du cœur ».

Stendhal m’aura aussi fait voyager, rire, vibrer, grandir. Il m’a aussi questionné, agacé à d’autres moments. En tout cas, cette lecture ne s’est certainement pas déroulée comme celle de Madame Bovary, traumatisme de ma jeunesse ! (désolé pour les fans…) Je me suis pris à suivre les péripéties de Julien, à me ronger les ongles à tous ces moments où l’on sent que sa vie, son avenir, ne se jouent qu’à un fil. A l’accompagner, jusqu’au bout.

Je n’ai peut-être pas saisi toutes les subtilités du style de Stendhal qui rendent ce livre si bon, mais à mon niveau, j’ai réellement apprécié la lecture de ce grand classique. A quand le suivant ?

dimanche 19 juin 2011

La conquête


J’ai trouvé l’idée de ce film assez culottée : on n’avait pas encore, à ma connaissance, documenté l’ascension vers le somment d’un président encore en mandat. Puis en y réfléchissant, j’ai commencé à avoir des soupçons sur son bien-fondé. Et puis finalement, on me l’a conseillé, alors j’y suis allé avec Praline !
En fait, la conquête nous en apprend plus sur les dessous de l’Elysée, de la haute classe politique et du déroulement des campagnes présidentielles que sur la vie de Nicolas Sarkozy. Et c’est tant mieux.

Le réalisateur nous balade donc entre les différents camps, clans, nous raconte la pression, les coups bas, l’omniprésence des médias et l’argent. Tout cela, il le fait très simplement, avec une fraîcheur déconcertante. C’est en partie grâce aux jeux des acteurs et aux expressions fleuries qui jalonnent ce film. Citons Chirac par exemple qui, à l’annonce d’un nouveau coup d’éclat de Sarko, déclare : « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Fleuri, disais-je.
J’ai trouvé Denis Polyadès excellent dans son rôle, pourtant vraiment pas évident : il sait rester crédible, humain, sans tomber dans la caricature ou l’excès. Assez bluffant en fait.

Bien sûr, un film comme ça n’est jamais vraiment neutre. Et si le portrait de M. Sarkozy m’a paru assez nuancé, le pauvre Villepin s’en prend plein la tronche, en poulain frustré de Chirac pas suffisamment dégourdi pour rivaliser avec Sarko, même avec l’appui du président de l’époque. Mais si on ne s’arrête pas trop aux partis pris, on passe réellement un bon moment, qui nous fait prendre du recul face à nos hommes d’Etat, bien humains eux aussi. Loin de créer la polémique, donc, ce film détend, et ça fait drôlement du bien ! Praline et moi sommes sortis conquis :)

samedi 18 juin 2011

Les savants

Merci à Libfly pour cette belle surprise, ce roman de Manu Joseph, égaré dans ma boite aux lettres. 
Livre indien. Voilà qui va me rappeler mon petit périple hivernal ! Et en fait, oui et non. Oui parce que le background est indien : mousson, sari, immolation, castes. Et non parce que les petitesses de ces hommes, leurs envies, leurs erreurs sont universelles.

Ce livre est à la fois plein d'humour et de sérieux, il jette un regard caustique et réaliste sur l'Inde des brahmanes. Ces hommes qui, par leur naissance, ont tout. Ces hommes qu'Ayyan croise tous les jours. Secrétaire à l'Institut de théorie et de recherche pour le célèbre et brillant Arvind Acharya, il aime écouter aux portes et faire croire que son fils est un génie. Rempli d'ambition, il veut à tout prix que s'efface la distinction entre sa caste, la plus pauvre (les anciens intouchables, renommés dalit mais juste pour la beauté du geste), et celle de ces savants, tous plus farfelus les uns que les autres. Car à l'Institut, on ne fait pas grand chose de sérieux : On tente de trouver une vie extraterrestre. Deux moyens sont préconisés : - le ballon qui attrapera des molécules à une hauteur où la vie est impossible, prouvant ainsi que toute vie est extraterrestre. - L'oreille géante qui percevra les civilisations lointaines. Et puis nos scientifiques font de ces manigances...! Bref, ils ne cherchent pas beaucoup. 

Le plus brillant et le plus rusé, c'est certainement Ayyan, que nous suivons de près. Non seulement il arrive à embrouiller les plus savants sur le génie de son fils, un garçon sourd, curieux mais surtout avide de plaire, mais il sait aussi jouer ses cartes au bon moment. Nous rencontrons aussi quelques figures féminines, plus effacées, qui pourraient aussi bien être la même femme aux différents âges de sa vie. Et les brahmanes. Pas toujours si dupes, pas toujours bienveillants non plus. Ils sont à la fois la menace permanente des castes inférieures car leur parole est d'or mais surtout ils sont ce modèle que tous souhaitent atteindre.

Analyse sociale et culturelle d'une lutte des castes, d'un univers étriqué (celui des scientifiques mais cela aurait pu être n'importe quelle autre spécialité) et de caractères bien dessinés, ce livre est une réussite. Ne vous attendez pas à une morale ou à un jugement, ce sera à vous de vous faire votre idée. Et le style ? Fluide, plaisant, il se fait un peu oublier, simple et efficace.


Ce livre est parti en voyage chez Nina.

vendredi 17 juin 2011

Experon


Étrange histoire dans un monde pas si différent du notre. Deux histoires en réalité. Celle d'un homme, le Dr Sollow, celle de sa femme, Annabel. Le premier est médecin, spécialisé dans les cas psychologiques improbables. Lorsqu'un autiste surdoué débarque dans son service, il le prend comme un défi. Il veut tout mettre en oeuvre pour faire progresser cet enfant, Ange. Et l'étudier. Il en néglige sa femme qui, elle, s'embourbe depuis qu'elle a raté l'examen qui lui donnait la possibilité d'être mère, l'AAE (Aptitude auprès des enfants). Peu soutenue par son mari, jalouse de sa copine qui a le droit de procréer, elle s'enfuit pour rejoindre les frontières de la légalité. Histoire sur le désir d'être mère, sur l'absence d'instinct maternel. Histoire d'une séparation, de trahisons, de mensonges et de faux semblants. Histoire d'une société où tout est réglementé, même le droit d'avoir des enfants.
Ce qui est intéressant, outre ce background, ce sont les personnages eux-mêmes. 
Belle étude de caractères avec ce médecin obsédé par son cas, ce petit garçon secret qui devient comme son fils. Sa femme, submergée par un désir naturel que l'on lui dénie pour une note. Son amie qui découvre sa liberté et prend conscience de ses aspirations réelles. Une dystopie qui fait froid dans le dos à plusieurs reprises et qui interroge sur des sujets de bioéthique : la clonage, le choix des qualités de son enfant et de son hérédité, le droit à être parent...
Un roman d'Hélène Cruciani que j'ai mis un peu de temps à lire mais que j'ai pleinement apprécié. Merci à Caroline pour ce don !

jeudi 16 juin 2011

La dame n° 13

Somoza continue de me séduire, sachez-le ! C'est peut être ce roman qui m'a le plus plu dans toutes mes lectures de cet auteur. Alors par contre, c'est sans aucun doute le plus gore. Mais le traitement du thème, littéraire, comme toujours, m'a fortement convaincue. Les muses sont au cœur de ce roman ainsi que la force des mots, des vers en particulier.


Rulfo est un poète espagnol, au chômage, dévasté par une histoire d'amour et, depuis peu, par des rêves atroces. Lorsqu'il découvre que ce rêve est lié à un assassinat réel et ignoble, il est irrémédiablement attiré vers la maison du crime. Sa précédente occupante a été torturée pendant des heures et a été finalement décapitée. Pourtant dans le rêve de Rulfo, trouver un aquarium pourrait aider la propriétaire défunte. Fouillant dans cette étrange bâtisse avec une très belle femme qui fait exactement les mêmes rêves que lui, il tombe sur d'étranges objets. Une photo, des vers et une figurine de cire. C'est là que les ennuis commencent réellement. En effet, cette figurine est liée au pouvoir de la défunte. Une dame, la n° 11, celle qui devine.

Qu'est ce que c'est que cette histoire de nombres, de dames et de qualités ? Eh bien, il s'agit d'une étrange fratrie de femmes puissantes et dangereuses, inspiratrices des plus grands (Béatrice, Laure, La dame noire pour ne citer qu'elles). Chacune a une physionomie, un nom, un pouvoir particulier. La plus jeune est une pré adolescente qui joue à la balle, terrifiante par ses regards dépourvus de l'innocence de son âge. La n° 13 est cachée, c'est la plus vulnérable, celle qui permet de toucher ses sœurs... Bref, étrange confrérie qui utilise l'écriture et la récitation de vers pour torturer les hommes, curieuses des effets de leurs malédictions plus que sadiques.

Mais je vous en dis peut être trop car Rulfo met un certain temps à comprendre de quoi il est question. Il lui faut pour cela renouer avec un professeur et ami poète, retrouver un ancien amour, rencontrer la femme la plus belle et la plus humiliée. Aventure à toute allure qui utilise poésie et sadisme. Plume toujours aussi belle. Nuits terrifiantes. Tortures infâmes, châtiments dantesques... 

Ce roman est une véritable merveille, pépite de la littérature mais propre à vous faire passer des nuits blanches. Âmes sensibles, s'abstenir !


mercredi 15 juin 2011

Le voleur d'ombres

Quand votre ami vous dit : "Je lis le dernier M. Levy. C'est terrible", que répondre ? 
Bêtement je lui dis "Le style ? dans Le voyage de Machin chose ?". "- Non, l'histoire du voleur d'ombres"
Touché, ému, la gorge un peu serrée par son livre, il m'a encouragé à le lire. 
Vous me connaissez, j'avais été agacée par son dernier et j'avais juré "jamais plus". Preuve encore qu'il ne faut jamais dire jamais.
Toujours pas sous le charme de Levy, plutôt déçue encore une fois, j'aurais au moins compris ce qui tracassait mon ami.

Notre héros est un jeune garçon anonyme. Il entre en sixième, son père vient de partir et il tombe amoureux de la plus jolie fille de la classe : Elisabeth. Mais le grand et costaud Marquès est aussi sur les rangs. Autant le dire tout de suite, la relation entre le gringalet et le géant ne s'annonce pas des meilleures. Heureusement, dans cette nouvelle école, il rencontre Luc, le fils du boulanger et Yves, le gardien. Deux amitiés qui se construisent. Et qui se construisent grâce à un étonnant adjuvant, leurs ombres. Car l'ombre de notre héros, un peu volatile, peut entrer en conversations avec les autres et mieux comprendre ainsi leurs soucis. 
Ce petit garçon, on l'accompagne dans sa formation, le jeune élève devient interne en médecine... Bref, on le voit grandir, rencontrer des amis, des jeunes filles. Et comme toujours, il se forme lentement une étrange histoire d'amour. 
Dommage, hélas, que cette histoire d'ombre n'ait pas été exploitée plus que cela. Elle est restée très timide.

lundi 13 juin 2011

Miss Charity

Marie-Aude Murail n'est pas un auteur que je lis régulièrement même si nos quelques rencontres ont été plutôt sympathiques. 
Mais désormais, je peux parler d'un véritable coup de coeur pour sa plume et pour son livre.

Miss Charity est un livre pour enfants d'une épaisseur impressionnante, que tout adulte lira aussi avec plaisir. Charity est une charmante petite fille, amoureuse de la vie. Sa passion se caractérise par un amour des animaux qui ne fera que croitre. Véritable arche de Noé, son étage accueille toutes les petites bétes de dieux. Souris, rats, oiseaux, crapauds, lapins et autres y sont les bienvenus. Charity les étudie, les dessine, tente de les soigner, de les sauver, de leur apprendre des tours. Seule survivante des trois filles de la famille, elle vit dans une solitude incroyable, gardée uniquement par une bonne aux histoires effrayantes. Sa mère se désintéresse totalement d'elle, surtout depuis qu'elle s'est endormie à la messe ! Et puis, elle lui donne une gouvernante, histoire que cette fleur sauvage apprenne un peu ce que font les jeunes filles de son age. Elle apprend le français, joue médiocrement du piano et ne cesse de vouloir apprendre, apprendre, toujours plus apprendre. Elle lit la bibliothèque familiale, apprend Shakespeare par coeur et s'écrit des lettres pour l'avenir. 
Et puis elle fréquente plus ou moins régulièrement sa famille. deux cousines un peu méprisantes, un cousin languissant, un cousin bondissant. Et ce livre est une vie devant nos yeux, les petites aventures d'une fillette à la fin du XIXe siècle. Une fillette amoureuse des animaux, une jeune femme indépendante, une femme de tête qui se moque bien des conventions. 
Le sauvetage de sa gouvernante, ses expéditions dans le Londres des fumeries d'opium, ses allures champêtres... Toutes ces historiettes prennent des airs d'exception et d'aventure, portées par la plume galopante de Marie Aude Murail.

Une histoire passionnante, qui se dévore jusqu'au bout de la nuit ! Superbe ! Sans compter que les illustrations de Philippe Dumas agrémentent et illustrent parfaitement l'atmosphère et le travail même de cette Angleterre fin XIXes, celle de Beatrix Potter... que l'on retrouve dans Charity !

dimanche 12 juin 2011

Lucknow


Joyau resplendissant du Rajasthan, Lucknow est une ville de maharajahs, de pierreries et de richesses. C'est ce que l'exposition du musée Guimet nous présente avec une belle histoire de cette ville, depuis sa mise en valeur par les princes jusqu'à sa destruction par les anglais et sa renaissance dans les films et l'imaginaire collectif. Présentant de façon chronologique les hommes à l'origine de cette ville ainsi que les créations de leurs artisans, l'expo est assez didactique et sait distiller les informations aussi bien aux plus ignorants (moi) de ce sujets qu'aux plus érudits (une conférencière de ma connaissance, spécialiste du domaine). Les oeuvres ne sont pas négligeables non plus : peintures, objets d'arts, miniatures nombreuses font renaître les charmes d'une cour princière. 

Une belle sortie pour un dimanche qui manque de soleil, car les rives de Lucknow sont des sites gorgés de soleil. 

samedi 11 juin 2011

Quelques expos à Orsay sans faire la queue pour Manet

Alors, depuis l'ouverture de l'expo Manet, c'est un peu la galère pour accéder au musée. Mais sachez que les petites expo sont aussi intéressantes ! Mais hélas finies depuis quelques jours.

Malher est à l'honneur. Etonnante exposition biographie d'un compositeur et chef d'orchestre qui tourne un peu au magasin de souvenirs (monture de lunettes du maitre, graffiti). Mais un concept assez chouette, une expo musicale avec la partition lisible et suivie par la lumière en même temps que la musique est jouée. Et de chouettes caricatures :)

L'expo photo sur le sommeil est assez amusante. Entre sommeil posé et naturel, on s'étonne des airs de ces hommes et femmes endormis, saisis dans un moment d'intimité.

Et enfin, les préraphaélites sont à l'honneur avec une superbe exposition qui met en valeur les liens entre la photo et la peinture à la fin du XIX en Angleterre. Mêmes modèles, mêmes thèmes, mêmes buts mais expressivité différente et rendus propres à chaque art. Très beau du point de vue des oeuvres choisies et de la réflexion menée. 

vendredi 10 juin 2011

Satiricon


Pétrone avait été le cauchemard de certaines versions de prépa. Et puis, à mesure que mon latin s'est amélioré, j'ai pu apprécier un peu plus le bonhomme... Mais là, je l'avoue, cette relecture complète de l'oeuvre s'est faite en français. Avec un petit coup d'oeil au latin de temps à autre pour constater que j'avais un peu perdu la main. Bref, le Satiricon, c'est un petit roman qui m'est assez cher.

Alors, certes, c'est souvent très olé olé et à la limite de la pornographie. Voire au delà de la limite. Mais c'est aussi amusant de lire les aventures de ces jeunes éphèbes. 

Encolpe et Ascylte se partagent les faveur de leur 'petit frère', le charmant Giton qui fait tourner toutes les têtes du roman. Eux mêmes, assez séduisants, plaisent plutôt aux femmes qui les séquestrent et les épuisent. 
Outre les scènes érotiques, il y a quelques aventures : fuite en mer, passage dans différentes cités, retrouvailles, impuissance, captation d'héritage (ou du moins tentative de captation), mariage de Giton etc. 
Et puis le gros morceau du repas de Trimalcion qui accumule les nourritures les plus farfelues (en tous cas, en apparence) mais finalement assez communes. Ecoeurant de quantité et de vulgarité que ce passage chez le parvenu !

Hélas, c'est un roman à trous et le fil est parfois difficile à suivre. Et puis, certains épisodes tournent court. De même, le roman se termine en queue de poisson.

Bref, un roman assez désarçonnant, érotique et pornographique, vulgaire et gras, mais finalement plus amusant que répugnant (enfin, selon les passages). Le genre d'images de la Rome antique qui favorise les interprétations orgiaques et extrèmes de l'empire romain. Bref, la décadence mais avec humour !

jeudi 9 juin 2011

Le coeur cousu

C'est avec ce livre de Carole Martinez que je poursuis et termine mon challenge coup de coeur.


Frasquita Carasco est l'héroine de ce livre, la mère et l'image de la mère. Nous la rencontrons alors qu'elle n'est pas encore Carasco mais simple jeune fille. Frasquita apprend de sa mère des paroles pour guérir les petits maux, pour soigner les grands, pour réveiller les morts. Elle reçoit également une boite, qu'elle ne doit sous aucun pretexte ouvrir avant l'heure sous peine de n'y rien trouver. Lorsque l'attente se termine, Frasquita découvre dans sa boite des miliers de couleurs. Il s'agit de fils que la jeune fille déjà bonne couturière va utiliser pour réaliser des vétements magiques, incroyables, qui s'adaptent parfaitement à celui qui le porte. Cette femme devient mère et c'est alors une autre histoire qui commence avec son époux qui frole la folie à plusieurs reprises, ses enfants aux caractères si différents, aux dons divers. C'est l'une d'entre eux, Soledad, qui raconte l'histoire familiale.

Cette fresque sous le soleil espagnol puis africain est gorgée de soleil, de mirages. L'écriture à la fois très neutre, poétique et très précise donne à ce livre une identité à part. Il y a de la magie là dedans, du conte et des traditions anciennes... Enchantée !

mercredi 8 juin 2011

Dépasser son ombre

Antony Fagnot est un marcheur. Un pèlerin. Un jeune homme qui a décidé de prendre du temps pour sa famille, pour ne pas craquer devant sa maman, malade, qu'il espère aider à guérir. Il part sur le chemin de Compostelle, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu'à la cathédrale espagnole.
Son chemin, ce n'est pas celui de Michel ou d'Alix, c'est un chemin d'amitié et de rencontres. C'est un chemin que j'ai trouvé très riche, à la fois plein d'humour et d'authenticité. Un très beau chemin. 
Sa particularité ? Il part avec son ourson en peluche, un joli petit ours bleu. 

31 jours de marche. Et une nuit aussi. Des petites phrases du jour comme une leçon, un souvenir, une comptine à la fin de chaque chapitre. Des marcheurs très différents, par leurs origines géographiques, par leurs façons de marcher (plus vite possible, à son rythme ou quelques kilomètres avant la fin, avec des ampoules, en tongs, sous la pluie ou le soleil), leurs silences ou leurs échanges.
Il y avait de l'humain dans ce livre, c'est surtout cette profusion de rencontres amicales qui marque. Antony et Lisa. Antony et Christina. Antony et Gilles. Antony et Richard... Antony et Kuman, un grand chien.

Il y a aussi de l'émerveillement dans son ton, toujours simple, charmant, chaud et enveloppant. C'est étonnant d'ailleurs de ressentir une telle bonne humeur, une telle joie de vivre dans l'écriture. J'ignore si l'auteur était ainsi mais c'est le premier sentiment qui émerge à la lecture. 
Je ne vous raconterai pas le chemin en lui-même. Les étapes sont toujours les mêmes, les problèmes de pieds, de dos, d'auberges aussi. Par contre, le cheminement du pèlerin, d'abord très pressé de manger les kilomètres puis soucieux de profiter du chemin, de suivre les limites de son corps, c'est un peu moins fréquent. 
Bref, encore un récit qui ne pourra que vous donner envie de suivre Antony jusqu'à Compostelle !



mardi 7 juin 2011

Lira bien qui lira le dernier

Cette "Lettre libertine sur la lecture" me tentait depuis un bout de temps. Peut être bien depuis ma dernière rencontre avec Hubert Nyssen.
Ce très petit livre soulève des questions qui tiennent à coeur à bien des lecteurs. Et notamment à l'interlocuteur épistolaire imaginaire de Nyssen, Mlle Esperluette. C'est un peu chacune d'entre nous cette demoiselle. Une angoissée du livre, une amoureuse de la littérature, une puriste parfois. Alors, certes, vous ne vous reconnaîtrez pas dans tous ses travers, ses questionnements, ses inquiétudes. Mais je suis presque sûre que plusieurs vous rappelleront vos soucis.

Ici, Nyssen parle comme auteur, éditeur et lecteur. Il exprime cet amour d'un livre, d'un roman, ce partage du lecteur conquis qui souhaite faire découvrir une oeuvre aimée à tous. Il s'inquiète du prix du livre, des petits libraires, des écrivains à succès, de la publicité, des prix littéraires. Bien entendu, il s'interroge à propos de la crise du livre, car "on ne lit plus". Il évoque également le plaisir presque érotique à tenir un livre entre ses mains.
A partir de courts chapitres, il balaie l'horizon du livre, des sujets de société aux anecdotes, du best seller au roman inconnu. Et c'est superbe de clarté, d'humour... Des pistes et des réflexions à méditer.

lundi 6 juin 2011

Rouge majeur

Les éditions dialogues (encore une fois) m'ont fait un très beau cadeau avec ce roman de Denis Labayle sur un peintre que j'apprécie beaucoup, Nicolas de Staël. 
D'ailleurs, il me semble que ces éditeurs apprécient également ce peintre puisque récemment un autre roman le prenant comme protagoniste paraissait. 
Une fois encore, j'ai apprécié cette lecture. Style économe et percutant. Voyage dans un Paris après guerre. Le Paris de Staël, de René Char, ... de la musique dodécaphonique. Voyage dans la psychologie d'un homme, dans les affres de la vie d'un artiste.

L'histoire est celle d'une interview. Un journaliste américain, ancien soldat du débarquement, tient le reportage de sa vie. Il doit interviewer le peintre, Nicolas de Staël, et écrire un papier sur les amours de celui-ci. En réalité, il accompagne le peintre à Antibes pour quelques jours. Jack va alors assister à la naissance d'une grande oeuvre, Le Concert.
En parallèle de bribes de vie de Nicolas, nous apprenons beaucoup sur ce journaliste, son amour laissé en France, ses ambitions, sa petitesse parfois et son admiration sans bornes pour les artistes. Ma seule critique tiendrait à cet heureux hasard qui fait retrouver un amour perdu dans la région où Nicolas va peindre...

Mais sinon, je recommande !

dimanche 5 juin 2011

La vallée des rubis

Kessel, pour moi, c'est avant tout Le Lion. Maintenant, ce sera aussi les rubis. Car il en parle superbement. Ces pierres et leur lumière brillent à chaque page de ce roman.

Notre narrateur est à Paris avec Jean, un ami gemmologue. Il le convie à un rendez-vous avec Julius, grand barroudeur et vendeur de gemmes. Cette rencontre donne naissance à un projet de voyage. Nos deux amis vont partir vers Mogok, la cité des rubis, en haute Birmanie. Projet sans cesse reporté. Alors, n'y tenant plus, ils partent. Ils s'arrêtent d'abord en Inde avant de gagner Mogok. Là, commerce et rencontres, histoires de pierres, de vols, de malheur et de malédiction... Sans pour autant plonger dans le drame, le narrateur nous initie aux traditions et aux malédictions des pierres, aux conditions de travail des ouvriers, à la pureté des pierres, aux règles de la négociation...


Beau voyage dans les contrées sauvages, enrichies par les pierres mais figées dans un schéma millénaire.

samedi 4 juin 2011

Mes ailes brûlées

Merci à Babelio pour ce livre reçu lors de la dernière opération masse critique. 

Bon, je dois vous avouer que je comprends mal pourquoi j'ai fait ce choix. Certainement le coté Disney. Mais Douchka, ça ne me disait rien. Et pour cause, je ne devais pas être née lors de son premier tube : "Mickey, Donald et moi". En voyant qu'il s'agissait d'un présentatrice de Disney, j'ai cru qu'il s'agissait de la jeune Anne qui chantait La petite sirène. Qu'est-elle devenue ? Mystère.


Bon, revenons en à Douchka, l'auteur de cette autobiographie...
Je dois avouer que ce livre ne m'a vraiment pas plu. Cette autobiographie ne commençait pourtant pas si mal. Si le style est pénible tout au long de la lecture, le ton était assez dynamique. Mais le style parlé, c'est un peu lassant. 
La petite fille semblait pleine d'entrain, charmante. Mais peut être pas assez cadrée. Parents stars et séparés, pas évident pour la demoiselle de trouver des repères. Quelques années animatrice Disney, la belle s'enfuit pour rejoindre son amoureux (et futur mari). Elle aura trois enfants. Et plongera dans une noire misère. Et se droguera. Et suivra des courants spirituels un peu louches... Et craquera toujours pour des mecs un peu louches.

Bref, c'est une descente aux enfers, plus ou moins maîtrisée. C'est l'envers du décor de la starisation très jeune. C'est surtout fatiguant de leçons de morale et d'effets d'annonce. 
Décevant. Dommage. Heureusement que la couverture rose est jolie.

vendredi 3 juin 2011

Ramses au pays des points virgules

Pierre Thiry m'a gentiment proposé la lecture de son roman. J'ai aussitôt accepté, enthousiasmée par le titre !

Cette fiction pour tous lecteurs de dix à cent-dix ans est l'histoire d'un défi entre un oncle et sa nièce. Sigismond et Alice aiment à jouer aux devinettes. Un titre contre un auteur, un auteur contre ses écrits. Lorsque la petite demoiselle lui demande ce qu'a écrit Jérome Boisseau, Sigismond sèche. Et pour cause, la miss vient d'inventer cet auteur. 

Voilà donc notre défi scellé : ils doivent trouver chacun un exemplaire d'un roman de cet auteur pour Noël. 
Tourmenté par ce défi, Sigismond se creuse les méninges. Il va lui falloir inventer un roman. Et son titre serait Ramsès au pays des points-virgules. Dans le train, l'oncle s'endort... et ce roman commence à prendre forme dans ses rêves. Les protagonistes : Sissi, de son vrai nom Silvyane-Myrabelle de la Lybelule de la Prairie-des-Pariruchemberlayfricothédugényalogistes, qui aime à se préparer des pancakes au petit déj et Ramsès II, pharaon d'un mètre soixante-douze. Tous deux vont se retrouver embarqués dans une drôle d'aventure outre Manche où Alice et son lapin les héroïsent. Ils pourraient libérer le château des Baskerville d'un monstre ! Bon, je ne vous en dis pas plus mais sachez qu'outre cette aventure complètement surréaliste, vous trouverez des clins d'oeil musicaux et littéraires réguliers (Vian, La Fontaine mais il y a aussi du Queneau là dedans). 

Ce petit livre tient également du jeu et invite le lecteur à imaginer, à construire véritablement le livre. Porté par une plume alerte et fluide, c'est un sans faute pour ce petit roman fort amusant !

jeudi 2 juin 2011

Les beaux quartiers

Voilà un roman d'Aragon plutôt prenant. Il appartient en réalité à une trilogie mais je l'ai lu indépendamment. Et ça ne m'a pas empêchée de comprendre l'essentiel.

L'intrigue tourne autour de deux temps, un temps à Sérianne, petite ville française où tout le monde se connaît, où les luttes politiques font rage, où les commérages vont bon train. Là, Armand, fils du docteur, s'épanouit dans une religiosité qui confine au mystique. Sa mère l'encourage fortement dans cette voie. Puis à mesure des rencontres, le jeune homme sage s'interroge, s'inquiète et se reprend. Non, sa voie n'est pas la foi mais le théâtre. Puis la politique...

La seconde partie se déroule à Paris où Armand rejoint son frère Edmont, le beau gosse de la famille. Ici, c'est une autre réalité. Celle des adultères, des étudiants sans le sou. Et les conflits politiques sont plus réels que de simples convictions : les ouvriers sont là pour le rappeler.

Ce roman de formation est bien entendu fort bien mené et écrit, peut être un peu trop politisé pour moi ? Mais il arrive à rendre le sujet intéressant et palpable. Par contre, un peu longuet sur certains passages, notamment la vie à Sérianne.


mercredi 1 juin 2011

Les quatre morts de Jean de Dieu

Voilà ma petite participation au Blogoclub ! Cela faisait un bail que j'avais un peu délaissé celui-ci car les thèmes me tentaient plus ou moins. Là, j'ai trouvé intéressant de découvrir un auteur que j'ignorais tout à fait : Andrée Chedid.
Je la connaissais de nom mais n'avais jamais lu un seul de ses livres. 
Ici, c'est l'itinéraire d'un enfant du siècle dernier. Un homme puis un vieil homme. C'est l'histoire de Jean, né dans une famille catholique espagnole. C'est l'histoire d'un homme de convictions, légèrement tyrannique ou, du moins, autoritaire. C'est l'évolution spirituelle d'un homme d'action.
Et ses quatre morts ? Il y a bien sûr la véritable mort, l'inévitable. Mais les trois autres sont autant de morts symboliques : la première est liée à la religion, la seconde à la politique et la dernière au physique. Chacune atteint Jean, le construit.
A travers lui, sa famille se dessine. Sa femme, amoureuse, toujours : Isabelita. Ses filles, ses petits enfants. 
Bref, il s'agit d'un roman qui retrace la vie d'un homme du XXe siècle, ses réactions aux changements que le siècle apporte... Une belle fresque !

D'autres avis chez Lisa et Sylire