Encore George Sand ? Ecoutez, j'avais laissé la petite Consuelo aux portes de Berlin, je n'allais tout de même pas l'abandonner là ! Ce livre est en effet la suite de Consuelo et il nous présente non plus un voyage terrestre mais un voyage spirituel.
En effet, Consuelo reste un bon bout de temps à Berlin et en Prusse, d'abord comme cantatrice puis comme prisonnière. Devenue la Porporina, du nom de son professeur chéri, elle est tous les soirs sur les planches de l'opéra de Berlin. Mais l'ambiance n'est pas à la fête car Frédéric II n'est pas aussi cool qu'il en a l'air. Entouré de Voltaire, d'Argens et La Mettrie, il se donne des airs de roi philosophe, de prince des Lumières. Mais la réalité est plus sombre et chacun tremble devant sa dictature. Seule Consuelo y semble indifférente et se comporte avec la même vérité et humilité que nous lui connaissons. Cela la rend chère à la princesse Amélie, qui complote un peu, et à Frédéric II, qui se souvient de son bon cœur. Mais ne dure qu'un temps. Car le roi est soupçonneux et Consuelo sans soutien... Elle se retrouve bien vite en prison.
Et d'une prison dans une autre... Enlevée par un homme mystérieux, elle est désormais aux mains d'une société secrète, les Invisibles. Dans une tradition du secret et des épreuves, la jeune chanteuse est petit à petit initiée à la philosophie, à la politique et à l'histoire. Sa foi simple et ardente devient une foi humaniste plus que religieuse. Bref, elle est appelée à un nouvel éveil spirituel. Mais il n'est pas sans douleur car Consuelo est tombée amoureuse de son libérateur, Liverani, et doit, pour être initiée, le repousser sans cesse.
Si ce tome est beaucoup moins axé sur les rebondissements permanents, on y retrouve le goût un peu gothique et romantique du mystère, des secrets, voire des fantômes et des ruines. Il passe aussi à un autre niveau, moins romanesque et plus philosophique et politique. Avec Consuelo, George Sand nous interroge sur ce vers quoi doit tendre la société, sur ses idéaux et sur les moyens qui sont pris pour y parvenir. Je lui reprocherai toutefois d'être parfois bavarde et de camper des personnages un peu trop dogmatiques. On frôle le préchi-précha, notamment avec les discours de Wanda et la lettre de Philon ! Mais la réflexion globale reste intéressante : G. Sand met en perspective les aspirations de ces sociétés secrètes et les violences de la Révolution, dont leur action, toute pacifique, a été le prélude. Bref, le côté franc-maçon m'a un peu fatiguée de même que les histoires d'initiation. J'aurais bien raccourci certains passages. Mais l'ensemble est plutôt réjouissant et bien pensé ! De même, les réflexions sur l'amour et le mariage sont pertinentes et toujours d'actualité. Un roman qui montre bien l'implication sociale de G. Sand.
Et vous, amateurs de sociétés secrètes ou non ? Qu'en dites-vous lorsque votre roman devient une démonstration philosophique ou morale ?