Affichage des articles dont le libellé est expo. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est expo. Afficher tous les articles

jeudi 24 septembre 2020

Sorties de l'été

On commence par des expos avec une journée au musée de l'Homme ! Oui, c'était pendant l'été, la plupart des expos sont terminées.

Je mange donc je suis

Mangez avant d'aller voir cette expo, elle risque de vous donner faim. On y parle d'alimentation, de cuisine, de nourriture bien entendu. Tout commence avec nos goûts et un rapide retour sur l'alimentation préhistorique puis on découvre des éléments culturels, sociaux et religieux. Car manger nourrit le corps mais aussi l'esprit à travers des rites. C'est aussi un élément social et culturel, de la cuisine à la table, qui parle de nos quotidiens. Enfin, un dernier temps est consacré à la production de la nourriture, challengeant nos perceptions de ce qu'on mange : est-ce que c'est mieux bio, local ou autres ? Est-ce qu'on est prêt à manger des insectes ou de la nourriture lyophilisée ? 

Expo intéressante, partant un peu tous azimuts, à trop embrasser, elle ne saisit pas grand chose. Tout est survolé. C'est une porte d'entrée qui donne envie de développer des dizaines de sous-expos autour de la nourriture-culture, de la nourriture-sociale, de la nourriture-religieuse, de la nourriture-produit, de la nourriture-future... 


Dernier repas à Pompéi

Après "Je mange donc je suis", une expo dédiée à la nourriture à Pompéi, montrant essentiellement des restes d'aliments carbonisés. Organisée comme une domus avec ses pôles liés au repas : taberna, culina et triclinum, l'expo présente des denrées alimentaires avec quelques recettes, laissant entrevoir une partie de la gastronomie romaine. 

 

Etre beau

Expo photo rapide sur la norme, le handicap et l'image de soi par Frédérique Deghelt, écrivaine et Astrid di Crollalanza, photographe. Un peu trop courte !


Puis petit tour à l'ouest avec trois expos bien différentes. 

A Capella 

Etonnant de voir un street artist exposé dans une chapelle ! C'est le cas de Seth à Saint Malo. Photos d'œuvres en Chine, en Inde et ailleurs, toiles, installations, carnets de voyages, tous types de médias sont présentés. J'ai aimé les clins d'yeux constants entre les installations, les photos, les objets, qui permettent d'entrer dans un univers. 


Archipel, Fonds de dotation Jean-Jacques Lebel à Nantes

L'expo du musée des beaux-arts de Nantes est celle d'une collection qui part tous azimuts. Oeuvres du 20e et 21e siècles, regroupées par artiste ou par courant artistique, elles forment des archipels d'art. On part à la découverte d'œuvres du surréalisme, dadaïstes, de Fluxus etc. Rien de bien marquant si ce n'est la richesse de la collection. 

Raoul Dufy (1877-1953), les années folles

Au musée des beaux arts de Quimper, j'ai pu découvrir des oeuvres de Dufy issues d'une collection particulière. La première partie s'attache surtout à des paysages, bords de mer, scènes parisiennes tandis que la suite tourne autour de la couture et des arts décoratifs. Je me suis régalée de ses motifs, utilisés en couture ! 



Un petit tour au Palais de Tokyo pour découvrir des expos qui m'ont laissée sur ma faim.

Ulla von Brandenburg : Le milieu est bleu

Jeu de rideaux et d'apparence, façon théâtre, de tissus, de couleurs franches, de nasses à poissons géantes, de personnages étranges, jusqu'à un genre d'opéra entre scène et forêt, j'avoue n'y avoir rien compris. Mais j'ai trouvé ça plutôt joli... Ce qui n'est pas assez pour apprécier une expo malheureusement. 

Notre monde brûle

Cela raisonne écologie, non ? Eh bien pas seulement. C'est aussi une réalité politique, celle des printemps arabes, des guerres, des migrations qui est au cœur de cette expo. Oeuvres d'artistes variés, du Moyen Orient et d'Afrique, dialoguent. Il y est question de perte, deuil, pillage et déplacement, de colonisation et d'influence. Seul regret, assez peu de dialogue entre certaines œuvres. 

Après les musées, passons aux salles obscures...

Tenet

Tout le monde a déjà parlé du film de Nolan, non ? J'ai aimé les jeux sur le temps et l'entropie, ça fait un peu mal à la tête mais c'est bien pensé. Et c'est un bon film d'action. Mais beaucoup moins bluffant qu'un Inception pour moi. 


Le capital au XXIe siècle

Je n'ai toujours pas lu la somme de Piketty, qui reste sagement sur ma PAL, mais j'ai vu le film. C'est un documentaire agréable à regarder, facile d'accès et qui investit sur la culture pop et ciné pour faire comprendre les inégalités. Des paroles d'experts viennent étayer tout cela, historiquement et économiquement. Malheureusement, il manque d'éléments économiques et de propositions concrètes à mes yeux. Disons que c'est un bon appetiser !


En Avant

Sympathique petit dernier de Disney qui met en scène un monde où la magie disparait. Deux frères se mettent en quête de cette magie pour retrouver leur père. Touchant et drôle, un bon mélange !


Adolescentes

Emma et Anaïs sont deux adolescentes de 13 ans. Amies, elles vont au même collège à Brive. Elles seront suivies par le réalisateur jusqu'à leurs 18 ans. Au-delà de la vie personnelle des deux jeunes filles, ce sont leurs familles et leurs milieux sociaux qui transparaissent à l'écran. J'avoue m'être plutôt ennuyée devant ce documentaire, malgré quelques rires. Les garçons qui m'accompagnaient ont bien aimé.


West Side Story de l’Amazing Keystone Big Band au Bal Blomet

Premier concert depuis le confinement. Que ça fait du bien ! Surtout quand l’Amazing Keystone Big Band propose une réécriture de West Side Story. Un ensemble de 17 musiciens, tous meilleurs les uns que les autres, qui rajeunit et jazzifie la comédie musicale avec trois chanteurs épatants et un conteur. Voilà qui donne envie d'aller plus souvent dans cette magnifique salle !

mardi 14 janvier 2020

Les sorties des fêtes

El Greco
C'est au Grand Palais que se tient cette belle rétrospective du peintre grec espagnol !
Elle est chronologique, avec quelques sous-sections thématiques, autour d'une oeuvre et de ses variations, d'un genre comme le portrait ou de l'activité de sculpteur - oh surprise - du peintre. 
Le parcours débute avec des icônes. Eh oui, avant de s'adonner aux figures longues et aux couleurs pastel, Greco vient avant tout de Crète où l'art en vigueur est encore byzantin. On le suit ensuite à Venise, où il s'inspire de Titien et Tintoret. Là, on voit la forme et les couleurs se modifier. Place aux tons acides du maniérisme, renforcés dans ses œuvres de Rome. Mais c'est en Espagne qu'il réalise ses œuvres les plus monumentales et à Tolède qu'il restera et persistera dans sa manière originale, bien tard dans le siècle.

Toulouse-Lautrec, Femme rousse en caraco blanc, 1889
Toulouse-Lautrec
A l'origine, je ne devais aller voir que Greco, n'étant pas fan des affiches de Toulouse-Lautrec, la goulue, Aristide Bruant... Et finalement, je me réjouis d'avoir passé le pas car j'ai découvert des œuvres et des aspects du peintre que j'ignorais. Car outre la grande période des affiches, des stars du cirque, de Montmartre et du Moulin rouge, Toulouse-Lautrec s'est aussi intéressé à la photo et à la représentation du mouvement - pas très probant selon moi. Il fait surtout de magnifiques portraits d'hommes et de femmes, du dandy à la grisette. Et il est très lié aux peintres et écrivains de son temps, notamment à travers la Revue Blanche. Enfin, je le croyais presque caricaturiste et moqueur, et je le découvre proche de ceux qu'il peint, ami des danseuses, des chanteurs, des prostituées.
L'exposition est plus longue que Le Greco, plus fournie, et la fin tourne aussi autour de la répétition des mêmes motifs, avec moins d'élan et de vie. 

Raghu Rai. Voyages dans l'instant
A l'Institut de France, il y a un petit pavillon qui accueillait jusqu'à la semaine dernière une belle exposition de photos de Raghu Rai, photographe indien. Spécialiste du reportage photo, il couvre des sujets pour des journaux indiens. C'est la variété et la beauté d'une partie de son oeuvre que j'ai découvert avec cette expo. Jouant sur les contrastes, avec beaucoup de noir et blanc, il s'adonne aussi à la photo couleur, croquant des visages et des corps en mouvement, pleins de vie ! Court mais marquant.
Raghu Rai, marchand de thé dans le train entre Delhi et Mumbai, 1982


L'art en broderie au Moyen Age au musée de Cluny
Le musée est en travaux, n'espérez pas profiter de ces salles après la visite, elles sont réduites à une portion congrue. Hâte de découvrir le résultat. 
En attendant, une superbe exposition de broderies et tissus médiévaux vous est ouverte. Elle commence par un glossaire des points ainsi que des outils, qui me seront bien utile pour comprendre les techniques de broderie détaillées tout au long de l'expo. 
Fragment de caparaçon de cheval, 1330-1340
Ornant les objets de luxe, la broderie se développe en Allemagne et Angleterre. On découvre des ornements liturgiques mais aussi les objets profanes (aumônières, caparaçon de cheval... on n'ose penser aux vêtements princiers). Parmi les œuvres marquantes, des sandales, un antependium avec des saints, les fragments du caparaçon de cheval aux léopards anglais. Et la mitre de la Sainte Chapelle à la nativité délicate. J'ai aussi découvert la magnificence des broderies à l'or nué mêlées aux fils de soie, aussi subtiles que des peintures. 
Œuvres splendides et rarement exposées (pour des raisons de conservation notamment), elles valent le détour. La scéno est discrète, les cartels sont suffisamment détaillés, il aurait peut-être été chouette de voir quelques techniques en vidéo mais l'ensemble est à la fois pédagogique et beau.

Mystérieux coffrets. Estampes au temps de la Dame à la licorne
L'exposition débute avec la présentation de mystérieux coffrets dont l'utilité ne nous est pas connue et qui conservent dans une partie secrète des estampes attribuées à Jean d'Ypres et contenaient certainement des reliques. Mystérieux, non ? 
En réalité, l'expo ne s'attardait pas beaucoup sur cette question mais plutôt sur la production, surtout religieuse, de Jean d'Ypres. 

New - La comédie musicale improvisée
Vous arrivez au Grand Point Virgule pour donner un titre et un lieu qui seront peut-être retenus pour lancer le spectacle. Vous proposez des noms, des airs, des contraintes diverses que les acteurs-chanteurs-danseurs intègrent dans le spectacle. Les musiciens et le dessinateur les soutiennent dans cette improvisation à 100 à l'heure, drolissime et étonnante. Quel talent ! Et toutes les semaines, c'est différent :)

Funny Girl
Une comédie musicale impressionnante au théâtre Marigny ! Super qualité des chanteurs et danseurs, décors à couper le souffle, mise en abyme du théâtre, pas de happy end, c'est du beau spectacle, on se croirait à Broadway.
Fanny Brice veut devenir une star mais elle n'a ni les gambettes ni le minois des belles. Qu'à cela ne tienne, elle a la voix, la volonté et les idées. Et ça marche, elle devient une star avec le producteur Florenz Ziegfeld. Mais elle tombe aussi amoureuse du séduisant Nick Arnstein qui ne lui rend pas la vie facile.
Le scénario n'est peut-être pas complètement fou mais la puissance des personnages, leur humour et la beauté du spectacle compensent largement : on ne s'ennuie pas un instant !

Star Wars - The Rise of Skywalker
Que dire ? C'est dynamique, ça se regarde, il y a même de l'humour. Il y a une quête et bonne grosse bataille finale. Par contre le scénario est pas terrible et on n'a aucune explication sur rien : Qui est Rey finalement ? Comment Palpatine n'est-il pas mort ? Comment se fait-il que tous les indices se trouvent et s’enchaînent si bien si Luke les a cherché pendant des plombes ? Et la dyade, ça marche comment au juste ?

Les misérables
Welcome à Montfermeil Pento ! Un nouveau flic rejoint la BAC (brigade anti-criminalité) et l'on suit sa première journée dans les quartiers avec ses coéquipiers, Chris et Gwada.
35 degrés, lendemain de coupe du monde, tout devrait être calme. Il y a les petits soucis quotidiens, du marchand qui s'étale, des fumeurs de shit... Et puis les soucis plus pénibles comme le vol d'un lion, une arrestation qui tourne à la bavure devant une caméra, l'agressivité qui monte entre les grands frères et les flics. Chacun joue au cow-boy de son côté. Ça se parle mal, ça se chauffe, ça s'échauffe. Pas mal pour un premier jour. Sauf que les petits frères n'ont pas dit leur dernier mot.

Un film assez flippant mais très bien mené sur les banlieues, où seule la force, la menace et les coups permettent de se faire entendre.

mercredi 9 octobre 2019

Sorties des six derniers mois... oups, ça date !

Pour Sama
Documentaire filmé caméra au poing, essentiellement dans un hôpital, durant le siège d'Alep, c'est un film très dur. Waad et Hamza de 2011, dans l'enthousiasme du printemps arabe, à 2016, à la fin du siège d'Alep, c'est l'itinéraire de deux résistants et deux rescapés. Elle est journaliste, il est médecin. Et elle nous livre des images crues, dures, d'enfants morts sous les bombes, de familles en deuil, coincées dans une ville fantôme. Un documentaire qui laisse sans voix.

Nous les arbres
A la fondation Cartier, une étrange expo sur les arbres, à travers des artistes et des scientifiques. Expo dans l'air du temps, qui réunit des œuvres contemporaines variées, provenant notamment de communautés indigènes du Paraguay et du Brésil (youpi). Représentations des arbres et liens entre la nature et les créations humaines sont au centre de la visite. Le parcours n'est pas forcément très clair mais c'est une belle promenade entre les dessins de Francis Hallé, les films de Depardon et les artistes du Chaco !

Les hirondelles de Kaboul
Magnifique film d'animation, aux images aquarellées et douces, qui contrastent fortement avec le fond de l'histoire : la vie d'une jeune femme à Kaboul, sous les talibans. Mohsen et Zunaira, deux intellectuels, vivent ensemble, ils s'aiment. Zunaira, cloîtrée chez elle, dessine à longueur de temps. Mohsen erre dans les ruines de l'université et participe à une lapidation. De ce geste et des humiliations des soldats, une dispute s'ensuit à l'issue de laquelle Mohsen meurt. Zunaira est emprisonnée mais Atiq, le gardien de prison, ne reste pas insensible à ses charmes. Un film très esthétique !

Amazonie : Le chamane et la pensée de la forêt
C'est une expo toujours visible au château des ducs, à Nantes. Expo de plumasserie exceptionnelle : les parures sont dingues ! L'objet de l'expo, ce sont les peuples indigènes d'Amazonie, qui luttent pour conserver leurs terres et leur droit à vivre dans la forêt. Ce sont leurs chefs qui en parlent, à travers plusieurs vidéos qui parcourent l'expo. Pensée par peuple, dont je n'ai malheureusement pas retenu tous les noms, on découvre à la fois les armes, des ornements et quelques éléments sur la vie quotidienne de chacun. Plus intéressant esthétiquement qu’anthropologiquement.

Rock ! Une histoire nantaise
Toujours au château des ducs de Nantes, c'est une histoire du rock à Nantes depuis les années 60 à nos jours. Ce sont des groupes, des lieux, des chansons, offertes chronologiquement. Avec un système d'ampli assez amusant pendant la visite et plein de noms que j'ignorais totalement !

Paris Romantique
Au Petit-Palais et au musée de la vie romantique, on parcourt les courtes mais foisonnantes années de 1815 à 1848, en s'arrêtant dans les divers quartiers de Paris. C'est passionnant - mais on n'avait pas prévu assez de temps, du coup fin du parcours en 4e vitesse. On part des Tuileries, du Louvre et du Palais Royal, les lieux du pouvoir politique et économique pour aller vers le Paris des Révolutions et des plus pauvres. Les nouveaux lieux intellectuels et artistiques comme la nouvelle Athènes sont évoqués, plus spécialement au musée de la vie romantique avec les salons. Une expo passionnante entre art et histoire !


Muse
Concert au Stade de France avec foule d'effets spéciaux. C'est un peu too much, non ? Même si ça fait toujours plaisir de retrouver ces artistes.

Parasite
Il est rare que je me sente mal au ciné, mais ce film - et la chaleur de la salle - m'ont épuisée. Cette histoire de famille pauvre qui s'incruste chez les riches fait passer par bien des émotions. Est-ce juste ou injuste ? Est-ce drôle ou pitoyable ? Est-ce gore ? Est-ce moral ou non ? Et finalement, à quoi ça sert la morale ? Un film esthétiquement très réussi, dont on sort avec des questions !

A gospel Feast par Diony'sVoice
Concert de Gospel hyper chouette par un jeune groupe.

Mes souliers sont rouges
Très belle soirée de concert au café de la danse avec le groupe reconstitué, des nouvelles chansons, toujours des souliers rouges et de la podorythmie. Et un petit plus avec l'accompagnement en langue des signes. De quoi danser la gigue toute la nuit !

Et pendant ce temps Simone Veille
Et si on rembobinait l'histoire du féminisme ? Des années 50 à nos jours par exemple. On suit trois femmes, et leur progéniture, dans la difficile libération féminine. Drôle, sans complexe, c'est un joli voyage que nous offre cette pièce.

Green Book
La tournée d'un musicien noir, Don Shirley, dans le sud de l'Amérique dans les années 60, n'est pas de tout repos. Tony Lip, engagé comme chauffeur et garde du corps, va découvrir les violences du racisme. Une belle histoire d'amitié et des moments édifiants.

Fernand Khnopff
Un de mes peintres chouchous depuis une expo au musée de Bruxelles... il y a des siècles ! J'ai eu beaucoup de joie à le redécouvrir à Paris au Petit Palais, même si j'avais oublié à quel point symbolisme et onirisme peuvent côtoyer mysticisme chelou. La scéno est superbe, dans un décor fin de siècle, et le parcours thématique permet d'observer les portraits, paysages, sculptures et peintures du rêve, d'Hypnos etc. chers à l'artiste. Belle rétrospective d'un peintre méconnu, dont j'aime l'onirisme et la touche ouateuse. 

A la bonheur
Au théo théâtre, voyage farfelu d'un clown qui nous vend du bonheur. Pas emballée.

Fendre l'air
Sur l'art du bambou au Japon, voici une exposition du quai Branly qui m'a laissée de marbre. A croire que la vannerie et l'art de la tresse ne sont pas mes tasses de thé. De panier décoratif à sculpture, la place de ces œuvres de bambou évolue, au point que certains soient aujourd'hui trésors nationaux.

Heptameron, récits de la chambre obscure
J'avais beaucoup aimé les récits de Marguerite de Navarre. Imaginez-les repris ici par des comédiens, des musiciens et des chanteurs de pièces baroques. Décor dépouillé, histoires d'amour et de mort, voix pures, préparez-vous à vivre un rêve éveillé. Magnifique !

Seule(s) en scène
Cinq comédiennes sur scène, dans les années 60. Elles répètent une pièce où il est question de meurtre. Mais très souvent, elles dérapent dans leur propre réalité. Drôle et bien mené, avec des actrices attachantes.

Peintures des lointains
Au musée du Quai Branly, on découvre des peintures qui retracent les liens entre colonisateurs et colonisés, orient et occident, du XVIIe au XXe siècle. De l'émerveillement -que c'est exotique !- au racisme, il y a un peu de tout dans cette expo. Rien de bien nouveau du point de vue historique, mais des peintures étonnantes, peu vues - pas toujours géniales esthétiquement !

mercredi 9 janvier 2019

Quelques sorties hivernales

Voilà un bout de temps que je ne vous ai pas parlé des sorties musées et ciné, faute de temps plus que d'absence de découvertes ! Je vous parlerai ici d'expos, de films et de spectacles.

Comédies musicales à la Philharmonie

La comédie musicale est un divertissement que l'on apprécie, l'expo était en tête de liste de nos sorties hivernales. Et nous n'avons pas été déçus par le riche contenu visuel proposé. 
Après une introduction autour de Singing in the rain, on découvre l'histoire et la chronologie interactive des comédies musicales - au cinéma. C'est une partie assez essentielle, que je vous conseille de ne pas sauter avant d'entrer dans la salle principale et de vous faire happer par tous les contenus, à la fois sur des thèmes spécifiques : la danse, les stars, les effets visuels, tel ou tel artiste, les costumes, les effets spéciaux etc. 
C'est une expo riche, avec énormément de contenu vidéo à voir (on y a passé plus de 3 heures) quand on aime rentrer dans les détails - comme ce qu'est la comédie musicale au Japon, pas très éblouissante. On a toutefois regretté qu'il ne soit pas du tout question de Broadway et que l'expo se cantonne au ciné. J'imagine que ça prenait des proportions ingérables.

ON AIR au Palais de Tokyo

Carte blanche à Tomas Saraceno, cette exposition présentait les oeuvres de l'artiste argentin dans tout le musée. L'idée principale en était les interactions entre tous et tout, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, des araignées aux étoiles. On découvrait d'abord des toiles d'araignées, puis des sons, transmis par les vibrations, des voyages en ballons, le tout dans un langage scientifico-poétique abscons et répétitif. Mais c'est esthétique, et - à voir l'attente devant le musée - ça marche plutôt bien. Par contre, c'est fini.

 

Un rêve d'Italie, la collection du marquis Campana

Tous ceux qui ont étudié la céramique grecque connaissent le nom du fameux collectionneur et sa ruine. Son énorme collection, partagée entre le Louvre et l'Ermitage, est exposée en partie par le musée du Louvre. C'est intéressant à la fois pour la démarche car le collectionneur avait un système spécifique de classement et d'exposition dans ses différents palais, et pour les objets eux-mêmes, souvent de qualité - mais dont pas mal d'attributions ont été revues. C'était aussi une tentative d'embrasser tout l'art italien, en accord avec les convictions politiques du marquis et avant que l'Italie ne s'unifie. 
Pour ce qui est des objets exposés, beaucoup proviennent des collections du Louvre ou de musées français (car les pièces ont été réparties) et j'ai regretté de ne pas croiser plus de céramiques - je retournerai dans la galerie Campana pour cela - même s'il y en a déjà trop pour certains visiteurs. Et j'ai apprécié toutes les questions autour des restaurations et de l'authenticité, qui reste un débat bien actuel. Côté majoliques et peintures - sauf les oeuvres médiévales, c'était moins ma tasse de thé. Une expo intéressante sur les ambitions d'une collection et d'un collectionneur exceptionnel.

Bohemian Rapsody

Comme beaucoup, on a beaucoup aimé ce film, plus pour la musique que pour la vie de Freddie Mercury. On y découvre la vie du chanteur, les créations et coups de génie de Queen, le succès... Et aussi la solitude de Freddie. Rien de bien fou dans ce film, c'est linéaire, assez plat, mais sauvé par la musique du groupe - ah le moment de la création de Bohemian Rapsody...

Capharnaum

C'est Zain que l'on suit dans ce film de Nadine Labaki. Zain est un petit garçon, dans une famille nombreuse de Beyrouth qui peine à joindre les deux bouts. Il ne va pas à l'école mais travaille. Suite au mariage de sa soeur, il fuit et rencontre des clandestins et une vie tout aussi complexe que la sienne. Sale, dur mais pourtant tendre, ce film n'a pas réussi à me toucher et m'a semblé un peu long. On pleurait à côté de moi, sans que je comprenne pourquoi. 

Asterix et le secret de la potion magique

C'est divertissant et drôle, mais pas indispensable à voir au ciné. Panoramix se met en quête d'un successeur mais peu seraient capable de remplacer le druide de la fameuse potion magique.

Gus l'illusioniste

Il est drôle et super fort pour nous illusionner. Ce magicien joue avec les cartes et manie l'humour - un peu moins bien la caméra - avec les spectateurs qu'il invite sur scène. Avec plein de jolies références à Love actually, Gus nous fait passer un très beau moment entre rire et émerveillement.

Au-delà des murs

Spectacle chanté et dansé sur l'exil, nourri de témoignages de migrants et d'associations, il mettait un peu d'espoir en l'humanité malgré un accueil qui se durcit.

dimanche 8 juillet 2018

Delacroix

Delacroix, mort de Sardanapale, esquisseMagnifique expo au Louvre sur un peintre que j'adore ! Rien que pour le plaisir de voir ses toiles rassemblées, cela vaut le détour. On entre au Salon avec lui, avec ses oeuvres colorées, épiques et puissantes. On redécouvre ses peintures monumentales. On s'attarde un peu moins sur les natures mortes, les scènes religieuses aux christs blafards ou sur les paysages de fantaisie. On flâne dans son Maroc sensuel. On se réjouit de l'exposition de ses dessins et gravures, notamment celles du Faust. Et des esquisses, notamment celle pour la mort de Sardanapale. C'est impressionnant de redécouvrir la diversité de son oeuvre, de lire un peu de ses écrits, de noter combien ses plus grands chef-d’œuvres sont des œuvres de jeunesse ! 

Je me suis plus longtemps attardée sur les débuts, sur les juxtapositions des couleurs, sur leur intensité. J'ai admiré les mouvements, les torsions, les liens entre les différentes parties des peintures. J'ai aimé la sauvagerie des animaux et des hommes, leur passion. Parfois, c'était trop. Trop de morts, trop de violence. Médée à l'état pur. Même sans couleur, dans la gravure, on retrouve cette effervescence. Et puis, on glisse vers autres chose au Maroc, en Orient. C'est plus doux, plus posé mais toujours contrasté, soleil de plomb et ombre des intérieurs. Un voyage !

Delacroix, Faust


Delacroix, Indienne mordue par un tigre

mercredi 4 juillet 2018

Junya Ishigami, Freeing Architecture

Voilà des années que je n'avais pas mis les pieds à la fondation Cartier ! Mais les jolies affiches m'ont convaincue.

Cette expo est consacrée à l'oeuvre de Junya Ishigami, architecte japonais et présente de nombreuses maquettes qui sont autant de petits bijoux. Architecture laissant sa place à la nature, qui dialogue avec elle ou permet de la découvrir tout autre avec les projets de Tochigi, qui déplace une forêt, ou de House of peace, un igloo sur l'eau. Architecture cherchant à se faire oublier comme les villas pour Dali qui jouent sur un étonnant champ de rochers, qui dessinent des murs minéraux ouverts sur la nature et la rivière. Architecture ludique et poétique, jouant avec des lignes douces, notamment dans des projets pour les enfants, de la crèche au jardin. Architecture jouant sur l'ancien et le moderne avec cette maison de retraite où chaque maison ancienne est unique et vient d'un lieu différent des autres, proposant un rapprochement étonnant. On croise aussi un édifice religieux gigantesque à Rizhao, au milieu de la nature, où les hommes sont minuscules.

Chaque maquette, dessin, photo ou vidéo est l'occasion de s'émerveiller de cette nouvelle architecture, qui fait tomber les murs, les toits, les supports pour les repenser plus libres, plus fluides, en accord avec leur environnement.

Junya Ishigami, Forrest Kindergarten, Shandong, Chine

Junya Ishigami, Forrest Kindergarten, Shandong, Chine

Junya Ishigami, Forrest Kindergarten, Shandong, Chine

Junya Ishigami, Tochigi

vendredi 12 janvier 2018

Le verre, un Moyen Âge inventif

Elle vient de se terminer. Mais je n'ai malheureusement pas pris le temps avant de vous parler de cette expo du musée de Cluny sur cette technique. 

Le verre, ce n'est pas nouveau au Moyen Age. Les civilisations antiques gèrent déjà bien. Mais le Moyen Age apporte son lot d'inventivité et de renouveau. Avec de très belles pièces, des vitraux aux verres à pied, ou d'autres moins esthétiques mais plus utiles, comme les urinoirs et les lunettes, c'est un parcours par usages et chronologique qui nous est proposé. 

Après une petite partie technique (chouette vidéo), on passe assez vite au vitrail qui orne les églises. Évolutions des couleurs, avec leurs teintes profondes. On peut aussi admirer quelques jolis exemples des usages du verre dans l'ornement et l'émail. Puis l'on découvre les verres de table, les gobelets et les coupes, ces verres creux, souvent prestigieux. Comme Dieu, les tables des princes méritent ce beau matériau. Mais il sert aussi aux scientifiques et aux médecins pour étudier les humeurs du corps. Fascinant par sa transparence, ses qualités réfléchissantes, il est aussi représenté par les peintres comme un morceau de choix. 

Expo intéressante mais manquant un peu de contenu à mon goût (peu de cartels bien étoffés), elle vaut certainement le coup que l'on s'intéresse à son catalogue. Mais elle demeure bien moins passionnante à mes yeux que ce qu'on a l'habitude de voir à Cluny.


mardi 2 janvier 2018

Nous et les autres. Des préjugés au racisme

EDIT : ça y est, j'ai fait un saut à l'expo quelques jours avant sa fermeture !

Sans surprise, elle m'a beaucoup plu. J'y ai bien sûr retrouvé les éléments du catalogue, parfois moins développés mais plus interactifs. Jeux, vidéos, installations, tout est fait pour interpeler le visiteur tout en l'informant. J'ai beaucoup aimé la première partie sur les catégorisations avec la "station cliché" qui montrait bien comment on met des étiquettes à ces inconnus qu'on croise. Puis les petits jeux psychologiques dans le hall d'aéroport. Simple et efficace ! Avec une scéno très chouette.

La partie sur les races, le colonialisme et l'esclavage m'a semblé un peu légère : une petite salle et quelques objets. Puis l'on passe à trois vidéos très claires sur la ségrégation aux USA, la shoah et le génocide rwandais. Quelques minutes pour comprendre ces événements.

Enfin, on s'attache à ce que l'on fait de tout ça aujourd'hui à travers des approches biologiques, sociologiques, anthropologiques. Là aussi, le pari est de montrer des infographies et vidéos. C'est plutôt chouette avec cette limite qu'on est un peu les uns sur les autres et que l'on n'a pas vraiment l'opportunité de tout voir et tout consulter. Et qu'il y a moins d'objets (mais ça, c'est juste l'habituée des expos beaux-arts qui parle).

Un parcours passionnant, riche, qui ne fait finalement pas doublon avec le catalogue. Très chouette découverte aussi que le musée de l'homme et ses collections permanentes qui questionnent beaucoup sur notre identité et notre avenir commun !

_______________

Je n'ai pas encore pris le temps d'aller explorer cette exposition au Musée de l'homme mais j'ai volontiers dévoré ce petit catalogue de Heyer et Reynaud-Paligot. Et il me donne envie d'aller voir l'expo "à la croisée de l'anthropologie, la biologie, la sociologie et l'histoire". 

La première partie du catalogue s'intéresse à la catégorisation et à l'identité, comment se met-on dans des cases et met-on des étiquettes aux personnes.
"C'est ce processus de catégorisation ordinaire et commun, que nous pratiquons tous au quotidien, qui aboutit parfois à des phénomènes beaucoup moins anodins d'exclusion, de rejet, de discrimination - en un mot, de racisme". Un processus qui permet à chacun d'exister dans un groupe donné mais qui peut parfois dériver.
Puis, il est question des "races" à travers le temps, comment s'installe une hiérarchie pour justifier l'esclavage et la colonisation, comment elle se poursuit avec les apartheids, la ségrégation voire les génocides. C'est la partie la plus documentée du catalogue, avec un aspect historique fort. Puis l'on nous propose un état des lieux qui fourmille d'infographies diverses et variées (et de graphiques tous plus colorés et fouillés les uns que les autres). 

Une lecture intéressante qui vise à combattre des préjugés de façon intellectuelle. La seconde étape serait de façon plus personnelle, à travers des rencontres, qui impliquent forcément les uns et les autres. 

"Pour lutter efficacement contre le racisme, il faut en effet, entre autres, apprendre à saisir ses composantes psychologiques, pour mieux les déconstruire et en combattre les conséquences"


mercredi 27 septembre 2017

Austrasie. Le royaume mérovingien oublié

Tadadada ! Non, c'est pas trop pompeux ce titre ? J'ai l'impression qu'on va voir une série plus qu'une expo ! 
Boucle de ceinture, moselle, 6e siècle, alliage cuivreux

Au cœur du château de Saint-Germain-en-Laye, dans le labyrinthe des salles perdues, vous trouverez, pour les plus téméraires, un trésor d'expo. Chevaliers au coeur pur only ! En bref, c'est la première à droite après le portique vigipirate.

Là, vous découvrirez ce qu'est l'Austrasie, zone qui recouvrait l'est de la France, la Belgique, le Luxembourg, une partie de l'Allemagne et quelques autres régions (ben oui, la géographie est assez peu stable dans le temps. Une 'tite guerre, un problème d'héritage et paf, tu perds des terres). Accessoirement, vous réviserez, car vous avez bien entendu appris tout ça à l'école, vos rois de France. Clovis, Thierry, Clotaire, Childebert, etc. Et puis, vous observerez quelques objets archéologiques par-ci, par-là. Ils sont parfois décrits avec des termes très accessibles comme "ardillon". Heureusement, il y a un glossaire pour les incultes ! Vous ferez attention aussi, car des fac-similés se cachent dans l'expo. Et ça c'est vraiment pas cool, ça te donne limite envie de visiter les musées sur G...Art.

La prochaine épreuve ? Elle ne vient pas tout de suite. Vous découvrez les objets de fouille, quelques céramiques, des pierres gravées, des boucles de ceinture ou d’aumônières, quelques armes. Vous croisez une partie super développée sur l'étude des os humains (trépanations, fractures et autres réjouissances). Un spécialiste dans l'équipe ? Et à côté de ça, des dispositifs un peu surprenants de médiation autour des parfums, des céréales, qui prennent pas mal de place et nous laissent entendre qu'il n'y a pas grand chose de plus à dire ou à montrer. 

Le tout se termine sur la légende noire de l'Austrasie (enfin, du Haut Moyen Age en général) avec quelques représentations XIXe, des extraits de séries (Viking et Game of Throne, quelle originalité) et des petits portraits de rois (oh, fac-similés aussi). 

Bref, une expo qui aurait pu être intéressante si elle n'avait hésité sans cesse entre l'ultra-spécialisation et l'ultra-démocratisation, entre l'objet archéologique pas très intéressant si on ne l'explique pas, le bel objet (mais qui réduit inévitablement la vision de l'époque) et le fac-similé qui frustre le rapport à l'objet... Bref, l'Austrasie en sort à peine un peu plus connue.

vendredi 22 septembre 2017

Pierre le Grand. Un tsar en France, 1717

De passage dans la jolie cité de Versailles et en promenade au Trianon, j'ai découvert cette expo par hasard. Elle ne vaut pas spécialement le déplacement mais elle agrémente la visite.

Carel Allard, Feu d'artifice du 26 aout 1697 en l'honneur de l'arrivée à Amsterdam de la Grande Ambassade, Ermitage, St Petersbourg, 1697

Le thème en est le passage du tsar en France en 1717, alors que Louis XV est encore enfant. Bien entendu, les trois mois en France de Pierre le Grand ont un peu de mal à remplir les huit salles de l'exposition et le personnage, mal connu des français, mérite d'être introduit.

On découvre le tsar par ses portraits et par ses terres. Ce géant curieux et voyageur règne sur quatre mers et s'intéresse à tout. Voyageur, il étudie incognito l'ingénierie, la construction navale et bien d'autres sciences notamment entre 1697 et 1698 lors d'une mission diplomatique, La grande ambassade. Cet intérêt pour les sciences est développé ensuite, à l'aune du voyage à Paris, où il visite manufactures et académies. Quelques objets sont ainsi exposés, compas, équerres, sphère armillaire ou cadrans solaires. On entre un peu plus dans le détail du voyage français, les rencontres avec la Cour, le traité de commerce, la diffusion de cette visite auprès des français... Et les moments marquants dans des jardins et châteaux français. Ou devant la machine de Marly.

Enfin, il est question d'art et d'influence. Qu'apporte l'art français à la ville nouvelle de Saint Pétersbourg ? Et qu'apporte le tsar à la France ? Deux thèmes qui auraient pu être exploités plus largement car on reste sur sa fin dans cette section.

Présentant de nombreux objets du musée de l'Ermitage, cette exposition cible bien son propos mais présente finalement peu d'objets intéressants. Pierre le Grand semble juste un prétexte à quelques prêts et à une collaboration.

jeudi 21 septembre 2017

Portraits de Cézanne

Cezanne, Vieille au chapelet
C'est en juillet dernier que j'ai visité cette expo au musée d'Orsay et, voyant la clôture arriver, je m'empresse de vous en dire quelques mots. Comme son titre l'indique, cette expo est dédiée au genre très classique du portrait, le gagne pain des peintres. Sauf que c'est aussi un moyen d'expérimenter des choses. Et que les portraits exposés appartiennent plutôt à la sphère domestique, avec un nombre de représentations, pas toujours très flatteuses, de sa femme, Hortense.

Dans la première salle, on croise Achille Emperaire, un des portraits les plus connus de Cézanne. En pied, sur son trône ridicule, il nous renvoie à notre vanité ! Puis on s'étonne des portraits au couteau de l'oncle Dominique. C'est plus sculpté que peint, avec des grandes taches colorées, des ombres dans les reliefs. On découvre ensuite des autoportraits, des portraits d'Hortense, d'amis, du jeune garçon à la vieille femme courbée. Les couleurs changent, s'éclaircissent, l'épaisseur aussi. Les formats se stabilisent. 

Parmi les plus marquants de ma visite, je retiens l'oncle Dominique, Hortense, Gustave Geoffroy et la vieille au chapelet. Et cet aspect peut-être moins montré des portraits de Cézanne, qui sont aussi un moyen de simplifier, d'expérimenter, de jouer avec la lumière et les formes. Un voyage dans l'intimité du peintre.

mardi 5 septembre 2017

L’architecte. Portraits et Clichés

Portraits et clichés, le ton est donné, il s'agit d'aller voir du côté de la représentation de l'architecte. Du grand architecte de l'univers, au maître d'oeuvre en passant par les archistars, le parcours invite à découvrir ce que chaque époque a montré de ses architectes.
 
Aux origines, on croise l'incontournable Imhotep, architecte divinisé par les égyptiens, ainsi que quelques noms dans les textes antiques. Mais c'est au Moyen-Age que se fixent les premières représentations d'un architecte avec compas, équerre et maquette. Ces attributs le suivront jusqu'au début du XXe siècle.
A l'époque moderne, les représentations vont augmenter, de "Celui qui bastit, ment" à l'homme de pouvoir, représenté comme un grand de son temps. Au XIXe siècle, les portraits se multiplient et l'architecte n'y échappe pas. Garnier tout particulièrement est photographié, peint, gravé, sculpté... et caricaturé ! Les frères Goncourt, à la langue bien pendue nous en disent ceci :
« Garnier, l’architecte de l’opéra, avec sa tête de Masaccio et sa voix enrhumée, qui le font descendre à la fois des primitifs et du Cantal, avec ses déformations de la mâchoire inférieure, dans les déglutitions, qui le font ressembler à un poisson qui gobe un hameçon, avec son importance gourmée mêlée à des pétarades de vieux rapin romantique, est un voisin de table désagréable à entendre parler, désagréable à voir manger »
Au XXe siècle, on peut admirer des défilés d'architectes revêtus de leurs réalisations, les photos de la vie en école, les stars... et tous les contemporains qui se sont prétés au jeu dans la rue haute, qui mène à l'entrée de l'expo. Enfin, on voit surtout l'image du métier qui se diffuse dans la société et l'on retrouve une présence de l'architecte dans les films, les jeux, les timbres...
 
Un parcours intéressant mais qui manque parfois d'informations sur les oeuvres choisies, sur l'objet de l'exposition, qui montre mais ne questionne pas beaucoup. Bref, je reste sur ma faim.
 

qui bastit ment
Qui Bastit ment © Source gallica.bnf.fr / BnF 
 

samedi 2 septembre 2017

Tous, des sang-mêlés

Expo sur l'identité culturelle au MAC VAL, musée que je découvre pour l'occasion (et qui est très près de Paris, contrairement à l'image que j'en avais).

Ce n'est pas une exposition qui nous démontre quelque chose. C'est plutôt une exposition où l'on choisit son chemin. La salle est vaste, les oeuvres nombreuses et diverses. Les médiums variés : photos, vidéos, peintures, sculptures, installations, etc. Les artistes, tout autant. Les oeuvres se répondent-elles ? Ou font-elles cacophonie ? A chacun de voir. Elles ont chacune une histoire et une compréhension propre. Et c'est à nous de faire les liens.

Je ne vais pas revenir sur les 60 artistes mais vous évoquer quelques éléments.

D'abord, la Round Table de Chen Zhen. C'est effectivement une table ronde dans laquelle sont incrustées des chaises de toutes tailles, formes et origines. Des chaises sur lesquelles il est impossible de s'assoir. Chevaliers, cette table est une utopie ! Le pouvoir prime sur l'idéal d'égalité et de paix. Ou du moins, c'est ce qu'on croit lire dans cette oeuvre créée pour l'anniversaire de l'ONU.

Chen Zhen


Puis Arlésienne de Ninar Esber interroge sur l'identité à travers l'incontournable petite photo. Mais ici, d'où vient cette femme ? A partir d'un même modèle, l'artiste elle-même, coiffée et maquillée différemment, des dizaines de nationalités sont évoquées et questionnées. Plaquées sur les photos. Éternelle étrangère ou de partout ?
Ninar Esber


On croise aussi un groupe à taille humaine, d'hommes et de femmes sans visage, sans couleur, grossiers, gris. Qui sont-ils ? Sont-ils d'ici ou d'ailleurs ? Sont-ils ensemble ? Où vont-ils ? Sont-ils inquiétants et dangereux ? Décontextualisés, presque déshumanisés, ce sont des ombres que nous propose Karim Ghelloussi dans ses Passagers du silence.
Passagers du silence

Il y a aussi des oeuvres pleines d'humour et de vanité comme la copie d'un cavalier de Géricault à l'oriental, la sculpture d'Elisabeth II couronnée de bois de cerfs, les photos et vidéos Perfect Mountain sur l'imaginaire culturel des montagnes suisses allemandes, l'impossible pose d'Harold Offeh...

Il y a des oeuvres sur la langue, la traduction, avec les fables du Panchatantra par Katia Kameli ou Lingua madre de Violaine Lochu. D'autres sur les cartes et les frontières, notamment une très chouette vidéo et des cartes de Bady Dalloul, Dicussion between gentlemen. 



Bady Dalloul

Bref, une expo très riche, où chacun trouvera de quoi penser !

jeudi 10 août 2017

La bibliothèque, la nuit

Expo visitée peu avant sa fermeture à la BNF.

Avec un titre pareil, j'aurais eu du mal à laisser passer cette expo. Il faut dire que malgré le peu de lectures que j'ai pu faire de Manguel, j'en garde un souvenir ébloui. Et puis les histoires de bibliothèques, ça me plait ! J'ai trouvé l'expo un peu courte mais néanmoins intéressante, plus dans la forme que dans le fond.

La première salle expose des objets en rapport avec la bibliothèque comme espace de classement, espace architectural, espace de rêves. On découvre de jolis ex-libris, quelques maquettes étonnantes, des plans, des œuvres contemporaines. A vrai dire, ça fait un peu salle d'attente améliorée. 

Car l'on attend que s'ouvre la porte de la bibliothèque de Manguel. Enfin, l'une de ses bibliothèques, en France. On entre, on explore les rayons, on s'étonne de certains titres, de la diversité des thèmes... Puis on est plongé dans l'obscurité et la voix de Manguel nous introduit à quelques secrets du lieu. Là, je déplore que cela soit si court. Il y a tant à explorer. Mais il faut suivre le rythme, d'autres certainement attendent.

Une porte dérobée s'ouvre et l'on entre dans une forêt. Des bureaux de la BNF avec leur siège et lampe. Des personnes installées dans les sièges, avec un masque, tournent sur elles-mêmes, bougent lentement la tête. C'est un peu effrayant. Chacun est dans son monde. Et les arbres et les feuilles les contemplent. Et l'on s'assoit à son tour et l'on se coiffe de ces lunettes et de ce casque pour s'immerger dans 10 bibliothèques que nous allons visiter virtuellement, restant toujours au centre de l'image et pouvant explorer l'espace environnant à 360°. La voix de Manguel nous raconte une anecdote, un événement, un peu de cette bibliothèque réelle, imaginaire ou disparue. D'Alexandrie, au Nautilus en passant par Sarajevo, chacune nous dit un peu de la volonté de comprendre ou de maîtriser le monde. 10 immersions, plutôt belles et originales, voyages dans le temps et l'espace. 

Une expo qui m'a laissée un peu sur ma faim, et un peu sonnée. Certes, j'avais pris en compte la composante virtuelle, mais c'est vraiment elle qui est au cœur de l'expérience. Et ce n'est pas ce qui m'éclate le plus. Je reste frappée par la solitude de chacun dans sa visite, dans son masque, et de la joie de parler à la médiatrice en sortant de la visite. 

Pour rester avec Manguel, il y a son Histoire de la lecture
 

jeudi 13 juillet 2017

Au-delà des étoiles. Le paysage mystique de Monet à Kandinsky

Voilà une expo que j'ai beaucoup apprécié au musée d'Orsay mais dont je n'ai pas pris le temps de vous parler. Mea culpa. Riche et intéressante, elle exposait notamment des artistes canadiens qui m'étaient inconnus. 

Le paysage comme reflet d'une quête mystique et spirituelle, ce n'est pas une idée très nouvelle. Rappelez-vous nos amis Romantiques ! La question soulevée est ici plus tardive, de l'impressionnisme au début du XXe siècle. Et elle s'intéresse parfois plus à la réception par l'oeil du visiteur qu'à l'intention de l'artiste. Cela donne des interprétations un peu ridicules sur des œuvres qui inspireraient ou non un sentiment de transcendance. Et des métaphores simplistes autour du cycle de la vie... Bref, ne vous attardez pas sur les explications de certaines salles, notamment la première, profitez des œuvres. Ensuite, on suit la démarche d'artistes qui veulent mettre du sacré dans l'art, comme Puvis de Chavannes, Maurice Denis et Emile Bernard. Là, c'est moins tordu comme rapprochement. Évidemment, c'est aussi l'espace pour les peintures qui intègrent les saints ou le Christ.



Puis l'on passe au Canada, avec des paysages vides, vierges, lumineux. Des grands espaces. Les artistes se rattachent plus ou moins à des courants théosophiques... Bien, bien. Et vient enfin la nuit du titre. Paysages nocturnes, vivants de lumières éparses ou vides. Comme le ciel ? De nouveau, on se pose la question du rapport au mystique. Et plus encore dans la salle suivante dédiée à la guerre qui transforme les paysages.

Enfin, on aborde l'univers, les étoiles, les planètes, le cosmos tout entier. On nous livre les convictions ou questionnements des artistes. Est-on encore dans le paysage ? C'est un autre débat.

Une exposition dont le sujet m'a semblé mal cadré, ou que j'ai mal compris, avec des rapprochements parfois forcés. Mais des oeuvres très intéressantes, inconnues de moi.

jeudi 6 juillet 2017

Le Baroque des Lumières. Chefs-d'œuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle

Cette expo du Petit Palais fait suite à celle du musée Carnavalet sur les églises du XVIIe siècle à Paris. A la veille de la Révolution, qu'en est-il de l'art religieux ? 

En franchissant la porte, on est attiré par une carte de Paris montrant les édifices religieux de la capitale. Ils sont innombrables ! Aussi riche que la précédente, cette expo parle d'architecture, de peinture et de décors. Si c'est la peinture qui domine en terme d'oeuvres, c'est surtout les décors baroques qui retiennent l'attention. Et, là encore, l'expo invite à aller sur place, dans les églises, pour voir ce qu'il reste de ces folies ! Dans l'expo, on croise d'ailleurs une reconstitution de la chapelle des Enfants trouvés, tout à fait étonnante. Je connaissais les gravures et cela fait un drôle d'effet d'entrer dans le dessin. Les retables sont aussi présentés en nombre, avec les fioritures propres au XVIIIe, qui me font toujours un peu bizarre dans l'art religieux. Et puis, avec le néo-classicisme, ça se calme niveau déco.

Autres sujets traités, les nouvelles dévotions avec des saints qui inspirent les peintures et les fondations d'églises : missionnaires et fondateurs, ils sont dans l'apostolat plus que dans la contemplation. Et surtout, ils sont bien attestés. C'est l'effet Réforme qui se prolonge, avec également un développement de la dévotion privée.
Reconstitution chapelle Enfants trouvés

Sans entrer plus longuement dans le détail du parcours, je vous invite à vous intéresser à cette très belle expo !

jeudi 13 avril 2017

Cy Twombly

Ce nom ne te dit rien ? Mais si, c'est le plafond bleu intense de la salle des bronzes grecs au Louvre. C'est cette peinture mythologique pleine de soleil. Regarde !

Cy Twombly, Coronation of Sesostris, 2000, Coll. Pinault
Cy Twombly, Coronation of Sesostris, 2000, Coll. Pinault
 Bien entendu, cette rétrospective te montrera que tout ne commence pas par la couleur et l'intensité des années 2000. Dans les années 50, Cy Twombly travaille à la mine de plomb sur des toiles beiges. Ce n'est pas forcément ce qui va retenir ton attention. Tu vas peut-être t'aventurer plus loin, (re)découvrir combien c'est un peintre classique, nourri de littérature et de peinture. Qui fait des clins d'oeil à l’École d'Athènes par exemple. Qui joue avec les couleurs, leur intensité. Parfois, c'est à la façon des ardoises couvertes de craie. D'autres, c'est comme du sang qui éclabousse la toile. 

Ton premier choc, ta première pause contemplative, un peu longue, parfois nauséeuse, sera sans doute devant les Nine discourses on Commodus. L'empereur Commode, qui est tout sauf cela. Cela commence doucement, avec ce fond gris, apaisant, ce nuage/cerveau blanc dans son quadrillage, qui se floute et se colore de rouge et de jaune, cachant cette forme blanche, s'accumulant et dégoulinant sur la toile. C'est une série qui te dérangera peut-être, qui te questionnera à coup sûr !

Tu t'attacheras peut-être aux sculptures, comme des faux marbres, aux photos. Ou tu t'arrêteras devant ces fenêtres de verdure et d'écume que sont Bassano in Teverina. 

Cy Twombly, Sans titre (Bassano in Teverina), 1985, Cy Twombly fondation
Cy Twombly, Sans titre (Bassano in Teverina), 1985, Cy Twombly Fondation
Mais d'autres surprises t'attendent. Il y a un cycle des saisons qui va t'attirer le regard. Qui va te donner envie de traverser la pièce. N'y cède pas, tu pourrais manquer le cycle 50 days at Iliam. Si tu es fan de l'Iliade ou de la Grèce antique comme moi, c'est un endroit que tu vas adorer. Le bouclier d'Achille qui tourbillonne, la colère et la tristesse du héros, les ombres qui errent après la guerre... Tu peux prévoir un peu de temps pour profiter de chaque œuvre et de la vue d'ensemble du cycle, de la violence à la mort. 

Cy Twombly, 50 days at Iliam, Shades of eternal night, 1978, philadelphia museum
Cy Twombly, 50 days at Iliam, Shades of eternal night, 1978, Philadelphia museum
Voilà, maintenant, tu peux te perdre dans les saisons. C'est une nouvelle pause. Ce qui t'attends derrière, c'est un autre cycle. Alors patiente un peu, tu vas passer de la Grèce à l'Egypte. Oui, dans le bain de soleil du début. Et l'abstraction des formes, explicitées par des mots, par des couleurs qui déclenchaient tant d'émotions en toi va s'effacer. Plus de petit nuage rageur d'un Achille en colère, d'éclaboussures sanglantes. Tu retrouves dans The Coronation of Sesostris le voyage d'une barque, tu devines des corps, tu te réchauffes devant le soleil éblouissant. C'est plus doux. C'est une traversée où l'on se laisse glisser, sans tempête. Mais pas sans nerfs. L'omniprésence du gribouillis, sur telle ou telle partie des cycles, rappelle le bouillonnement initial. 

Et puis, tu te glisseras dans les dernières salles, où l'on croise de glauques nymphéas, aux couleurs de chambre d'enfant. Tu verras Blooming, qui captive les visiteurs. Peut-être resteras-tu comme moi, coincé dans les toiles antiques, assommé par le choc des couleurs et la taille des œuvres suivantes. Et tu ressortiras en rêvant de replonger dans des lectures gréco-romaines... Bonne visite !

mercredi 25 janvier 2017

Entrez en matière(s) de Patrick Roger

Je crois que c'est la première fois que j'entre chez Christie's depuis mes études. Quand une amie m'a parlé de l'expo des œuvres du chocolatier, je n'ai pas hésité bien longtemps. Depuis quelques années, ses animaux étonnants et réalistes peuplent les vitrines de ses boutiques parisiennes et intriguent le passant. J'ai souvenir de pingouins ou de fauves devant lesquels des enfants s'arrêtent, hypnotisés, bientôt accompagnés par leurs parents tout aussi fascinés. 

J'ignorais cependant que d'autres matières que le chocolat avaient droit de cité chez Patrick Roger. Et que d'autres sujets que les animaux pouvaient l'inspirer. Nous accueille une scène mouvementée d'hippopotames à l'aube d'un combat, aux jeux de polis divers. Puis un banc de raies enchevétrées, qui volent plus qu'elles ne nagent à travers la pièce. La salle suivante nous étonne par ses inspirations diverses, des silhouettes à la Giacometti, des formes surréalistes, un porteur de cacao très réaliste, des rondes-bosses comme des reliefs, des jeux de matière. C'est une ode à la diversité, aux influences. On découvre même des portraits croqués à la mine et en mots. Puis l'on poursuit le parcours avec des silhouettes proches d'insectes, de sauterelles géantes, un Gérard Depardieu linéaire, comme un clin d'oeil en creux au Balzac de Rodin. Enfin, quelques suspensions et deux fauteuils éléphants closent la pérégrination. D'autres oeuvres dans le hall et l'escalier. 

Patrick Roger a pris possession de Christie's. Ce n'est plus seulement le sculpteur animalier, un Barye de notre temps, c'est aussi une synthèse des influences contemporaines, avec des finitions à la Jeff Koons comme des rugosités rodiniennes. Une façon de pérenniser des créations chocolatées !

D.R.

lundi 9 janvier 2017

Sites éternels. De Bâmiyân à Palmyre

Une expo gratuite au Grand Palais sur des sites archéologiques inaccessibles, il faut avouer que c'est tentant. A vrai dire, c'est à peu près tout ce que je savais avant d'entrer dans l'expo. Ah, et qu'il y avait pas mal de numérique. 
A vrai dire, il y a essentiellement des images de quatre sites archéologiques ou historiques dans cette mini expo. Et je comprends mieux pourquoi l'on m'avait parlé d'immersion. Après une courte introduction de Jean-Luc Martinez sur le rôle politique de cette expo dans un contexte de démolition volontaire du patrimoine et la vidéo de la destruction des Bouddhas de Bâmiyân, nous entrons dans une grande salle dont les quatre murs font office d'écrans. On est plongé directement dans le site de Palmyre, dans les gravures anciennes de Khorsabad, entre les habitants du Krak des Chevaliers et dans la grande mosquée de Damas. A savoir que des images anciennes des sites, des vues contemporaines et des détails d'objets nous entourent. Esthétiquement, c'est très réussi. 
Au milieu de la salle, quatre objets dans leurs vitrines rattachent ces images aux collections du Louvre. 
La dernière salle propose d'aller plus loin à travers des images numérisées, des livres, des peintures ou des gravures. Attention, on n'entre pas pour autant dans le détail des lieux et des œuvres, il s'agit plus d'une promenade, d'une évocation que d'une description scientifique. Il est également possible de s'informer sur la provenance des images contemporaines et de tenter des reconstitutions virtuelles, à travers les outils d'Iconem. 

Exposition très politique et de sensibilisation, à la fois à la beauté du patrimoine et à sa fragilité en temps de guerre, cette petite déambulation immersive atteint ses buts. Elle touche la sensibilité (en tous cas, la mienne et celle de ceux qui m'accompagnaient) et confirme au visiteur l'irremplaçabilité de ce patrimoine en péril. Bien sûr, elle a un goût de trop peu et j'aurais aimé déambuler dans d'autres lieux (même si je ne leur souhaite pas d'entrer sur la liste du patrimoine en danger). Et j'apprécie que la promenade se poursuive et s'enrichisse en ligne avec de vraies infos complémentaires. Mais je me questionne sur la disparition des objets dans l'exposition et sur leur rôle presque secondaire...

vendredi 9 octobre 2015

Félix Arnaudin. Le guetteur mélancolique

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le musée Aquitain qu'il me tardait réellement de connaitre. Outre ses collections permanentes, très chouettes, surtout sur les périodes modernes et contemporaines, nous avons exploré une expo temporaire.


Felix Arnaudin, nom complètement inconnu pour moi... Figurez-vous que c'est un photographe de la fin du XIXe qui a immortalisé la campagne bordelaise et ses habitants. Il était aussi ethnologue à sa façon, conservant la mémoire et les contes de son pays. Dans cette exposition, beaucoup de paysages des grandes landes avec des bergers et des fermiers, des architectures vernaculaires, des portraits campagnards, des arbres...
Ce sont les métiers et leurs outils qui resurgissent devant nous, ce sont les visages graves ou curieux des paysans, ce sont des vêtements, des attitudes, des regards qui revivent. Et surtout, c'est un paysage assez différent de l'actuel. Pas de pins mais des petits bosquets, pas de villages mais des fermes dispersées. La précision des photos, les nuances de noir, gris et blanc, la préparation du cadre et des paysans, la recherche de la meilleure façon de faire connaitre les lieux, tout fait de certaines photos de superbes œuvres d'art.

Une très chouette expo photo, qui tient de l'ethnologie, de l'histoire et de l'art.