Affichage des articles dont le libellé est Goudge (Elizabeth). Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Goudge (Elizabeth). Afficher tous les articles

lundi 5 juin 2017

L'héritage de Mr. Peabody

Sérusier, Paysage ogival
Pour parler de campagne anglaise, il y avait certainement d'autres titres. Mais chacun fait avec sa PAL, n'est-ce pas ? Plus qu'à la campagne, l'intrigue se déroule dans une petite ville anglaise entourée de marais. Bienvenue dans l'univers charmant d'Elizabeth Goudge !

Vendredi soir, fin de semaine. Tout commence dans la petite échoppe d'Isaac, horloger. Il soigne particulièrement cette montre, qui appartient au Doyen, le responsable religieux de la ville, Adam Ayscough. Demain, il viendra la lui porter chez lui et remonter les horloges de la maison. Fin connaisseur de l'horlogerie et habile artisan, Isaac réalise régulièrement des horloges. Celle qu'il imagine dépasserait en perfection tout ce qu'il a réalisé jusqu'à présent. 

Isaac vit avec sa soeur, Emma. Ce n'est pas une maison très joyeuse. Heureusement, Polly, la petite bonne est une boule d'énergie et d'optimisme. Surtout quand elle est amoureuse, ce qui est le cas. L'heureux élu, c'est Job, qui travaille comme apprenti chez un poissonnier et rêve devant la boutique de l'horloger. Il y a bien sûr d'autres personnages mais les principaux sont là. 

Et leurs relations vont se transformer au contact du Doyen qui décide un beau jour de sortir de sa tour d'ivoire et d'en apprendre un peu plus sur l'horlogerie. Par de petits actes, celui-ci va s'humaniser et faire rayonner la bonté autour de lui. Histoire de la conversion d'Isaac, c'est aussi celle de la conversion du Doyen, qui va enfin vivre l'amour de ses frères, non plus dans la rigidité mais dans la tendresse. 

Une jolie histoire, sans prétention, aux très belles descriptions de la ville et de sa cathédrale qui domine toute la campagne environnante.


mercredi 24 décembre 2014

L'Ange de Noël

Voici un recueil de nouvelles de saison ! Très bon réveillon de Noël à tous !

D'Elizabeth Goudge, je ne connais pas grand chose à part Le Pays du dauphin vert. J'y avais déjà senti l'importance du sentiment religieux pour cette auteur. C'est encore plus vrai dans ces nouvelles, quasiment toutes centrées sur Noël ou sur des histoires sacrées

L'Ange de Noël

C'est une histoire qui pourrait encore arriver de nos jours. Un petit garçon, agacé par la répétition du spectacle de Noël, décide de rentrer chez lui... et s'égare dans la ville. Déguisé en petit ange (oui, le homard de Noël, je crois qu'il n'existe que dans Love Actually), il déambule et transforme les passants qui le croisent. Un très joli conte de Noël !

Le cheval d'argent

La famille de Delia doit quitter la maison. Cette jeune orpheline, chargée de frères et sœurs, est contrainte d'aller vivre chez son oncle. Mais sur le chemin, tout peut encore changer. Une nouvelle féerique

Saint Nicolas

En cette veille de Noël, une troupe de comédiens joue l'histoire de la naissance du Christ. Mais ce soir, celui qui interprète Marie n'est pas en état de le faire... Un petit miracle de Noël et un héros martyr. 

G. Honthorst, Adoration de l'enfant Jésus, 1620, Musée des Offices, Florence


Trois hommes

Le père Ambrose est chargé de perpétuer une coutume : celle de célébrer la messe de Noël dans un lieu désert, la chapelle Saint-Gabriel, dressée au sommet d'un rocher. Il n'y va pas de gaieté de cœur car il sait que plus personne ne l'y attend. Et pourtant, là encore, on peut parler de miracle de Noël

Saint Jean

Il n'est pas question de Noël ici mais de Pâques. Quelles sont les pensées et les actes de Jean, le disciple aimé de Jésus, après la mise au tombeau ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de corps disparu ? Une réécriture sensible de la résurrection.

Les deux grottes

Très courte nouvelle qui met en relation la grotte où le Christ est né avec celle qui a vu sa mort et sa résurrection. 

Giovanni

Une anecdote sur la vie de Saint-François d'Assise. En proie à la tristesse et au manque de confiance, le saint est émerveillé par la beauté de la nature. Un petit miracle de l'Esprit Saint.

Comme vous pouvez le constater, ces nouvelles sont empreintes de religiosité. On sent très fort l'inspiration chrétienne de l'auteur mais aussi une grande dose de croyance en des signes, des petits miracles, qui sont pour elle autant de manifestations de l'Esprit. Cela peut déranger certains lecteurs, je préfère vous mettre en garde. Par contre, on ne peut nier la grande sensibilité de son écriture, son attention à la nature, ses images subtiles et simples. Bref, ces nouvelles sont à la fois belles et fines !




mardi 24 juin 2014

Le Pays du dauphin vert

Et voilà, j'ai enfin découvert ce roman d'Elizabeth Goudge, noté sur ma LAL depuis mes débuts sur la blogo. Je crois même pouvoir accuser Romanza pour la tentation. Et c'est avec Shelbylee que je l'ai lu et apprécié !

Stewart, La Rédemption, 1905

Le plot ? Les sœurs Le Patourel vivent dans les îles anglo-normandes. Marianne est fière, intelligente, distinguée, mais peine à apprécier la vie. Elle connait quelques "moments parfaits" que la réalité vient interrompre. Cela peut-être une escapade avec sa sœur, la contemplation d'un paysage, la lumière qui change  ; un moment éphémère de pure joie. Marguerite est jolie et heureuse. Elle aborde le monde et la vie avec gentillesse et amour. Au milieu de ces caractères très différents, William sème le trouble car chaque sœur imagine secrètement que le jeune homme la préfère. Le jeune voisin, charmant mais indolent, gentil, capable d'empathie et de pitié, rêve d'aventure et de mer. Le lecteur voit les trois enfants s'amuser et apprendre puis se séparer : William devient marin sans avoir déclaré sa flamme à l'une ou l'autre des Le Patourel.
Des années plus tard, alors que tous le croient mort, Marianne et Marguerite voient arriver une lettre de sa main pour demander à l'une des sœurs (je ne dirai pas laquelle) de le rejoindre en Nouvelle-Zélande où il s'est installé comme colon. Une nouvelle vie commence au milieu des Maoris, une vie d'aventure, là où la nature est encore à apprivoiser et les hommes à convertir... 

Ce roman est avant tout une étude de caractères (mais aussi un roman d'aventures, on n'est pas non plus dans un pur roman psychologique). A partir de l'histoire des deux sœurs confrontées à des choix de vie très différents, l'auteur analyse et dresse les évolutions des personnalités
Marianne, c'est la culture. C'est une tête d'homme dans un corps de femme. Elle est déterminée, elle aime apprendre, elle sait prendre des décisions. C'est une femme autoritaire. 
Marguerite est son opposée. Plus douce et charnelle, elle tient de la nature. Elle n'a pas besoin de dresser le monde pour s'y plaire, elle s'y fond. Un peu paresseuse et molle, elle n'en a pas moins une force spirituelle naturelle, de celle qui accorde une âme à tous les éléments qui l'entourent.
J'ai pu voir ici ou là que Marianne agaçait par son intransigeance, sa fierté et son désir de réussite. Pour ma part, elle ne m'a jamais vraiment semblé antipathique. J'admirais cette femme que rien ne brisait, capable de s'inventer un destin. Après, on sent bien où vont les préférences de l'auteur... Car ce roman est aussi un roman religieux. Il tend à montrer le chemin qui mène à l'épanouissement spirituel, au contentement, à ce fameux "Rien de trop" qui fait que chaque moment est une joie. Vous imaginez bien, au regard de son caractère, que les capacités naturelles de Marguerite sont bien plus grandes que celle de Marianne pour atteindre ce but, et ce, malgré toutes les épreuves qu'elle peut vivre.

Qu'y a-t-il d'autre dans ce roman fleuve ? De très belles descriptions, de la vie rurale des îles anglo-normandes comme de la Nouvelle-Zélande. Ce pays nous apparaît comme un nouveau monde à découvrir avec ses jardins d'Eden et ses enfers. Les descriptions de l'auteur en sont certainement irréalistes puisqu'elle avoue avoir une connaissance purement littéraire du lieu, mais elles n'en demeurent pas moins très envoûtantes. Ces images sont accompagnées de toute une mythologie : des contes et des traditions imprègnent les lieux et leur donnent une dimension autre que paysagère. Ils sont autant d'indices sur la suite du roman.
Mais le plus beau pays du livre est certainement le Pays du Dauphin vert : c'est un lieu imaginaire qui tient à la fois de la rue et de l'île de l'enfance des Le Patourel, d'un bateau commercial mené par le capitaine O'Hara et d'un monde qu'imagine William pour sa fille Véronique. Ce qui me fait penser que je n'ai pas parlé de O'Hara et de la mer, ni même de Tai Haruru, encore moins de Samuel, de Véronique ou de Nat. Car outre nos trois protagonistes, toute une belle galerie de personnages se dessine dans ce roman. Je vous laisse le loisir de les découvrir à la lecture.

C'est amusant, ce roman aurait pu être écrit par Daphné du Maurier dont E. Goudge est contemporaine. On y retrouve ce mélange entre psychologie et aventure, ce goût pour le passé. Car ce roman fait très XIXe siècle... et se passe d'ailleurs au XIXe siècle. C'est étonnant cette capacité des anglais du début du XXe siècle à vouloir rester dans le siècle précédent, un peu comme le mouvement esthétique anglais qui reprend les mêmes motifs pendant quarante ans... Nostalgie de l'époque victorienne alors que l'Angleterre se débat dans la Seconde Guerre mondiale ?


Mois anglais lecture