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lundi 14 février 2022

La tia Julia y el escribidor

Je profite du mois latino américain pour sortir ce roman de Vargas Llosa de ma PAL de livres prêtés où il patientait depuis l'an dernier. La lecture en était fort divertissante, c'est une belle façon de renouer avec une langue et un continent que j'aime !

Le jeune Marito Vargas étudie le droit et travaille dans une radio de Lima. Il rêve de devenir écrivain et ne cesse de jeter des brouillons d'histoires à la poubelle. Et voilà qu'il commence à faire sortir Julia puis à flirter avec elle alors qu'il s'agit d'une tante, venue de Bolivie. La tia Julia, largement son ainée, divorcée, s'attache aussi à lui. Evidemment, c'est un scandale pour la bonne société !

En parallèle de cette histoire d'amour - assez peu intéressante à mes yeux, sauf pour le côté très rocambolesque de la fin -  on découvre des feuilletons radios du grand Pedro Camacho ! Des histoires étonnantes, burlesques, qui se terminent toujours par un suspense et des questions insoutenables. Cette alternance permet de découvrir une multitude d'aventures, des façons d'écrire différentes et surtout... que les personnages peuvent échapper à leur créateur. En effet, Pedro Camacho se mélange un peu les pinceaux et les feuilletons si populaires tournent à la catastrophe. 

Un roman très agréable, avec des personnages secondaires innombrables qui permettent de découvrir la diversité de la population latino-américaine. Portrait drôle, acerbe et loufoque d'un monde chaotique, c'est aussi un autoportrait de l'écrivain qui revient sur ses jeunes années. Chouette découverte !


mardi 2 février 2021

Tours et détours de la vilaine fille

Je continue à découvrir les œuvres de Vargas Llosa avec ce titre. Moins puissant que son chef d'œuvre La ville et les chiens, il s'agit d'une belle histoire d'amour.


Le narrateur, Ricardo, jeune homme des quartiers aisés de Lima, se souvient de sa première rencontre avec la niña mala, encore jeune fille, lors d'un été de joie. Avec sa sœur, la petite chilienne séduit tous les garçons du quartier Miraflores même si les filles les trouvent trop osées. Pourtant, lors d'une soirée de fin d'été, les deux filles sont démasquées, elles ne sont pas chiliennes mais péruviennes comme tous les autres ; et de plus basse extraction. 

Cette belle va hanter notre narrateur toute sa vie. Il la croise d'abord à Paris où elle part rejoindre la révolution à Cuba, puis il la retrouve aux bras d'un diplomate à Paris alors qu'il travaille à l'UNESCO. Puis elle disparaît du jour au lendemain avec les économies de son mari. Ricardo la recroise à Londres, à Tokyo, à Paris et à Madrid, aux bras d'hommes divers, au cours d'une vie qu'elle bouleverse sans cesse. Entichée de vieux riches et puissants, chaque fois sous un nom différent, la belle cherche une vie intense - bien souvent compliquée.
Outre l'amour fou du narrateur, on évolue avec lui dans le Lima des années 50 et 80, le Paris d'après-guerre, dans le Londres des années 70 - la partie que j'ai préféré avec les hippies, la grande amitié et le sida - , puis de passage dans bien d'autres villes et pays où le mène son job d'interprète. Bon bougre, prêt à tout pour elle, il est trop bourgeois, trop rangé pour son aventurière mais reste lié à elle, malgré tous ses efforts pour s'en détacher.

Une histoire d'amour rocambolesque et sado-masochiste, où la niña mala ne cesse de jouer à cache-cache, tentant de conquérir le monde sans jamais fuir complètement ses attaches, son pitchounet, son petit péruvien qui lui conte des cucuteries. Au-delà de l'histoire d'amour, de belles histoires d'amitiés, qui se finissent mal, font aussi vibrer l'honnête, le simple et économe Ricardo. C'est certainement ces histoires-là que j'ai le plus aimées. Sympathique et bien écrit quoi que répétitif et moins captivant que son chef-d'œuvre !



jeudi 13 août 2020

La ville et les chiens

Sortie de LAL pour ce livre de Mario Vargas Llosa que j'ai mis du temps à ouvrir. Le pitch ne me tentait pas du tout : une histoire d'ados violents dans un collège militaire, entre humiliations et discipline... Mais c'est bien plus que ça !

Au collège militaire Leoncio Prado de Lima, les "chiens" ou cadets subissent bizutage et humiliations diverses de la part des aînés. Ils décident d'agir ensemble contre les années supérieures. En grandissant, ne reste du cercle que son centre : le Jaguar, un garçon violent, qui vient des quartiers populaires et sait se défendre, avec autour de lui le Boa, le Frisé et Cava. 

Le roman commence avec le vol des sujets d'examens de chimie par Cava et la découverte du cercle. On rencontre immédiatement les protagonistes, l'Esclave et le Poète, qui sont de garde ce soir-là. La violence, physique ou verbale, est présente aussi. C'est la loi du plus fort qui règne et la corruption sous les dehors de la discipline et de l'honneur militaire. Des uns et des autres, on suivra la vie au collège, autour de ce fameux vol et de la mort d'un des protagonistes. 

Mais surtout, on apprendra quelques bribes de vie, en dehors du collège. Car sous l'uniforme, tous ne viennent pas des mêmes lieux, n'ont pas les mêmes histoires. Le Poète - qui tient son surnom des lettres et romans pornographiques qu'il vend à ses camarades -, Alberto, est issu de la bonne société de Lima tandis que l'Esclave, incapable de se faire à la violence, soumis, élevé par des femmes, est de la classe moyenne. Du Jaguar, je préfère ne rien dire et vous laisser découvrir son identité. Et autour d'eux, c'est aussi leurs parents, les amis et la société péruvienne qui est décrite. 
En dehors du collège, il y a aussi les femmes, surtout Tere, la voisine de l'Esclave, qui devient la petite amie du Poète mais connait aussi le Jaguar. Tere, dont on ne sait pas grand chose sinon qu'elle est travailleuse, douce, honnête... idéalisée quoi !


Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est d'abord sa construction autour de personnages que l'on n'identifie pas immédiatement, notamment dans les flash-back ou lorsque le point de vue devient très subjectif. J'ai apprécié l'intrigue qui en découle. Et puis, la langue qui change selon les personnages. Enfin, les thématiques abordées autour de la discipline, l'honneur et la vérité qui sont bien mises à mal à travers l'exemple de Gamboa, lieutenant responsable de la section. Roman d'apprentissage, roman fataliste sur l'évolution d'une société et de ses membres, il est riche et sombre. 

lundi 14 mars 2016

Lituma en los Andes

Je découvre un peu plus Mario Vargas Llosa avec ce roman, qui se dit policier. Mais c'est surtout pour la présence de Lituma, brigadier, et son adjoint, Tomasito, dans un village. Et pour la disparition de quelques péons de la mine voisine. 

Ce roman à plusieurs voix conte en parallèle la triste vie d'un poste de police isolé dans les Andes, à Naccos, les exactions du sentier lumineux et l'amour de Tomasito pour Mercedes. Lituma enquête vainement sur la disparition des trois travailleurs, interrogeant régulièrement Dionicio y Adriana (oui, à Naccos, pas à Naxos) et s'ennuie à mourir. Il est aussi terrifié par la présence du Sentier lumineux, qui n'épargne personne, et surtout pas un flic. Plus que cette enquête qui piétine, ce sont les victimes du Sentier lumineux qui m'ont intéressée. Tous innocents et pourtant tellement coupables, sacrifiés sur l'autel d'une guérilla contre le capitalisme, l'argent, l'Occident... Une violence froide et une inflexibilité effrayante qui renoue avec les sacrifices humains des peuples indigènes antiques. Ce qui n'est pas sans faire le lien avec les êtres mystérieux de la montagne, esprits ou démons qu'il faut amadouer... Au milieu de toute cette violence, le jeune Tomasito nous fait sourire par son amour naïf et absolu. Ouf !

Un roman qui me laisse un peu mitigée, je ne sais si c'est pour le style ou le thème (à moins que ce ne soit le fait de lire en espagnol, encore un peu tendu parfois) mais qui me donne tout de même envie de découvrir d'autres œuvres de Vargas Llosa. 

Andes