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lundi 12 septembre 2022

Le chant d'Achille

Madeline Miller est sur ma LAL depuis longtemps et j'avais déjà croisé Circe, que j'avais apprécié sans plus. J'ai passé un bien meilleur moment avec Achille et Patrocle dans ce roman. Peut-être parce que j'aime tout ce qui se vit autour de la guerre de Troie. 

Patrocle, on ne voit pas bien qui c'est sinon l'ami cher d'Achille. C'est un jeune homme qui, lors de la débandade des grecs suite aux bouderies d'Achille, emprunte son armure, le temps de redonner l'espoir aux grecs et d'effrayer les troyens. Et qui se fait tuer. C'est ce qui incite Achille à combattre à nouveau et à aller rencontrer son destin - et sa gloire. Eh bien, ce Patrocle, Madeline Miller lui donne une épaisseur, une histoire, des sentiments, et en fait le témoin privilégié des talents d'Achille. Homme intelligent et sensible, éperdu d'admiration et d'amour pour le héros, il est éduqué avec lui. 

C'est leur histoire que nous conte la romancière avec sensibilité. Une belle plongée dans l'humanité de la mythologie. 

 


lundi 28 décembre 2020

Teologia guarani

Ce titre de Graciela Chamorro est certainement effrayant au premier abord. Qui sont ces guaranis ? C'est pas un peu compliqué la théologie ?
Notre auteur, qui a vécu plusieurs années avec les guaranis, les mbyas et les chipiras au Brésil et en Argentine, nous expose une théologie indigène et invite les églises qui cherchent à évangéliser les indigènes à se mettre à l'écoute de leur propre religion.

Elle débute son ouvrage par une classification de l'attitude des églises chrétiennes face aux autres religions :
- ecclesio-centrisme : excluant. La révélation divine réduite à un seul langage, une seule culture, un accès unique et exclusif à Dieu.
- christo-centrisme : incluant. Par un discours universel, où se diluent les particularités culturelles, toutes les réalités sont des nuances d'une même histoire du salut, conscient ou non.
- theocentrisme : pluralisme. Toutes les religions conduisent à Dieu, les cultures et les religions ne parlent pas le même langage mais partagent une recherche d'absolu.

I. Historia
1. Fragmentos de la trayectoria y del modo de ser guarani
Présentation des langues et de la variété culturelle représentée sous le nom "guarani". Il est évidemment question de la conquête et du bon accueil des guaranis aux espagnols, qui s'empressent de leur piquer leurs terres, leurs femmes puis leurs vies.
En 1580, création des réductions franciscaines pour pacifier les groupes et les intégrer au système colonial. Et contrairement à ce que laissent croire les sources historiques, tous n'ont pas été réduits, ce qui a permis aux indigènes guaranis de survivre jusqu'à aujourd'hui. Ils utilisent la religion pour se différencier face aux colons : les chamans ont choisi des éléments religieux comme symboles d'identité ethnique et culturelle. C'est une religion basée sur la parole : ñe'ẽ, ayvu et ã: parole, voix, parler, langue, langage, âme, nom, vie, personnalité, origine. La vie est expérience de la parole, Dieu est parole, la communication entre mortels et immortels, passe par la parole. Et la communication du mythe passe par la parole, le chant, le conte.

2. La palabra olvidada. La profecia guarani contra la mision cristiana
Deux sources de pouvoir chez les guaranis : le cacique comme chef de famille élargi et le chaman comme chef religieux. Souvent le chaman peut être source de rébellion. Pour contrer la prédication chrétienne, les guaranis se sont affirmés par leurs chants, leurs critiques et leurs prophéties. 
Entre 1545 et 1660, les indigènes se rebellent à travers une vingtaine de soulèvement contre les missionnaires. Beaucoup moins au XVIIIe siècle. Ils pratiquent les inversion des rites chrétiens comme des contre-baptêmes ou anti-eucharisties, des nouvelles incarnations du Christ ou de la Vierge parodiés pour lutter contre le christianisme, des prophéties qui annoncent la destruction de tout le peuple s'ils ne reviennent pas à leur mode de vie traditionnel : polygamie, danse rituelle et vie libre dans la forêt. 
Le christianisme a confondu universalité avec obligation. Il se caractérise aux yeux des prophètes guaranis comme totalitaire, reniant la pluralité et la différence. Ce n'est pas un refus d'ouverture, c'est refus de désintégration sociale et de mort pour eux. Il existe aussi une réaction d'accueil des missionnaires, qui auraient été annoncés par un saint apôtre comme porteurs de la parole de Dieu.

II. Teocosmologia
3. Representaciones de la palabra original
Au XVIe, on pense que l'essence de la foi est l'obéissance et que sans structures telles que le roi et la loi, les indigènes ne peuvent pas obéir donc pas croire. Mais il existe un Dieu suprême des indigènes : Tupa, vu comme un père, et on croit à l'immortalité âme. 
La mythologie tourne autour de frères jumeaux, le soleil et la lune, qui humanisent la terre en en nommant les éléments, cherchent leur père dans le ciel. Ses attributs divins sont : vera, la lumière des éclairs, rendy, la lumière des flammes et ryapu, le son du tonnerre
Le christianisme sacrifie le polythéisme et la diversité des traditions, laisse de côté femmes, pauvres et indigènes.

4. La cosmificacion de la palabra
La divinité se reconnait à ses ornements, qui correspondent au cœur de son être. Avec elle, les guaranis recherchent la terre sans mal : c'est une recherche écologique, intemporelle et purement religio-culturelle, ou une recherche symbolico-religieuse, avec la migration comme mouvement messianique. La terre est comme le lieu du chemin, où l'on doit suivre les pas des jumeaux divins.

5. La bifurcacion de la palabra y su restitucion
Chaque personne est comme une incarnation de la parole divine. L'homme comporte une âme humaine et une âme animale, qui perturbe l’âme humaine. Les crises de la vie sont perçues comme la  perturbation de la communication humain-divin. L'âme divine s'éloigne de Dieu sous la pression de l'âme animale. 
Le vocabulaire guarani sur la notion de péché a été inventé par les missionnaires qui en font un dérivé du mot "femme". Et le mot "chrétien", est proche du mot "homme". 
Chez les guaranis, il n'y a pas de notion du péché et du salut par l'incarnation de Dieu. Ce n'est pas une religion du pardon mais de la vengeance. 

III. Paradigma ritual
6. Liturgia de la palabra sacramentos de la vida
La parole fait partie de l'expérience mystique, écoutée, dite et qui fait advenir les choses. 
Le rite Kunumi pepy de perforation de la lèvre à 13 ans lui est lié.
La création de l'homme se fait dans un songe qui génère une parole. La personne est ensuite une parole rêvée. Ce n'est pas l'homme qui a un nom mais le nom qui contient la personne. L'identification est forte avec l'animal ou le végétal dont il porte le nom. 

7. La liberacion de la palabra. El dialogo
On revient sur les questions d'exclure, d'inclure ou de se rencontrer dans nos diversités.


lundi 2 mars 2020

Mnémosynes. La réinvention des mythes chez les femmes écrivains

Cet ouvrage, sous la direction de Dominique Kunz Westerhoff, rassemble des contributions autour de l'usage des mythes par des écrivaines ou des auteures. Le sujet me tentait bien et je l'imaginais dans la droite suite de ma lecture de Cassandre par C. Wolf. Hélas, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Ce recueil d'articles est divisé en deux parties, une analyse des réécritures des mythes antiques (qui ne le sont pas toujours) et des mythes modernes - dont beaucoup ne me semblent pas être réellement des mythes. Ma déception : des contributions de qualité variées, plus ou moins bien écrites, plus ou moins intéressantes pour moi. L'introduction est plutôt chouette autour du thème de la résurgence ou de l'exténuation des mythes dans l'histoire et l'appropriation spécifique qu'en font les femmes. Dans le détail des articles, c'est un peu moins cool. Voici le sommaire des contributions :

Christine de Pizan : construire une mythologie pour les femmes - Y. Foehr-Janssens
Souvenir intime, mémoire mythique et imagination moderne. Corinne ou l'Italie de Mme de Staël - D. Kunz Westerhoff
Le Frankenstein de Mary Shelley et les Métamorphoses d'Ovide : mythologie de l'écriture genrée - E. Kukorelly Leverington
Mon nom est personne : Pénélope de Monique Laederach - D. Kunz Westerhoff
Le sanglot d'Eurydice... : du balbutiement à la voix poétique féminine dans Si vivre est tel et Ce chant mon amour de Monique Laederach - J. Ristic
Poétiques anciennes et modernes d'un mythe : Franca Rame, Diane Wakoski et Sylvia Plath (ré)écrivent Médée - U. Heidmann
Marguerite de Navarre, Heptameron, nouvelle 70 : une tradition féminine de la mort par amour ? Y. Foehr-Janssens
Mise en scène romanesque d'une identité rêvée : l'automythification de Mademoiselle de Montpensier - Z. Hakim
L'ange du foyer et ses avatars chez Virginia Woolf, Catherine Colomb et Alice Rivaz : du sacrifice à l'écriture au féminin - V. Cossy
Réflexion historique et mythologique dans la poésie de Marie Luise Kaschnitz ("Carte de Sicile" et "Le roi Grenouille comme fiancé") - A. Westerhoff
Un serpent dans le jardin du paradis : situations d'apprentissage et manipulation postcoloniale des mythes dans Annie John et Lucy de Jamaica Kincaid - A. Fidecaro
Métamorphose d'Ophélie - Travail du mythe, travail de deuil (Sur Le Livre d'Ophélie d'Anne Perrier) - S. Dupuis

Ce que j'ai trouvé dommage, c'est que les analyses sont hyper spécifiques, s'attachent à des détails des œuvres littéraires, alors que j'imaginais que leur portée serait davantage explorée. Et les mythes traités ne sont pas de ceux qui m'intéressent le plus. Je n'ai pas lu Corinne, Mlle de Montpensier, Kaschnitz ou Kincaid et c'est donc moins intéressant également de lire une analyse d'une oeuvre mal connue - quoi que ça peut aussi confirmer une non-envie de découvrir te ou tel livre. J'espérais aussi plus d'analyses de mythes grecs. Et des articles qui partent d'un personnage mythologique exploré par différentes femmes, comme c'est le cas pour l'ange du foyer.

lundi 13 janvier 2020

Cassandre - les prémisses et le récit

Voilà des années que ce livre de Christa Wolf me faisait envie. Vous connaissez mon intérêt pour le personnage de Cassandre. Eh bien, voilà encore de quoi le nourrir un peu. 

Les prémisses, quatre conférences, m'ont bien moins intéressée que Cassandre en elle-même mais je vous en parle tout de même. 
La première et la deuxième concernent un voyage en Grèce, depuis le décollage. C'est la visite d'Athènes, du Pirée, de la Crète. L'exotisme, les rencontres, les arnaques, saupoudrées d'un peu d'Eschyle. Cassandre y apparaît bien peu mais c'est là que prend racine le texte et le personnage. 
La troisième est plutôt un journal, menacé par la peur de la guerre atomique. 
La quatrième interroge la place de la femme, en littérature, dans l'histoire.

Cassandre, c'est l'héroïne et la narratrice de cette oeuvre. Elle fonctionne en flash back, alors que devant la porte aux lions de Mycènes, la prophétesse devine le destin qui l'attend. Elle est là, avec Agamemnon, après avoir bravé les tempêtes au retour de Troie. Elle revoit sa cité et la guerre. Elle revoit la paix et les divers navires partis des Dardanelles. Mais elle insiste surtout sur le glissement qui s'est opéré à mesure des liens avec les grecs, le recul du pouvoir des femmes à Troie. Elle raconte la bêtise des hommes, les raisons économiques et politiques de cette guerre dont Hélène est absente. Elle montre la bestialité d'Achille, ce héros qui viole et violente. Elle raconte les rites. Elle raconte ses visions, ses rêves, qui la condamnent. Elle est cette femme qui lutte, qui ne veut pas suivre le chemin des autres femmes, épouses, reines. Elle dérange. Elle est une voix avant tout. Sa narration n'est pas linéaire, elle se permet des détours, des non-dits, des oublis. Ce n'est pas toujours simple de l'y suivre. Mais c'est assez passionnant ! 

lundi 4 novembre 2019

Circe

Ce livre de Madeline Miller était depuis sa publication sur ma LAL. Le croiser en bibliothèque m'a fait sauter le pas de la lecture. 
Bienvenue dans la vie de Circé, la sorcière qui transforme les hommes en porcs. Sauf Ulysse, protégé par Hermès. Comment ça c'est un peu maigre ? Evidemment, le roman de Madeline Miller est plus vaste que cela. Ecrit à la première personne, c'est la voix de Circé qui s'élève, de sa naissance à ... son dernier acte de magie ? 

Circé, fille d'Hélios et de Perséis, c'est une déesse ratée : pas très jolie, pas très douée, elle observe et se cache toute son enfance. Moquée et abandonnée par ses frères et sœurs, elle s'occupe à regarder les humains. Puis s'amourache de Glaucos, l'un d'eux, qu'elle va rendre immortel. Et elle va changer une nymphe en monstre, Scylla. Evidemment, ça ne plait pas aux dieux, voire ça leur fait très peur, et ils l'exilent sur une île hostile : Aiaia. Elle y développe ses dons de magicienne, à l'écart du monde. Pourtant, des hommes accostent sur ses rives, comme le savant Dédale, ainsi que sa nièce Médée, ou le bel Ulysse, ou le fringuant Hermès (ah non, c'est un dieu). Comment la déesse s'en accommode-t-elle ? Comment passe-t-on d'exil en rebondissement et intrigues ? Eh bien, je vous invite à lire ce roman pour le découvrir.

Au-delà de l'aventure mythologique (dont j'aime toujours autant les réécritures), c'est le portrait de femme qui est intéressant ici. Bon, elle prend plusieurs millénaire pour évoluer mais c'est sa nature de déesse ;) Ok, les premiers chapitres sont un peu longuets. Mais dès qu'elle découvre ses dons, ça devient plus sympa. Et l'écriture est plutôt belle, notamment lorsque Circé cueille ses plantes, avec ses lions et ses loups !

lundi 3 septembre 2018

Diotime et les lions

Je continue ma découverte de Henry Bauchau. J'ai comme l'impression que ce sera un des auteurs que j'aurai le plus lu cette année. 

On repart dans l'Antiquité avec ce titre. Cette fois, pas dans la Grèce d'Antigone, mais plutôt dans la Perse voisine. Diotime est une jeune femme singulière, qui aime la chasse au faucon et l'équitation. Nullement impressionnée par Cambyse, son grand-père imposant, elle apprend ces arts de lui. Ce n'est pas vraiment des arts féminins et parfois, sa mère s'en inquiète. Surtout quand Diotime déclare vouloir participer à la chasse au lion. Scènes étonnantes de danses et de buchers... Puis vient l'histoire d'amour, la quête d'Arsès pour être digne de Diotime.

Ce petit ouvrage, une nouvelle, mêle la Grèce, la Perse et l'Inde dans son déroulé et ses personnages. C'est une histoire de découverte et d'apprivoisement de soi, de ses désirs et de ses démons. C'est l'histoire de nouvelles traditions, dans un temps mythique. Agréable mais un peu court.


lundi 21 mai 2018

Norse mythology

Un Neil Gaiman inconnu à ma LAL en bibliothèque ? Qu'à cela ne tienne, il finit dans mon sac. 

Fasciné par le Thor des comics, l'auteur s'intéresse de près à la mythologie scandinave. Il y découvre des dieux de diverses origines, luttant contre toutes sortes d'ennemis. Pour faire connaitre leurs histoires, il les reprend et les écrit, à la sauce Gaiman, c'est à dire avec humour et simplicité. N'imaginez donc pas trouver une oeuvre vraiment nouvelle, il s'agit plutôt d'une série de mythes remasterisés. 
Roses blanches Galen Kallela

Voici les titres :
The players : qui présente un peu les dieux
Before the beginning and after : sur la création du monde, entre le feu et la glace
Yggdrasil and the nine worlds : l'arbre qui relie les mondes entre eux
Mimir's head and Odin's eye : La quête de la sagesse selon Odin
The treasures of the Gods : comment Loki, le dieu malin, encourage les nains à façonner les plus beaux dons pour les dieux... dont le marteau de Thor
The master builder : Il propose de faire une muraille pour protéger les dieux, en échange d'une déesse.
The children of Loki : entre le loup, le serpent et la femme morte-vivante, ils font un peu peur aux dieux.
Freya's unusual wedding : ou comment tromper un géant qui a volé le marteau de Thor.
The mead of poets : drôle de recette, que se volent les uns et les autres.
Thor's journey to the land of the giants : compétition entre géants et dieux.
The apples of immortality : Promises par Loki, elles manquent aux dieux qui vieillissent...
The story of Gerd and Frey : une love story.
Hymir and Thor's fishing expedition : drôle de pêche pour récupérer un chaudron géant.
The death of Balder : Aimé et protégé par tous, Balder meurt par la faute d'une petite plante.
The last days of Loki : ça chauffe pour le plus malin des dieux, le traitre.
Ragnarok, the final destiny of the gods : La bataille finale.

C'est pas mal pour redécouvrir les mythes nordiques, mais ça ne vous en apprendra pas plus qu'un bon bouquin de mythologie. Ca rend juste les choses plus amusantes, et plus "commerciales".

lundi 14 mai 2018

Les vallées du bonheur profond

Ce recueil de nouvelles permet de passer un peu plus de temps avec nos amis, Oedipe, Antigone, Clios. De marcher un peu plus sur leur chemin. De découvrir d'autres routes imaginées par Bauchau pour ses héros.

L'arbre fou : Histoire de l'élaboration d'une double sculpture, celle d'une danseuse par Oedipe et des visages de ses parents par Antigone.
Les vallées du bonheur profond : Quand Antigone découvre le peuple des collines et explore les vallées du bonheur profond.
"- Rien que le nécessaire [...] le reste vous alourdit pour le bonheur.
- C'est le bonheur que vous cherchez ? demande Antigone
- Quoi d'autre, dit l'homme qui vient de revenir, le soleil, quelques pluies, la santé et du temps.
- Du temps pour quoi ? demande Antigone
- Du temps pour sentir qu'on a le temps"
La femme sans mots : Une nuit dérangeante avec une femme folle et muette.
Le cri : on retrouve ici une partie d'Antigone. Il s'agit du moment où elle part mendier et où un cri s'élève de ses entrailles.
L'enfant de Salamine : la rencontre de Sophocle avec Oedipe, la façon dont cette rencontre le transforme et l'aide à devenir poète tragique.

Toujours cette écriture superbe et simple,  qui font de ces nouvelles maitrisées un vrai plaisir de lecture. Et quelle joie de retrouver les personnages et les lieux connus et traversés en lisant.  

vendredi 20 avril 2018

Oedipe sur la route

J'ai fait ma rebelle, j'ai commencé par Antigone avant d'emprunter ce titre. Cela ne m'a pas réellement gênée mais c'est mieux de lire dans l'ordre. 





Comme j'ai aimé cet Oedipe de Bauchau ! Cet aveugle sculpteur, cet homme qui gagne en lumière à chaque pas, qui suit sa route intérieure. Cet homme qui se raconte, avant le drame, un homme fier, aventureux, qui trace la route. Un homme assommé par la prophétie mais qui se réinvente à chaque pas. Cet homme qui favorise la parole juste. Qui souvent se tait. Un homme qui ne part pas seul, qui a un bâton, qui est suivi par sa petite Antigone, sa fille, sa sœur. Qui rencontre le brigand Clios et le séduit. Qui est chassé à coup de pierres et d'injures puis accueilli comme une bénédiction. 


J'ai aimé les rencontres d'Antigone et Oedipe sur leur route. J'ai aimé leurs gestes simples : soigner, tisser, sculpter, nourrir. J'ai aimé les histoires qu'ils contaient. Celle de Clios, ravagé par la violence d'une guerre de clans qui a tué son amour. Celle de Constance et du peuple des collines, guidé par des reines. Celle d'Oedipe dans le labyrinthe (tiens, tiens, ce serait pas une question récurrente chez Bauchau). J'ai aimé la proximité instaurée avec ces personnages mythologiques. Et bien entendu, j'aime l'écriture de Bauchau, poétique et simple. Les images qu'il évoque. Cet Oedipe devenu géant, devenu pestiféré. Cet Oedipe transformé par la route...

Un très beau roman initiatique et d'aventure, une superbe réécriture du mythe... C'est décidé, je continue à explorer sa bibliographie !

vendredi 2 février 2018

Antigone

Je connais bien celle d'Anouilh et de Sophocle, je lorgne sur celle de Bauchau (comme sur toute son œuvre) depuis mes débuts dans la blogo sans jamais passer le pas. Et voilà qui est fait. Sans difficulté ni inquiétude. Une lecture qui arrive à point. 

Une lecture de l'histoire d'Antigone plus fouillée que celles que je connaissais, qui laisse véritablement s'épanouir le personnage, qui creuse la rivalité entre Etéocle et Polynice, ainsi qu'avec Ismène. Une Antigone qui ne cherche que l'authentique, le vrai. Sans froufrou. A travers l'art et la médecine. Une Antigone qui veut la vie. E qui avance sans peur vers la mort. 

Comme j'ai aimé ce personnage. Comme j'ai aimé cette réécriture, empreinte d'hommage à la mythologie grecque, à la culture de l'hybris et de ses conséquences, à la culture politique mais aussi psychanalytique. Cela en fait un roman riche, aux lectures multiples. Sans parler du style, assez lyrique et poétique. S'il m'a pesé au début, je me suis étonnée à l'apprécier de plus en plus en avançant dans ma lecture. 

"Est-ce qu'il ne faut pas être rejeté pour devenir soi même ?"
"C'est aussi tellement toi, Antigone, cette confiance intarissable dans l'action de la vérité, dont on ne sait si elle est magnifique ou seulement idiote. Crois-tu qu'on peut, sans délirer, espérer comme tu le fais ?"
"Avec toi, on croit aux dieux, à ceux qui éclairent et à ceux qui transpercent. On croit au ciel, aux astres, à la vie, à la musique, à l'amour à un degré inépuisable. Toujours tu es celle qui nous entraine grâce à tes yeux si beaux, à tes bras secourables et à tes grandes mains de travailleuse qui ne connaissent que compassion"
"Demander, recevoir parce qu'on a eu la confiance de demander, on s'aperçoit alors qu'on ne mendie pas seulement pour survivre, on mendie pour n'être plus seul"

lundi 14 septembre 2015

The blood of Olympus

Le dernier épisode de la saga olympienne est sans surprise. Mais reste toutefois plaisante à lire. Rick Riordan use et abuse des cliffhangers et des blagues à deux balles mais ça marche toujours ! 

Percy, Annabeth, Jason, Piper, Hazel, Frank et Leo poursuivent leur quête pour stopper le réveil de Gaia, réveil qui entrainerait la destruction pure et simple du monde. Pour réaliser cette quête, il y a bien sûr des étapes indispensables : énigmes à résoudre, monstres à occire, dieux à flatter... Si Percy et Annabeth sont moins au centre de ce tome que du précédent, c'est pour mieux céder la place à Piper et Leo.
En parallèle de la quête des sept demi-dieux, Nico di Angelo et Reyna ont une mission délicate : ramener la statue d'Athéna Parthénos au camp Half-blood pour éviter une guerre entre grecs et romains. Avec un chasseur aux trousses et un fils d'Hadès qui ressemble de plus en plus à un fantôme, ce n'est pas non plus une partie de plaisir !

Roman sans surprise mais rondement mené, rebondissements sur rebondissements sont la patte de Riordan... à tel point qu'ils finissent pas ne plus trop nous étonner puisque de toute façon, tout se termine toujours bien ! Un divertissement agréable pour continuer à suivre nos attachants héros. 

Athéna Varvakeion

mercredi 19 août 2015

Histoire des lieux de légende

Je crois que c'est d'abord la couverture qui a attiré mon attention. Ce paysage brumeux aux plantes luxuriantes. Et puis, bien entendu, le nom d'Umberto Eco n'a fait que confirmer mon envie de découvrir cet ouvrage. 

Abondamment illustré et bien documenté, il se propose de suivre l'évolution de lieux mythiques dans notre imaginaire et dans les textes qui ont véhiculé leurs histoires. Suscitant crainte ou envie, ces endroits ont été recherchés par des explorateurs et des aventuriers. Ce ne sont pas des lieux romanesques mais plutôt des lieux légendaires, dont certains ont pu croire qu'ils existaient ou avaient existé. Ainsi, le royaume du Prêtre Jean est une de ces contrées fabuleuses dont les princes souhaitaient conquérir les richesses. Il est aussi question de ces lieux comme l'Atlantide dont on ne sait dire s'ils ont existé ou de ces lieux existants qui véhiculent une légende comme Gisors et ses templiers...

Voici les terres qu'explore Umberto Eco, à grand renfort de cartes et d'illustrations : 

1. La terre plate et les Antipodes
2. Les territoires de la Bible
3. Les territoires d'Homère et les Sept merveilles du monde 
4. Les merveilles de l'Orient, d'Alexandre le Grand au Prêtre Jean
5. Le Paradis terrestre, les îles Fortunées et l'Eldorado
6. L'Atlantide, Mu et la Lémurie
7. Thulé et l'Hyperborée
8. Les migrations du Graal
9. Alamut, le Vieillard de la Montagne et les Assassins
10. Le pays de Cocagne
11. Les îles de l'utopie
12. L'île de Salomon et la Terre australe
13. L'intérieur de la Terre, le mythe polaire et l'Agarttha
14. L'invention de Rennes-le-Château
15. Les lieux romanesques et leur vérité

Il est absolument fascinant d'explorer ce livre et les croyances des hommes. A la lumière des cartes et des textes, on redécouvre le monde et ses terrae incognitae avant l'ère des satellites. Pourquoi l'Orient ou le centre de la terre n'auraient-ils pas caché des contrées fabuleuses ? Quelles sources ont inspiré les explorateurs ? Quels hommes ont inventé des contes et des secrets ou interprété des symboles qui ont transfiguré certains lieux ? 

Table de Peutinger

Ce livre est une mine d'informations sur ces sujets légendaires et fait voyager le lecteur bien au-delà de ses terres ! Il donne aussi envie de se plonger dans le fameux Dictionnaire des lieux imaginaires d'A. Manguel et G. Guadalupi. Bonne nouvelle, il est sur ma PAL !


jeudi 19 février 2015

Percy Jackson et les dieux grecs

J'avoue que la transition entre Viollet-le-Duc et Rick Riordan est un peu violente. Je m'en excuse auprès des lecteurs sensibles.

Cet opus de Percy Jackson n'est pas une énième suite mais une mythologie façon Rick Riordan. Une manière de réviser (partiellement) les bases des histoires grecques, notamment de la théogonie, avec un langage d'aujourd'hui. Enfin, surtout les histoires des titans et des dieux principaux, pour les héros, on repassera ! En fait, ça fera l'objet d'un second livre (Vous entendez le bruit discret du marketing ?).

Pourquoi ça marche ? 
- Parce qu'on y retrouve l'humour de Rick (ou de Percy) et son goût pour l'anachronisme
- Parce que ce sont de petites histoires simples et courtes (avec des références contemporaines et des surnoms pour les créatures aux noms imprononçables)
- Parce que ça éclaire pas mal d'épisodes de Percy pour ceux qui ne connaissent pas les mythes originels
- Parce que les trucs les plus sanglants ou sexuels sont un peu édulcorés
- Parce que Percy s'implique dans ce qu'il raconte et il commente

Pour ma part, j'ai apprécié ce bouquin comme une petite détente sympathique, sans plus. Mais il devrait plaire aux ado (clairement le public ciblé) et leur apprendre plein de choses. Cela me pose des questions sur le ludique et le pédagogique : la mythologie grecque, c'est passionnant comme matériau. Est-ce que ça a vraiment besoin d'être réécrit ainsi ? Car s'il y a une vraie valeur ajoutée dans un écrit qui s'inspire de la mythologie, la raconter à nouveau, même avec des mots contemporains, me semble assez peu utile... Léger regret de mon côté avec cette impression de "produit dérivé".

Vase François à Florence

jeudi 1 mai 2014

Troie. La chute des rois

Et voilà, après Le Seigneur de l'arc d'argent et Le bouclier du tonnerre j'ai fini la série de David Gemmell sur la guerre de Troie ! Ce tome, terminé par son épouse Stella, raconte le siège de la cité et la fin de la guerre. Très inspiré par Virgile (en plus d'Homère), ce roman, comme le premier tome, met Hélicon et Andromaque au centre de la narration. 

villa kerylos beaulieu-sur-MerBien entendu, ce récit fait la part belle aux duels comme aux grandes scènes de batailles. On y découvre comment Ulysse chasse de chez lui les prétendants (bien différents de ceux d'Homère) mais aussi ce qu'était réellement le cheval de Troie. Remettant cette histoire dans un contexte méditerranéen plus large, l'auteur s'amuse à faire se rencontrer Hittites, Grecs et Égyptiens. On croise ainsi Moïse et Ramsès, même s'ils ne sont pas au centre de l'aventure.

Cette série est intéressante pour sa relecture des épisodes homériques dont elle nie tout l'aspect religieux et divin. Elle manque toutefois de finesse tant dans l'écriture que dans la psychologie des personnages. Bref, une lecture de détente, mêlant aventure et amours interdites...

samedi 26 avril 2014

Troie. Le bouclier du tonnerre

Voici la suite du Seigneur de l'arc d'argent de David Gemmell. Étonnamment, je l'ai préféré au premier tome, peut-être parce qu'il y a désormais beaucoup plus de personnages et que cela nous épargne leur psychologie détaillée (même si l'auteur ne peut s'empêcher de donner des enfances atroces à ses héros).
Cratère Dolon, Ulysse consulte Tiresias

La guerre est imminente et les rois vont devoir choisir leur camp. Mais avant les combats, les fêtes et les concours pour le mariage d'Hector et Andromaque permettent une trêve malgré la montée des tensions et des menaces. De nouveaux personnages nous sont présentés : Piria, une fugitive de l'île de Théra, Banoclès et Calliadès, d'anciens compagnons d'armes d'Argurios, mais aussi Achille, Nestor, Idoménée... On plonge à la fois dans les intrigues de palais et les luttes d'influence avant d'être propulsé dans le feu des combats. 

Ce roman est un page-turner efficace, qui joue sur les rebondissements et le renouveau fréquent des aventures. J'apprécie toujours autant cette façon qu'à David Gemmell de réinterpréter l'histoire en se gaussant des dieux et de la magie. Vous découvrirez par exemple une version toute autre de l'histoire de Circé. Une lecture divertissante.

vendredi 18 avril 2014

Troie. Le Seigneur de l'arc d'argent

Oui, j'ai envie de lire des réécritures en ce moment. Ce roman de D. Gemmell est sur ma LAL depuis... un swap mythique. On ne va pas se mentir, ce n'est pas de la grande littérature, le scénario n'est pas très compliqué et l'écriture est fluide sans inventivité mais l'ensemble est prenant, porté par des rebondissements et des trahisons multiples. Vous me connaissez, dès qu'il est question de challenger Homère, ça me plait ! T'inquiète personne n'arrive jamais à ta cheville, mon vieil Homère !

Vase à figures noires Oltos

Trois personnages au cœur de ce récit. Nous rencontrons les deux premiers rapidement. Il s'agit d'Hélicon (que l'on connait aussi sous le nom d'Enée), marchand et guerrier dardanien, fils du cruel Anchise et d'une femme qui s'est imaginée être Aphrodite, et d'Andromaque, dépeinte comme une amazone lesbienne (oui, ça commence bien côté mythologie). Accessoirement, elle est aussi belle et intelligente. Elle a été rapatriée de Théra où elle était prêtresse (et là, bonjour les fantasmes de l'auteur : elle y passait le temps à danser, chanter, prier, jouer, tirer à l'arc et choper d'autres prêtresses). Le troisième protagoniste est Argurios, un sombre et solitaire mycénien. Le type loyal et héroïque que l'amour adoucit. Oui, nos personnages sont un peu caricaturaux. Et même si Hélicon parait complexe, oscillant entre sa part d'ombre et de lumière, il n'y pas de quoi effrayer un lecteur. 

Quant au récit lui-même, il se déroule avant la guerre de Troie. Agamemnon lorgne sur les richesses de Priam, roi de cette ville aux toits d'or ; les fils du roi, humiliés constamment par leur père, rêvent de prendre sa place. Bref, Troie est une belle femme que tous veulent posséder. Outre Troie, la Grande verte (la mer vineuse d'Homère) est au cœur du récit avec ses bateaux légendaires, ses pirates et ses marchands. Et bien sûr, le plus malin de tous, Ulysse fait une apparition remarquée comme conteur, père adoptif d'Hélicon et psychologue en herbe (oui, parce que c'est un peu agaçant ces traumatismes qui rejaillissent tous au même moment : le type qui a été abandonné dans le noir, celui qui a vu le cadavre de sa mère, etc.). Bon, je me moque mais les ficelles sont un peu grosses.

Et, malgré ce que vous pouvez croire, j'ai plutôt apprécié cette lecture. Je ne lui demandais pas de respecter l'Iliade comme parole d’évangile ou les découvertes de l'archéologie grecque, je souhaitais une aventure prenante et divertissante : le livre a répondu à ces attentes. J'ajouterai que la vision des héros troyens par D. Gemmel est réjouissante. Il occulte les dieux (mais les prophètes ont des visions justes). Cela donne une Cassandre qui prédit l'avenir et n'est crue par personne suite à une maladie d'enfance (oui, l'enfance est cruelle dans ce livre), un Pâris érudit pas très sexy et une Hélène plutôt moche qui aime étudier avec lui, un Ulysse qui raconte l'Odyssée comme une comédie avant même de la vivre, etc. Et c'est assez supportable quand ça concerne des personnages secondaires. Notons aussi qu'il y a un petit mystère égyptien qui plane pendant tout le roman qui rappelle que toutes ces civilisations étaient en contact. Bref, une lecture plaisante avec quelques bonnes trouvailles qu'alourdissent malheureusement quelques clichés et une psychologie de comptoir : c'est pas très subtil mais efficace. Si cela ne vous dérange pas, sachez que l'ensemble est plutôt une uchronie sympathique, en mode roman d'aventure plus que de fantasy (pas de magie ou de dieux) aux rebondissements multiples. 

Si j'ai préféré la version de D. Simmons, je pense que je lirai la suite de cette série !

lundi 10 février 2014

Une rançon

Ce livre de David Malouf me tentait depuis sa (récente) sortie. Vous connaissez mon goût pour l'art, l'histoire et la littérature antique. Et ma faiblesse pour les grecs plus que pour les romains. Peut-être savez-vous également que j'ai un faible pour Hector. Bref, j'étais la lectrice idéale (en toute simplicité) pour ce roman.

David Malouf raconte un épisode clé de la guerre de Troie : la mort de Patrocle suivie de la mort d'Hector. Il s'intéresse plus spécialement à Priam, le père d'Hector et le roi de Troie, qui va demander à Achille de lui remettre le corps de son fils pour lui rendre les derniers honneurs. Achille est devenu une bête sauvage depuis la mort de Patrocle, un condensé de haine, de tristesse et de rage. Le fils de Pélée, chaque matin, attache le cadavre de son ennemi à son char et lui fait parcourir le champ de bataille, sous les murs de Troie. 

Achille cadavre Hector
Achille traînant le corps d'Hector,
peintre du Diosphos, - 490,
musée du Louvre

Ce roman est un régal. L'écriture en est simple, fine et poétique. Elle est très respectueuse du texte homérique, tant sur le fond que sur la forme. Mais elle est aussi très moderne en ceci qu'elle nous introduit aux ressentis et aux sentiments des personnages. S'attachant à décrire le cadre avec précision, l'auteur nous convie à un voyage. Celui de Priam jusqu'au camp grec. Un voyage dans la simplicité, loin du cadre contraignant de la cité. Un voyage avec un compagnon bienveillant, naturel et généreux, qui invite à poser un regard aimant sur le monde. C'est un très beau roman, qui se niche dans les vers du poème antique, qui invite à la contemplation, au pardon, à la compréhension mutuelle. Une trêve infime pendant cette guerre qui dure dix ans. L'auteur tisse des correspondances entre les personnages, fait appel à la filiation et établit d'étranges symétries. Par ailleurs, le divin y est diffus, le souffle épique apparaît en creux. Bref, c'est un moment qui n'est dédié qu'à l'homme et qui lui offre un peu de liberté, comme pour défier le destin. 

"Dans son monde à lui, un homme parlait seulement pour donner forme à une décision qu'il avait prise, ou exposer un argument pour ou contre. Pour adresser des remerciements à qui avait été brave, ou, avec colère ou un indulgent regret, des remontrances à qui ne l'avait pas été. Pour offrir un compliment dont les phrases ornées, et les appels à la vanité ou à la fierté familiale étaient fixés et de forme ancienne et approuvée. C'était le silence, non la parole, qui était expressif. Le pouvoir se trouvait dans la retenue. Il consistait à tenir caché, donc voilé de mystère, son dessein véritable. Un enfant pouvait se montrer bavard, jusqu'à ce qu'il apprenne la discrétion. Ou les femmes, dans le secret de leurs appartements. 
Mais ici, au dehors, si l'on s’arrêtait pour écouter, tout bavardait. C'était un monde bavard. Les feuilles qui roulaient dans la brise. L'eau qui bondissait sur les galets et qui revenait sur elle-même pour bondir encore. Les cigales qui composaient une si longue et si assourdissante stridence, puis soudain s’arrêtaient, pour vous laisser à nouveau conscient du silence. Sauf que ce n'était aucunement du silence, mais un froissement, un bruissement, un bourdonnement continu, comme si la présence de chaque chose était autant le son qu'elle produisait que la forme qu'elle prenait, ou sa façon, bien personnelle, de remuer ou d'être immobile". 

lundi 6 janvier 2014

The House of Hadès

Je ne sais pas si vous suivez toujours les aventures de Percy Jackson mais j'avoue avoir du mal à décrocher. 

Nous avions laissé nos sept demis-dieux à Rome dans le tome précédent. Ils étaient à la recherche d'un objet disparu depuis des millénaires. Et tout s'est terminé de façon un peu brutale : Percy et Annabeth rejoignaient le Tartare tandis que des autres devaient les rejoindre aux portes des enfers.

triptoleme coupe

Nous suivons donc dans ce tome différents groupes : Annabeth et Percy vont devoir être plus forts et plus rusés que jamais car leurs ennemis sont innombrables et super puissants. Et puis, de base, les enfers, c'est quand même fait pour les morts ! 
Jason, Piper, Hazel, Leo, Frank et Nico ne vont pas non plus se contenter de faire du tourisme entre l'Italie et la Grèce. Bien des monstres se dressent sur leur chemin. Et quelques divinités et héros vont tenter de les aider : Hécate, déesse de la magie, Triptolème (le mec le moins sexy de la mythologie mais il a un char pas mal), etc.

Si j'ai été aussi captivée que d'habitude par ce livre de Rick Riordan, j'ai trouvé dommage qu'il pioche un peu tous azimuths dans la mythologie, sans suivre l'itinéraire d'un héros particulier. Certes, les enchainements sont toujours réussis, les situations restent impossibles, les héros sont brillants et drôles... mais quand j'ai refermé le livre, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait pas eu grand chose de nouveau sous le soleil par rapport à n'importe quel autre tome. Rassurez-vous cependant, je compte bien lire le suivant !

vendredi 19 avril 2013

The mark of Athena

Parlons un peu du troisième livre de la série "Heroes of Olympus" de Rick Riordan.

Ca commence sur une note plutôt joyeuse : l'Argos II, qui embarquait à son bord Annabeth, Jason et leurs amis du camp Half Blood, arrivent enfin au camp Jupiter pour des retrouvailles émouvantes avec Percy. Leur joie n'est cependant que de courte durée, car ils savent que Nico di Angelo, leur ami et fils d'Hadès, est retenu prisonnier dans l'Antique Rome, et que ses jours sont comptés. 
Comme si ça ne suffisait pas, Annabeth doit en plus mener à bien la mission secrète que lui a confiée Athéna, et bien sûr tout ce petit monde doit empêcher l'apocalypse imminente que causerait un réveil de Gaïa...

Nos héros vont donc devoir affronter les dangers du vieux continent (si, si, c'est pire par chez nous !) mais surtout, apprendre à se connaître et se faire confiance (ou déjà se supporter, selon les cas) tous les sept. 

Rick Riordan ne trahit pas ses fans avec ce nouvel opus, où l'on retrouve les recettes qui ont désormais fait leurs preuves. Vu le nombre de héros sur la quête, le narrateur se concentre cependant moins sur les individualités de chacun que sur les relation que les sept héros entretiennent. 
L'humour est toujours omniprésent, et le final vaut vraiment son pesant de cacahuètes !

Vivement la suite :)

dimanche 30 décembre 2012

Belle

Robin McKinley se propose dans ce roman de raconter sa version de la Belle et la Bête

L'histoire est celle que l'on sait à quelques détails près. 
Belle et ses soeurs vivent dans l'opulence jusqu'à ce que leur père, armateur, suite à des tempêtes, perde ses vaisseaux. Il en est réduit au minimum et décide de partir avec ses filles et son gendre dans un village de forêt. Là, le gendre en question, Gervain, pourra exercer son métier de forgeron.
Vient l'épisode où le père s'égare et rencontre la Bète. Qui lui demande de se livrer ou de livrer un fille contre une rose dérobée.
Et Belle s'y colle. Sauf que Belle est une intellectuelle plutôt petite et moche. Et qu'elle aime les chevaux. Et la suite est celle du conte. Magie, amour et happy end.

Une version mignonne, sans véritable innovation, qui se laisse lire. On rêve avec Belle, on s'émerveille devant la bibliothèque, qui contient les livres déjà écrits et écrits par les écrivains à venir. 
Rien de bien fou.