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vendredi 22 avril 2022

L'inconnu de la poste

Ma découverte de Florence Aubenas m'avait beaucoup plu ! Cette nouvelle lecture, croisée à la bibliothèque, n'a pas résisté longtemps. Il s'agit d'une enquête de la journaliste sur un fait divers : l'assassinat d'une jeune postière, Catherine Burgod, dans un village de l'Ain. Rapidement, Thomassin, un marginal qui vit juste en face est suspecté. Star camée, acteur voyou, jouant toujours un rôle, ancien de la DDASS, il est le coupable idéal. 

La journaliste épluche le dossier, retrace les faits jusqu'à la disparition de Thomassin. Très documenté, précis, l'ouvrage dresse un portrait complexe des différents protagonistes. Un livre qui se lit comme un thriller, qui inquiète sur la justice française et sur la vindicte populaire. 



lundi 27 mai 2019

Le quai de Ouistreham

Voilà un reportage fort intéressant de Florence Aubenas en cette période de gilets jaunes et de grand débat. La journaliste va vivre à Caen pour expérimenter la crise, celle dont on ne cesse de parler en 2009 - et encore maintenant. Elle se fait passer pour simple bachelière, sans compétences particulières, obligée de travailler après s'être fait entretenir pendant 20 ans. 

Et elle raconte le quotidien du Pôle Emploi, les personnes à bout, de souffle, de droits. Les incompréhensions, les violences de l'administration menaçante. Les employés dépassés par les événements, eux-mêmes stressés par leur possible chômage. Les annonces inexistantes. Les galères. Elle conte aussi les salons de l'emploi, les CV, les entretiens pour des postes de femme de ménage, les formations. Puis les premiers essais, à des heures incongrues, chronométrés, avec des machines lourdes, les douleurs, la fatigue, la saleté des gens et des choses. Et surtout, l'invisibilité auprès des autres êtres humains, le mépris pour celle qui nettoie leur espace. La violence des patrons maniaques, qui ne laissent rien passer, qui ne paient que les heures prévues mais pas le temps qu'il faut pour arriver au résultat attendu, et tant pis si ça dure des heures en plus. Il y a aussi les compagnons et compagnes de galère, qui errent au supermarché pour se détendre, qui ont des bons plans pour les soldes, les voitures... Et évidemment, ce ne sont pas des jobs, ce sont des heures, des tas d'heures mises bout à bout, qui permettent à peine de survivre. Et l'auteur parle aussi de la région dévastée, des entreprises fermées, des licenciements massifs, qui ont précarisé toute une génération.

L'expérience s'arrête lorsque Florence décroche un CDI. Et que le lecteur sort, éberlué, de la plongée dans la crise. Passionnant, vivant grâce à des dialogues simples mais lourds de sens !