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lundi 16 mai 2022

Premier sang

Ça fait longtemps que je n'avais pas lu Nothomb. Je renoue avec elle grâce à ce livre dont on m'a dit du bien et dont je sors sans émerveillement.

C'est l'histoire du père d'Amelie, dont il se souvient alors qu'il est tenu en joue par des militaires du Congo belge.

On part de sa naissance de Patrick, d'un père disparu et d'une veuve éplorée, mondaine, qui confie son fils à ses parents. Il grandit comme une douce fillette. Et il s'endurcit chez ses cousins, pauvres mais vivants. 

C'est drôle, vivant, sans les jolis mots que je garde d'Amélie. 

vendredi 10 avril 2020

Soif

En ce vendredi saint confiné, petit billet sur le dernier roman d'Amélie Nothomb qui nous raconte les dernières heures du Christ.
Bon, je vous préviens, c'est un peu plus long que d'aller directement aux sources pour lire la Passion. Mais c'est intéressant de lire un regard décalé sur l'incarnation. Car c'est surtout le corps qui est au centre de ce roman, le corps comme expérience d'humanité.

Avec pas mal d'humour, le roman débute au procès de Jésus, où tous les miraculés viennent lui reprocher quelque chose.
"L'ancien aveugle s'est plaint de la laideur du monde, l'ancien lépreux a déclaré que plus personne ne lui octroyait l'aumône, le syndicat des pêcheurs de Tibériade m'a accusé d'avoir favorisé une équipe à l'exclusion des autres, Lazare a raconté combien il était odieux de vivre avec une odeur de cadavre qui vous collait à la peau.
A l'évidence, il n'a pas fallu les soudoyer, ni même les encourager. Ils sont tous venus témoigner contre moi de leur plein gré. Plus d'un a dit combien cela le soulageait de pouvoir enfin vider son sac en présence du coupable"
Jésus vit cela avec amour - et philosophie - jusque dans sa geôle où il évoque sa vie passée, interroge et critique la folie de son père, Dieu, qui l'a mis dans cette situation qui ne peut qu'empirer. Et il poursuivra ses critiques jusqu'à la croix, pleurant les contresens faits sur sa mort.
"J'ai été homme assez longtemps pour savoir que certains sentiments ne se répriment pas. Il importe de les laisser passer sans chercher à les contrer : c'est ainsi qu'ils ne laissent aucune trace" 
La narration est centrée sur les sensations de Jésus, sur son humanité incarnée. C'est surtout là dessus qu'il revient, qu'il médite, qu'il se réjouit. Ce qui n'est pas neutre après 2000 ans de christianisme qui cherche à nier le corps ! Alors ce corps, il en explore toutes les dimensions. Celle de la souffrance, évidemment, avec la crucifixion, jusqu'à la mort. Mais aussi celle de l'amour avec Madeleine. Et celle de la soif. C'est intéressant la soif, qui donne son titre au roman. C'est le lieu de la transe mystique pour Jésus : la soif fait éprouver lorsque l'on l'étanche un amour immense pour la gorgée d'eau. La mort, l'amour et la soif, "tiercé gagnant [...] enseigne aussi trois manières d'être formidablement présent", se déclinent autour du corps de Jésus et de ses réflexions sur celui-ci. 

A lire ou pas ? A vous de choisir. Même si je ne suis toujours pas dingue de Nothomb ni de ce roman, je trouve l'approche intéressante, comme un jeu, une variation autour du thème.

"Chaque jour et chaque nuit, il faut chercher en soi cet amour. Quand on l’a trouvé, son évidence est si puissante qu’on ne comprend plus pourquoi on a eu du mal à y arriver. Encore faut-il rester dans son courant permanent. L’amour est énergie et donc mouvement, rien ne stagne en lui, il s’agit de se jeter dans son jaillissement sans se demander comment on va tenir, car il n’est pas à l’épreuve de la vraisemblance."

"Oui, même avec un corps mort, tout l'amour du monde ne s'exprime jamais aussi bien que par l’embrassement"
Descente de croix, 1200, Louvre

"Quand on tombe amoureux, on devient présent à un point phénoménal. Par la suite, ce n'est pas l'amour qui se dissipe, c'est la présence. Si vous voulez aimer comme au premier jour, c'est votre présence qu'il faut cultiver"

"C'est exactement cela, qui montre combien la foi et l'état amoureux se ressemblent : on voit un visage et aussitôt tout change. On n'a même pas contemplé ce visage, on l'a entrevu. Cette épiphanie a suffi"

jeudi 22 janvier 2015

La nostalgie heureuse

Quoi, un Amélie Nothomb ici ? Alors que je râle à chaque billet (ou presque) la concernant ? Que voulez-vous, c'est le livre qui me tentait le plus dans la sélection du Livre de Poche. Que je remercie car je serais passée à côté d'un roman plus sympathique que je ne l'imaginais. 

Hokusai, mont fuji vu du Goten yama à Shinagawa sur route tokaido
Hokusai, Mont Fuji vu du Goten yama à Shinagawa sur la route de Tokaido

Retourner sur les lieux de l'enfance et des premières amours. Retrouver les personnes qui ont le plus compté pour vous à ces moments. Chercher dans le paysage un petit morceau de souvenir. Voilà ce qui attend notre héroïne, de retour au Japon pour tourner un documentaire. 

On retrouve certainement dans ce livre des références à La Métaphysique des tubes ou à Ni d'Eve, ni d'Adam qui correspondent aux années japonaises de l'auteur. Je vous avoue que leur souvenir est un peu lointain et que Rinri et Nishio n'évoquait que de vagues silhouettes. J'ai préféré goûter ce livre sans me soucier de son contexte.

Qu'ai-je aimé dans ce livre ? L'absurdité du début et des galères téléphoniques de la narratrice. La chasse aux souvenirs. La joie des retrouvailles, avec les choses, les lieux, les gens. L'euphorie. Et surtout, cette nostalgie heureuse qui imprègne tout le roman. Je garderai aussi l'image de cette rencontre improbable et enivrante avec l'Himalaya. 

Pas d'agacement à la lecture de ce livre, c'est plutôt bon signe. Et la découverte du concept japonais de nostalgie heureuse illumine aussi cette lecture. Et ça me suffit !

mercredi 22 octobre 2014

Pétronille

Le dernier roman d'Amélie Nothomb est-il un bon cru ? J'ai l'impression que cette interrogation est un marronnier de la rentrée. Pour ma part, je ne suis pas emballée par l'ensemble, même si quelques moments m'ont plu. Et je m'interroge : que sont devenus les mots rares qu'Amélie aimait à employer ?

champagneA ceux qui sont allergiques à Amélie Nothomb et à son look, mieux vaut ne pas se lancer dans cette lecture ! C'est en effet un roman où elle se met en scène comme personnage (comme une année sur deux). On est dans un brillant narcissisme teinté d'autodérision. Cela a cependant l'intérêt de nous introduire par petites touches dans la vie d'un écrivain : séances d'écriture, de dédicaces, passage chez les éditeurs, relations avec les lecteurs, etc.

Mais le cœur du roman n'est pas là. Il est peut-être dans l'amitié qui lie deux écrivains. Ou dans l'amour partagé du bon champagne par deux "convignes". Personnellement, ce n'est pas ce qui m'a le plus intéressée dans ce livre. Ou plutôt, j'ai regretté qu'il ne s'agisse pas d'une ode à la divine boisson, mais d'une histoire d'amitié, même si elle est loin d'être banale. Le premier chapitre laissait entendre que le champagne serait au cœur de cet opus mais il troque rapidement sa place de personnage principal pour devenir secondaire. Par contre, j'ai apprécié l'absurdité de certaines situations et anecdotes, notamment la rencontre avec Vivienne Westwood ou ce passage au British Museum : 
"- Mesopotamia, please ?
- Third floor, turn to the left, me répondit-on le plus simplement du monde.
Comme quoi on a bien tort de croire que la Mésopotamie est à ce point inaccessible". 

Une lecture divertissante et rapide qui s'estompera malheureusement aussi rapidement que les effets d'une légère ivresse.


mardi 27 novembre 2012

Barbe bleue

Vous connaissez mon amour des réinterprétations, adaptations et autres jeux autour des contes. Vous connaissez peut-être moins mon grand amour d'adolescente pour les romans d'Amélie Nothomb sur lesquels je me précipitais à chaque rentrée littéraire. Depuis quelques années, cet engouement est passé, déçu par des publications un peu moins folles ou trop peu nouvelles. Je ne sais pas vraiment si c'est l'écriture dont je me suis lassée, les thèmes qui m'étonnent moins ou simplement que je suis moins réceptive...

Bref, j'ai décidé de retenter une rencontre. Mais je l'annonce d'entrée de jeu, c'est une déception.
Saturnine et Elemirio Nibal y Milcar sont colocataires. Pour une somme ridicule, Saturnine vit dans un très bel immeuble parisien en compagnie d'un noble hidalgo dont toutes les compagnes ont disparu. Elle peut profiter de tout l'appartement mais n'a pas le droit de pénétrer dans sa chambre noire. Peu impressionnée, Saturnine passe ses soirées avec son colocataire, amoureux de la cuisine (surtout des oeufs) et jeune initié au champagne. Il est fou d'elle. Elle est distante et amusée. Jusqu'au jour où tout change...
Dans ce roman, la couleur est reine. Le jaune et l'or sont au centre. C'est un roman léger, avec ses habituels mots de plus de trois syllabes, ses dialogues surréalistes et ses héroïnes aux noms improbables (qui oserait appeler sa fille Proserpine aujourd'hui ? ou Albumine). Mais c'est justement aussi volatile qu'une bulle de champagne. 

Ce roman se lit, rapidement, facilement et en refermant ce livre, le lecteur se désole : ce n'était que ça. Ce n'est pas encore cette année que je retrouverai le bonheur des premières rencontres avec Amélie.