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lundi 28 janvier 2019

L'amour aux temps du choléra

C'est étrange de relire un livre. Il est des passages dont on se souvient très clairement, d'autres pas du tout. C'est ce qui m'est arrivé avec ce Gabriel Garcia Marquez lu il y a 15 ans. Je me souviens de mes émotions d'adolescente, fan de cet écrivain, fan de ces tragédies familiales, de cet humour et de cette tendresse envers ses personnages.

J'ai donc retrouvé Florentino, Fermina et Juvénal. Florentino, c'est le scribouillard tout gris, qui écrit des lettres enflammées. Juvénal, c'est le riche docteur, bien installé, séduisant, cultivé. Et au milieu, Fermina, femme de caractère, séduisante et... qui ne sait pas si elle aime. Ni qui elle aime. Amoureuse de Florentino, à travers ses lettres, elle fuit devant sa petitesse. Agacée par Juvénal, elle finit par l'accepter. Dans une Colombie en proie aux épidémies de choléra et aux guérillas, nous découvrons la vie de ces trois personnages qui tissent devant nous toute les subtilités de l'amour. Car si Florentino n'attend que la mort de Juvénal, il ne s'empêche pas de vivre pour autant et collectionne les amantes. Juvénal et Fermina incarnent un amour stable et ennuyeux, construit autour de la famille, qui s'ébranle le temps d'une incartade. Et c'est l'amour à tous les âges, de l'adolescence à la vieillesse. Un roman superbe, aux personnages attachants, inoubliables (ou presque) !


samedi 21 juin 2014

Le général dans son labyrinthe

Deuxième relecture de Gabriel Garcia Marquez en quelques semaines ! Merci à Cryssilda qui organise cette LC.

Ce titre raconte les dernières semaines de Simon Bolivar, dit le Libertador. Ce général et homme politique avait pour ambition l'unification de l'Amérique Latine et a participé à sa libération du joug espagnol (ça, c'est une histoire qu'on ne nous apprend jamais !). Vieillissant, écarté du pouvoir, notre héros décide de quitter le continent américain pour rejoindre l'Europe. Il entreprend de descendre la rivière Magdalena, s'arrêtant fréquemment, retenu par des festivités. Mais c'est un voyage voué à l'échec, l'état du Libertador ne cesse d'empirer...

Entre roman historique et biographie, ce livre n'a rien de l'hagiographie : Bolivar nous est montré à bout de forces, malade, capricieux. C'est un homme qui vit désormais dans sa gloire passée, évoquant avec nostalgie les hauts faits de sa jeunesse enfuie avec Palacios, son plus proche serviteur. Si le destin ne cesse de faire des clins d’œil à la mort, ce livre n'est tout de même pas une tragédie. Le ton y est plutôt libre et vif, l'humour et les situations cocasses sont présents. 

Ce roman vous parlera d'une multitude de sujets : amour, politique, Amérique Latine, histoire, grand homme, petits problèmes, etc. Et c'est justement cela qui rend le portrait de Bolivar si percutant. Mais malgré tout cela, ce livre ne restera pas mon favori de Garcia Marquez. Peut-être est-ce simplement parce qu'il est complexe de se repérer dans une histoire qu'on ne connait pas ? Peut-être aussi parce qu'à aucun moment je n'ai éprouvé la moindre empathie pour Bolivar ? J'ai pourtant apprécié la richesse de ce livre (dont témoignent les remerciements : Garcia Marquez a joué les historiens avec cet opus. Ce qui lui a attiré pas mal de foudres d'ailleurs). Bref, je conseillerai plutôt Cent ans de solitude ou De l'amour et autres démons voire L'amour aux temps du choléra pour aborder l'oeuvre de cet auteur : c'est beaucoup plus universel. Ici, c'est un peu comme si on parlait de Garibaldi à des esquimaux...

Les repas de Simon Bolivar ?

jeudi 5 juin 2014

Mémoire de mes putains tristes

Quand j'ai appris la mort de Gabriel Garcia Marquez, ma première réaction a été d'un égoïsme absolu : quoi, je ne pourrai plus jamais lire d'autres œuvres de cet écrivain colombien ?! Alors quand j'ai vu que Stéphie organisait une LC pour lui rendre hommage, je n'ai pas hésité une seconde à renouer avec ses livres.


Mémoire de mes putains tristes est un roman sur l'amour et sur l'âge. Ce n'est certainement pas celui que j'aurais choisi de relire le premier, si, en voyant ce titre, je n'avais eu un affreux doute : et si je n'avais pas lu celui-là ? Et c'était bien le cas, je ne l'avais pas lu. La relecture de De l'amour et autres démons et de L'amour aux temps du choléra attendra. 

Le narrateur, quatre-vingt dix ans aujourd'hui, est un homme qui s'est laissé vivre. Il est journaliste, il vit dans une maison familiale dont il vend régulièrement les objets pour se renflouer, il n'a ni femme, ni enfant : "Les putes ne m'ont pas laissé le temps de me marier". Pourtant, pour son anniversaire, une terrible envie le démange. Celle d'une vierge. Il contacte une maquerelle auprès de qui il avait ses habitudes pour qu'elle lui trouve une jeune fille.

Commence alors une étrange histoire d'amour, qui fait penser pour les circonstances aux Belles endormies de Kawabata, transposé sous la moiteur de l'Amérique du Sud. Notre narrateur vient régulièrement admirer la demoiselle, qui dort tout le temps. Il lui invente un nom, la couvre de baisers et de cadeaux. Parallèlement, il continue à écrire pour le journal, s'interrogeant sur l'amour, sur l'âge et... sur les chats (parfois). Car, bien que vieux, il se sent jeune, physiquement (malgré des douleurs lombaires) et mentalement. La vieillesse est pour lui un sujet bien difficile à cerner puisqu'elle ne s'accompagne pas des limites que posent un corps décrépi ou un esprit fatigué. Au contraire, porté par l'amour qu'il porte à cette petite prostituée de 14 ans, notre héros ne s'est jamais senti plus jeune. Ce n'est que dans les passages un peu nostalgiques, où il se remémore ses amours et ses rencontres, qu'on sent combien cet homme a finalement vécu. 

Expert dans le traitement de l'amour fou, Garcia Marquez se révèle encore une fois inventif. Il renouvelle le thème de Kawabata en l'inscrivant dans un contexte moins onirique. Et cette histoire qui devrait nous choquer (on n'est pas loin de la pédophilie) nous attendrit. Certainement parce que d'un désir physique, le narrateur passe à un amour platonique puis à un amour fou ! 

chambre à coucher