C'est fou comme un petit Vargas peut vous extraire du quotidien, vous offrir un espace de délassement. C'est assez propre à la lecture en général mais, étant plutôt plongée dans des essais pour le boulot, je perdais de vue ce plaisir de la lecture, qui fait filer l'heure jusqu'aux dernières pages de l'ouvrage et vous laisse un peu sonné, triste et heureux.
Est-ce Adamsberg et ses fantaisies ? Danglard et son érudition ? Violette et son efficacité ? Toute cette équipe qui ne tourne pas rond au milieu de meurtriers pas plus sains ? Ou le plaisir de voir mêler des éléments historiques et légendaires comme cette armée furieuse (que vous pouvez croiser plus vivante encore dans Faërie) avec la réalité tristoune d'une petite ville normande ? Toujours est-il que je sors enchantée de ces retrouvailles avec Vargas. Je notais l'an dernier une lassitude à dévorer de façon trop rapprochée ses ouvrages. Je ne vais donc pas enchainer tout de suite avec un autre titre, même si ce n'est pas l'envie qui manque.
Quant à l'histoire, l'Amoureux vous en donne un bon avant goût auquel je n'ai rien à ajouter !
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Grand amateur d'Agatha Christie dans ma jeunesse, c'est avec grand plaisir que j'ai replongé dans l'univers policier, en découvrant par la même occasion Fred Vargas.
Son héros, le commissaire Adamsberg, n'en jette pas autant qu'Hercule Poirot ou Sherlock Holmes. Lui est juste flic, basé à Paris et commandant une brigade criminelle. Pas forcément méthodique, ni académiquement génial, il n'en reste pas moins un enquêteur hors pair, capable de déceler un crime passionnel au sein d'un couple d'octogénaires, là où tout le monde avait vu une simple mort naturelle.
Si Adamsberg est haut en couleurs, sa brigade l'est encore plus : son bras droit, méthodique et à la mémoire inépuisable, a tout de même un sérieux problème avec la bouteille. Les divers lieutenants ou brigadiers constituant son unité sont eux tour à tour narcoleptique, paniqué à la vue du sang ou inadapté socialement... Et pourtant tous géniaux à leur manière.
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Dans cet opus de Vargas, alors qu'Adamsberg est confronté à une affaire hautement politique de meurtre de magnat de l'industrie, il reçoit la visite d'une dame habitant une petite ville de Normandie, qui lui raconte une histoire des plus étranges. Selon elle, des meutres seraient en préparation dans le village d'Ordebec, où sa fille aurait vu l'armée furieuse, une sorte de compagnie fantomatique médiévale qui se montre tous les siècles environ, et exécute dans l'ombre les habitants qui ont commis des crimes impunis.
Bien entendu, contre toute attente, Admasberg réussit à se faire saisir de l'enquête alors que celle de Paris piétine et que sa place est en danger. Confronté à une population qui croit dur comme fer à l'armée furieuse, et avec une disparition sur les bras, la situation semble bien problématique...
Fred Vargas m'a réellement bluffé dans la façon dont elle réussit à tisser la trame policière, à la lisière du fantastique, en nous faisant par là même occasion découvrir des personnages tout à fait inhabituels. Le dénouement est digne de celui d'un Agatha Christie : autrement dit, on ne s'ennuie pas !