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lundi 14 novembre 2022

Un instant dans le vent

Sortie de PAL pour ce roman d'André Brink, un auteur dont je ne connaissais pas l'existence et qui s'est engagé contre l'apartheid. 

Dans ce roman, on suit le périple d'Adam et Elisabeth. Elisabeth, jeune femme du Cap, blanche, suit son mari, Erik Larson dans son expédition scientifique. Il part herboriser et empailler des animaux qu'il affuble de noms latins avant de les envoyer en Europe. Hélas, l'expédition ne fait pas long feu et Elisabeth reste seule au milieu de la savane. C'est sans compter sur Adam, un esclave enfui, qui suit le convoi de loin en loin et décide de rejoindre la jeune femme. Ils vont devoir faire équipe pour regagner le Cap, apprendre à se connaitre, à s'apprécier...

Une histoire d'amour et de trahison, une histoire où les mots souvent se mélangent à mesure que les personnages avancent dans leurs épreuves. Un peu longuet et planant parfois, malheureusement. Et puis, les quelques informations sur le fait divers qui a inspiré le roman donne pas mal de clés à qui le lit attentivement.


lundi 24 octobre 2022

Dieu, le temps, les hommes et les anges

Jolie plongée dans cet ouvrage d'Olga Tokarczuk recommandé par des blogolecteurs. J'ai beaucoup aimé ces morceaux de temps de vies et ces histoires sur Dieu et les différentes créations, des plantes à l'homme en passant par les objets.

Bienvenue à Antan, un petit village de Pologne, dans les années 1910 jusqu'aux années de la chute du mur environ. Dans ce village, au centre de l'univers, les points cardinaux sont gardés par des anges, une rivière blanche et une noire coulent, Dieu est peut-être là... Dans ce village, il y a une meunière, une glaneuse, une folle aux chiens, un châtelain et encore bien d'autres personnages. On croise des anges, un fantôme, une vierge Marie qui fait des miracles, un curé qui maudit une rivière et un homme sauvage. Tous ces habitants se croisent et vivent les uns avec les autres. Au centre, il y a certainement la famille du meunier qui prend le plus de place dans la narration avec Misia, Geneviève et Michel. Leur histoire n'est pas exceptionnelle, il s'aiment, travaillent, ont des enfants et meurent. Mais ce qui se passe autour d'eux a des allures de contes avec sa forêt, sa sorcière, les soldats plus ou moins charmants. Et la langue est belle, s'attachant à décrire la campagne, la forêt et toute la vie qu'elles abritent. Au détour, la "grande" histoire s'invite avec les deux guerres, le communisme, l'automobile...

Un moment de lecture ensorcelant !

lundi 17 octobre 2022

La promesse

Ce livre de Friedrich Durrenmatt, perdu sur ma PAL historique, est un roman policier raconté par un policier à un romancier. L'ancien directeur de la police cantonale de Zurich livre une affaire arrivée des années auparavant à son collaborateur, aujourd'hui pompiste débraillé.


Matthieu était le premier lieutenant du narrateur et promis à une belle carrière. La veille d'une mutation exceptionnelle en Jordanie, le téléphone sonne et un crime est annoncé. Une petite fille est morte assassinée dans les bois. Le suspect, un marchand ambulant, craque après un interrogatoire et se pend. Matthieu, convaincu d'une erreur, renoncé à la Jordanie et mène l'enquête à partir du dessin du géant aux hérissons de la victime...
Il met en place un piège pour le criminel mais des années plus tard, le piège n'a pas encore fonctionné. Le narrateur explique pourquoi.

Cet anti roman policier, puisque le narrateur raconte l'histoire pour montrer combien la réalité est plus fourbe que la fiction, est finalement un bon polar. J'imaginais rester sur ma faim mais le coupable est identifié... Un bon divertissement !


lundi 10 octobre 2022

Je ne suis pas d'ici

Plongée dans André Dhôtel suite aux recommandations de Bobin, je ne sais plus trop où. J'ai retrouvé cette belle écriture allusive, ces histoires campagnardes, communes et pourtant imprégnées de mystère.

Damien et Norbert viennent du même village et on fait leurs études ensemble. Adultes, ils reviennent sur les terres familiales. Damien appartient à une famille de rêveurs, avec des landes et des friches, et pas beaucoup d'argent. Norbert est fils d'un propriétaire terrien gourmand des terres voisines. Alors quelle meilleure idée que de fiancer Alix, la sœur de Norbert, à Damien. Pris d'un accès incompréhensible, ce dernier en embrasse une autre. C'est le début d'une guerre entre les deux familles, amplifiée par des sabotages mystérieux. Et Damien semble se désintéresser de tout cela, rêver parmi les herbes... C'est ce flegme et cette paresse qui étonne le plus le narrateur.

Un joli roman, sur le rapport à l'autre, à la nature, en voyageur ou non.



lundi 3 octobre 2022

Rastenberg

Christiane Singer fait partie des autrices dont je continue d'explorer l'œuvre, en quête de pépites et des phrases chocs. Ce n'est pas toujours le cas et je ne crois pas que je retiendrai grand chose de ce roman d'un lieu. 

Avec la narratrice, nous découvrons une forteresse autrichienne et ses sombres couloirs, ses portraits de famille, ses armures et armes, ses vases dans lesquels quelques fleurs viennent donner de la vie. C'est un monument historique, où peuvent se balader des touristes et où l'on peut écrire. C'est un lieu d'imagination où des personnages oubliés reprennent vie sous la plume de Singer. Histoires d'amour, de passion brulante ou d'indifférence, elle ne fait pas dans la demi-mesure.

Une exploration sympathique. 


"Le plus souvent, héros de fausses odyssées, combattants de la fausse guerre, gagnants et perdants des faux enjeux, en route vers de faux pèlerinages, cet héroïsme qui nous habite, cette force créatrice, cet élan vital qui pourrait tout transmuer s'engouffrent dans les canaux de l'insignifiance et alimentent les bassins de l'illusion"

lundi 26 septembre 2022

Apaiser nos tempêtes

J'avais beaucoup aimé Dans la forêt et j'étais ravie de découvrir ce nouveau titre de Jean Hegland. Au programme, l'histoire de deux jeunes femmes, Cerise et Anna, de milieux sociaux différents. Toutes deux tombent enceintes sans le désirer. L'une garde le bébé, l'autre pas. L'une se dévoue à sa fille tandis que l'autre s'engage dans son art, la photo, avant de devenir maman à son tour.

Ce roman traite de la maternité, des craintes des mères pour la sécurité, l'amour, la santé, l'éducation et tout ce qui concerne leurs enfants. Il s'inscrit dans une Amérique qui peine à soutenir ses citoyens les plus précaires. Et voilà. On s'attache vaguement aux héroïnes et à leurs enfants. On frémit à peine quand les drames les rattrapent. 

Malheureusement, j'ai trouvé ce roman plat, un peu convenu. Et je crois que les histoires de mères ne m'intéressent définitivement pas. 



lundi 19 septembre 2022

Les cavaliers

Un dernier pavé, d'un auteur que j'adore, Joseph Kessel. Avec lui, je fais le tour du monde et je m'arrête en Afghanistan pour suivre un tchopendoz, Ouroz. 


Un tchopendoz ? C'est un cavalier de bouzkashi, un célèbre jeu afghan qui se joue à cheval et qui consiste à emporter le cadavre d'une chèvre dans un but, assailli par des dizaines d'autres tchopendoz. C'est le job d'Ouroz et il compte bien remporter le grand bouzkashi du roi à Kaboul. Fils du grand Toursène, monté sur Jehol, rien ne peut lui résister. Sauf son corps. Echouant à quelques centimètres de la victoire, Ouroz décide de rentrer chez lui au plus vite, par un chemin dangereux. Accompagné de son serviteur Mokkhi, il va traverser le pays pour rejoindre ses plaines natales. En chemin, il devra lutter contre l'envie de son serviteur et la douleur de sa jambe brisée. Tout un voyage pour permettre au lecteur d'apprivoiser cet étrange personnage, tout d'orgueil et d'audace.

Un livre d'aventure au cœur de l'Afghanistan, qui nous en fait découvrir traditions et reliefs, guidés par un personnage odieux mais admirable. 

Lu en Folio - 590 pages

mercredi 14 septembre 2022

Les enfants Jéromine

Bel ouvrage que ce pavé (1125 pages au livre de poche tout de même) d'Ernst Wiechert, auteur allemand que je découvre avec ce livre. C'est un roman d'initiation plein d'humanité qui nous fait suivre Jons Ehrenreich - riche en honneur - de sa petite enfance à sa maturité. Et notre question principale est : donnera-t-il raison à son nom ?
Cadet d'une famille de sept, il est repéré par son instituteur comme un enfant travailleur et intelligent. Celui-ci lui offre la chance de poursuivre ses études dans la ville voisine et soutient sa scolarité. Jons, très attaché à sa terre "le coin aux chouettes" et aux siens, se forme pour revenir apporter de l'aide aux villageois.
Le lecteur suit sa croissance ainsi que celle de ses frères et sœurs, de sa famille, l'évolution des membres du village. Ils sont inoubliables comme le pasteur, l'aristocrate local, l'instituteur... C'est un rythme paisible, qui s'intéresse au fond des choses, à la couleur du ciel et à l'âme des personnes. C'est doux et édifiant, presque angélique parfois. Et pourtant, le monde se rapproche a travers la première guerre, l'automobile et la montée du nazisme dont les ombres pèsent sur la fin du roman. Dans ce coin perdu, il est des gens qui remuent le monde dans l'honnêteté et la simplicité du quotidien. Mon seul regret : il n'y a pas vraiment de fin.

J'ai glané des jolis passages en nombre, je vous en livre quelques uns et vous laisse retrouver la totalité sur Babelio.


"Non, il n'était pas nécessaire que quelque chose de grand sortît de l'enfant de la chaumière. Il suffisait qu'il cultivât trente arpents de maigre terre, de sa jeunesse à sa vieillesse. Car s'il ne le faisait pas le champ retournait au désert, et au lieu de pain il donnait des pierres. Et aucun enfant ne sortait de cet enfant, et dans la chaîne des générations quelque chose était rompu. Le village y perdait un sourire qui eût été donné peut-être aux éprouvés, une assistance amicale, une parole cordiale en une année de mauvaise récolte. Il n'était pas vrai, selon Jons, qu'il n'y eût personne d'irremplaçable. Les affaires de l'humanité ne se faisaient pas par des suppléants. Pas même celles d'un pays ou d'un village. Il n'était pas vrai que lui, Jons, pût être remplacé par un docteur Joyeux, ou un docteur Triste, ou même par un docteur Toutlemonde, pas vrai que Stilling ou Korsanke fussent remplaçables. Non, pas même Piontek ! Quelqu'un pouvait prendre leur place, et leur emploi serait, comme on dit, pourvu. Toutefois l'homme qui le détenait était irremplaçable. Il était tombé, une seule fois, de la main de Dieu, et Dieu l'avait façonné en type unique et non pas en série, comme à la chaîne d'une fabrique d'engins mécaniques."
"Qui est déshérité ? demanda Lawrenz en se ployant sur son fauteuil. Qui est sans travail ? Faut-il que la langue soit un instrument si docile de nos erreurs ? Avez-vous jamais vu un seul homme que Dieu ait déshérité ? Un père, une mère peuvent déshériter, et ils ne peuvent, eux non plus, enlever que de l'argent et des propriétés, sans pouvoir déshériter de leur sang. Mais Dieu ne déshérite pas même les incroyants. lI ne nous enlève ni le sol que nous foulons de nos pieds, ni la lumière du soleil, ni la muette image des fleurs. Et quand il nous fait marcher sur des béquilles et nous rend aveugles, il nous donne du moins encore la force de créer un autre monde, en notre esprit."
"Ils étaient des orphelins et portaient tous le même uniforme gris. Et pourtant il y avait eu parmi eux des rois, comme le grand-père, des héros, comme Michael, des êtres ayant la grâce, comme Christian, et d'autres ayant la noblesse, comme son père. Mais le Reich ne les voyait pas. Il s'était retiré dans ses grandes villes et ce qu'on y adorait c'était l'or et la parole. Des choses éphémères et trompeuses, comme la puissance édifiée sur elles. Celui qui était envoyé dans les forêts y allait comme en exil et celui qui était appelé dans les villes était un élu. Et le petit nombre de ceux qui étaient appelés n'était reconnu de personne. On les envoyait à la mort, comme Jumbo, et on ne savait pas qu'ils étaient irremplaçables. On ne distinguait pas entre la valeur et le nombre."

lundi 12 septembre 2022

Le chant d'Achille

Madeline Miller est sur ma LAL depuis longtemps et j'avais déjà croisé Circe, que j'avais apprécié sans plus. J'ai passé un bien meilleur moment avec Achille et Patrocle dans ce roman. Peut-être parce que j'aime tout ce qui se vit autour de la guerre de Troie. 

Patrocle, on ne voit pas bien qui c'est sinon l'ami cher d'Achille. C'est un jeune homme qui, lors de la débandade des grecs suite aux bouderies d'Achille, emprunte son armure, le temps de redonner l'espoir aux grecs et d'effrayer les troyens. Et qui se fait tuer. C'est ce qui incite Achille à combattre à nouveau et à aller rencontrer son destin - et sa gloire. Eh bien, ce Patrocle, Madeline Miller lui donne une épaisseur, une histoire, des sentiments, et en fait le témoin privilégié des talents d'Achille. Homme intelligent et sensible, éperdu d'admiration et d'amour pour le héros, il est éduqué avec lui. 

C'est leur histoire que nous conte la romancière avec sensibilité. Une belle plongée dans l'humanité de la mythologie. 

 


jeudi 8 septembre 2022

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

Je n'ai pas beaucoup entendu parler de ce roman de Reif Larsen mais j'ai flashé dessus en biblio. En plus, il était étiqueté "coup de cœur" alors j'ai tenté. 

Au programme, l'histoire d'une jeune adolescent, T.S. Spivet recevant le prix Baird du Smithsonian, honorable institution scientifique et muséale américaine. Le jeune garçon de 12 ans décide de se rendre à Washington pour recevoir son prix, sans prévenir qui que ce soit. C'est son épopée que nous suivons à travers les Etats-Unis. Il faut savoir que T.S est un dessinateur et cartographe de talent, passionné par les sciences et la compréhension du monde. Il n'hésite donc pas à croquer tout ce qu'il croise dans de nombreux carnets qui viennent illustrer notre roman - et donner des explications à toutes sortes de phénomènes. Vous lirez donc, en plus du roman d'initiation, une petite encyclopédie ! Mais rien d'ennuyeux là-dedans, c'est toujours clair, souvent drôle et lucide. A ceci s'ajoute la mise en abime d'une histoire de famille pas si simple, celle de son aïeule Emma.

Chouette lecture, qui croise les genres avec humour et brio !



mardi 30 août 2022

Le Maître des illusions

Ce roman de Donna Tartt est sur ma LAL depuis une éternité. Et j'ai passé un excellent moment avec lui !

Bienvenue sur un campus du Vermont où Richard, un jeune californien un peu paumé, va vivre avec nous une année terrible. Dès le début, on le sait, Bunny est mort et c'est Henry qui est à l'origine du plan. Durant les 790 pages de ce roman chez Pocket, on va suivre Richard dans sa fin d'adolescence, jeune étudiant boursier, helléniste intrigué par cinq étudiants dédiés au grec ancien. Composé d'Henry, Bunny, Francis, Camilla et Charles, ce petit groupe suit l'enseignement de Julian Morrow. C'est une élite qui ne se mêle pas aux autres, dépense des sommes astronomiques et part régulièrement à la campagne. Elite que rejoint Richard, entrainé presque malgré lui et en dissimulant tant bien que mal son humble origine !

Si ces personnes s'avèrent être de bonne compagnie, elles ne le mettent pas au courant de tous leurs secrets et plans. Richard soupçonne que des événements se passent sans lui, observe ses amis, se regarde aussi en leur compagnie mais c'est finalement très subtilement que nous sommes menés jusqu'à la disparition de Bunny. On découvre le caractère de chacun à mesure que l'événement initial, une bacchanale qui a mal tourné, est ébruité. 

On sent aussi une sorte de tragique à l'œuvre dans le roman, notamment dans les relations entre les personnages. J'ai tout de même regretté que ces hellénistes ne rentrent pas plus dans le détail de leurs cours et que cet aspect antique ne soit pas plus présent ! Un bon thriller, long mais pas si lent à mes yeux.




lundi 22 août 2022

Lorsque le dernier arbre

Très chouette découverte que ce livre de Michael Christie qui invite le lecteur au cœur des arbres, dans une histoire familiale circulaire qui traverse les XXe et XXIe siècles.

Tout commence en 2038 dans une île préservée, où des arbres millénaires existent encore. C'est devenu un divertissement touristique pour les super riches qui viennent prendre des selfies devant quelques survivants. Car partout ailleurs, les arbres ont disparu, la poussière balaie les continents et les humains s'étouffent. Jake Greenwood a de la chance, elle travaille comme guide sur cette île. Etudiant les arbres depuis son plus jeune âge, elle fait partie du personnel surqualifié de Greenwood Island. Tiens, comme elle ! C'est ce que son ancien ami Silas tente de lui faire comprendre : elle pourrait réclamer la propriété de l'île et sortir de ses dettes, il lui en apporte des preuves. Et voici comment le lecteur se retrouve à remonter l'histoire de génération en génération jusqu'en 1908, origine de la famille Greenwood. Ceci, avant de repartir dans l'autre sens jusqu'en 2038, en refermant, histoire après histoire, les questions ouvertes. 

C'est une saga familiale avant tout, avec ses secrets et ses surprises. Une histoire aux rythmes divers selon le personnage concerné, qu'il traverse le pays avec un bébé dans les bras en 1934 pendant la crise de 29, la grande dépression, ou qu'il milite dans des groupes écolos dans les années 70. Tous ont en commun, non pas les mêmes ancêtres mais un amour des arbres, qui s'exprime de façons diverses. 

Un roman qui se dévore, où je ne me suis jamais ennuyée, qui traite de façon très fine le rapport au monde et à l'autre. Un roman plein d'espoir, avec l'écologie au cœur. 

608 pages chez Albin Michel

mercredi 17 août 2022

Le roman du mariage

Encore une sortie de LAL pour ce titre de Jeffrey Eugenides, grâce aux trésors des boites à livres. C'est un roman de campus américain, au début des années 80 et un triangle amoureux. Oui, ça semble assez banal et pourtant, c'est drôlement addictif - roman de 572 pages chez Points, lu en 2 jours (et nuits). 

Madeleine est une petite bourgeoise étudiant la littérature. Cette fan de Jane Austen découvre la sémiotique, le post-structuralisme et le déconstructionnisme lors d'un de ses cours les plus en vogue - et les plus selects. C'est là aussi qu'elle rencontre Léonard, un esprit brillant et original qui devient son petit ami. Un peu coincée, naïve, elle découvre avec ses études des formes de pensée qui l'interrogent. C'est quand même un moment passionnant pour les études de lettres et pour le féminisme, même si tout semble s'être joué dans les années 60-70. Autour de Madeleine, des copains de fac, assez peu différenciés pour le lecteur, à part Mitchell, un de ses soupirants qui croit qu'ils sont destinés à se marier ensemble. Si Madeleine a le premier rôle, le lecteur suit aussi les itinéraires et le point de vue de Mitchell et Léonard. A travers une narration subtile, qui joue sur la temporalité et le séquençage des points de vue interne, pas de temps mort. Plus qu'un roman d'amour, c'est un itinéraire amoureux et spirituel, inspiré des Fragments d'un discours amoureux. Et le portrait d'une génération universitaire. Enfin, c'est aussi le douloureux chemin d'un maniaco-dépressif et de son entourage. 

Vous avez tous les éléments pour un chouette roman américain, bien plus intéressant que je ne l'imaginais malgré des personnages peu attachants. On est plutôt dans une approche au microscope qu'au stéthoscope. Bonne lecture !

vendredi 12 août 2022

Le chœur des femmes

Encore une sortie de LAL pour ce chouette roman de Martin Winckler ! 

Au programme, la découverte d'un service gynéco dédié aux femmes et à l'écoute de leurs questions / besoins avant tout. C'est le Dr Karma qui gère ce service bien différents des autres lieux de l'hôpital où l'égo des médecins règne en maître et où les patients sont infantilisés. Quand l'interne J. Atwood débarque dans ce service, elle imagine que son boss est un grand manipulateur avant de comprendre qu'il est possible d'être dans un posture de soignant aidant sans prendre les patients pour des idiots - des idiotes en général. 

Toutes les histoires des unes et des autres sont chouettes, éclairantes ; les femmes sont attachantes, leurs questions rejoignent les miennes, je rêve de rencontrer des médecins aussi disponibles... Et l'histoire d'Atwood, qui creuse son identité et ses origines, est intéressante quoi que mal répartie dans le bouquin selon moi. 

Plus que le roman, ce sont vraiment les interactions qui m'ont plu dans ce livre. 

682 pages chez Folio

lundi 25 juillet 2022

La montagne de minuit

Je poursuis ma découverte des romans de Jean-Marie Blas de Roblès avec ce titre. Au programme, un voyage au Tibet.

Bastien, gardien dans une école mis à la retraite, est passionné du Tibet. Sa voisine, Rose, intriguée par cette passion peu commune, l'invite et découvre un érudit dont le seul rêve est d'aller au Tibet. Voyage qu'ils font ensemble et sur lequel le fils de Rose revient, par lettres interposées. Comment a-t-il pu se former et connaitre tant d'éléments sur le Tibet, c'est un des mystères que Rose va élucider pendant le voyage. 

Un joli roman initiatique qui s'interroge sur la place de la vérité, de l'histoire, qui fait voyager !  



mercredi 13 juillet 2022

La maison dans laquelle

Je ne sais plus chez qui j'ai repéré ce titre de Mariam Petrosyan mais merci à cette personne pour la découverte fabuleuse ! Ce roman a occupé tout mon temps libre cette semaine, j'étais fascinée par ce monde, par cette maison aux murs barbouillés de mots, de dragons ou de girafes. Une maison où vivent des enfants et des adolescents, tous mutilés, organisés en groupes, en bandes. 

Le fameux groupe 4, avec lequel on traine pendant les 954 pages chez Monsieur Toussaint Louverture, nous apparait à travers les yeux de Fumeur, transfuge du groupe 1. Cette jeune recrue nous fait rencontrer des personnages étonnants : Sphinx, l'Aveugle, Tabaqui, Vautour, Noiraud et bien d'autres. Tous ces jeunes gens ont des handicaps physiques, certains sont des roulants (en fauteuil) et d'autres non. Ils évoluent dans une maison qui peut aussi être une forêt la nuit, une maison pleine d'histoires et de secrets. Les leurs mais aussi ceux des promos précédentes dont les départs ont été vécus dans la violence. 

Pas beaucoup de profs, de cours, d'éduc et d'adultes en général. Ils existent à la marge des vies adolescentes, peu intéressants. Idem pour l'Extérieur, qui désigne tout ce qui n'est pas la maison. Effrayant ou inintéressant, il ne mérite pas que l'on s'y attarde ou que l'on y retourne. Pas besoin de ces éléments, la Maison est riche et les histoires qui s'y vivent apparaissent comme autant de contes que certains se racontent lors de la nuit la plus longue, celle où toutes les horloges s'arrêtent. Et les strates des murs révéleraient les appartenances de chacun, leurs bandes d'origine car les gens changent, leurs surnoms aussi et leur groupe d'amis tout autant. Il y a à l'époque principale, les Faisans, très sérieux, les Rats, punks crados, les Oiseaux gothiques et fans de plantes, les Chiens avec leurs colliers à clous... et le groupe 4. Et le lecteur d'amuse à repérer sous les comportements des ados les enfants qu'ils étaient à leur arrivée - un récit des origines s'intercale avec celui de Fumeur.

Cette maison, c'est un monde à part entière, et un autre monde aussi car certains ont la faculté de "sauter" dans l'envers, dans la forêt, ailleurs. Il y a un sépulcre (l'infirmerie), le côté des filles et celui des garçons, la cafetière (où se boivent des boissons étranges), un croisement et bien d'autres lieux dans le labyrinthe qu'est la Maison, comme si elle se métamorphosait elle aussi. Elle a surtout ses mystères, ceux que le lecteur emporte en fermant le roman, les questions et les interprétations vont encore longtemps me trotter dans la tête ! 


lundi 4 juillet 2022

Chanson douce

Après le livre et le film, je me décide enfin à découvrir ce roman de Leïla Slimani dont j'ai lu beaucoup de critiques enchantées. Je sors pourtant un peu frustrée de cette lecture.

Myriam a eu deux enfants avec Paul. Enfermée dans son rôle de mère, elle ne le supporte plus. C'est donc un petit miracle lorsqu'un avocat lui propose de travailler avec lui. Myriam et Paul se mettent en quête d'une nounou et engagent Louise. Louise est parfaite : elle calme les chagrins, cuisine à merveille et range l'appartement. Certes, Myriam culpabilise parfois de lui laisser ses enfants mais elle s'épanouit dans son travail et, à nouveau, dans son couple. Louise est de plus en plus indispensable. 

Mais derrière son apparente perfection, Louise cache bien des soucis, qui la mènent jusqu'à l'irréparable décrit en début de roman. Et c'est ce fil qui est remonté par les enquêteurs pour comprendre le crime. 

Rondement mené et difficile à lâcher, ce roman campe un personnage fascinant - et effrayant - avec cette Louise qui s'insinue dans la famille. Je regrette simplement que Myriam y soit de moins en moins présente. Un roman proche du thriller et, en creux, l'analyse d'une forme de relation maître-esclave dans nos sociétés urbaines où tout se sous-traite. 

 


jeudi 23 juin 2022

Le retour d'Hercule Poirot

Sir Reuben est mort, son neveu est accusé, l'affaire semble classée. Pourtant, Lady Astwell, l'épouse de Sir Reuben, envoie chercher Hercule Poirot, persuadée qu'Owen Trefusis est le coupable. Ce secrétaire irréprochable n'a pourtant pas l'air coupable. Toute la maisonnée va donc accueillir le détective belge le temps de résoudre l'affaire.

Retrouvée dans son bureau, la victime a forcément été tuée par l'une des personnes de la maison. C'est une course contre les nerfs des uns et des autres qui commence.

Un whodunit agréable, par cette chère Agatha Christie !




lundi 20 juin 2022

Le bébé

Je retrouve Marie Darrieussecq avec un livre dont le titre m'a intriguée. Comme elle le dit, ce n'est pas si souvent qu'on parle de bébé en littérature.  

A travers deux cahiers et trois saisons, l'auteure nous partage son quotidien avec son bébé. Il est question de ses sensations et de ses réactions devant ce nouvel être. Bien entendu, elle parle accouchement et couveuse - le bébé est préma. Mais aussi du rythme repas - repos. Elle suit le développement du bébé, ses maladies, ses interactions avec le monde - et surtout avec elle.

Assez court, pas très passionnant, c'est peut-être un livre qui parlera plus aux parents !



lundi 13 juin 2022

La petite boulangerie du bout du monde

Croisé dans une boite à livres,  ce roman de Jenny Colgan a failli y rester. Et puis, sa couverture mimi et son histoire de boulangerie m'ont tentée. C'est typiquement le genre de livre que je lis rarement - voire pas du tout - et j'y ai pourtant pris plaisir pour une fois. Un roman doux, pas très fou non plus, mais agréable à lire et avec des recettes à la fin - miam !


Polly n'a plus un rond. Son entreprise est en faillite, elle doit quitter son appartement et son mec - et collaborateur - la laisse tomber. Elle se retrouve donc à louer l'appartement le moins cher de la région, dans l'île de Mount Polbearne. Evidemment, il est dans un état lamentable. Mais avec un peu d'huile de coude, le lieu devient habitable. Au chômage, Polly en profite pour s'adonner à son loisir favori : faire du pain. La nouvelle - et les odeurs - se répand dans la petite ile et les habitants s'intéressent d'autant plus à ce talent que la seule boulangerie du coin est exécrable. Sauf que c'est celle de la proprio de Polly... Bref, vous voyez l'intrigue se ficeler sous vos yeux. Et puis, Polly est célibataire et c'est le cas de quelques personnes sur l'île aussi. Côté cœur aussi, il va se passer des choses. Enfin, ce qui est le plus sympa, c'est finalement de voir l'héroïne se reconstruire petit à petit.

Evidemment, ce n'est pas de la grande littérature mais c'est sympa, drôle et lisible.