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mercredi 12 avril 2017

Pays de neige

J'aime plonger de temps à autre dans l'atmosphère toute particulière de la littérature japonaise. Est-ce la langue ou la culture ? Toujours est-il que je m'y sens toujours un peu déplacée, bousculée. Il y a quelque chose de mystérieux et de beau dans les romans japonais que je croise et c'est à nouveau le cas avec cette oeuvre de Kawabata

Avec ce titre, il nous entraîne au pied d'une montagne, dans un établissement de bains où son héros, Shimamura, aime à venir se délasser de Tokyo. Il y vient et revient à différentes saisons, découvrant le lieu sous des jours différents. Il y a surtout rencontré Komako, une jeune et jolie geisha, attachante et spontanée. Et il surveille du coin de l’œil Yoko, une jeune fille qu'il a observé longuement dans le train pour accéder aux montagnes.

Dans ce roman, pas d'histoire à proprement parler, mais des rencontres, entre nos protagonistes. Des jeux et des échanges, subtils et discrets. Difficile de dire ce qu'il se passe entre eux. Mais ce n'est pas cela qui compte ici, c'est plutôt de prendre le temps, de s'imprégner d'une atmosphère, d'un rythme plus doux, de se soumettre aux saisons, au pas du marcheur...


lundi 15 septembre 2014

Première neige sur le mont Fuji

Il y a beaucoup de Kawabata sur ce blog en ce moment ! Il faut dire qu'il est pas mal traduit et réédité ces derniers temps. Merci à Albin Michel pour l'envoi de ce recueil de nouvelles que je ne connaissais pas encore. Toutes celles-ci se caractérisent par une impression d'interruption, d'inachevé. Les situations, très différentes, nous font ressentir une nostalgie voire une mélancolie certaines. 

Passé et temps qui passe

Première neige sur le mont Fuji

Dans cette nouvelle qui donne son titre au recueil, nous accompagnons Utako et Jiro dans une excursion près du mont Fuji. Amants avant la guerre, chacun s'est marié de son côté alors qu'ils avaient eu un enfant ensemble. Se retrouvant après le conflit, ils fuient pour une journée loin de Tokyo. Et le passé doucement refait surface. Et les comparaisons se dessinent avec les temps présents. Empreinte de mélancolie, on ne sait trop quelle relation se renoue entre ces deux êtres, s'ils peuvent même reconstruire quelque chose.

En silence

Curieuse histoire que celle de ce disciple qui vient revoir son maître, un écrivain qui ne peut plus écrire ni parler. Pour cela, il doit passer devant un crématorium que l'on dit hanté. Une histoire qui joue sur les mises en abymes et interroge sur le travail de l'écrivain.

Terre natale

Est-ce la réalité ou un rêve ? Notre héros revient sur les lieux de son enfance et y rencontre une petite fille avec laquelle il jouait enfant. Étrange remontée dans le temps, en compagnie d'êtres fantomatiques. 

Gouttes de pluie

Plusieurs familles vivent dans une même maison, leurs enfants jouent ensemble. Histoires de couples, de suspicions, sur la difficulté de vivre ensemble.

Une rangée d'arbres

Soeda découvre qu'un étrange phénomène est survenu dans son jardin. Les ginkgos du bas de sa propriété ont perdu leurs feuilles alors que ceux du haut les possèdent toujours. Personne n'arrive à se souvenir si c'est déjà arrivé ou non. Une nouvelle qui pratique elle aussi la mise en abyme et nous fait réfléchir sur le temps qui passe et les apparences... A qui et à quoi se fier ?

La jeune fille et son odeur

Amiko est une demoiselle de 17 ans que son amant aime pour sa douce odeur (entre autres). Ils se donnent rendez-vous devant un vieux temple qui abrite la tombe de la mère d'Amiko. Celle-ci s'est suicidée. Parmi les raisons de son geste, sa fille soupçonne la jalousie pour les maîtresses de son père. Qui ne semble pas spécialement bouleversé par cet acte... 

Ces six nouvelles sont teintées d'une pointe de fantastique (quelques fantômes hantent ces nouvelles), d'une pincée d'amour et de quelques évocations du passé. Le tout laisse une drôle d'impression, un peu cotonneuse et poétique, entre le rêve et la réalité. Une bien belle promenade !

jeudi 21 août 2014

La Danseuse d'Izu

Je renoue avec Kawabata, dont j'avais beaucoup aimé Les Belles endormies. Dans les cinq nouvelles qui composent ce recueil, on retrouve le goût pour les jeunes filles, pour l'amour teinté de mort et de nostalgie. Avec cette écriture ciselée, l'auteur campe de courtes histoires, où la cruauté, la frustration, la violence ne sont pas exprimées mais ressortent en filigrane. Cela donne à ces nouvelles une atmosphère un peu malsaine, étrange et irréelle

La danseuse d'Izu

Van Gogh, Courtisane, Geisha, Japon, 1887
Van Gogh, Courtisane, 1887
Le narrateur voyage avec des artistes. Il est lycéen et brûle pour la petite danseuse du groupe. Une très jeune fille. Une histoire sur le désir et la jalousie. Avec beaucoup de bains. Eh oui, la douche froide n'est pas une invention récente pour calmer les ardeurs !

Élégie

Une femme abandonnée par son amant a appris sa mort. Dotée de double vue, elle n'a pourtant pas su prédire cette perte. Elle revit des moments de leur histoire et de sa jeunesse. Regrets et pleurs sur fond de mythes grecs.

Bestiaire

Un misanthrope n'aime que la compagnie des animaux qu'il élève. Et perd. Triste récit de morts accidentelles... mais très voire trop récurrentes. Avec un amour perdu et une danseuse en contrepoint.

Retrouvailles

Un soldat retrouve une de ses maîtresses sur les ruines fumantes du Japon d'après guerre. Amour, chantage ou manipulation, il peine à savoir ce que cache réellement Fujiko.

La lune dans l'eau

La plus courte mais aussi la plus touchante nouvelle de cet ensemble. Une femme offre à son mari infirme des miroirs. Il peut y lire le reflet d'un monde qui lui est inaccessible. Très belle histoire d'amour et de tendresse qui cache des moments délétères.

Des nouvelles d'une grande sensibilité, faites de rencontres et de pertes, qui s'écrivent dans un paysage japonais du début du XXe siècle. Chacune se termine sans livrer de réponse, laissant une impression d'inachevé

vendredi 20 juin 2014

Les Pissenlits

Voilà longtemps que je n'avais pas lu de roman japonais, encore plus que je n'avais pas lu Kawabata. Merci donc au Livre de poche qui me permet de retrouver un auteur que j'apprécie. 

Waterhouse, Le chant du printemps
Waterhouse, Le chant du printemps
Comme souvent avec Kawabata, nous entrons dans un univers étrange. Ici, nos protagonistes, Hisano et la mère d'Inéko, sont à Ikuta, une petite bourgade de bord de mer où ils vont passer le journée. Rien de plus banal a priori. Sauf qu'ils viennent de déposer Inéko, une jeune femme qui souffre de cécité sporadique devant le corps humain, à l’hôpital psychiatrique de la ville. Toute cette journée, ils vont la passer à discuter en se promenant dans la ville. Ils évoquent bien entendu l'absente, que l'on ne rencontre jamais en chair et en os. Leurs rapports avec elle. Ses liens avec son père, décédé lors d'un accident de cheval. Et puis, régulièrement, Hisano demande à faire sortir Inéko de l’hôpital pour l'épouser, pensant ainsi la guérir.

Ce court roman est donc essentiellement un dialogue, qui mêle souvenirs, commentaires sur la vie, sur la mort et sur l'amour. Quelques images fortes viennent marquer le lecteur : la cloche de l'asile qui sonne toutes les trois heures, l'arbre plein de griffures, l'écolier qui ressemble à un elfe, les pissenlits qui se ferment pour la nuit... Et les rapports entre l'amoureux et la mère changent, se teintent d'intimité toujours plus grande, voire d'érotisme, à mesure que s'écoule la journée. Vous l'avez compris, Kawabata promène son lecteur entre atmosphère réaliste et onirisme complet.

Mon plus grand regret ? C'est que ce roman soit resté inachevé ! Alors même qu'on découvrait plus amplement en quoi consistait la cécité devant le corps humain. 

Les Pissenlits vous promet donc une lecture un peu dérangeante, autour de la folie, de l'abandon, de l'amour malheureux. C'est parfois triste et mélancolique, comme lumineux à d'autres. Une véritable palette de sentiments ! Un roman sensible et doux, qui cache des interrogations universelles. 

Mon préféré de l'auteur reste Les Belles endormies. Le Lac était moins chouette mais tout aussi étrange et voyeur...

mardi 27 mai 2008

Le Lac


Kawabata est toujours aussi bizarre ! La dernière lecture m'avait plus plu que Le Lac.

On est toujours dans un univers un peu étrange, auprès de personnages pas complètement sains. Ici Gimpei, un homme assez jeune (trente-quarante ans) a pour habitude de suivre les jeunes femmes. L'une d'elle, effrayée, lui a lancé son sac pour se débarrasser de l'importun. Il en profite donc pour voler la somme que contenait le sac et aller se faire masser... L'atmosphère des bains, propice à la rêverie le fait se souvenir de sa première amie, sa cousine, puis de son élève, Hisako, qu'il a suivi et qui est tombée amoureuse de lui.

C'est donc Gimpei que l'on accompagne dans ses poursuites et ses pensées, ses rituels et ses cachettes. La compagnie d'un voyeur n'est pas des plus agréables !


samedi 27 octobre 2007

Les belles endormies

Ce livre a rejoint ma LAL récemment et le voilà déjà lu !


Kawabata décrit un univers presque onirique.

Eguchi est un vieil homme. Il a entendu parler d'un endroit étrange où les vieillards dorment auprès de belles jeunes femmes. Ces dernières sont sous l'emprise d'un sommeil artificiel dont la cause nous est inconnue. Tout invite au mystère dans ce livre. Cette maison, ces femmes, les événements de la nuit, les limites à respecter...

Pour Eguchi, c'est une façon d'évoquer son passé et de se sentir jeune, de croire qu'il peut encore éprouver des désirs sensuels et même les réaliser si l'envie se fait trop forte.

Un roman sur l'âge, la sensualité, en touches très fines, douces, à l'images des différentes endormies qui partagent le lit d'Eguchi.