vendredi 20 août 2010

Contre l'architecture


Merci à Ulike pour ce livre de Franco La Cecla. 
Cet essai est une invitation à repenser la ville et une dénonciation des archistars et de leurs créations ex nihilo, détachées des préoccupations et de la culture locale. C'est aussi une réflexion personnelle sur le métier d'architecte et un résumé des dernières transformations architecturales du XXIe siècle. 
La première partie 'Pourquoi je ne suis pas devenu architecte' est certainement la plus belle. La Cecla se rapproche de Pamuk, un écrivain qui m'est cher, et qui a choisi l'écriture plutot que l'architecture. Comme lui, il signale la séparation entre ceux qui vivent et perçoivent la ville et ses rythmes et ceux qui la transforment, insensibles à cette identité. 
Nous commençons notre lecture par une promenade à New York (Et plein de belles citations en intro de chapitres, dont certaines de Solnit dont j'ai très envie de lire les écrits). C'est la critique de la marque et de l'architecture du prêt à consommer, ce caractère qui s'efface derrière des 'emballages'. C'est le principe des façades 'peaux' qui habillent une architecture du vide. Pourtant, notre ballade nous fait croiser des hommes bien différents... Et c'est aussi le lieu de l'interpellation, de la dénonciation : Rem Koolhaas, Jean Nouvel, Frank Gehry en prennent pour leur grade ! Et La Cecla ne se cantonne pas à New York, ces critiques touchent aussi d'autres villes, 'victimes' de ces abérations architecturales. Souvent sévère mais hélas à raison, ce 'Contre l'architecture' tire à boulets rouges sur les excès des architectes. 
Les chapitres suivants tiennent plus de l'analyse de cas. Certainement inspirés de son expérience de consultant, La Cecla nous parle de Tirana, des archistars et du fossé criant entre architecture et urbanisme, des banlieues, de leur laideur et de l'instauration difficile d'un espace plus humanisé dans ces habitats inadaptés, de Barcelone, de Columbia et de Harlem, de la communication qui prend le pas sur les problèmes de fond et les noie sous ses discours !
Un bien bel essai, de parti pris bien entendu, qui ne pratique pas la langue de bois. Un essai qui me fait encore plus apprécier la démarche de Renzo Piano. Un essai qui confirme les impressions qu'on peut avoir à la cité de l'architecture : qu'est-ce que cette architecture déconnectée de l'homme, cette 'architecture-marque', cet esthétisme à rebrousse poil, ces caprices de stars qui polluent la compréhension et l'harmonie de la ville sans se soucier des problèmes qu'ils engendrent ou exacèrbent : le dialogue des communautés, le logement, la spéculation immobilière, le kitsch bling bling... 
Passionnant et très lisible : bien écrit et bien traduit, il se lit comme un roman !

jeudi 19 août 2010

Fous de l'Inde




Sous-titré 'Délires d'occidentaux et sentiment océanique', ce livre de Régis Airault avait attiré mon regard il y a plusieurs années. Puis comme pour beaucoup de livres, le sentiment d'une urgence s'est fait sentir, je ne pouvais attendre plus longtemps de découvrir ce livre !

Il s'agit d'un essai ou du compte rendu des expériences d'un psychiatre, détaché en Inde auprès de consulats.
Etonnant n'est-ce pas, qu'un psychiatre soit disponible là bas, au bout du monde ! Et pourtant, en découvrant comment certains voyageurs peuvent 'péter les plombs' au contact de ce pays, l'idée étonne moins. 
On découvre d'abord les drogués, les accros à toutes sortes de produits, qui n'arrivent plus à s'en détacher. 
Puis les gens 'normaux', pour qui l'Inde devient un déclencheur. Les uns sont pris de pulsions suicidaires, d'autres tiennent des propos incohérents. Du plus impressionnant au trouble simple, le lecteur découvre comment, déraciné et choqué par des repères différents des siens, l'occidental plonge en plein délire. 

Un document étonnant, qui participe à mon désir de passer quelques temps en Inde, et de rompre un peu avec mon quotidien. On verra si ça se fait !

Ah oui, et dernière précision, c'est souvent très psy. C'est-à-dire que ces 'gens là' ne parlent pas toujours comme nous et que leur langage peut parfois étonner. Personnellement, je ne suis plus choquée depuis que j'en fréquente pour ma sister, mais il faut s'y faire, ils ont parfois une syntaxe et un vocabulaire bien particulier !

mardi 17 août 2010

Les mystères de Londres



J'ai cru que je ne finirai jamais ce roman de Paul Féval. Non pas qu'il fût pénible à lire, mais j'ai intercalé tellement de lectures 'utiles' que je craignais de perdre le fil. Vous l'avez compris, ce fut une lecture fractionnée. Mais une très belle lecture.
Ces Mystères, inspirés par ceux d'Eugène Sue à Paris, vous feront découvrir les bas fonds de Londres comme ses salons les plus distingués. Vous y rencontrerez des êtres enlaidis par leur méchanceté, leur perfidie et des êtres purs et courageux qui résistent aux pires avanies. Attention, si l'action est assez complexe (retours en arrière, déguisements, complots mondiaux etc), les caractères sont plutôt biens tranchés. La psychologie n'était peut être pas le fort de Féval, quoique ses descriptions de la folie puissent faire penser le contraire !
Dans les bas fonds, ça remue. Il y a du complot et de la contrebande dans l'air. Les Gentlemen of the night sévissent. La pauvre Suky est réduite au désespoir depuis que son père a été pendu. Elle doit désormais jouer un étonnant rôle pour ceux à qui elle s'est confiée. Rio Santo fait bruisser Londres. Toutes les femmes en sont folles, ses aventures se comptent par miliers mais c'est Mary Trévor qui doit devenir sa femme, alors qu'elle est déjà fiancée. 
Deux jeunes gens ont perdu, l'un son père, l'autre sa soeur, au même endroit dans des circonstances incompréhensibles. 
Folie, labyrinthes, coupe gorge... Nous suivons nos personnages dans des rues de Londres où Jack l'éventreur ne serait pas déplacé ! Elle est bien sombre cette vision de la société londonienne du 19e siècle !
Vous n'avez rien compris au résumé ? Vous aimez l'aventure ? Monte-Christo vous a séduit ? Le Bossu est un souvenir inoubliable ? Il faut maintenant plonger dans ce roman et découvrir comment Féval imbrique tant d'actions, tant de mystères et comment il dénoue tout cela, presque logiquement ! Un bon roman d'aventure (avec un Whistler sur ma couverture, ce qui ajoute au charme) qui vous fera trembler sur la plage !

lundi 16 août 2010

Les jolis garçons

Emma a des problèmes avec les garçons. On ne peut pas dire que sa vie sentimentale soit des plus épanouies... 
Delphine de Vigan nous conte les histoires d'amour d'une jeune femme. Toutes à la frontière de la folie, de l'extraordinaire mais dans un cadre bien ordinaire. Emma tombe amoureuse successivement de Mark, d'Ethan et de Milan. Ces trois hommes, très différents en apparence, se rejoignent sur la question de l'image publique, du jeu, de la mise en scène. Je ne dirai pas ce que fait et ce qu'est le premier, c'est tout le charme de cette histoire, mais Mark est un homme pris, très pris. Et Emma est plutôt jalouse finalement, sous ses airs libérés.
Ethan est un écrivain. Mais aussi un tombeur. Sauf qu'avec Emma, c'est différent, c'est lui qui trébuche, qui s'arrête sur cette étrange fille. Quant à Milan, c'est un présentateur d'emission télévisuelle. Le genre beau gosse narcissique. Mais Emma le perturbe. Trois histoires d'amour dans le fantasme, trois histoires exceptionnelles dans ce petit roman, narrées par cette drôle d'Emma.
Mais en réalité, un livre qui ne marque pas tant que ça, dont la narration est assez répétitive, certainement voulue ainsi mais fatiguante à la troisième rencontre. Des histoires étonnantes mais dont le ton un peu banal ternit un peu l'éclat. 

samedi 14 août 2010

Inception

Encore une fois, Léo m'a épatée ! Le petit gars est vraiment un acteur incroyable.
Ce film, qui risque de déplaire aux allérgiques à la science fiction (comme ma maman), est une vraie réussite. Dans un monde où certains humains ont des qualités psychiques très développées, certains d'entre eux peuvent visiter les rêves des autres. Et créer des rêves de toutes pièces. Bien pratique pour faire de l'espionnage industriel. Là où ça se complique, c'est quand on doit insuffler une idée...
C'est la mission du charmant Léo qui, entouré d'une équipe de choc, est prêt à tout accepter pour retrouver ses enfants. Chassé de son pays, considéré comme criminel, il se languit d'eux. Et là où le film, qui n'était finalement qu'un agréable film d'action, devient intéressant c'est quand on comprend que Léo traine un passé par très clair et que les problèmes psychologiques se greffent aux soucis d'une mission difficile. 
Que dire d'autre ? J'ai bien aimé ce voyage dans les rêves... Dommage qu'ils ressemblent tant à la réalité !

mardi 3 août 2010

Comment dormir

Grâce à BoB, l’amoureux et moi-même avons pu découvrir un guide fort pratique de Monsieur Toussaint Louverture dont j’ai déjà parlé ici. Reprenant le principe des manuels de bonnes manières, Anne Baillol et le Dr Ralph Y. Hopton se penchent sur un sujet sensible : les bonnes manières dans la chambre.
Nous avons décidé de vous donner quelques conseils, à notre tour, pour bien lire cet ouvrage :

Conseil de l’amoureux n°1 : Commencez par la fin, vous rirez plus en arrivant au début.
Il semblerait que l’inspiration des auteurs se soit tarie progressivement au long du manuel. Si l’on commence par les situations les plus basiques, auxquelles tout le monde peut se rattacher, les scénarii qui nous sont présentés semblent de plus en plus exotiques, voire tirés par les cheveux quand on avance dans le livre : on finit quand même sur les bonnes manières pour une nuit à bord d’un yacht…. C’est dommage, car on n’aborde pas des situations pourtant attendues et à bon potentiel, du genre « que faire quand on se réveille chez un étranger »…
Conseil de Praline n°1 : Ne vous attendez pas à trouver de vrais conseils…
Finalement, plutôt qu’un livre de bonnes manières, les auteurs auraient plutôt du présenter cela sous la forme d’aphorismes plutôt que sous la forme de courts chapitres liés à un sujet spécifique : les ressorts humoristiques restent les mêmes.
Conseil de l’amoureux n°2 : Lisez-le en plusieurs fois, pour ne pas vous lasser !
J’ai beaucoup souri, parfois même ri en lisant les premiers chapitres du livre. Mais malheureusement les auteurs ne se renouvellent pas beaucoup au fil des 160 petites pages du manuel. Par exemple, les mêmes plaisanteries sur la vie quotidienne ou le rapport à l’argent sont reprises plusieurs fois, et c’est flagrant quand on lit le livre d’une traite.
Conseil de Praline n°2 : N’oubliez pas de le mettre dans votre bibliothèque
Ce livre-objet est original et attire l’œil grâce à sa couverture en tissu rouge. N’oubliez pas non plus de jeter un œil à son bandeau qui poursuit la plaisanterie…

En conclusion, ce petit livre est un objet sympathique, un espèce d’OVNI littéraire. Le ton y est léger, un peu désuet, l’humour y est rafraichissant sans jamais être grossier. Quelques chapitres le soir avant de vous endormir vous mettront dans de bonnes conditions pour la nuit, et plus important... le réveil !

lundi 2 août 2010

La petite fille de Mr. Linh

Mr Linh vient d'arriver dans un nouveau pays. Après un voyage avec d'autres réfugiés qui fuient leur pays en guerre, après avoir perdu sa famille et son pays, n'ayant pour tout bagage qu'une photographie et une maigre valise, Mr Linh échoue dans un camp d'accueil. Heureusement, il a avec lui sa jolie petite fille, Sang Diu.
Au début, Mr Linh ne sort pas, il a peur. Puis il se décide à parcourir cette ville inconnue. Il fait le tour du paté de maisons, plusieurs fois. Fatigué, il s'assoit sur un banc. Un gros monsieur s'y repose également, Mr Bark. Bavard, ce dernier commence une longue discussion avec ce voisin qui n'y comprend rien. Une étrange amitié, faite de mots incompris et de sensations nait.
Ce court roman se déroule en quelques semaines, on suit Mr Linh dans ses découvertes et on partage ses tristes souvenirs. Un ton simple, quelques mots et beaucoup de pudeur. Voilà ce que je retiendrai de cet exilé. Et le choc des dernières pages. Le bouleversement total de ma compréhension du roman. Mais ça, je vous en laisse la surprise.
En bref, un roman qui m'a beaucoup plu en compagnie d'un vieillard sans repères. Bravo à Mr Claudel pour ce magnifique roman et merci au livre de poche pour cet envoi.