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mardi 14 janvier 2020

Les sorties des fêtes

El Greco
C'est au Grand Palais que se tient cette belle rétrospective du peintre grec espagnol !
Elle est chronologique, avec quelques sous-sections thématiques, autour d'une oeuvre et de ses variations, d'un genre comme le portrait ou de l'activité de sculpteur - oh surprise - du peintre. 
Le parcours débute avec des icônes. Eh oui, avant de s'adonner aux figures longues et aux couleurs pastel, Greco vient avant tout de Crète où l'art en vigueur est encore byzantin. On le suit ensuite à Venise, où il s'inspire de Titien et Tintoret. Là, on voit la forme et les couleurs se modifier. Place aux tons acides du maniérisme, renforcés dans ses œuvres de Rome. Mais c'est en Espagne qu'il réalise ses œuvres les plus monumentales et à Tolède qu'il restera et persistera dans sa manière originale, bien tard dans le siècle.

Toulouse-Lautrec, Femme rousse en caraco blanc, 1889
Toulouse-Lautrec
A l'origine, je ne devais aller voir que Greco, n'étant pas fan des affiches de Toulouse-Lautrec, la goulue, Aristide Bruant... Et finalement, je me réjouis d'avoir passé le pas car j'ai découvert des œuvres et des aspects du peintre que j'ignorais. Car outre la grande période des affiches, des stars du cirque, de Montmartre et du Moulin rouge, Toulouse-Lautrec s'est aussi intéressé à la photo et à la représentation du mouvement - pas très probant selon moi. Il fait surtout de magnifiques portraits d'hommes et de femmes, du dandy à la grisette. Et il est très lié aux peintres et écrivains de son temps, notamment à travers la Revue Blanche. Enfin, je le croyais presque caricaturiste et moqueur, et je le découvre proche de ceux qu'il peint, ami des danseuses, des chanteurs, des prostituées.
L'exposition est plus longue que Le Greco, plus fournie, et la fin tourne aussi autour de la répétition des mêmes motifs, avec moins d'élan et de vie. 

Raghu Rai. Voyages dans l'instant
A l'Institut de France, il y a un petit pavillon qui accueillait jusqu'à la semaine dernière une belle exposition de photos de Raghu Rai, photographe indien. Spécialiste du reportage photo, il couvre des sujets pour des journaux indiens. C'est la variété et la beauté d'une partie de son oeuvre que j'ai découvert avec cette expo. Jouant sur les contrastes, avec beaucoup de noir et blanc, il s'adonne aussi à la photo couleur, croquant des visages et des corps en mouvement, pleins de vie ! Court mais marquant.
Raghu Rai, marchand de thé dans le train entre Delhi et Mumbai, 1982


L'art en broderie au Moyen Age au musée de Cluny
Le musée est en travaux, n'espérez pas profiter de ces salles après la visite, elles sont réduites à une portion congrue. Hâte de découvrir le résultat. 
En attendant, une superbe exposition de broderies et tissus médiévaux vous est ouverte. Elle commence par un glossaire des points ainsi que des outils, qui me seront bien utile pour comprendre les techniques de broderie détaillées tout au long de l'expo. 
Fragment de caparaçon de cheval, 1330-1340
Ornant les objets de luxe, la broderie se développe en Allemagne et Angleterre. On découvre des ornements liturgiques mais aussi les objets profanes (aumônières, caparaçon de cheval... on n'ose penser aux vêtements princiers). Parmi les œuvres marquantes, des sandales, un antependium avec des saints, les fragments du caparaçon de cheval aux léopards anglais. Et la mitre de la Sainte Chapelle à la nativité délicate. J'ai aussi découvert la magnificence des broderies à l'or nué mêlées aux fils de soie, aussi subtiles que des peintures. 
Œuvres splendides et rarement exposées (pour des raisons de conservation notamment), elles valent le détour. La scéno est discrète, les cartels sont suffisamment détaillés, il aurait peut-être été chouette de voir quelques techniques en vidéo mais l'ensemble est à la fois pédagogique et beau.

Mystérieux coffrets. Estampes au temps de la Dame à la licorne
L'exposition débute avec la présentation de mystérieux coffrets dont l'utilité ne nous est pas connue et qui conservent dans une partie secrète des estampes attribuées à Jean d'Ypres et contenaient certainement des reliques. Mystérieux, non ? 
En réalité, l'expo ne s'attardait pas beaucoup sur cette question mais plutôt sur la production, surtout religieuse, de Jean d'Ypres. 

New - La comédie musicale improvisée
Vous arrivez au Grand Point Virgule pour donner un titre et un lieu qui seront peut-être retenus pour lancer le spectacle. Vous proposez des noms, des airs, des contraintes diverses que les acteurs-chanteurs-danseurs intègrent dans le spectacle. Les musiciens et le dessinateur les soutiennent dans cette improvisation à 100 à l'heure, drolissime et étonnante. Quel talent ! Et toutes les semaines, c'est différent :)

Funny Girl
Une comédie musicale impressionnante au théâtre Marigny ! Super qualité des chanteurs et danseurs, décors à couper le souffle, mise en abyme du théâtre, pas de happy end, c'est du beau spectacle, on se croirait à Broadway.
Fanny Brice veut devenir une star mais elle n'a ni les gambettes ni le minois des belles. Qu'à cela ne tienne, elle a la voix, la volonté et les idées. Et ça marche, elle devient une star avec le producteur Florenz Ziegfeld. Mais elle tombe aussi amoureuse du séduisant Nick Arnstein qui ne lui rend pas la vie facile.
Le scénario n'est peut-être pas complètement fou mais la puissance des personnages, leur humour et la beauté du spectacle compensent largement : on ne s'ennuie pas un instant !

Star Wars - The Rise of Skywalker
Que dire ? C'est dynamique, ça se regarde, il y a même de l'humour. Il y a une quête et bonne grosse bataille finale. Par contre le scénario est pas terrible et on n'a aucune explication sur rien : Qui est Rey finalement ? Comment Palpatine n'est-il pas mort ? Comment se fait-il que tous les indices se trouvent et s’enchaînent si bien si Luke les a cherché pendant des plombes ? Et la dyade, ça marche comment au juste ?

Les misérables
Welcome à Montfermeil Pento ! Un nouveau flic rejoint la BAC (brigade anti-criminalité) et l'on suit sa première journée dans les quartiers avec ses coéquipiers, Chris et Gwada.
35 degrés, lendemain de coupe du monde, tout devrait être calme. Il y a les petits soucis quotidiens, du marchand qui s'étale, des fumeurs de shit... Et puis les soucis plus pénibles comme le vol d'un lion, une arrestation qui tourne à la bavure devant une caméra, l'agressivité qui monte entre les grands frères et les flics. Chacun joue au cow-boy de son côté. Ça se parle mal, ça se chauffe, ça s'échauffe. Pas mal pour un premier jour. Sauf que les petits frères n'ont pas dit leur dernier mot.

Un film assez flippant mais très bien mené sur les banlieues, où seule la force, la menace et les coups permettent de se faire entendre.

mercredi 9 octobre 2019

Sorties des six derniers mois... oups, ça date !

Pour Sama
Documentaire filmé caméra au poing, essentiellement dans un hôpital, durant le siège d'Alep, c'est un film très dur. Waad et Hamza de 2011, dans l'enthousiasme du printemps arabe, à 2016, à la fin du siège d'Alep, c'est l'itinéraire de deux résistants et deux rescapés. Elle est journaliste, il est médecin. Et elle nous livre des images crues, dures, d'enfants morts sous les bombes, de familles en deuil, coincées dans une ville fantôme. Un documentaire qui laisse sans voix.

Nous les arbres
A la fondation Cartier, une étrange expo sur les arbres, à travers des artistes et des scientifiques. Expo dans l'air du temps, qui réunit des œuvres contemporaines variées, provenant notamment de communautés indigènes du Paraguay et du Brésil (youpi). Représentations des arbres et liens entre la nature et les créations humaines sont au centre de la visite. Le parcours n'est pas forcément très clair mais c'est une belle promenade entre les dessins de Francis Hallé, les films de Depardon et les artistes du Chaco !

Les hirondelles de Kaboul
Magnifique film d'animation, aux images aquarellées et douces, qui contrastent fortement avec le fond de l'histoire : la vie d'une jeune femme à Kaboul, sous les talibans. Mohsen et Zunaira, deux intellectuels, vivent ensemble, ils s'aiment. Zunaira, cloîtrée chez elle, dessine à longueur de temps. Mohsen erre dans les ruines de l'université et participe à une lapidation. De ce geste et des humiliations des soldats, une dispute s'ensuit à l'issue de laquelle Mohsen meurt. Zunaira est emprisonnée mais Atiq, le gardien de prison, ne reste pas insensible à ses charmes. Un film très esthétique !

Amazonie : Le chamane et la pensée de la forêt
C'est une expo toujours visible au château des ducs, à Nantes. Expo de plumasserie exceptionnelle : les parures sont dingues ! L'objet de l'expo, ce sont les peuples indigènes d'Amazonie, qui luttent pour conserver leurs terres et leur droit à vivre dans la forêt. Ce sont leurs chefs qui en parlent, à travers plusieurs vidéos qui parcourent l'expo. Pensée par peuple, dont je n'ai malheureusement pas retenu tous les noms, on découvre à la fois les armes, des ornements et quelques éléments sur la vie quotidienne de chacun. Plus intéressant esthétiquement qu’anthropologiquement.

Rock ! Une histoire nantaise
Toujours au château des ducs de Nantes, c'est une histoire du rock à Nantes depuis les années 60 à nos jours. Ce sont des groupes, des lieux, des chansons, offertes chronologiquement. Avec un système d'ampli assez amusant pendant la visite et plein de noms que j'ignorais totalement !

Paris Romantique
Au Petit-Palais et au musée de la vie romantique, on parcourt les courtes mais foisonnantes années de 1815 à 1848, en s'arrêtant dans les divers quartiers de Paris. C'est passionnant - mais on n'avait pas prévu assez de temps, du coup fin du parcours en 4e vitesse. On part des Tuileries, du Louvre et du Palais Royal, les lieux du pouvoir politique et économique pour aller vers le Paris des Révolutions et des plus pauvres. Les nouveaux lieux intellectuels et artistiques comme la nouvelle Athènes sont évoqués, plus spécialement au musée de la vie romantique avec les salons. Une expo passionnante entre art et histoire !


Muse
Concert au Stade de France avec foule d'effets spéciaux. C'est un peu too much, non ? Même si ça fait toujours plaisir de retrouver ces artistes.

Parasite
Il est rare que je me sente mal au ciné, mais ce film - et la chaleur de la salle - m'ont épuisée. Cette histoire de famille pauvre qui s'incruste chez les riches fait passer par bien des émotions. Est-ce juste ou injuste ? Est-ce drôle ou pitoyable ? Est-ce gore ? Est-ce moral ou non ? Et finalement, à quoi ça sert la morale ? Un film esthétiquement très réussi, dont on sort avec des questions !

A gospel Feast par Diony'sVoice
Concert de Gospel hyper chouette par un jeune groupe.

Mes souliers sont rouges
Très belle soirée de concert au café de la danse avec le groupe reconstitué, des nouvelles chansons, toujours des souliers rouges et de la podorythmie. Et un petit plus avec l'accompagnement en langue des signes. De quoi danser la gigue toute la nuit !

Et pendant ce temps Simone Veille
Et si on rembobinait l'histoire du féminisme ? Des années 50 à nos jours par exemple. On suit trois femmes, et leur progéniture, dans la difficile libération féminine. Drôle, sans complexe, c'est un joli voyage que nous offre cette pièce.

Green Book
La tournée d'un musicien noir, Don Shirley, dans le sud de l'Amérique dans les années 60, n'est pas de tout repos. Tony Lip, engagé comme chauffeur et garde du corps, va découvrir les violences du racisme. Une belle histoire d'amitié et des moments édifiants.

Fernand Khnopff
Un de mes peintres chouchous depuis une expo au musée de Bruxelles... il y a des siècles ! J'ai eu beaucoup de joie à le redécouvrir à Paris au Petit Palais, même si j'avais oublié à quel point symbolisme et onirisme peuvent côtoyer mysticisme chelou. La scéno est superbe, dans un décor fin de siècle, et le parcours thématique permet d'observer les portraits, paysages, sculptures et peintures du rêve, d'Hypnos etc. chers à l'artiste. Belle rétrospective d'un peintre méconnu, dont j'aime l'onirisme et la touche ouateuse. 

A la bonheur
Au théo théâtre, voyage farfelu d'un clown qui nous vend du bonheur. Pas emballée.

Fendre l'air
Sur l'art du bambou au Japon, voici une exposition du quai Branly qui m'a laissée de marbre. A croire que la vannerie et l'art de la tresse ne sont pas mes tasses de thé. De panier décoratif à sculpture, la place de ces œuvres de bambou évolue, au point que certains soient aujourd'hui trésors nationaux.

Heptameron, récits de la chambre obscure
J'avais beaucoup aimé les récits de Marguerite de Navarre. Imaginez-les repris ici par des comédiens, des musiciens et des chanteurs de pièces baroques. Décor dépouillé, histoires d'amour et de mort, voix pures, préparez-vous à vivre un rêve éveillé. Magnifique !

Seule(s) en scène
Cinq comédiennes sur scène, dans les années 60. Elles répètent une pièce où il est question de meurtre. Mais très souvent, elles dérapent dans leur propre réalité. Drôle et bien mené, avec des actrices attachantes.

Peintures des lointains
Au musée du Quai Branly, on découvre des peintures qui retracent les liens entre colonisateurs et colonisés, orient et occident, du XVIIe au XXe siècle. De l'émerveillement -que c'est exotique !- au racisme, il y a un peu de tout dans cette expo. Rien de bien nouveau du point de vue historique, mais des peintures étonnantes, peu vues - pas toujours géniales esthétiquement !

mercredi 9 janvier 2019

Quelques sorties hivernales

Voilà un bout de temps que je ne vous ai pas parlé des sorties musées et ciné, faute de temps plus que d'absence de découvertes ! Je vous parlerai ici d'expos, de films et de spectacles.

Comédies musicales à la Philharmonie

La comédie musicale est un divertissement que l'on apprécie, l'expo était en tête de liste de nos sorties hivernales. Et nous n'avons pas été déçus par le riche contenu visuel proposé. 
Après une introduction autour de Singing in the rain, on découvre l'histoire et la chronologie interactive des comédies musicales - au cinéma. C'est une partie assez essentielle, que je vous conseille de ne pas sauter avant d'entrer dans la salle principale et de vous faire happer par tous les contenus, à la fois sur des thèmes spécifiques : la danse, les stars, les effets visuels, tel ou tel artiste, les costumes, les effets spéciaux etc. 
C'est une expo riche, avec énormément de contenu vidéo à voir (on y a passé plus de 3 heures) quand on aime rentrer dans les détails - comme ce qu'est la comédie musicale au Japon, pas très éblouissante. On a toutefois regretté qu'il ne soit pas du tout question de Broadway et que l'expo se cantonne au ciné. J'imagine que ça prenait des proportions ingérables.

ON AIR au Palais de Tokyo

Carte blanche à Tomas Saraceno, cette exposition présentait les oeuvres de l'artiste argentin dans tout le musée. L'idée principale en était les interactions entre tous et tout, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, des araignées aux étoiles. On découvrait d'abord des toiles d'araignées, puis des sons, transmis par les vibrations, des voyages en ballons, le tout dans un langage scientifico-poétique abscons et répétitif. Mais c'est esthétique, et - à voir l'attente devant le musée - ça marche plutôt bien. Par contre, c'est fini.

 

Un rêve d'Italie, la collection du marquis Campana

Tous ceux qui ont étudié la céramique grecque connaissent le nom du fameux collectionneur et sa ruine. Son énorme collection, partagée entre le Louvre et l'Ermitage, est exposée en partie par le musée du Louvre. C'est intéressant à la fois pour la démarche car le collectionneur avait un système spécifique de classement et d'exposition dans ses différents palais, et pour les objets eux-mêmes, souvent de qualité - mais dont pas mal d'attributions ont été revues. C'était aussi une tentative d'embrasser tout l'art italien, en accord avec les convictions politiques du marquis et avant que l'Italie ne s'unifie. 
Pour ce qui est des objets exposés, beaucoup proviennent des collections du Louvre ou de musées français (car les pièces ont été réparties) et j'ai regretté de ne pas croiser plus de céramiques - je retournerai dans la galerie Campana pour cela - même s'il y en a déjà trop pour certains visiteurs. Et j'ai apprécié toutes les questions autour des restaurations et de l'authenticité, qui reste un débat bien actuel. Côté majoliques et peintures - sauf les oeuvres médiévales, c'était moins ma tasse de thé. Une expo intéressante sur les ambitions d'une collection et d'un collectionneur exceptionnel.

Bohemian Rapsody

Comme beaucoup, on a beaucoup aimé ce film, plus pour la musique que pour la vie de Freddie Mercury. On y découvre la vie du chanteur, les créations et coups de génie de Queen, le succès... Et aussi la solitude de Freddie. Rien de bien fou dans ce film, c'est linéaire, assez plat, mais sauvé par la musique du groupe - ah le moment de la création de Bohemian Rapsody...

Capharnaum

C'est Zain que l'on suit dans ce film de Nadine Labaki. Zain est un petit garçon, dans une famille nombreuse de Beyrouth qui peine à joindre les deux bouts. Il ne va pas à l'école mais travaille. Suite au mariage de sa soeur, il fuit et rencontre des clandestins et une vie tout aussi complexe que la sienne. Sale, dur mais pourtant tendre, ce film n'a pas réussi à me toucher et m'a semblé un peu long. On pleurait à côté de moi, sans que je comprenne pourquoi. 

Asterix et le secret de la potion magique

C'est divertissant et drôle, mais pas indispensable à voir au ciné. Panoramix se met en quête d'un successeur mais peu seraient capable de remplacer le druide de la fameuse potion magique.

Gus l'illusioniste

Il est drôle et super fort pour nous illusionner. Ce magicien joue avec les cartes et manie l'humour - un peu moins bien la caméra - avec les spectateurs qu'il invite sur scène. Avec plein de jolies références à Love actually, Gus nous fait passer un très beau moment entre rire et émerveillement.

Au-delà des murs

Spectacle chanté et dansé sur l'exil, nourri de témoignages de migrants et d'associations, il mettait un peu d'espoir en l'humanité malgré un accueil qui se durcit.

dimanche 9 décembre 2018

Un instant

Joli moment de théâtre hier, au théâtre Gérard Philipe avec une création autour de la Recherche. C'est beau d'écouter au théâtre les longues phrases de Proust, avec des temps inusités aujourd'hui, de se laisser porter par une pièce onirique, qui nous questionne sur notre propre rapport au temps et nous habite de ses interrogations et de ses mots. 

Dans un décor de salle bondée de chaises empilées, un bric à brac de souvenirs, ou sur deux bancs, puis plus haut, dans une chambre capitonnée, dialoguent deux personnages. On reconnait Proust et l'on rencontre une dame âgée, qui raconte quelques souvenirs d'enfance, d'exil et d'amour familial. Une histoire de boat people. Petit à petit, la Recherche gagne toute la place, avec un focus sur le fameux temps du coucher du jeune Marcel, sur le décès de sa grand-mère, le tout bercé par les réflexions autour de la mort, du temps et des souvenirs. 

Campés par Hélène Patarot et Camille de la Guillonnière, nos deux personnages échangent, partagent un thé, une promenade, puis se font écho l'un de l'autre, se parlent à travers les mots de Proust, malgré leurs histoires différentes. Et ces échos dialoguent avec les souvenirs des spectateurs, comme dans un rêve, un moment hors du temps, bercé par une douce mélancolie, quelques notes de musique, des rires, quelques larmes. La mort n'est jamais loin mais les souvenirs nous assurent que "la mort est une maladie dont on revient".


samedi 13 octobre 2018

Edmond

Après des mois d'attente, on a enfin réussi à aller voir Edmond au théâtre du Palais Royal avant l'été. Cette pièce d'Alexis Michalik nous branchait pas mal, même si, je le disais, Edmond n'a pas écrit que Cyrano !

Comment Rostand a écrit Cyrano ? Comment de versificateur pénible il devient l'idole des jeunes ? C'est un peu ce que conte la pièce. Comme souvent avec Michalik, la rédaction et le montage de la pièce jusqu'aux rappels filent à toute allure, sans laisser au spectateur le temps de dire ouf ou de ne pas être emporté par le flux incessant. On applaudit et c'est déjà fini.

Il faut dire qu'en quelques mots, quelques scènes et personnages, l'époque et les difficultés de Rostand sont esquissées : famille à charge, Feydeau triomphant, début du cinéma... Tout va contre le jeune auteur d'un autre temps, nostalgique du Romantisme. Et pourtant, malgré lui, il trouve un héros, une pièce et des répliques inoubliables. Comme c'est simple d'écrire et de créer !

C'est divertissant, c'est sympathique, pas très historique, mais qu'importe puisqu'on sait encore se divertir au théâtre. 


mercredi 10 octobre 2018

Ovni(s)

Etrange spectacle que celui que propose le collectif Ildi ! Eldi au théâtre Ouvert avec une mise en scène pas tout à fait claire pour moi. Elle rappelle le projet initial du film, transformé en une pièce de théâtre.

D'une pièce d'Ivan Viripaev où il est question de rencontre avec des extraterrestres, le collectif en sélectionne et en présente cinq. Cinq moments de contact avec l'autre et l'ailleurs, cinq moment de présence au monde, d'omniscience, de sérénité parfaite... Bref, un être au monde différent, plus entier, plein. Une connexion. Une expérience intime très forte et transformante pour chacun des cinq personnages, de l'étudiante au concepteur de jeux vidéos. Et en même temps, petit paradis perdu, impossible à retrouver.

Étonnants ces mots et ces attitudes qui décrivent l'expérience, critique d'un monde hyperactif et d'une déconnexion de soi, moment innommable et intransmissible. Mais aussi très décontenançants pour le public qui reçoit ces situations. Au début, on s'étonne, on cherche à comprendre, puis on commence à s'ennuyer...

jeudi 10 mai 2018

Ithaque. Notre Odyssée 1

Il est des spectacles qui vous ennuient avant qu'ils ne vous donnent envie de crier sur votre siège, vous pétrifient ou vous secouent. Et cette pièce de Christiane Jatahy est de ceux-ci. 

Au programme, migrations, Brésil et Odyssée. Une pièce qui se veut politique et engagée, aux moyens techniques prétentieux (la scène se remplit d'eau à se noyer, le public qui voyage et les vidéos en live) qui repose sur l'histoire d'Ulysse et Pénélope. D'Ulysse qui peine à quitter Calypso. De Pénélope qui voit son pays pillé, dépecé par les prétendants et cependant ne renonce jamais à Ulysse. Devant nous, les acteurs sont tour à tour Pénélope, Calypso ou les servantes qui couchent avec les prétendants (et vont être pendues après avoir nettoyé le sang de leurs amants), Ulysse ou les prétendants, à différents âges de la vie, à la veille du retour ou n'importe quand pendant les dix ans d'amour et d'errance d'Ulysse, après cette guerre de dix ans également. La situation d'exilé d'Ulysse est l'occasion d'interroger la migration et des pages de journaux de réfugiés nous sont lues, crues, violentes, terribles et en même temps tellement artificielles dans cet espace qui ne joue que de l'image. De même que la résolution est affreuse de violence, physique et psychique, de combats et de suicides, de torture même. Personnellement, ça me fait mal de voir tant de violence au théâtre (ou au ciné, ou ailleurs), de la montrer si crue, si nue, de la filmer, de la démultiplier ainsi. Il y a d'autres moyens de la dénoncer, sans entrer dans cette spirale. Bref, je reste maltraitée par cette violence, surtout faite aux femmes, dans cette pièce. Quand au fond, au texte, au jeu, il est confus, il est bruyant mais semble terriblement vide. J'ai failli sortir à plusieurs reprises, lassée puis dégoûtée, pourtant le thème semblait prometteur. Une rencontre manquée pour moi et pour pas mal de spectateurs partis en cours de spectacle !


dimanche 6 mai 2018

Futsal et mains propres

... est une jolie surprise montée par la Compagnie Jolie Môme

A Champignoux, on n'est pas des pignoux ! Et surtout pas depuis que l'équipe féminine de futsal s'est qualifiée pour la coupe d'Europe. Cinq filles, bien différentes, et leur coach se préparent à ce défi. Et à travers les joueuses, c'est une partie de la vie de Champignoux qui nous parvient. Avec des réalités différentes pour Laetitia, fille du boucher local ou Lucie, employée chez lui. 
L'équipe est soutenue par monsieur Verdier, nouveau sponsor du groupe. Qui leur impose une nouvelle joueuse. Qui fournit de la drogue à une autre. Qui veut faire de la pub par tous les moyens. Qui menace et cajole. Bref, qui n'est pas très fair play...

Engagé, rythmé et dynamique, ce spectacle avec musique, acrobaties et beaucoup d'humour nous brosse un portrait social d'une petite bourgade. Courez-y, c'est excellent !

mercredi 18 avril 2018

La clef de Gaïa

C'est un peu par hasard que nous sommes tombés sur ce spectacle au théâtre des Mathurins. C'est un one woman show de Lina Lamara, accompagnée par Pierre Delaup à la guitare.

Entre histoires et chansons, notre actrice se dédouble, devenant Mouima, une grand-mère algérienne, ou Gaïa, la petite française. Et l'on voit Gaïa grandir, de petite fille à femme, et Mouima vieillir et raconter de plus en plus la vie d'avant. Histoire de cultures qui changent, de secrets qui se confient de femmes à femmes... C'est tendre, c'est parfois triste et violent (moment guerre d'Algérie qui vient assombrir le spectacle et ne s'y intègre qu'à moitié), mais dans l'ensemble c'est gai, poétique et chantant. Une jolie découverte !


mercredi 28 mars 2018

Deux mensonges et une vérité

Ils nous avaient demandé une sortie au théâtre, de préférence un boulevard. Nous avons repéré cette pièce au Théâtre Rive Gauche. Le plot est simple : un couple fête ses 27 ans de mariage, il se réjouit de l'absence de surprise et de stress dans leur relation. Elle espère toujours le surprendre. Il lui propose un jeu : ils doivent se dire deux mensonges et une vérité. Lorsqu'elle lui annonce qu'elle a un enfant avec un autre homme, qu'elle a fait de la prison et qu'elle a changé de nom, il rit jaune. Et commence une enquête sur sa femme...

Leighton Pavonia

Menée par Lionnel Astier, cette comédie nous fait passer un bon moment. Elle peine un peu à démarrer et la fin est tout à fait décevante mais l'entre deux est plutôt agréable. Les répliques sont toutefois un peu lourdes et répétitives. On aurait pu faire plus court. 

vendredi 2 mars 2018

Don Quichotte, farce épique

On m'a offert ce joli cadeau récemment. En même temps qu'une place pour le ballet Don Quichotte qui se jouait à l'opéra Bastille en janvier. Je ne vous ai pas parlé du ballet. Coloré, drôle, centré sur des intrigues amoureuses, il parle de Barcelone, des gitans et des toreros. Don Quichotte est plutôt un prétexte. Il transforme la réalité et a même des visions. Mais le coeur du ballet est plutôt dans les exploits des amants pour obtenir la permission de se marier. 

Bref, ça ne vous renseigne pas du tout sur le spectacle qui se joue au Lucernaire jusque fin mars. Il s'agit d'une improvisation (tout de même bien rodée) autour de Don Quichotte. On reprend les moments forts et on les met en scène. Le duo Sancho/Quichotte fonctionne à merveille. C'est drôle, du gras au plus léger, c'est simple. ça cause de chevalier errant et de pouvoir de l'imagination. ça n'aurait pas déplu à Cervantès (enfin, j'espère).


mardi 27 février 2018

Carmen(s)

C'était un superbe spectacle de danse au théâtre de Chaillot. Et je vous en parle trop tard car il n'est plus à l'affiche.

Alliant danse classique, contemporaine, hip-hop et flamenco, il nous propose une nouvelle Carmen. Les airs de Bizet sont présents ainsi que la passion, le meurtre mais en filigrane. Ce n'est pas ce qui compte ici. Seule Carmen intéresse. Une Carmen multiple. Elle est toutes ces femmes et hommes qui dansent leur passion. Survoltées et dynamiques, ces Carmen(s) tout de rouge vêtues sont superbes, chacune a son style, sa danse, son rythme. Chacune incarne Carmen. D'ailleurs, chacun.e des danseur.se.s est invité à dire quelques mots de ce qu'est Carmen pour lui à travers des extraits vidéos. Cette liberté, cette sensualité, cette passion qui se moque des conventions. Seul moment un peu bizarre, celui sur les migrants, qui vient comme un cheveu sur la soupe. Intéressant en terme culturel et social, l'image est assez mal exploitée selon moi. Ou pas assez mise en lien avec Carmen.

Un très beau spectacle de la compagnie Montalvo qui mêle les différentes danses avec beaucoup de finesse et de beauté !

vendredi 5 janvier 2018

Une vie sur mesure

Pour mon anniversaire, l'Amoureux m'a offert une sortie au théâtre Tristan Bernard. Ce one man show est bluffant. A la fois comédien et batteur, Axel Auriant-Blot nous tient en haleine pendant une heure trente. Alternant moments musicaux, du jazz à la samba, en passant par la techno, le rock et la bossa, et récit de sa vie, ce jeune acteur campe un délicieux Adrien. Naïf, doué, ce jeune garçon ne vit que pour le rythme. Il est émerveillé par le son du ballon qui rebondit, combiné à celui du hachoir familial, par le bruit de la gifle comme du baril de lessive... Tout est musique pour lui. Et la batterie est son instrument rêvé. 
Mais à part la musique, l'école ne lui réussit pas beaucoup, la maison est un lieu de violence et de chantage, il n'a pas d'amis... Mais comme il n'y a que la batterie qui compte, qu'importe. Attachant et drôle malgré lui, Adrien nous embarque dans son histoire... avec Tiketoum, son instrument. Seul bémol, la fin hardos. 

vendredi 7 juillet 2017

Lucrèce Borgia

Dernière représentation au Théâtre 14 avec Emmanuel Dechartre, Frédérique Lazarini, Didier Lesour, Marc-Henri Lamande, Louis Ferrand, Hugo Givort, Clément Heroguer, Pierre-Thomas Jourdan, Kelvin Le Doze et Adrien Vergnes. 

Rien de tel qu'un drame de Hugo pour clôturer l'année ! Une pièce portée par de très bons comédiens, mention spéciale à Frédérique Lazarini, même si elle a tendance à en faire un peu trop. Zéro mise en scène, usage intéressant de la musique, heureusement, il y avait des comédiens !

Le drame, vous le connaissez sans doute : Gennaro est un soldat de hasard, qui ne connait pas les siens. Il vit avec des amis qui ont tous perdu un parent par la malice des Borgia. Alors qu'ils sont à Venise, Gennaro et Lucrèce Borgia (masquée et présente comme par hasard) s'entretiennent de la mère disparue de Gennaro. Mais le groupe la reconnait et la nomme à Gennaro.
On passe ensuite à Ferrare, ville de Lucrèce, où nos jeunes gens ont à faire. Gennaro insulte la duchesse et est arrêté. Lucrèce le sauve. Mais elle condamne ses amis. Et tout cela se finit bien mal. Oui, parce que Gennaro n'envisage pas une seconde que Lucrèce s'int
éresse à lui pour d'autres raisons qu'un amour adultère.

Une représentation très chouette, qui sert le drame, qui exagère parfois trop les effets mais te laisse pantelant et questionné. Plutôt bon signe !


mercredi 15 février 2017

La La Land

Nous avions entendu tellement de bien de ce film ! "Léger et profond", "comédie musicale pas gnan gnan", "Tu sors du ciné en ayant envie de danser !"... Bon, le film nous a plu mais nous ne sommes pas non plus en extase.

Le plot ? Elle rêve de devenir actrice. Il rêve de monter son club de jazz. Au milieu des studios hollywoodiens, il y a plus de rêves frustrés que de rêves exaucés... Mais Mia et Seb s'accrochent. Et ne tardent pas à se rencontrer, se poussant mutuellement à poursuivre leurs rêves. Et pourtant, la vie (et l'absence de communication) les rattrape. Mais bon, si c'est pour vivre leur rêve, ça vaut bien quelques sacrifices !

Si le film débute sur les chapeaux de roues avec une choré au top et une bonne humeur décoiffante, on regrette que l'aspect comédie musicale demeure ensuite plus anecdotique. Un petit air, quelques pas de danse et c'est plié. C'est en effet l'histoire d'amour qui prend le pas avec ses réflexions sur le sens de la vie, l'amour ou mon rêve, s'adapter ou renoncer, blablabla. Avec des acteurs peu convaincants, il faut bien l'avouer. Certes, c'est coloré, rétro et très bien filmé mais le scénario et le jeu des acteurs ne semble pas à la hauteur. On est loin de la vitalité des musical américains !

D.R.

lundi 6 juillet 2015

Main Square Festival 2015

Voilà plusieurs années que nous n'avions pas mis les pieds au Main Square d'Arras. Mais il y avait cet été un argument pour nous convaincre : Muse ! Notre groupe britannique chéri commence une tournée suite à la sortie de Drones et il n'était pas question de rater ça ! Mais, idiots que nous sommes, nous avons raté la mise en vente des billets et avons dû prendre un pass trois jours. Une première ! Pour ceux qui me suivent depuis 2008, sachez que le Main Square s'est déplacé de la Grand Place à la citadelle d'Arras, un espace qui est réservé pour le week-end à deux scènes et à une quinzaine de groupes. 

Main square festival 2015

Nous avons pu écouter rapidement Lenny Kravitz, juste avant d'aller nous coucher pour profiter de Muse le lendemain. Le samedi, place à Skip the Use et Muse tandis que dimanche, nous avons découvert Lilly Woods and the Prick et Mumford and Sons en concert. 

Skip the Use a bien chauffé l'esplanade : son dynamisme a emporté la foule qui s'est retrouvée à jouer à 123 soleil avec lui, à chanter et à danser (contre le FN notamment). Des tubes qui envoient, un côté très convivial et un chanteur qui se démène sur scène tout en lançant des messages politiques... Nous voilà bien en forme pour Muse. 

Quelque longues minutes plus tard, les trois musiciens s'avancent et se lancent dans un show bien rodé, aux multiples effets spéciaux. Mat gesticule moins qu'avant, Christopher se lance dans des impros... Au programme, cinq morceaux issus de leur nouvel album, Drones, entrecoupés des grands classiques du groupe : Psycho, Supermassive Black Hole, The Handler, Plug in Baby, Dead Inside, Interlude, Hysteria, Munich Jam, Madness, Apocalypse Please, Supremacy, Mercy, Time is Running out, RReapers, Starlight, Stockholm Syndrome, Uprising et Knights of Cydonia. 

Un show raccourci de 20 minutes par rapport au programme, une impression de maîtrise et de performance bien calée... On sort heureux mais un peu frustré de ce concert. On en voulait plus ! Et l'on zappe le petit génie de l'électro, Madeon, pour rentrer. 

Dimanche, sous un ciel plus couvert, Nili Hadida s'agite (et secoue ses cheveux en rythme) sur des titres en anglais et français. Il y a de l'énergie, le courant passe visiblement bien entre le groupe et le public, qui s’électrifie littéralement quand le groupe chante son tube : Prayer in C. Place ensuite à Mumford and Sons. Les britanniques ont été pour nous LA bonne surprise du festival. Il faut dire que musicalement, on en a eu pour notre compte : les chœurs chantés par les trois compères de Marcus Mumford appuient juste comme il faut sa voix, si bien que ça vous fait frissonner l'échine ; le groupe alterne entre mélodies douces, morceaux rock avec des parties de guitare électrique et de basse bien efficaces, et, ce qui nous a laissé le meilleur souvenir, un espèce de country aux amphétamines à base de banjo, contrebasse, guitare sèche, avec de savantes touches de cuivres et violon, et encore une fois, des chœurs au top. Bref un concert bourré d'émotions, qui ne laisse pas son spectateur en reste puisque les membres du groupe prennent un malin plaisir à mixer les rôles : le chanteur passe à la batterie, les guitares tournent... 

On quitte la citadelle avant la star du jour ; non, Pharell Williams n'est pas notre came, malgré le chouette Happy ! On a de la bonne musique plein les oreilles et la furieuse envie d'aller plus régulièrement à des concerts.

samedi 27 juin 2015

De Carmen à Mélisande. Drames à l'opéra comique

Stokes, MelisandeJ'ai réussi à aller voir in extremis cette exposition du Petit Palais qui me tentait depuis plusieurs mois ! Pour ceux qui l'auraient repérée aussi, elle se termine dimanche. 

Expo assez courte, elle explore le destin de quelques grandes créations pour l'Opéra comique de Paris. C'est ainsi que j'ai découvert que ce lieu fêtait ses 300 ans. D'où l'expo. Celle-ci se concentre sur la période faste de la fin du XIXe siècle. On passe de Carmen aux Contes d'Hoffmann, de Lakmé à Manon, du Rêve à Louise et à Pelléas et Mélisande. Au milieu de l'exposition, l'incendie de 1887 qui détruit l'opéra est évoqué ainsi que le concours pour sa reconstruction (quelques beaux dessins d'archi exposés). 

Béraud, la baignoire, au théâtre des variétés
Oh les coquins, mais que regardent-ils tous ?

Après une brève introduction et une jolie frise chronologique (bien plus chouette que d'habitude avec ses visuels), on entre dans le vif du sujet. Quelques tableaux, des dessins, notamment des costumes, des partitions, un portrait du compositeur, des pistes audio et vidéo résument sommairement chacun des opéras énumérés plus haut. Le but n'est pas forcément d'entrer dans le détail de la création mais de l'évoquer par ses passages les plus connus, ses costumes ou personnages les plus parlants. On sort donc de cette exposition un peu frustré par le peu de grain à moudre. C'est donc plus une introduction à l'Opéra comique, un hommage aux créateurs qui ont fait sa renommée plus que les résultats de 10 ans de recherches. Le petit plus : une scéno simple et efficace qui joue avec les codes du théâtre : rideaux rouges, côté cour ou jardin et dos de décors orientent le visiteur. Une chose est sûre, en sortant, on n'a qu'une envie : filer voir un spectacle dans cette salle !

Giacomotti, Bizet

lundi 22 juin 2015

La belle Hélène

Ce doit être la première fois que nous sortons déçus du théâtre du Châtelet. Nous attendions avec impatience cette Belle Hélène, en aficionados d'Offenbach que nous sommes. Las, si la prestation de Gaëlle Arquez a largement comblé nos attentes, le reste nous a paru bien trop léger. 

Parlons d'abord de la mise en scène. L'idée d'utiliser des caméras et un fond bleu pour projeter des acteurs sur grand écran était amusante mais lasse à mesure qu'avance le spectacle. Les effets spéciaux que permet cette mise en scène n'ont finalement que peu de valeur ajoutée. L'introduction notamment d'un clown, garde du corps et femme de ménage qui distrait et amuse le spectateur est tout aussi artificiel. Tout cela manque de subtilité et de finesse. Ce n'est par forcément ce qui caractérise Offenbach mais la, ça tourne vraiment à la farce grasse. 

Quant aux chanteurs, nous les avons trouvé fades. Les voix n'avaient pas de profondeur à l'exception de celle d’Hélène. Bref, grosse déception !

Andrea del Sarto, Leda et le cygne

mercredi 13 mai 2015

La Flute enchantée

Malgré nos nombreuses sorties à l'opéra ces dernières années, je n'avais jamais eu l'occasion de voir ce grand classique de Mozart. Nous avons donc sauté sur l'occasion cette année !


Voici un rapide teaser pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le scénario : Tamino, jeune et fringant prince, se retrouve égaré en terre étrangère et poursuivi par un serpent géant. S'évanouissant lors du combat, il est sauvé par les servantes de la Reine de la Nuit. Celle-ci, une fois son identité révélée à Tamino, va lui demander de sauver sa fille Pamina en échange de son amour et sa reconnaissance éternelle.

Tamino ne se le fait pas dire à deux fois, et part accompagné de Papageno, un oiseleur fort peu scrupuleux ou courageux, qui lui servira de guide au long de leur périple. Pour l'aider, Tamino se verra confier une flûte enchantée, qui a le pouvoir de charmer n'importe qui ou n'importe quoi.

Mais le dénommé Sarastro, qui détient Pamino, est-il vraiment le démon qu'on décrit à Tamino ?

D.R.
Si la partition musicale n'a pas pris une ride malgré les différentes reprises qui en ont été faites en de multiples occasions, la mise en scène de Robert Carsen m'a par contre laissé perplexe. C'est moderne, un peu minimaliste sans franchement être révolutionnaire. 

Fort heureusement, les interprètes font honneur à cette oeuvre qui ne laisse pas la place à l'approximation !
Si vous n'avez jamais vu ce petit bijou, courez-y donc avant la fin de la saison...

La mise en scène était pire la dernière fois...

jeudi 26 mars 2015

Singin'in the rain

Le mois de mars vous pèse. Les averses vous dépriment. Courrez donc au théâtre du Châtelet : Singin'in the rain ne peut que vous enchanter ! Et promis, vous sortirez en chantant !

Dois-je présenter cette comédie musicale ? En quelques mots, nous sommes à Hollywood dans les années 20. Le cinéma vit un grand bouleversement, le passage du muet au parlant. Pour Lamont et Lockwood, les vedettes du muet, c'est un passage difficile à négocier : Lina a une voix épouvantable. Et elle croit que Don Lockwood l'aime autant en vrai qu'au cinéma. Après tout, ce serait bien normal, c'est quand même une star ! Mais Lockwood n'a d'yeux que pour la jolie Kathy Selden...

Comme toujours au Châtelet, pas de faux pas. Les chanteurs et danseurs sont au top ! Emma Kate Nelson fait une chipie épatante, Jennie Dale nous étonne avec son numéro de claquettes et Daniel Crossley est remarquable ! Bravo !

Côté scénographie, vous ne serez pas déçus non plus, c'est absolument fantastique. Rappelez-vous, nous sommes dans un film des années 20, en noir et blanc et tout va concorder à nous le faire croire : les acteurs portent essentiellement du blanc et du noir, les décors des films sont en nuances de gris... D'ailleurs, les écrans sont sans cesse utilisés. Et la comédie musicale commence par un générique de film ! C'est inventif, c'est beau ! Et pour négocier le passage du noir et blanc à la couleur ? N'ayez crainte, la dernière scène vous éclairera. Et je ne vous ai pas dit : il pleut véritablement sur scène. Un émerveillement, du début à la fin !  

Singin in the rain Chatelet