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lundi 16 septembre 2019

La fatigue d'être soi

Cet ouvrage d'Alain Ehrenberg apparaissait dans beaucoup de mes lectures, dans la biblio comme les notes de bas de page. J'ai voulu le découvrir. Attention, c'est intéressant, surtout sur la situation actuelle mais c'est avant tout un ouvrage autour de la dépression et de ses évolutions depuis le début du siècle, avec une bonne place liée aux médicaments et traitements, des électrochocs aux antidépresseurs, aux types de médecins qui interviennent, en France et aux USA. Je m'attendais à un ouvrage de socio, mais c'est aussi une histoire de la psychiatrie. Il développe notamment une histoire de la mélancolie et de l'angoisse, liées à la liberté personnelle, trop grande pour soi. Voici une petite sélection d'extraits qui donnent à penser ! 

"Le droit de choisir sa vie et l'injonction à devenir soi-même placent l'individualité dans un mouvement permanent. Cela conduit à poser autrement le problème des limites régulatrices de l'ordre intérieur : le partage entre le permis et le défendu décline au profit d'un déchirement entre le possible et l'impossible. L'individualisation s'en trouve largement transformée. Parallèlement à la relativisation de la notion d'interdit, la place de la discipline dans les modes de régulation de le relation individu-société s'est réduite. Ceux-ci ont moins recours à l'obéissance disciplinaire qu'à la décision et l'initiative personnelle"

Il décrit la dépression comme "l'angoisse qui m'indique que je franchis un interdit et me divise, soit une pathologie de la culpabilité, une maladie du conflit ; la fatigue qui m'épuise, me vide et me rend incapable d'agir, soit une pathologie de la responsabilité, une maladie de l'insuffisance"

"Quel que soit le domaine envisagé (entreprise, école, famille) le monde a changé de règles : elles ne sont plus : obéissance, discipline, conformité à la morale mais flexibilité, changement, rapidité de réaction, etc. Maîtrise de soi, souplesse psychique et affective, capacités d’action font que chacun doit endurer la charge de s’adapter en permanence à un monde qui perd précisément sa permanence, un monde instable, provisoire. La lisibilité du jeu social et politique s'est brouillée. Ces transformations institutionnelles donnent l’impression que chacun, y compris le plus humble et le plus fragile, doit assumer la tâche de tout choisir et de tout décider"

"En 1988 paraît en France un Guide des 300 médicaments pour se surpasser physiquement et intellectuellement. Il fait scandale. Les auteurs -anonymes- plaident pour un « droit au dopage » dans une société de compétition exacerbée. Ils différencient le fait de se droguer, qui consiste à se replier sur son propre univers, du fait de se doper, qui permet de mieux se confronter aux contraintes croissantes. La montée en puissance de la fonction stimulante des drogues comme des médicaments psychotropes est frappante, y compris dans le cas des anxiolytiques, parce que la diminution de l’angoisse joue une rôle désinhibiteur : la personne calmée peut agir"

"Si la mélancolie était le propre de l’homme exceptionnel, la dépression est la manifestation de la démocratisation de l’exception"

"Nous vivons avec cette croyance et cette vérité que chacun devrait avoir la possibilité de créer par lui-même sa propre histoire au lieu de subir sa vie comme un destin. L’homme « s’est mis en mouvement » (Lefort) par l’ouverture des possibles et le jeu de l’initiative individuelle, et cela jusqu’au plus profond de son intimité. Cette dynamique accroît l’indétermination, accélère la dissolution de la permanence, multiplie l’offre de repères et les brouille simultanément. L’homme sans qualités, dont Musil a dressé le portrait, est l’homme ouvert à l’indéterminé, il se vide de toute identité imposée d’un dehors qui le structurait"

"La dépression et l'addiction sont les noms donnés à l'immaîtrisable quand il ne s'agit plus de conquérir sa liberté, mais de devenir soi et de prendre l'initiative d'agir. Elles nous rappellent que l'inconnu est constitutif de la personne, aujourd'hui comme hier. Il peut se modifier, mais guère disparaître - c'est pourquoi on ne quitte jamais l'humain. Telle est la leçon de la dépression. L'impossibilité de réduire totalement la distance de soi à soi est inhérente à une expérience anthropologique dans laquelle l'homme est propriétaire de lui-même et source individuelle de son action. La dépression est le garde-fou de l'homme sans guide, et pas seulement sa misère, elle est la contrepartie du déploiement de son énergie. Les notions de projet, de motivation, de communication dominent notre culture normative. Elles sont les mots de passe de l'époque. Or la dépression est une pathologie du temps (le déprimé est sans avenir) et une pathologie de la motivation (le déprimé est sans énergie, son mouvement est ralenti, et sa parole lente). Le déprimé formule difficilement des projets, il lui manque l'énergie et la motivation minimale pour le faire. Inhibé, impulsif ou compulsif, il communique mal avec lui-même et avec les autres. Défaut de projet, défaut de motivation, défaut de communication, le déprimé est l'envers exact de nos normes de socialisation. Ne nous étonnons pas de voir exploser, dans la psychiatrie comme dans le langage commun, l'usage des termes de dépression et d'addiction, car la responsabilité s'assume, alors que les pathologies se soignent. L'homme déficitaire et l'homme compulsif sont les deux faces de ce Janus"

lundi 8 janvier 2018

Le coffret

J'ai trouvé ce bouquin d'Allen Kurzweil, un peu par hasard, dans une bibliothèque voisine. Intriguée par les premières pages, je l'ai embarqué. 

Chinant des objets anciens à Paris, notre narrateur nous raconte sa découverte d'une boite à Drouot. Un memento hominem. Une boite qui raconte la vie d'un homme à travers quelques objets choisis. L'homme à qui appartenait cette boite, c'est Claude Page, un ingénieux inventeur du XVIIIe siècle. Dans cette boite, vous trouverez un bocal, un nautile, une morille, un mannequin, une perle, une linotte, une montre, une cloche, un bouton et... du vide. Comment faire parler ces objets ? Notre narrateur retrace pour nous, au fil des chapitres, ce qu'illustre tout cela. 

Claude Page est fils d'un horloger et aventurier disparu et d'une herboriste de l'est de la France. Il vit avec ses deux soeurs et s'adonne au dessin. Le comte de Tournay, qui se fait appeler l'Abbé, prêtre défroqué, repère ses dons pour le dessin et décide d'en faire son protégé. Il l'initie à toutes sortes de sciences et d'art. Claude se spécialise d'abord dans l'émaillage. Puis dans l'animation de petits objets métalliques. C'est une rente pour l'abbé ruiné, qui ne commercialise que des sujets scabreux. Oui, le XVIIIe siècle est autant celui des Lumières que de Sade et des galanteries. Après avoir vu ce qu'il n'aurait pas du voir, Claude fuit le domaine et rejoint Paris où une nouvelle vie commence, celle d'apprenti chez un libraire névrosé. Qui vend des livres pornographiques. Mais ce qui plait à Claude, c'est de bricoler, de faire fonctionner, de construire... Un chemin qui lui sera difficile de reprendre.

Ce roman d'aventure et d'initiation sous le signe des galanteries et de la mécanique était bien mené et réjouissant. Le point de départ est une belle idée, même si l'on regrette que ces objets ne soient pas mieux utilisés dans le déploiement des chapitres. Claude et l'Abbé sont de beaux personnages, quoi que manquant un peu de nuances. Les personnages secondaires sont quant à eux très caractérisés et trop caricaturaux. Un lecture divertissante. 

mercredi 18 mars 2015

Imitation game

Alan Turing, vous connaissez ? Pas de panique, vous ne serez pas le ou la seule à répondre "non" à cette question. Moins médiatique qu'Einstein, moins attirant que Marilyn Monroe, ce bonhomme a pourtant au moins autant marqué le siècle dernier que ces deux autres figures. 

Imitation Game

© SquareOne Entertainment

Et ce film de Morten Tyldum (à vos souhaits) vise justement à faire connaître ce personnage discret, inconnu du grand public. Il relate comment, en décodant Enigma, la machine de cryptage utilisée par les allemands durant la seconde guerre mondiale, celui-ci a drastiquement changé le cours de la guerre - et a permis au passage des percées fondamentales pour l'informatique contemporaine.

Jeune prodige britannique, surdoué en mathématiques, Turing n'est pas pour autant l'homme le plus avenant du monde... On pourrait même aller jusqu'à dire que le bougre n'est pas très adapté socialement ! On le voit arriver dans l'unité spéciale qui tentera pendant plusieurs années de cracker Enigma, ignorant superbement ses collègues, qu'il considère comme trop limités, et travaillant seul dans son coin. Son obsession : construire sa propre machine, capable de décoder systématiquement les messages allemands.

Turing va quand même se rendre compte qu'il a besoin de autres, en particulier de la belle Joan Clarke, interprétée par Keira Knightley, pour atteindre son but. Mais au cœur de la guerre, les rivalités, suspicions d'espionnage et pétages de plomb de la hiérarchie ne vont certainement pas lui faciliter la tâche...

Si l'issue du film est  attendue, on ne s'ennuie pas le moins du monde dans Imitation Game ! Le film pose même quelques problématiques bien senties, telles que la perception de l’homosexualité, la place de la femme dans la société, qui, si elles ont évolué, nous font prendre conscience de l'existence d'archaïsmes même dans notre société de l'an 2015. Et surtout, le film est servi par la performance exceptionnelle de Bénédicte Cumberbach, qui campe son personnage de Turing, surdoué, sensible, mal a l'aise, complexe et sans doute incompris, de façon remarquable. 
Geek ou non, je vous conseille vivement ce film !

lundi 14 juillet 2014

La théorie des cordes

Et voilà, je viens moi aussi de dévorer ce roman de Somoza. En l'espace d'une journée. C'est la que je regrette de ne pas faire le challenge Pavés de l'été ! Oui, c'est le genre de roman que tu ne pourras pas lâcher avant de connaître le fin mot de l'histoire !

Je crois que c'est l'un des meilleurs voire le meilleur que je lis de cet auteur. Comme vous le savez, il aime centrer ses romans sur un thème bien spécifique (art, traduction, création littéraire, poésie, etc.). Ici, c'est la physique et ses implications concrètes. Sans faire à nouveau un résumé de ce roman, sachez qu'il n'y pas besoin d'être calé en sciences pour l'apprécier et le comprendre.

Il pose la question, assez classique, du progrès et de l'éthique : quand faut-il cesser les expériences ? Y a-t-il des limites que la science ne doit pas franchir ? Est-ce quand cela met le chercheur en danger ? Ou l'humanité ? Toutes les expériences sont-elles bonnes à faire ? Peut-on séparer philosophie, théologie et science ? Bien entendu, le scénario de Somoza oriente le réponse qu'on a envie de donner !

Enfin, il sait comme personne questionner la psychologie des personnages, leurs sentiments voire leur inconscient. Et nous montre que sous les visages les plus sereins, des émotions violentes peuvent couver.

Je vous laisse découvrir ou redécouvrir l'histoire de cet opus à travers ce billet de l'Amoureux, republié plus bas à l'occasion de ma lecture.

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Praline sait toujours trouver les sujets qui vont faire frémir d'envie son Amoureux : c'est encore une fois le cas avec La Théorie des cordes de Somoza. La physique théorique a en effet ceci de fascinant qu'elle cherche à répondre à l'une des questions les plus importantes au monde (comprendre l'univers, depuis sa création), d'une des façons les plus humbles qu'il soit : par les mathématiques et le raisonnement scientifique.
Il n'est pas exactement question de la création du monde dans ce livre, mais d'un développement de la théorie des cordes fort plausible : en réussissant à ouvrir des cordes de temps du passé, on pourrait projeter sur un simple écran de télévision l'information qui serait contenue dedans : en un mot, voir le passé.


C'est le prodige que cherche à réaliser une équipe de théoriciens, menée par le pofesseur Blanes, et dans laquelle figure notre héroïne, Elisa Robledo, physicienne talentueuse et très sexy... Seulement, pas question de mener ces recherches au coût astronomique au CERN, mais sur une île paradisiaque perdue au milieu de l'océan, avec de l'équipement financé par Eagle Group, une organisation aux méthodes aussi directes que louches.
Bien sûr, rien ne va se passer comme prévu et l'équipe de chercheurs qui va essayer de voir le passé ne va pas sortir indemne de cette expérience. Une vague de disparitions et de meurtres atroces semble en effet la cibler quelques années après les évènements, sans qu'Eagle Group ne daigne informer ses anciens membres ou réunir à nouveau l'ancienne équipe. 

Des passages au temps de la narration en flashbacks, le lecteur va peu à peu réussir à recoller les morceuax pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé, et plonger avec les survivants dans l'horreur à laquelle ils sont confrontés.

Autant vous le dire tout de suite : ne lisez pas ce livre si vous êtes d'un naturel stressé :)
Somoza m'a baladé d'un bout à l'autre de l'ouvrage, en créant chez moi une impressionante quantité d'émotions et de réactions... Arrivé à la moitié de celui-ci, on ne veut plus le lacher, on veut savoir, comprendre, s'en libérer finalement !
Ce mélange de fantastique, de thriller et de polar est incroyablement efficace : je ne peux que vous le recommander vivement !

samedi 12 juillet 2014

Encyclopédie de la web culture

Ce livre de Titiou Lecoq et Diane Lisarelli se propose en quelques entrées de faire le tour de la culture web. Ambitieux, n'est-ce pas ? 

Comment ça il n'y a pas de culture web ? Et ce serait même une sous-culture selon certains. A défaut de lui donner des lettres de noblesses, cette encyclopédie fait le point sur les grandes figures du web, les sites à ne pas rater, les moments historiques de la construction de cette culture, son influence sur les sociétés, etc. Oh, ce n'est pas un livre technique (je vois les non geeks trembler).

Par ordre alphabétique sont expliqués et illustrés les blogs, les fails, les gif animés, les Lolcats, les mèmes, le point Godwin, etc. Ainsi, vous découvrirez qu'Apple est pour ses adeptes une religion, dont les Apple Store seraient des temples et Steve Job, le gourou. 

Le gros danger de ce livre ? Vous aurez envie de passer encore plus de temps sur You Tube pour mater des vidéos toutes plus stupides et drôles les unes que les autres.

Porté par un ton léger et pédagogique, ce livre montre un web dédié au divertissement, où tout est très vite old (les frises chronologiques en sont de bons exemples) mais où l'on surfe toujours sur les mêmes blagues et les mêmes références. Bref, c'est un monde avec son langage, ses codes, ses stars et ses zones d'ombre. 
A la fin du livre, vous pourrez même découvrir votre degré de geekitude à travers un test. Bon, je préfère ne pas vous donner le résultat, ma maman serait effrayée.

Lolcat web culture

jeudi 3 juillet 2014

Un rêve de Lumières

D de Beir et JF de Troyes, Tapisserie Esther

Au château de la Roche Guyon, demeure labyrinthique des La Rochefoucauld, qui d'un donjon médiéval s'est agrandie de siècle en siècle en un château aux mille pièces, une exposition se termine. 

Dans les salles du château, se déploie une exposition liée à l'histoire des sciences au XVIIIe siècle et à l'art contemporain. Étrange rapprochement, non ? Au cœur de cette exposition, deux globes, terrestre et céleste, que l'abbé Nollet, conservés à la BNF. Amusant de voir quelles étaient les connaissances géographiques en 1730, de noter les terrae incognitae. Et d'observer les instruments scientifiques de l'époque, qui permettaient de réaliser ces cartes et ces globes, de monter des expériences en physique et en mathématiques. 

Outre ces instruments, des œuvres d'art sont exposées. Celles-ci ont été choisi pour leur thématique, liée à la science ou à la lumière. Si les oeuvres de D. de Beir m'ont laissé plutôt sceptique, à l'exception de son jeu entre un manteau sur une tapisserie et des cartes perforées, celles de V. Skoda et Richard Penloup reflètent une démarche intéressante, à la frontière des sciences et de l'art. 

Si l'idée est intéressante et permet de découvrir le travail de ces artistes, si la résonance avec l'histoire même du château est éclairante, j'aurais aimé un peu plus de contenu et d’œuvres ! Il y a en effet sept artistes invités à exposer dans ce monument historique, avec une à cinq œuvres chacun, quand j'en espérais autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, dans le colombier comme dans la Tour Carrée... 

Enfin, sachez qu'une exposition Lino de Giuli est en cours à La Roche Guyon. Les peintures très géométriques, presque mécaniques de cet artiste me laissant totalement froide, je préfère vous épargner une critique négative et très subjective.

mercredi 2 avril 2014

Planètes

Cette série de 3 mangas de Makoto Yukimura fait partie des rares ouvrages que j'ai choisis à la simple couverture. Un vaisseau spatial, des astronautes et une vue de Jupiter en fond, il n'en fallait pas plus pour me convaincre...

L'histoire se déroule dans un futur pas trop lointain, et pas si improbable que ça. L'homme a commencé à s'installer sur la Lune, mais on est bien loin de l'avoir terraformée : seuls quelques centaines ou milliers d'humains vivent la-bas, et retournent sur Terre régulièrement comme on rentrerait en permission. 

Notre héros, Hachimaki, est membre de l'équipage d'un vaisseau charge de nettoyer l'orbite terrestre des débris de satellites qui la jonchent (ça aussi c'est loin d'être improbable dans le futur...) Forcément quand on est éboueur de l'espace, on rêve d'autre chose. Hachi, lui, rêve de s'acheter son propre vaisseau, ou d'embarquer pour la première expédition humaine vers Jupiter qui se prépare...

Outre le sujet et (pour une fois !) la cohérence de l'univers décrit par l'auteur, ce que j'ai apprécié dans ce manga ce sont les thèmes abordés : la condition de l'espèce humaine et le rôle du progrès dans son évolution (ou non...), le sens et la finalité de l'existence, les relations sociales, l'amour... Si vous voulez rêver et cogiter un peu tout en feuilletant un ouvrage très bien dessiné, n'hésitez pas et lisez ce manga ! Pour ceux qui connaissent, je lui ai trouvé les mêmes vertus qu'un Universal War 1, dans un tout autre style.


lundi 17 février 2014

Comment j'ai détesté les maths

Ce documentaire d'Olivier Peyon s'intéresse au statut que les mathématiques ont atteint dans notre société du 21e siècle. A travers des rencontres avec des profs de prépa, des chercheurs en mathématiques ou des enseignants à Berkeley, il nous fait aussi rentrer dans un monde méconnu et victime de beaucoup de stéréotypes.


Mondrian Composition in Oval 1914 Amsterdam
Plusieurs aspects des maths sont ainsi abordés. Tout d'abord, les maths comme mode de sélection dans le système scolaire. Là où le consensus est de penser que les mathématiques sont égalitaires et démocratiques, on se rend vite compte que tout le monde n'est pas égal devant elles. Est-ce que cette matière mérite vraiment la place que l'on lui donne ? Fait-on trop de mathématiques dans nos classes ? En fait-on bien ? On apprend tout de même que des générations d'élèves ont été traumatisés par l'avènement des "maths modernes" qui remplaçaient la définition classique de la ligne droite, "le plus court chemin d'un point à un autre", par une définition de 4 lignes intégrant la notion d'ensemble et de droite affine... 
Étonnante chose pour les mathématiciens que les méthodes d'apprentissage changent si souvent, et que l'on n'arrive pas à trouver la "meilleure" d'entre elles.

On aborde également, au fil de discussions avec des mathématiciens, la recherche fondamentale. Sa beauté, son aridité parfois, et aussi l'exigence qu'elle requiert. C'est l'occasion d'entendre les vues de Cédric Villani, médaille Fields 2010, sur ce métier. On rencontre aussi des chercheurs qui étudient le cosmos, ou l'écoulement de miel sur un tapis roulant... Et l'on voit beaucoup d'étoiles dans les yeux, de grattements de têtes devant des tableaux noirs, de persévérance. Ça m'a fasciné de voir à quel point les gens qui travaillent dans la recherche en mathématiques sont convaincus de la beauté de ce qu'ils font. 

Enfin, le film se concentre sur l'impact des mathématiques, au quotidien, dans notre société, par le biais des mathématiques financières. C'est peut-être la partie du film qui prend le plus parti. On constate en tout cas que si les modèles mathématiques sont omniprésents (dans les banques, dans nos entreprises, sur les rapports de nos dirigeants), bien peu de personnes les comprennent réellement profondément. Les limites du modèle qui a causé la crise des subprimes étaient connus de chercheurs : ce mode d'optimisation marchait localement, ils l'avaient bien remarqué. Mais quand chaque banquier et trader a découvert le rendement qu'il pouvait obtenir localement avec cette nouvelle technique, il en a profité à son échelle, et la généralisation du modèle a causé la crise de 2008. 

Un film vraiment intéressant, qui n'appelle pas à rejeter les maths ou faire naître des vocations, mais qui nous fait toucher du doigt un monde certainement trop mystifié et replié sur lui-même.

mercredi 6 novembre 2013

Le parfum d'Adam

"Le premier thriller écolo" écrit par Jean-Christophe Rufin avait su m'accrocher dès les premières pages. J'étais intriguée par ce casse dans un labo polonais. J'ai eu envie d'en savoir plus sur ce médecin, ex-agent secret. Quel noir dessein nourrissait donc le commanditaire du vol ? Que faire avec le virus du choléra ? ça sentait l'histoire catastrophe et l'épidémie mondiale... Eh bien, il ne s'agissait pas vraiment et pas uniquement de ça. 

L'agence Providence (la bien nommée) enquête sur un casse revendiqué par des écolos. Paul, envoyé sur les lieux, découvre que ces activistes ne sont pas aussi inoffensifs qu'ils le paraissent. Commence une enquête aux quatre coins du monde par deux agents, Paul et Kerry. Au programme : écologie radicale qui préconise la limitation de l'homme par la recréation d'un prédateur, virus en voyage, complot international contre la pauvreté... On passe de rebondissement en rebondissement. Les pistes fleurissent ; nos enquêteurs ont du flair. Mais à un moment, je ne sais pas trop si c'est au milieu du roman ou plus loin, j'ai trouvé que c'était trop. Trop d'intuitions qui se concrétisaient, trop de hasards favorables. Et une fin décevante, rapide.

Bref, l'idée de départ était très chouette mais s’essouffle devant nos héros aux airs de super-héros. Cependant, le roman pose des questions intéressantes sur ce qu'est l'écologie et permet de réfléchir sur ses fondements et ses orientations.  

Ecologie-Nature


jeudi 15 novembre 2012

La déesse des petites victoires

Je préfère vous prévenir, je m'attendais à une belle lecture. Je suis déçue, ce livre de Yannick Grannec ne m'a pas du tout touchée, je suis restée spectatrice. Et j'aime pas ça !

couple-pingouin

Deux histoires parallèles : celle d'Anna, chargée de faire fléchir la veuve de Kurt Gödel afin que les archives du mathématicien soient léguées à Princeton University, et celle d'Adèle, la femme de Gödel qui raconte leur histoire commune, depuis leur première rencontre dans les rues de Vienne à la mort du génie aux USA.
L'histoire de Gödel et de sa femme est intéressante, on voyage dans les remous de l'histoire qu'ils survolent ou évitent. On entre dans un quotidien fait de paranoïa, de dépression et d'anorexie du génie mathématique. On entre dans le quotidien d'Adèle, éternelle soignante, gentille idiote méprisée par son mari. C'est pas très marrant d'être femme de grand esprit.
L'amitié qui se tisse entre Anna et Adèle n'est pas passionnante. Anna est un personnage en proie à la déprime, qui pleure sa médiocrité. C'est agaçant, on a envie de la secouer.

Bref, on trouve dans ce roman un portrait en creux de Gödel (et vaguement l'ambiance d'une époque par quelques noms bien placés : Hitler, McCarthy, Kennedy...) et une histoire d'amitié intergénérationnelle. Je n'ai apprécié ni l'écriture, ni le thème. C'est une rencontre ratée.

mercredi 7 juillet 2010

Folies végétales


Patrick Blanc a réalisé il y a maintenant plusieurs années une exposition végétale dans l'espace EDF electra. C'est un livre publié suite à cette exposition dont je vous parle aujourd'hui.

L'espace d'expo présentait des plantes exotiques connues pour leurs facultés d'adaptation aux milieux extrêmes. Ce livre est composé de six chapitres. La première double page explicite le concept et plusieurs pages de photographies, à la fois belles et étonnantes, suivent.
Les thèmes : Pousser à l'envers dans les grottes, plantes et lumière, plantes qui se cachent, celles qui poussent dans l'eau : les rhéophytes, les iridescentes, les plantes des falaises...

Ce livre montre aussi la scénographie inventive de Tricoire.
Une belle ode à la biodiversité !

samedi 11 octobre 2008

Dictionnaire amoureux de la science



De même que j'avais apprécié le dictionnaire du Louvre, celui de la science, rédigé par Claude Allègre, m'a beaucoup intéressée.

Ici encore c'est un dictionnaire donc chaque lettre apporte sa somme de vocabulaire et d'explications sur tel phénomène, tel terme barbare, tel grand scientifique. Pas de mathématiques ou très peu. Ici, tout est clair ; je ne vous cache pas que certains articles sont plus complexes que d'autres mais tout reste abordable et bien déblayé. Je ne pense pas qu'un scientifique ait grand usage de ce type d'ouvrage mais pour un amateur, c'est un bel outil !