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samedi 18 avril 2020

Dans l'ombre de la lumière

Est un roman de Claude Pujade-Renaud. 

C'est Elissa - Didon - abandonnée par celui que l'on connait aujourd'hui comme Saint Augustin - Augustinus pour Elissa - qui raconte ses souvenirs. Elle vit à Carthage, chez sa sœur, dont l'époux est potier. C'est là qu'elle s'est rendue après l'abandon. Mais Augustin, devenu célèbre pour ses prêches, revient sur ses terres natales où la belle Elissa sera amenée à l'écouter et à le lire. Autant de coups de poignards pour cette femme encore amoureuse. Entre flash back réguliers de sa vie avec Augustinus et son nouveau quotidien de potière, le récit d'Elissa met un visage et de la chair aux Confessions de Saint Augustin. Cela m'a fait d'ailleurs penser à un autre roman de Gaarder sur le même thème, lu il y a bien longtemps, Vita Brevis

Dans ce roman, on découvre quelques aspects du manichéisme et du christianisme avec tous les débats et toutes les hérésies du début du christianisme contre lesquelles la vision d'Augustin s'impose, notamment sa vision de la grâce et du péché. On découvre aussi des éléments de la philosophie d'Augustin, de la même manière que l'on découvrait Kierkegaard par Régine dans Tout dort paisiblement sauf l'amour. Sympathique mais sans surprise. 


mercredi 18 décembre 2019

Celles qui savaient

Sont au nombre de 5 pour Claude Pujade-Renaud : Cassandre, fille de Priam et d'Hécube ; Oenonè, amante de Paris ; Okyrrhoè, fille de Chiron, changée en jument ; Jocaste, mère et amante d'Oedipe ; Ismène, fille d'Oedipe et Jocaste, soeur d'Antigon, Polynice et Eteocle. 

Elles ont en commun un don de prophétie ou de prescience. Elles savent. Cassandre, on le sait bien, connait le sort de Troie et le sien sans être crue. Elle est ici amoureuse d'Hélénos, son frère. 
Oenoné, c'est plutôt une fille des bois, une sauvage très tendre avec Paris, qui voit bien les dangers à regagner Troie, à se confronter à son abandon, à ses frères.
Okyrrhoé, je ne la connaissais pas. Née près d'un torrent, elle connait aussi l'avenir et le révèle à Asclépios pour être aussitôt transformée - avec quelle économie de moyen de l'auteur !
Jocaste et Ismène parlent des Labdacides et de leur lignée maudite.

Sous une forme poétique, très courte, et bien différente des autres textes lus de cette auteur, j'ai découvert ces cinq destinées de femmes, maudites par leur savoir. Une lecture belle et simple. 

lundi 25 novembre 2019

Tout dort paisiblement sauf l'amour

C'est d'abord le titre du roman de Pujade-Renaud qui m'a plu. Et puis, j'avais cet excellent souvenir du Jardin forteresse. Alors sans réfléchir, je l'ai emprunté avec son voisin d'étagère !

Bienvenue dans un triangle amoureux historique, celui de Soren Kierkegaard, Régine Olsen et Frederik Schegel. Une histoire racontée, pour ce qui arrive avant le début du roman, dans le Journal d'un séducteur. Enfin, romancé à la sauce Kierkegaard, énervé que son ex-fiancée, Régine, se marie. 

Au début de notre roman, on rencontre la belle Régine, la trentaine, aux Antilles avec son mari Frederik, gouverneur. Elle y apprend la mort de Kierkegaard. Entre ce moment et sa propre mort, elle revient régulièrement sur son passé et ses fiançailles avec le philosophe, que ce soit par la lecture de ses œuvres où elle se découvre et redécouvre muse ou par l'intervention de la famille de Kierkegaard. Henriette et Henrik évoquent inlassablement leur oncle avec elle. L'occasion de dresser un portrait tout en ombres de l'inclassable ironiste, du taon de Copenhague, du fiancé masochiste, de l'écrivain au secret de famille, du fils survivant au châtiment paternel. 
C'est aussi un portrait de Régine, toujours attirée malgré elle par son premier amour, et de Frederik, l'homme paternel, patient et amoureux, travailleur et brillant, qui sort du rôle de précepteur pour endosser celui d'époux. 
A travers leurs voix, sur cinquante ans, c'est aussi l'image de Kierkegaard qui évolue, l'empêcheur de penser en rond devient homme illustre, son oeuvre et sa vie sont interprétées et décortiquées. Régine devient aussi un personnage mythique que lui alors qu'elle vit toujours, accomplissant ainsi la prophétie de Kierkegaard de la rendre immortelle.

Au fil de ma lecture, que j'ai dans l'ensemble beaucoup appréciée, j'ai ressenti parfois un certain ennui à voir répétés les mêmes scènes, les mêmes commentaires. Cette façon de replonger dans les livres pour y tenter de comprendre une rupture, de tourner toujours autour de sa blessure lasse un peu. Mais l'ensemble est beau, bien écrit, psychologiquement fin...


lundi 8 juillet 2019

Le jardin forteresse

Bienvenue en Sicile, dans le palais de Denys de Syracuse, en -400. Ou plutôt dans son jardin, au coeur de ce roman. Un jardin où évoluent trois grâces, les filles du tyran : Sophro, Harmonia et Diké. Tout y est doux et joyeux, les jeunes filles jouent, se lavent, papotent dans un monde ouateux, hors du temps. Si leurs mères nourrissent encore des rivalités, c'est moins le cas des filles. Mais dans ce monde protégé, quelques informations mettent en garde les jeunes femmes contre les folies du temps et des hommes, à travers des mythes rapportés par leur nourrice. 

Et en grandissant, leur vie idyllique se transforme. Certes, le cadre ne change pas, reste luxuriant et protégé, mais il ressemble de plus en plus à une prison pour ces femmes mariées aux membres de leur famille, femmes-pions sur l'échiquier paternel. Et le jardin se transforme en serre étouffante et malsaine, gorgée de désirs de pouvoir et de sensualité...

Ecriture magnifique, personnages finement accompagnés dans leur évolution, atmosphère pesante palpable, c'est un magnifique roman malgré ses thèmes plutôt glauques. Une belle première découverte de Claude Pujade-Renaud !