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jeudi 7 mars 2019

Amphitryon 38

Vous connaissez l'histoire d'Amphitryon, dont la femme, Alcmène, est si belle que Zeus en tombe amoureux ? Et qui donnera naissance à Hercule, le héros des héros ? Eh bien, voici la version de Giraudoux. 

Le rideau s'ouvre sur Jupiter et Mercure, en voyeurs, devant la fenêtre d'Alcmène, la matant sans vergogne. Jupiter n'a qu'une idée en tête, passer une nuit avec la jeune mortelle. Sauf que celle-ci est désespéramment fidèle à son mari, dont elle est amoureuse. La poisse ! Jupiter n'a d'autre solution que de se faire passer pour Amphitryon et de ruser. Il envoie le mari à la guerre, se présente à sa place... et c'est l’imbroglio quand toute la cité apprend qu'un dieu aime Alcmène. Celle-ci refuse de céder, envoie Léda à sa place... dans les bras de son mari. 
Joli personnage que celui d'Alcmène, simple et fidèle, ferme dans son refus. Et jolis échanges entre les personnages, qu'il s'agisse de Jupiter et Mercure ou Jupiter et Alcmène. C'est finalement Amphitryon, l'éponyme et le cocu, qui est le moins intéressant. 

"Mercure : Et vous n'avez pas un préféré parmi les dieux ?
Alcmène : Forcément, puisque j'ai un préféré parmi les hommes...
Mercure : Lequel ?
Alcmène : Dois-je dire son nom ?
Mercure : Voulez-vous que j'énumère les dieux, selon leur liste officielle, et vous m'arrêterez ?
Alcmène : Je vous arrête. C'est le premier.
Mercure : Jupiter ?
Alcmène : Jupiter.
Mercure : Vous m'étonnez. Son titre de dieu des dieux vous influence à ce point ? Cette espèce d'oisiveté suprême, cette fonction de contremaître sans spécialité du chantier divin ne vous détourne pas de lui, au contraire ?
Alcmène : Il a la spécialité de la divinité. C'est quelque chose"

"Mon mari peut être Jupiter pour moi. Jupiter ne peut être mon mari"

"C'est un garçon, et il naîtra. Tous ces monstres qui désolent encore la terre, tous ces fragments de chaos qui encombrent le travail de la création, c'est Hercule qui doit les détruire et les dissiper. Votre union avec Jupiter est faite de toute éternité"

jeudi 14 février 2019

Siegfried suivi de Fugues sur Siegfried

J'ai beaucoup lu Giraudoux en terminale, je pense que j'ai même dévoré toutes ses pièces. J'étais fan de ses réécritures de contes et mythes. J'ai eu envie de replonger dans son théâtre, un peu par hasard, en dépoussiérant ma PAL. J'ai pris les œuvres complètes dans l'ordre, lu toute les petites notes, la préface etc - j'aurais pu m'en abstenir, je n'avais finalement pas envie de ça- et redécouvert Siegfried

Siegfried est un homme politique allemand, juste après la Première guerre mondiale. Soldat amnésique, il est l'espoir de la nation, pour qui il construit des budgets, des départements... Un seul semble avoir deviné son identité, le baron von Zelten, qui rêve encore d'une Allemagne éternelle et légendaire.
Siegfried, désespérément en quête des siens, reçoit des parents en recherche de fils lors qu'on le rencontre. Et Zelten a invité des amis français, Geneviève et Robineau, qui reconnaissent en Siegfried leur ami et amant Jacques Forestier. C'est l'histoire de cette découverte par Siegfried qui nous occupe : va-t-il choisir sa vie française, étriquée, où personne ne l'attend plus ou sa vie allemande, où tous le voient comme l'espoir de la nation ?

Histoire d'antagonisme et de réconciliation entre France et Allemagne, incarnées par deux femmes qui gravitent autour de Siegfried : Eva, l'infirmière qui en a fait un héros et Geneviève, la compagne qui lui rend son passé.

Belle langue, belles trouvailles autour des personnages secondaires !

"Cela ne peut que lui faire du bien de passer ses pensées bouillonnantes dans une langue toute fraiche, pour les tiédir un peu"

"Je n'ai plus le temps. Tu me distribueras toi-même, il y a suffisamment pour tout le monde ici ; mon amour du vent, du grand vent, de celui qui balaye les oiseaux, des grands plateaux plantés de genièvre ; tu sais, enfin, tout ce qui peut se rassemble de poussière d'or dans les plis d'une âme humaine... Secoue la bien..."