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jeudi 3 mars 2022

Klara and the sun

Bienvenue dans un magasin qui vend des AF (artificial friend). Klara est l'une d'elle et se charge au soleil. Elle est aussi douée d'une capacité d'apprentissage et d'observation qui lui permet d'interpréter - parfois de comprendre - le monde. Choisie par Josie, une adolescente malade, elle découvre le monde à travers ses yeux. Vivant dans une belle maison isolée, elle interagit principalement avec la mère de Josie, une gouvernante, Rick (un ami de Josie) et Josie elle-même. Elle va surtout tout mettre en œuvre pour la sauver, en ayant recours à un culte étrange, sans imaginer qu'elle n'est guère qu'un jouet pour la jeune fille. 

Sympathique histoire du point de vue de ce robot, avec ses pixels dans la vue. Dommage que certains aspects de cette société futuriste n'aient pas été plus développés comme les "lifted children", la place des robots et des êtres humains ou certains personnages.



lundi 14 février 2022

La tia Julia y el escribidor

Je profite du mois latino américain pour sortir ce roman de Vargas Llosa de ma PAL de livres prêtés où il patientait depuis l'an dernier. La lecture en était fort divertissante, c'est une belle façon de renouer avec une langue et un continent que j'aime !

Le jeune Marito Vargas étudie le droit et travaille dans une radio de Lima. Il rêve de devenir écrivain et ne cesse de jeter des brouillons d'histoires à la poubelle. Et voilà qu'il commence à faire sortir Julia puis à flirter avec elle alors qu'il s'agit d'une tante, venue de Bolivie. La tia Julia, largement son ainée, divorcée, s'attache aussi à lui. Evidemment, c'est un scandale pour la bonne société !

En parallèle de cette histoire d'amour - assez peu intéressante à mes yeux, sauf pour le côté très rocambolesque de la fin -  on découvre des feuilletons radios du grand Pedro Camacho ! Des histoires étonnantes, burlesques, qui se terminent toujours par un suspense et des questions insoutenables. Cette alternance permet de découvrir une multitude d'aventures, des façons d'écrire différentes et surtout... que les personnages peuvent échapper à leur créateur. En effet, Pedro Camacho se mélange un peu les pinceaux et les feuilletons si populaires tournent à la catastrophe. 

Un roman très agréable, avec des personnages secondaires innombrables qui permettent de découvrir la diversité de la population latino-américaine. Portrait drôle, acerbe et loufoque d'un monde chaotique, c'est aussi un autoportrait de l'écrivain qui revient sur ses jeunes années. Chouette découverte !


lundi 27 septembre 2021

Une âme en incandescence

Un peu de poésie pour le mois américain avec Emily Dickinson, que j'avais très envie de lire depuis ma lecture de Bobin. Dans cette édition, beaucoup de poèmes, classés par carnets, quelques notes et une intro qui nous donne quelques infos sur la poétesse. Les thématiques sont variées : états de l'âme, états de la nature, observations, spiritualité... il y a tellement de choses dans sa poésie, les choses de la vie de tous les jours - les carnets proposés ici datent essentiellement de 1861-1863. C'est une version bilingue, que j'ai eu la joie de parcourir en français ou en anglais selon les poèmes. J'en ai glané pas mal !


228

Blazing in Gold - and

Quenching-in Purple!

Leaping-like Leopards-in the sky-

Then-at the feet of the old Horizon-

Laying it's spotted face - to die!

 

Stooping as low as the kitchen window-

Touching the Roof-

And tinting the Barn-

Kissing it's Bonnet to the Meadow-

And the Juggler of Day - is gone!


509

If anybody's friend be dead

It's sharpest of the theme

The thinking how they walked alive -

At such and such a time -

 

Their costume, of a Sunday,

Some manner of the Hair -

A prank nobody knew but them

Lost, in the Sepulchre -

 

How warm, they were, on such a day,

You almost feel the date -

So short way off it seems -

And now - they're Centuries from that -

 

How pleased they were, at what you said -

You try to touch the smile

And dip your fingers in the frost -

When was it - Can you tell -

 

You asked the Company to tea -

Acquaintance - just a few -

And chatted close with this Grand Thing

That don't remember you -

 

Past Bows, and Invitations -

Past Interview, and Vow -

Past what Ourself can estimate -

That - makes the Quick of Woe!

 

670

One need not be a Chamber - to be Haunted -

One need not be a House -

The Brain has Corridors - surpassing

Material Place -

 

Far safer of a Midnight - meeting

External Ghost -

Than an Interior - Confronting -

That cooler - Host.

 

Far safer, through an Abbey – gallop -

The Stones a'chase -

Than Moonless - One's A'self encounter --

In lonesome place -

 

Ourself - behind Ourself - Concealed -

Should startle - most -

Assassin - hid in our Apartment -

Be Horror's least -

 

The Prudent - carries a Revolver -

He bolts the Door -

O'erlooking a Superior Spectre -

More near -




677

To be alive - is Power -

Existence - in itself -

Without a further function -

Omnipotence - Enough -

 

To be alive - and Will!

'Tis able as a God -

The Maker - of Ourselves - be what -

Such being Finitude!


783

The Birds begun at Four o'clock -

Their period for Dawn -

A Music numerous as space -

But neighboring as Noon -

 

I could not count their Force -

Their Voices did expend

As Brook by Brook bestows itself

To multiply the Pond.

 

Their Witnesses were not -

Except occasional man -

In homely industry arrayed -

To overtake the Morn -

 

Nor was it for applause -

That I could ascertain -

But independent Ecstasy

Of Deity and Men -

 

By Six, the Flood had done -

No Tumult there had been

Of Dressing, or Departure -

And yet the Band was gone -

 

The Sun engrossed the East -

The Day controlled the World -

The Miracle that introduced

Forgotten, as fulfilled.

lundi 28 décembre 2020

Teologia guarani

Ce titre de Graciela Chamorro est certainement effrayant au premier abord. Qui sont ces guaranis ? C'est pas un peu compliqué la théologie ?
Notre auteur, qui a vécu plusieurs années avec les guaranis, les mbyas et les chipiras au Brésil et en Argentine, nous expose une théologie indigène et invite les églises qui cherchent à évangéliser les indigènes à se mettre à l'écoute de leur propre religion.

Elle débute son ouvrage par une classification de l'attitude des églises chrétiennes face aux autres religions :
- ecclesio-centrisme : excluant. La révélation divine réduite à un seul langage, une seule culture, un accès unique et exclusif à Dieu.
- christo-centrisme : incluant. Par un discours universel, où se diluent les particularités culturelles, toutes les réalités sont des nuances d'une même histoire du salut, conscient ou non.
- theocentrisme : pluralisme. Toutes les religions conduisent à Dieu, les cultures et les religions ne parlent pas le même langage mais partagent une recherche d'absolu.

I. Historia
1. Fragmentos de la trayectoria y del modo de ser guarani
Présentation des langues et de la variété culturelle représentée sous le nom "guarani". Il est évidemment question de la conquête et du bon accueil des guaranis aux espagnols, qui s'empressent de leur piquer leurs terres, leurs femmes puis leurs vies.
En 1580, création des réductions franciscaines pour pacifier les groupes et les intégrer au système colonial. Et contrairement à ce que laissent croire les sources historiques, tous n'ont pas été réduits, ce qui a permis aux indigènes guaranis de survivre jusqu'à aujourd'hui. Ils utilisent la religion pour se différencier face aux colons : les chamans ont choisi des éléments religieux comme symboles d'identité ethnique et culturelle. C'est une religion basée sur la parole : ñe'ẽ, ayvu et ã: parole, voix, parler, langue, langage, âme, nom, vie, personnalité, origine. La vie est expérience de la parole, Dieu est parole, la communication entre mortels et immortels, passe par la parole. Et la communication du mythe passe par la parole, le chant, le conte.

2. La palabra olvidada. La profecia guarani contra la mision cristiana
Deux sources de pouvoir chez les guaranis : le cacique comme chef de famille élargi et le chaman comme chef religieux. Souvent le chaman peut être source de rébellion. Pour contrer la prédication chrétienne, les guaranis se sont affirmés par leurs chants, leurs critiques et leurs prophéties. 
Entre 1545 et 1660, les indigènes se rebellent à travers une vingtaine de soulèvement contre les missionnaires. Beaucoup moins au XVIIIe siècle. Ils pratiquent les inversion des rites chrétiens comme des contre-baptêmes ou anti-eucharisties, des nouvelles incarnations du Christ ou de la Vierge parodiés pour lutter contre le christianisme, des prophéties qui annoncent la destruction de tout le peuple s'ils ne reviennent pas à leur mode de vie traditionnel : polygamie, danse rituelle et vie libre dans la forêt. 
Le christianisme a confondu universalité avec obligation. Il se caractérise aux yeux des prophètes guaranis comme totalitaire, reniant la pluralité et la différence. Ce n'est pas un refus d'ouverture, c'est refus de désintégration sociale et de mort pour eux. Il existe aussi une réaction d'accueil des missionnaires, qui auraient été annoncés par un saint apôtre comme porteurs de la parole de Dieu.

II. Teocosmologia
3. Representaciones de la palabra original
Au XVIe, on pense que l'essence de la foi est l'obéissance et que sans structures telles que le roi et la loi, les indigènes ne peuvent pas obéir donc pas croire. Mais il existe un Dieu suprême des indigènes : Tupa, vu comme un père, et on croit à l'immortalité âme. 
La mythologie tourne autour de frères jumeaux, le soleil et la lune, qui humanisent la terre en en nommant les éléments, cherchent leur père dans le ciel. Ses attributs divins sont : vera, la lumière des éclairs, rendy, la lumière des flammes et ryapu, le son du tonnerre
Le christianisme sacrifie le polythéisme et la diversité des traditions, laisse de côté femmes, pauvres et indigènes.

4. La cosmificacion de la palabra
La divinité se reconnait à ses ornements, qui correspondent au cœur de son être. Avec elle, les guaranis recherchent la terre sans mal : c'est une recherche écologique, intemporelle et purement religio-culturelle, ou une recherche symbolico-religieuse, avec la migration comme mouvement messianique. La terre est comme le lieu du chemin, où l'on doit suivre les pas des jumeaux divins.

5. La bifurcacion de la palabra y su restitucion
Chaque personne est comme une incarnation de la parole divine. L'homme comporte une âme humaine et une âme animale, qui perturbe l’âme humaine. Les crises de la vie sont perçues comme la  perturbation de la communication humain-divin. L'âme divine s'éloigne de Dieu sous la pression de l'âme animale. 
Le vocabulaire guarani sur la notion de péché a été inventé par les missionnaires qui en font un dérivé du mot "femme". Et le mot "chrétien", est proche du mot "homme". 
Chez les guaranis, il n'y a pas de notion du péché et du salut par l'incarnation de Dieu. Ce n'est pas une religion du pardon mais de la vengeance. 

III. Paradigma ritual
6. Liturgia de la palabra sacramentos de la vida
La parole fait partie de l'expérience mystique, écoutée, dite et qui fait advenir les choses. 
Le rite Kunumi pepy de perforation de la lèvre à 13 ans lui est lié.
La création de l'homme se fait dans un songe qui génère une parole. La personne est ensuite une parole rêvée. Ce n'est pas l'homme qui a un nom mais le nom qui contient la personne. L'identification est forte avec l'animal ou le végétal dont il porte le nom. 

7. La liberacion de la palabra. El dialogo
On revient sur les questions d'exclure, d'inclure ou de se rencontrer dans nos diversités.


lundi 30 novembre 2020

Inès del alma mia

Voilà un bout de temps que je n'avais pas lu Isabel Allende. Avec ce titre, elle nous entraîne à la suite d'Inès Suarez dans la conquête du Chili !

Inès Suarez, couturière espagnole, grandit dans une humble famille. Elle épouse l'homme qu'elle aime et qui lui fait découvrir l'amour, Juan, mais qui se révèle un piètre travailleur : joueur, buveur et aventurier, il n'est pas souvent à la maison. Et il poursuit le rêve d'aller en Amérique chercher de l'or. Il laisse son épouse qui ne tarde pas à vouloir le rejoindre. Après une traversée mouvementée, Inès pose le pied en Amérique, commence à rechercher son époux et apprend qu'elle est veuve. Mais le coup de foudre pour Pedro de Valdivia change son destin. La voilà désormais partie non plus pour le Pérou mais pour le Chili, une nouvelle terre à conquérir ! 
Nous la suivons dans la traversée du désert, les luttes contres les mapuches et la fondation de Santiago.

Femme de ressources et sourcière, elle ne cesse de relever la tête pour affronter de nouveaux défis. Et rencontrer un nouvel amour, Rodrigo.

Les mémoires d'Inès, au soir de sa vie bien remplie d'aventurière, s'attachent à ses aventures amoureuses, qui ne nous intéressent qu'à moitié, et à l'histoire de la conquête, tout en rebondissements et défis nouveaux. 

Une héroïne pas très attachante mais un intéressant destin de femme de pouvoir, contée par la plume alerte d'I. Allende. Une lecture en espagnol qui m'a pas mal plu !




dimanche 13 septembre 2020

Fates and Furies

 Livre de Lauren Groff noté à sa sortie, lecture repoussée, un peu poussive et maintenant terminée. 

De quoi ça cause ? Mathilde et Lancelot (dit Lotto), c'est le couple parfait ! Il est brillant, elle est superbe. Il écrit des pièces, elle gère la maison. Ils font la jalousie de leurs amis - et de la mère de Lotto, Antoinette. Mais sous leurs dehors lisses et parfaits, quelques ombres. 

Construit en deux parties, Lotto d'abord puis Mathilde, le récit est chronologique pour Lotto et regorgeant de flash back pour Mathilde. 

Lotto, fils choyé, ayant perdu son papa, vit avec sa mère et sa tante. Il a des fréquentations douteuses, est envoyé en pension, chope toutes les filles qui passent avant son coup de foudre pour Mathilde - et son mariage. Entretenu par sa femme avant de trouver sa voie, de comédien à dramaturge, il brille tant qu'il est au centre du monde. 

Mathilde, c'est une femme pure et discrète nous dit Lotto. Et puis, quand on découvre Mathilde, dans la 2e partie, on comprend mieux son comportement - et sa colère latente. Je ne vous en dirai pas plus sur elle, c'est la partie la plus intéressante du roman.

Ce que j'en pense ? C'est loin d'être le chef-d'oeuvre que l'on m'a décrit ! Oui, c'est une jolie pirouette que de montrer les côtés blancs puis noirs d'une vie de couple, de dévoiler mensonges et omissions, mais cela n'a rien de très original. Par contre, montrer combien l'on voit l'autre tel que l'on est, comment Lotto, aveuglé par son propre ego, est incapable de voir qui est sa femme ou comment Mathilde, si discrète, est bien plus qu'une gentille muse, ça l'est déjà un peu plus. La langue était à la fois vulgaire et pompeuse - quel intérêt de décrire les scènes de sexe de Lotto ? Je crois que c'est ce qui m'a le plus gênée avec l'arythmie du livre. Et les personnages me sont restés antipathiques, du début à la fin, creux malgré tous les efforts pour leur donner une histoire, une psychologie. Peut-être parce qu'on reste au théâtre ou dans son univers ? Lotto et Mathilde ne sont-ils pas uniquement des acteurs, des marionnettes présentées au lecteur ? J'ai l'impression qu'on voit les ficelles.

mardi 30 juin 2020

The Years

Un mois anglais sans Virginia Woolf, c'est triste, non ? J'ai sorti The Years de ma PAL, dont je repoussais la lecture en VO, de crainte de n'y rien comprendre. J'ai eu des moments de flottement, notamment pour suivre les relations familiales.

Au centre de ce roman, les femmes de la famille Pargiter. Pourtant, c'est avec le colonel Abel Pargiter, époux d'une femme malade, Rose, que s'ouvre le roman. Il rend visite à sa bonne amie avant de retrouver les siens pour le thé. Autour de la table, ses enfants, Eleanor, Milly, Delia, Martin et Rose. Il y a aussi Morris et Edward, loin du tea time familial mais aussi fils du colonel, l'un travaillant et l'autre étudiant. On découvre également d'autres parties de la famille, comme la cousine Kitty ou les cousines Maggie et Sara. Si l'essentiel se déroule dans la bonne bourgeoisie, on découvre aussi d'autres aspects, que ce soit par le regard d'une bonne ou par celui des cousines pauvres. 


Entre 1880 et les années 30, on va les voir évoluer, se marier, voyager, avoir des enfants, mourir. Enfin, on apprendra ces éléments par bribes, au travers d'une pensée ou d'une conversation, sans trame narrative pour expliciter tout cela. En effet, les personnages sont toujours saisis au présent, à un moment précis d'une journée, d'une année. Cette journée est toujours décrite par sa météo et sa saison, ainsi que par des éléments sur les lieux traversés, souvent à Londres. A part les dates qui délimitent les chapitres et quelques événements extérieurs comme les bombardements de Londres, les avions, les voitures, peu d'indications temporelles. Nos personnages évoluent dans un perpétuel présent, qui permet d'explorer le flux de leur pensées et de suivre leurs paroles, comme cela est cher à Virginia Woolf. Dans ce pur présent, difficile de saisir l'épaisseur des vies, tout semble épars, sans passé ni futur. Les objets ont plus de constance et de consistance, que ce soit le portrait de Rose ou la bouilloire qui réapparaissent régulièrement dans le roman. Ils sont concrets, ils fonctionnent tandis que nos héros et héroïnes semblent bien volatiles, eux qui n'arrivent pas à communiquer, qui restent dans le banal alors qu'ils rêvent de plus. Cette incommunicabilité, cette difficulté à se connaitre, c'est aussi ce qui accentue la mélancolie de ce roman. Ce n'est donc pas un roman à intrigue mais une lecture plus contemplative, où les choses apparaissent en creux, au hasard d'une pensée. Il y est question du temps qui passe et de l'impossibilité d'habiter ce temps, accentuée par l'éternel présent. Avec ses mondanités, ses soirées et fêtes un peu vides, qui n'amusent guère les personnages, et les réflexions sur le temps, je n'ai pu m'empêcher de penser régulièrement à Proust pendant ma lecture. 

Une très belle découverte !
"Her past seemed to be rising above her present. And for some reason she wanted to talk about her past; to tell them something about herself that she had never told anybody--something hidden. She paused, gazing at the flowers in the middle of the table without seeing them. There was a blue knot in the yellow glaze she noticed.
"I remember Uncle Abel," said Maggie. "He gave me a necklace; a blue necklace with gold spots."
"He's still alive," said Rose.
They talked, she thought, as if Abercorn Terrace were a scene in a play. They talked as if they were speaking of people who were real, but not real in the way in which she felt herself to be real. It puzzled her; it made her feel that she was two different people at the same time; that she was living at two different times at the same moment. She was a little girl wearing a pink frock; and here she was in this room, now. But there was a great rattle under the windows. A dray went roaring past. The glasses jingled on the table. She started slightly, roused from her thoughts about her childhood, and separated the glasses."
"And suddenly it seemed to Eleanor that it had all happened before. So a girl had come in that night in the restaurant: had stood, vibrating, in the door. She knew exactly what he was going to say. He had said it before, in the restaurant. He is going to say, She is like a ball on the top of a fishmonger's fountain. As she thought it, he said it. Does everything then come over again a little differently? she thought. If so, is there a pattern; a theme, recurring, like music; half remembered, half foreseen? . . . a gigantic pattern, momentarily perceptible? The thought gave her extreme pleasure: that there was a pattern. But who makes it? Who thinks it? Her mind slipped. She could not finish her thought."
"There must be another life, here and now, she repeated. This is too short, too broken. We know nothing, even about ourselves. We're only just beginning, she thought, to understand, here and there. She hollowed her hands in her lap, just as Rose had hollowed hers round her ears. She held her hands hollowed; she felt that she wanted to enclose the present moment; to make it stay; to fill it fuller and fuller, with the past, the present and the future, until it shone, whole, bright, deep with understanding."

 

vendredi 5 juin 2020

Emma

C'était un bon pavé que ce roman de Jane Austen mais je l'ai dévoré. A croire qu'à mesure que je la lis j'apprécie un peu plus son monde. Pourtant, il ne se passe pas grand chose dans ce roman et on reste aux préoccupations amoureuses d'une société britannique aristocratique sans trop de soucis. 

Emma Woodhouse, belle, intelligente et riche, cherche à marier les personnes qui l'entourent sans jamais trop se pencher sur ses propres sentiments. Après tout, elle a décidé de ne pas se marier pour prendre soin de son père hypocondriaque et ça lui convient tout à fait ! Elle a le mérite de ne pas s'effacer et d'être plutôt autoritaire, ce qui nous change des héroïnes austiniennes. 
A Highbury, où elle vit, c'est visites sur visites, promenades et thés entre voisins de bonne famille et de bons revenus. Tout est sujet à commentaire, c'est un peu fatigant et étriqué ! 
Après le mariage de sa gouvernante avec Mr Weston, Emma tente de marier son amie Harriet, qu'elle imagine d'excellente famille. Elle joue les intrigantes avec Mr Elton, qui comprend mal le message et se marie quelques mois plus tard à Bath avec une femme rencontrée là-bas. Elle tente avec Mr Churchill, un petit nouveau dans le game. Et une nouvelle venue brouille encore les cartes, Jane Fairfax.
Ce qui est véritablement au centre de ce roman, je ne sais pas si ce sont les sentiments des uns et des autres ou les questions de classe dont je trouve qu'il est beaucoup question pour savoir qui conviendrait à qui... Tout en laissant des possibilités aux uns et aux autres de se marier un peu au-dessus ou au-dessous de sa condition, par amour ! Et il est plein de mystères que j'ai aimé questionner dans ma lecture : l'envoi d'un piano, les charades, les sentiments des uns et des autres... Qu'on entraperçoit si on est un peu méfiant vis-à-vis de la clairvoyance d'Emma. Bien entendu, il y a aussi pas mal d'ironie telle qu'on la connait chez Jane Austen !




mercredi 6 mai 2020

Ship of magic

Après l'Assassin royal, j'avais cette trilogie des Aventuriers de la mer qui me faisait du gringue. J'ai donc entamé ce roman de Robin Hobb avec pas mal d'attentes et finalement, j'ai eu du mal à rentrer dans ce monde, je ne sais pas bien pourquoi. J'ai trouvé que ça traînait. Pourtant, on est dans un monde de marins et d'aventuriers, de bois magique et d'êtres mystérieux.


A Bingtown, les familles sont opulentes, elles commercent par les mers grâce à des bateaux très particuliers, faits de bois enchanté. On s'attache plus spécialement à la famille Vestrit, qui est au bord de la ruine, à travers Althéa, une jeune femme qui devrait hériter de la Vivacia de son père Ephron. Sauf qu'il la lègue à Kyle, un homme qui n'a pas tout à fait les mêmes valeurs que sa belle famille et ne comprend pas bien les enjeux d'avoir un bateau vivant. On rencontre aussi le reste de la famille, notamment Ronica, la mère d'Althéa et Kefria, ou Malta, une garce insupportable, mais aussi d'autres personnages comme Kennit, un pirate qui rêve de pouvoir, Brashen, le second d'Ephron Vestrit ou encore Parangon, un bateau vivant devenu fou. On sent qu'il y a un petit enjeu autour de l'avenir de la famille Vestrit avec des conflits valeurs - argent : doit-on vendre des esclaves pour éviter la ruine ? Peut-on commercer avec les gens des Rain Wilds ? 
Pour Althéa, l'essentiel est de récupérer la Vivacia, et elle veut faire ses preuves pour cela. Pour Kyle, c'est de gagner de l'argent et du pouvoir. Pour Ronica, c'est de préserver les traditions et le mode de vie des Vestrit...
Et puis, il y a des questions qui les dépassent un peu autour des serpents de mer et de la piraterie. 


Un gros tome qui peine à mettre en place les personnages, qui sont assez peu attachants d'ailleurs. Et des aventures qui ne nous intéressent pas encore. J'ai mis pas mal de temps à le lire, c'est mon roman d'insomnie, d'où la fin de lecture en confinement. J'ai entamé le 2e tome mais je rame. Je le garde aussi sous le coude pour les nuits sans sommeil !

jeudi 23 avril 2020

The scarlet plague

Ce sont les billets d'une lecture commune qui ont attiré mes yeux sur ce titre, que j'avais sur ma liseuse. J'ai hésité, me disant que la période n'était pas très propice aux récits de pestes et de disparition de l'humanité. Et finalement, j'ai craqué pour ce roman de Jack London que j'ignorais comme auteur de science fiction. 

Avec ce roman, nous entrons dans un récit d'anticipation, qui rappelle pourtant les temps préhistoriques : les personnes sont vêtues de peaux, on pêche, on fait du feu... C'est que, comme va l'expliquer le sénile James à trois jeunes, l'humanité a presque disparu suite à une maladie très contagieuse et mortelle : la peste écarlate. Et qu'est-ce qu'il peine à se faire comprendre ! Il semble que la vocabulaire de ses petits-enfants se soit appauvri, qu'ils ne savent ni lire, ni écrire, qu'ils ignorent tout d'un monde disparu, qui leur semble mythique. 
Un monde de 2013 où les avions volaient, où l'université était à la pointe... ainsi que les inégalités criantes entre les hommes. Ce monde-là est balayé en quelques mois par une maladie qui tue en quelques minutes voire quelques heures après avoir couvert de plaques rouges ses victimes. C'est l'évolution de la maladie que conte James Smith, la disparition de ses proches, la fuite des plus riches, les chaos collectifs, la victoire inéluctable de la maladie, qui le laisse seul dans un monde où la nature reprend ses droits. Toute ressemblance avec la situation actuelle n'est pas fortuite ! Heureusement, James n'est pas le seul survivant... Mais la loi du plus fort est de retour et c'est elle qui guide la survie plus que les intellectuels comme James.


Un ouvrage qui me confirme ma joie à lire London et à découvrir ou redécouvrir ses œuvres... Ce qui fait que je rejoins le challenge en cours chez Claudialucia !

lundi 4 novembre 2019

Circe

Ce livre de Madeline Miller était depuis sa publication sur ma LAL. Le croiser en bibliothèque m'a fait sauter le pas de la lecture. 
Bienvenue dans la vie de Circé, la sorcière qui transforme les hommes en porcs. Sauf Ulysse, protégé par Hermès. Comment ça c'est un peu maigre ? Evidemment, le roman de Madeline Miller est plus vaste que cela. Ecrit à la première personne, c'est la voix de Circé qui s'élève, de sa naissance à ... son dernier acte de magie ? 

Circé, fille d'Hélios et de Perséis, c'est une déesse ratée : pas très jolie, pas très douée, elle observe et se cache toute son enfance. Moquée et abandonnée par ses frères et sœurs, elle s'occupe à regarder les humains. Puis s'amourache de Glaucos, l'un d'eux, qu'elle va rendre immortel. Et elle va changer une nymphe en monstre, Scylla. Evidemment, ça ne plait pas aux dieux, voire ça leur fait très peur, et ils l'exilent sur une île hostile : Aiaia. Elle y développe ses dons de magicienne, à l'écart du monde. Pourtant, des hommes accostent sur ses rives, comme le savant Dédale, ainsi que sa nièce Médée, ou le bel Ulysse, ou le fringuant Hermès (ah non, c'est un dieu). Comment la déesse s'en accommode-t-elle ? Comment passe-t-on d'exil en rebondissement et intrigues ? Eh bien, je vous invite à lire ce roman pour le découvrir.

Au-delà de l'aventure mythologique (dont j'aime toujours autant les réécritures), c'est le portrait de femme qui est intéressant ici. Bon, elle prend plusieurs millénaire pour évoluer mais c'est sa nature de déesse ;) Ok, les premiers chapitres sont un peu longuets. Mais dès qu'elle découvre ses dons, ça devient plus sympa. Et l'écriture est plutôt belle, notamment lorsque Circé cueille ses plantes, avec ses lions et ses loups !

lundi 14 octobre 2019

Pedro Paramo

J’ai lu il y a quelques temps des nouvelles de Juan Rulfo. Je poursuis ma découverte avec ce roman, que j’ai beaucoup plus apprécié que mes premières lectures. J’ai eu l’impression de ne pas toujours en saisir toutes les subtilités (c’était en VO) mais j’ai été bluffée par l’ambiance et le brouillage des pistes.

Juan, notre narrateur part à la recherche de son père, Pedro Paramo, pour réclamer son bien. Il se rend à Comala après la mort de sa mère Dolorès et rencontre en chemin un autre fils dudit Pedro qui l’accompagne jusqu’à la ville. Et lui annonce la mort de Pedro. La ville parait complètement abandonnée. Et pourtant, Juan s’aventure dans la ville et cherche Ña Eduviges pour se loger. Et c’est là qu’on perd pied pour se laisser entraîner dans une sarabande où les morts de la ville nous informent sur leur passé, surtout celui de Pedro Paramo. Petite frappe devenu propriétaire terrien, tyran local à qui rien ni personne ne résiste, on le découvre par fragments, sans chronologie, par ouï-dire. Terres isolées, brûlées par la chaleur, la loi du plus fort et les passions violentes abritent cette histoire brillante et étonnante. La tension monte autour de Juan et des souvenirs de son père Pedro jusqu’au moment de bascule. De même, la situation de Pedro évolue avec l’amour de Susana et sa disparition…

Je comprends mieux pourquoi ce roman est un précurseur du réalisme magique et a inspiré Garcia Marquez. Il nous plonge dans un Comala fantastique, où vivants et morts se mélangent, où la mort est omniprésente, banale, mêlée à la vie - renforçant l’image d’Epinal que j’ai du Mexique et des liens entre morts et vivants. Ça me fait aussi penser aux transis de pierre de la Renaissance, où le vivant est déjà rongé par la mort. Je suis complètement sous le charme.

lundi 29 juillet 2019

El llano en llamas

Recueil de nouvelles du mexicain Juan Rulfo, prêté par un collègue, qui se lit très bien. Chaleur, pauvreté et violence dans les pages qui suivent. Au centre du recueil, un lieu, le Llano grande, hostile à la vie. Et un fond de solitude, de tristesse. On marche beaucoup, on fuit les forces de l'ordre ou les crimes commis.

Nos han dado la tierra : un groupe cherche la terre qu'il vient de recevoir, dans le désert, on marche avec eux.
La cuesta de las comadres : qui a tué les Torricos ?
Es que somos muy pobres : une inondation et tout est perdu : champ, vaches et veaux... que reste-t-il pour vivre que de se vendre soi-même ?
El hombre : une histoire de meurtres et de vendettas familiales où chacun fait la justice à son compte.
En la madrugada : il s'en passe des choses à l'aube dans une ferme, notamment des histoires incestueuses.
Talpa : Natalia, Tanilo et le narrateur se rendent à Talpa, sanctuaire miraculeux de la vierge Marie, pour soigner Tanilo. Et en chemin...
Macario : Il est simple, il a faim, il aime beaucoup la servante de sa marraine, Felipa.
El Llano en llamas : histoire de guerres. Finalement pas ma préférée du recueil.
¡Diles que no me maten! : vendetta encore.
Luvina : la vie dans ce village déserté par les hommes.
La noche que lo dejaron solo : il a un peu tardé en chemin, c'est ce qui le sauve.
Paso del Norte : il migre vers le nord.
Acuérdate : Tu te rappelles d'Urbano Gomez, qui était à l'école avec nous ? Il a mal tourné.
No oyes ladrar los perros : si on n'entend pas les chiens, c'est qu'on est perdu. Histoire d'un père et d'un fils.
El día del derrumbe : quand des politiques débarquent après un tremblement de terre, pour vider encore plus les caves !
La herencia de Matilde Arcángel : un père déteste son fils d'avoir tué sa mère à la naissance.
Anacleto Morones : un groupe de femmes veut béatifier Anaclète. Mais celui qui les reçoit ne souhaite pas qu'il en soit ainsi. 


lundi 17 juin 2019

Nemesis

Le mois anglais est souvent l'occasion pour moi de lire ou relire un Agatha Christie en VO, avec plus ou moins de chance dans la pioche. Avec ce titre, c'était plutôt bingo ! Sans surprise, Miss Marple est aux commandes.

Mr Rafiel, un riche financier, est décédé, annonce le journal de Miss Marple. Elle se souvient de l'avoir croisé des années auparavant autour d'un meurtre. La nouvelle pouvait rester sans suite et Miss Marple continuer à tricoter. Mais une invitation et un courrier du défunt l'invitent à mener l'enquête et à exercer une vengeance - d'où le Némésis du titre. Sauf que les infos sont extrêmement maigres jusqu'à ce que la vieille dame soit invitée à un délicieux tour des jardins et maisons anglaises. So charming ! Mais la campagne n'est pas si paisible qu'elle parait l'être. Entre trois sœurs qui rappellent les sorcières de Macbeth, deux femmes un peu louches qui semblent suivre Miss Marple et une touriste blessée, il y a fort à faire. Et toujours pas de commande claire de la part du défunt. 

Une enquête sympathique avec une Miss Marple très âgée, qui radote un peu, mais ne perd pas le nord pour autant. La fin est un peu longuette, c'est un policier où l'on entrevoit la vérité avant la vieille dame - ce qui est plutôt rare - mais l'ambiance de mystère avec cette commande post mortem est plutôt réussie. 

samedi 30 juin 2018

Sleeping murder

C'est le billet de Lou qui m'a donné envie de lire (ou relire) cet Agatha Christie. J'ai un peu perdu le compte de ceux que j'ai lus ado...

Gwenda débarque en Angleterre pour s'y installer avec son époux. Il la rejoindra ultérieurement depuis la Nouvelle-Zélande. La jeune femme est chargée de trouver un foyer et jette son dévolu sur une jolie villa sur la côte, dans une zone de villégiature. Mais cette maison semble receler des secrets, à mois que Gwenda ne perde la tête. Pourquoi cette impression que la maison est hantée, d'une porte ou d'un papier peint qui n'existent pas ? Ou plus ? 
Et un instant de panique à Londres pendant une pièce de théâtre et la vision d'une femme étranglée vient conforter Gwenda dans son idée : elle devient folle. 

C'est une certaine Mrs Marple qui parvient à l'apaiser et à rationaliser. Peut-être Gwenda connait-elle déjà la maison ? Et c'est là que l'enquête commence, malgré les mises en garde de Mrs Marple. Qui est cette femme étranglée ? Qui l'a tuée ? 

Mais réveiller le passé peut réveiller l'assassin... 

Une enquête assez sympathique avec ce rapport à la mémoire de Gwenda enfant, les questions aux amis d'Hélène (la jeune femme assassinée) et les jolies déductions de Mrs Marple. C'est un bon whodunit. Par contre, quel machisme ! Toutes les petites allusions à la faiblesse des femmes, physique, intellectuelle ou morale m'ont agacée au plus haut point. 

lundi 21 mai 2018

Norse mythology

Un Neil Gaiman inconnu à ma LAL en bibliothèque ? Qu'à cela ne tienne, il finit dans mon sac. 

Fasciné par le Thor des comics, l'auteur s'intéresse de près à la mythologie scandinave. Il y découvre des dieux de diverses origines, luttant contre toutes sortes d'ennemis. Pour faire connaitre leurs histoires, il les reprend et les écrit, à la sauce Gaiman, c'est à dire avec humour et simplicité. N'imaginez donc pas trouver une oeuvre vraiment nouvelle, il s'agit plutôt d'une série de mythes remasterisés. 
Roses blanches Galen Kallela

Voici les titres :
The players : qui présente un peu les dieux
Before the beginning and after : sur la création du monde, entre le feu et la glace
Yggdrasil and the nine worlds : l'arbre qui relie les mondes entre eux
Mimir's head and Odin's eye : La quête de la sagesse selon Odin
The treasures of the Gods : comment Loki, le dieu malin, encourage les nains à façonner les plus beaux dons pour les dieux... dont le marteau de Thor
The master builder : Il propose de faire une muraille pour protéger les dieux, en échange d'une déesse.
The children of Loki : entre le loup, le serpent et la femme morte-vivante, ils font un peu peur aux dieux.
Freya's unusual wedding : ou comment tromper un géant qui a volé le marteau de Thor.
The mead of poets : drôle de recette, que se volent les uns et les autres.
Thor's journey to the land of the giants : compétition entre géants et dieux.
The apples of immortality : Promises par Loki, elles manquent aux dieux qui vieillissent...
The story of Gerd and Frey : une love story.
Hymir and Thor's fishing expedition : drôle de pêche pour récupérer un chaudron géant.
The death of Balder : Aimé et protégé par tous, Balder meurt par la faute d'une petite plante.
The last days of Loki : ça chauffe pour le plus malin des dieux, le traitre.
Ragnarok, the final destiny of the gods : La bataille finale.

C'est pas mal pour redécouvrir les mythes nordiques, mais ça ne vous en apprendra pas plus qu'un bon bouquin de mythologie. Ca rend juste les choses plus amusantes, et plus "commerciales".

lundi 3 juillet 2017

A room of one's own

Je terminerai ce mois anglais sur un essai de Virginia Woolf qui patiente depuis bien longtemps dans ma LAL. C'est un ensemble de conférences sur le sujet "women and fiction" ordonnées dans ce petit traité. La thèse de Virginia ? Il faut une pièce pour soi, que l'on peut fermer à clé, et 500 livres de rente pour qu'une femme puisse écrire.

Toutes les conférences ne m'ont pas intéressée de la même façon et j'ai trouvé le propos parfois redondant mais l'ensemble dessine une analyse passionnante de la condition des femmes, de leur accès à l'éducation et à l'écriture. Un essai féministe, qui ne manque pas d'ironie, à l'égard des hommes comme des femmes.

On commence d'abord par suivre une femme dans ses activités quotidiennes, un peu comme on a pu suivre Clarisse Dalloway. On voit ce qui est admis et ce qui ne l'est pas. Dans le cadre d'une université fictive, Oxbridge... Et entrer à la bibliothèque n'en fait pas partie. Qu'à cela ne tienne, il y a celle du British Museum. Où la majorité des livres sont écrits par des hommes. Oui, même -voire surtout - lorsqu'il est question de femmes. 

Mais là où l'on entre dans le vif du sujet, c'est lorsque Virginia touche à Shakespeare et à Jane Austen. Elle imagine le tragique destin d'une sœur de Shakespeare. Et elle s'étonne de la force d'une fille de pasteur, qui a pu écrire au milieu d'un salon bruyant. Le chapitre sur les Bronte, Austen et Eliott est de loin celui qui m'a le plus plu. Je me suis délectée des images que Virginia nous propose et de l'innovation étonnante de ces bas-bleus. Par contre, elle aurait pu faire une petite place à d'autres dames, plus antiques comme Sappho, plus précieuses comme Mme de Scudéry ou Mme de Lafayette.

Enfin, elle s'attaque au cœur même du travail de l'écrivain, proposant que la qualité n'émane pas du sexe de l'auteur mais plutôt de sa capacité à se fondre entre eux. L'écrivain idéal est androgyne. C'est finalement ces derniers chapitres que je retiendrai. Virginia se demande si l'argent n'est pas plus important que le droit de vote pour les femmes. Je vous laisse réagir. Elle invite aussi à dépasser cette opposition entre hommes et femmes pour ne laisser paraitre que l'écrivain. Et invite tout un chacun à prendre un stylo, sans se soucier des résultats, simplement pour le plaisir d'écrire.

Comme souvent quelques extraits de la lecture :
"No force in the world can take from me my five hundred pounds. Food, house and clothing are mine forever. Therefore not merely do effort and labour cease, but also hatred and bitterness. I need not hate any man; he cannot hurt me. I need not flatter any man; he has nothing to give me. So imperceptibly I found myself adopting a new attitude towards the other half of the human race".

"'Women live like Bats or Owls, labour like Beasts, and die like Worms...'" 

"In those words she puts her finger exactly not only upon her own defects as a novelist but upon those of her sex at that time. She knew, no one better, how enormously her genius would have profited if it had not spent itself in solitary visions over distant fields; if experience and intercourse and travel had been granted her. But they were not granted; they were withheld; and we must accept the fact that all those good novels, VILLETTE, EMMA, WUTHERING HEIGHTS, MIDDLEMARCH, were written by women without more experience of life than could enter the house of a respectable clergyman; written too in the common sitting-room of that respectable house and by women so poor that they could not afford to buy more than a few quires of paper at a time upon which to write WUTHERING HEIGHTS or JANE EYRE". 

"Speaking crudely, football and sport are 'important'; the worship of fashion, the buying of clothes 'trivial'. And these values are inevitably transferred from life to fiction. This is an important book, the critic assumes, because it deals with war. This is an insignificant book because it deals with the feelings of women in a drawing-room". 

"It was strange to think that all the great women of fiction were, until Jane Austen's day, not only seen by the other sex, but seen only in relation to the other sex. And how small a part of a woman's life is that; and how little can a man know even of that when he observes it through the black or rosy spectacles which sex puts upon his nose". 

"Thus, when one takes a sentence of Mr B into the mind it falls plump to the ground--dead; but when one takes a sentence of Coleridge into the mind, it explodes and gives birth to all kinds of other ideas, and that is the only sort of writing of which one can say that it has the secret of perpetual life". 

"'The poor poet has not in these days, nor has had for two hundred years, a dog's chance...a poor child in England has little more hope than had the son of an Athenian slave to be emancipated into that intellectual freedom of which great writings are born.' That is it. Intellectual freedom depends upon material things. Poetry depends upon intellectual freedom. And women have always been poor, not for two hundred years merely, but from the beginning of time. Women have had less intellectual freedom than the sons of Athenian slaves. Women, then, have not had a dog's chance of writing poetry. That is why I have laid so much stress on money and a room of one's own".


mercredi 28 juin 2017

Towards zero

Un mois anglais sans Agatha, est-ce possible ? Et contrairement à l'an dernier, j'ai pioché un bon cru, en tous cas, à mes yeux. 

La construction y est pour quelque chose avec une mise en place peut être plus complexe que d'habitude, à la fois autour d'un Mr MacWhirter, qu'on ne retrouve qu'au dénouement, ce qui rend le procédé un peu mal amené, de Battle, de Scotland Yard, qui a quelques problèmes familiaux, de l'assassin qui tend ses filets, etc.

Puis l'on rentre dans le vif du sujet avec Neville et Kay Strange. Ceux-ci prévoient de passer quelques jours dans une maison de famille où Neville a grandi, auprès de Lady Tressilian. Mais à la période où Audrey Strange, première épouse de Neville, a l'habitude de venir. Cela crée vite une ambiance invivable entre allusions et jalousies. Neville veut-il rester avec Kay ou revenir auprès d'Audrey ? Tout le monde se le demande... et a son avis sur la question. Mais avant la fin du séjour, les choses prennent un tour plus dramatique qu'un simple triangle amoureux. Lady Tressilian est retrouvée morte, le crane fracturé. Personne n'est entré ou sorti. Qui est le coupable ? La gentille dame de compagnie, le pupille, l'ami, l'épouse ou l'ex ?

Battle est sur le coup avec d'autres agents. Poirot n'est pas là même s'il est évoqué... Et heureusement, MacWhirter réapparait. 

Un bon petit Agatha Christie, avec une théorie intéressante, portée par le titre et l'avocat de Mrs Tressilian : le crime n'est que l'aboutissement, le zéro... mais il y a toute une pelote à remonter pour le comprendre. 



vendredi 9 décembre 2016

Oracion y existencia cristiana

Autant vous prévenir, j'ai une bonne série de livres de réflexion et de spiritualité sur ma liste de billets en cours. On va commencer avec celui de José M. Castillo. Comme l'annonce le titre, la réflexion porte sur les liens entre la prière et l'action chrétienne.

Jusqu'à quel point la prière est nécessaire pour vivre chrétiennement ? Jusqu'à quel point, un homme qui vit sa foi a travers de l'action, est réellement sincère avec sa foi ? Est-ce que la prière est aussi indispensable que l'action, le service, l'engagement ? Quel lien entre action et prière devant les autres ? Est-il vraiment chrétien celui qui prie mais n'est pas totalement ouvert aux autres ? La chrétienté se vit-elle dans la transcendance ou entre transcendance et immanence ? Vaste programme, non ? Après, ça se divise ainsi:

1. Condicionamientos de base
2. La oracion, experiencia de la fe
3. La esencia de la oracion
4. La fe de Jesus et la oracion del creyente
5. Originalidad de la oracion cristiana
6. La oracion apostolica
7. Ensayo de sintesis


La prière nécessite isolement, retraite, silence, ordre, temps. Est-il toujours possible de prier alors que nos vies sont chargées d'occupations ? La prière est pourtant bien ce lieu d'où jaillit la vie, où peut prendre sens notre vie... La foi transforme les expériences personnelles. Il y a une grâce dans le mouvement de l'homme vers Dieu mais la prière reste difficile parce que l'on y rencontre ses propres limites et faiblesses. Le christianisme, c'est accepter le programme de Jésus par les actes. Mais qu'en est-il de la prière ? 

Notre auteur montre l'originalité de la prière chrétienne, expression de l'intensité de la foi du croyant plus qu'obligation à remplir. C'est une conversion suite à la rencontre avec Jésus, qui se nourrit d'une relation, d'un dialogue. C'est une attitude d'espérance et d'abandon à Dieu, propre des pauvres. La psychologie du pauvre, c'est de dépendre de l'autre et recevoir de l'autre. L'abandon et la confiance en Jésus permet de s'ouvrir, de recevoir... puis de mesurer la profondeur et le sens de la relation. La prière est comme l'amitié, elle n'a pas d'utilité, c'est un lien d'amour. Et comme en amour, il faut laisser sa place à l'autre : c'est bonne dose de passivité dans la prière qui permet d'atteindre l'autre. Mais si la prière est vue comme une exigence propre de la foi, la foi ne dépend pas de la prière sinon elle devient vite une série d'états d’âme que l'on déverse.  

Le fait religieux est recherche de Dieu par l'homme. Le fait chrétien est recherche de l'homme par Dieu. Et l'idéal de la vie chrétienne, c'est de participer par sa vie à la vie de Dieu !


mercredi 30 novembre 2016

Elephants can remember

C'est une année pleine de contrastes quant à mes lectures d'Agatha Christie.
Avec ce titre, bonne pioche. Un Agatha très sympa avec un Hercule Poirot secondée par une Mrs Oliver très proche de notre auteur, écrivain à succès de polars mais pas encore détective.

Quand elle est abordée par Mrs Burton-Cox lors d'un déjeuner d'écrivains, Mrs Oliver a deux options : ignorer la demande ou mener une enquête. Car l'interpellation est particulière et demande de remonter dans le temps, lors du double suicide de Lord et Lady Ravenscroft. Mais est-ce elle ou lui qui a tiré ? Notre romancière décide de reprendre l'affaire et de débusquer des "éléphants", comprendre des personnes qui se souviennent de l'affaire et ont des indices à partager. On commence avec la fille des Ravenscroft, Célia, concernée au premier chef, puisque future brue de Mrs. Burton-Cox et filleule de la romancière. Aidée d'Hercule Poirot, Mrs. Oliver mène les interrogatoires. Quant au détective, il fait des listes et découvre la vérité... Un peu après le lecteur ! Mais ça n'en reste pas moins un bon cru.

"Curiosity. I don't know who invented curiosity. It is said to be usually associated with the cat. Curiosity killed the cat. But I should say really that the Greeks were the inventors of curiosity. They wanted to know. Before them, as far as I can see, nobody wanted to know much. They just wanted to know what the rules of the country they were living in were, and how they could avoid having their heads cut off or being impaled on spikes or something disagreeable happening to them."