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lundi 21 décembre 2020

La déchirure

Ce roman d'Henry Bauchau est un des premiers sur ma LAL. Il me tentait moins que la thématique sur Œdipe. Histoire ancrée dans le rapport à la mère, au moment du décès de celle-ci, il me semblait assez glauque. 

C'est une histoire sur six jours et nuits, six jours autour de la mort d'une mère. Six jours qui permettent de replonger dans une enfance racontée à la Sibylle, son analyste. Entre passé et présent, entre rêves et réalité, entre psychanalyse, images, paroles et ressentis, le lecteur est invité à se perdre dans un dédale qui forme la vie du narrateur. Il trouve quelques repères avec les familles du père et de la mère qui s'opposent dans l'imaginaire de l'enfant, avec Olivier le frère modèle et si différent de lui, avec le mythe fondateur d'un bébé porté par un grand père fuyant l'incendie de Sainpierre, ou avec celui de Mérence, angélique, face à un homme noir. 

C'est un livre codé, où le lecteur acceptera de ne pas tout comprendre, où il devra faire des liens de lui-même entre les périodes et les lieux, un ouvrage pas si simple mais plutôt beau. 


lundi 3 septembre 2018

Diotime et les lions

Je continue ma découverte de Henry Bauchau. J'ai comme l'impression que ce sera un des auteurs que j'aurai le plus lu cette année. 

On repart dans l'Antiquité avec ce titre. Cette fois, pas dans la Grèce d'Antigone, mais plutôt dans la Perse voisine. Diotime est une jeune femme singulière, qui aime la chasse au faucon et l'équitation. Nullement impressionnée par Cambyse, son grand-père imposant, elle apprend ces arts de lui. Ce n'est pas vraiment des arts féminins et parfois, sa mère s'en inquiète. Surtout quand Diotime déclare vouloir participer à la chasse au lion. Scènes étonnantes de danses et de buchers... Puis vient l'histoire d'amour, la quête d'Arsès pour être digne de Diotime.

Ce petit ouvrage, une nouvelle, mêle la Grèce, la Perse et l'Inde dans son déroulé et ses personnages. C'est une histoire de découverte et d'apprivoisement de soi, de ses désirs et de ses démons. C'est l'histoire de nouvelles traditions, dans un temps mythique. Agréable mais un peu court.


lundi 14 mai 2018

Les vallées du bonheur profond

Ce recueil de nouvelles permet de passer un peu plus de temps avec nos amis, Oedipe, Antigone, Clios. De marcher un peu plus sur leur chemin. De découvrir d'autres routes imaginées par Bauchau pour ses héros.

L'arbre fou : Histoire de l'élaboration d'une double sculpture, celle d'une danseuse par Oedipe et des visages de ses parents par Antigone.
Les vallées du bonheur profond : Quand Antigone découvre le peuple des collines et explore les vallées du bonheur profond.
"- Rien que le nécessaire [...] le reste vous alourdit pour le bonheur.
- C'est le bonheur que vous cherchez ? demande Antigone
- Quoi d'autre, dit l'homme qui vient de revenir, le soleil, quelques pluies, la santé et du temps.
- Du temps pour quoi ? demande Antigone
- Du temps pour sentir qu'on a le temps"
La femme sans mots : Une nuit dérangeante avec une femme folle et muette.
Le cri : on retrouve ici une partie d'Antigone. Il s'agit du moment où elle part mendier et où un cri s'élève de ses entrailles.
L'enfant de Salamine : la rencontre de Sophocle avec Oedipe, la façon dont cette rencontre le transforme et l'aide à devenir poète tragique.

Toujours cette écriture superbe et simple,  qui font de ces nouvelles maitrisées un vrai plaisir de lecture. Et quelle joie de retrouver les personnages et les lieux connus et traversés en lisant.  

vendredi 20 avril 2018

Oedipe sur la route

J'ai fait ma rebelle, j'ai commencé par Antigone avant d'emprunter ce titre. Cela ne m'a pas réellement gênée mais c'est mieux de lire dans l'ordre. 





Comme j'ai aimé cet Oedipe de Bauchau ! Cet aveugle sculpteur, cet homme qui gagne en lumière à chaque pas, qui suit sa route intérieure. Cet homme qui se raconte, avant le drame, un homme fier, aventureux, qui trace la route. Un homme assommé par la prophétie mais qui se réinvente à chaque pas. Cet homme qui favorise la parole juste. Qui souvent se tait. Un homme qui ne part pas seul, qui a un bâton, qui est suivi par sa petite Antigone, sa fille, sa sœur. Qui rencontre le brigand Clios et le séduit. Qui est chassé à coup de pierres et d'injures puis accueilli comme une bénédiction. 


J'ai aimé les rencontres d'Antigone et Oedipe sur leur route. J'ai aimé leurs gestes simples : soigner, tisser, sculpter, nourrir. J'ai aimé les histoires qu'ils contaient. Celle de Clios, ravagé par la violence d'une guerre de clans qui a tué son amour. Celle de Constance et du peuple des collines, guidé par des reines. Celle d'Oedipe dans le labyrinthe (tiens, tiens, ce serait pas une question récurrente chez Bauchau). J'ai aimé la proximité instaurée avec ces personnages mythologiques. Et bien entendu, j'aime l'écriture de Bauchau, poétique et simple. Les images qu'il évoque. Cet Oedipe devenu géant, devenu pestiféré. Cet Oedipe transformé par la route...

Un très beau roman initiatique et d'aventure, une superbe réécriture du mythe... C'est décidé, je continue à explorer sa bibliographie !

lundi 9 avril 2018

Le boulevard périphérique





Ce Henry Bauchau, pourtant au top sur ma LAL, n'est finalement pas mon préféré. Je crois qu'il manquait de héros mythologiques à mon goût. Ou que ma lecture d'Oedipe sur la route était trop présente. Ou L'Enfant bleu. C'est le problème quand on engloutit tout un auteur d'un coup, on fait des indigestions.


C'est une étrange histoire que celle-ci, à deux temporalités. La jeunesse du narrateur, qui escaladait avec Stéphane, qui est entré dans la Résistance, qui a retrouvé trace du meurtrier de Stéphane après la guerre. Et l'aujourd'hui d'un quotidien de transports en communs ou de périph' entre sa maison, l’hôpital où il travaille et celui où il visite sa belle-fille malade. 
Un personnage qui fait le pont entre un ami de jeunesse et une femme en fin de vie. Un personnage que l'on peine à rassembler entre ces deux extrêmes. Et dont les interlocuteurs n'ont pas tous la même épaisseur. Ce Stéphane mystérieux, qui occupe la mémoire, prend souvent plus de place que cette Paule suffoquant derrière son masque. 
Un personnage coincé entre une culpabilité latente et l'obligation d'accompagner l'autre. Tournant en rond sur son périph' récurrent. N'osant pas prendre les devants. 
Un personnage méditant sur la mort et ses diverses formes, sur son effacement de nos vies et la douleur malgré tout dévastatrice.

Un beau roman, mais pas au bon moment, qui n'en fera pas un inoubliable.

vendredi 2 février 2018

Antigone

Je connais bien celle d'Anouilh et de Sophocle, je lorgne sur celle de Bauchau (comme sur toute son œuvre) depuis mes débuts dans la blogo sans jamais passer le pas. Et voilà qui est fait. Sans difficulté ni inquiétude. Une lecture qui arrive à point. 

Une lecture de l'histoire d'Antigone plus fouillée que celles que je connaissais, qui laisse véritablement s'épanouir le personnage, qui creuse la rivalité entre Etéocle et Polynice, ainsi qu'avec Ismène. Une Antigone qui ne cherche que l'authentique, le vrai. Sans froufrou. A travers l'art et la médecine. Une Antigone qui veut la vie. E qui avance sans peur vers la mort. 

Comme j'ai aimé ce personnage. Comme j'ai aimé cette réécriture, empreinte d'hommage à la mythologie grecque, à la culture de l'hybris et de ses conséquences, à la culture politique mais aussi psychanalytique. Cela en fait un roman riche, aux lectures multiples. Sans parler du style, assez lyrique et poétique. S'il m'a pesé au début, je me suis étonnée à l'apprécier de plus en plus en avançant dans ma lecture. 

"Est-ce qu'il ne faut pas être rejeté pour devenir soi même ?"
"C'est aussi tellement toi, Antigone, cette confiance intarissable dans l'action de la vérité, dont on ne sait si elle est magnifique ou seulement idiote. Crois-tu qu'on peut, sans délirer, espérer comme tu le fais ?"
"Avec toi, on croit aux dieux, à ceux qui éclairent et à ceux qui transpercent. On croit au ciel, aux astres, à la vie, à la musique, à l'amour à un degré inépuisable. Toujours tu es celle qui nous entraine grâce à tes yeux si beaux, à tes bras secourables et à tes grandes mains de travailleuse qui ne connaissent que compassion"
"Demander, recevoir parce qu'on a eu la confiance de demander, on s'aperçoit alors qu'on ne mendie pas seulement pour survivre, on mendie pour n'être plus seul"

jeudi 28 décembre 2017

L'Enfant bleu

C'est un titre de Bauchau, comme tous ses titres d'ailleurs, qui patiente parmi les titres de ma LAL depuis des années. Je l'ai noté au début du blog, il doit y avoir 10-11 ans. Je ne sais pas si c'est un coup de coeur, car j'y ai trouvé quelques languides longueurs, mais pas loin.

Véronique, psychanalyste, rejoint un hôpital de jour. On lui confie un adolescent psychotique, Orion. Orion dit "on ne sait pas". Il est poursuivi par le démon de Paris. Il dessine des îles et des labyrinthes. Ses camarades le poussent à bout, pour le voir se déchainer et lancer des tables et des chaises. Ses parents pensent qu'il existe des vrais et des faux métiers. Et que le talent d'Orion pour le dessin n'est certainement pas une voie. Et pourtant... Avec Véronique, Orion découvre Thésée et le minotaure, une image et un mythe puissant, qui construisent ce roman et la personnalité d'Orion. 

C'est le roman d'une analyse au long court, d'un adolescent devenu jeune homme. D'un dessinateur devenu artiste. C'est une relation entre le patient et le médecin, entre la mère et le presque enfant, entre des amis. C'est aussi des œuvres qui s'écrivent, qui se créent, entre poésie, musique, peinture et sculpture... Un très beau roman sur la vocation artistique, sur l'accomplissement d'une partie de soi par l'art.
Lucas, Fade into you