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jeudi 24 mars 2022

Rire avec les anciens

J'ai repéré depuis plusieurs années cette collection Signets des Belles lettres. La présence de ce titre de Danielle Jouanna à la bibliothèque m'a enfin permis de la découvrir.  

Le principe : une thématique principale, ici le rire, déclinée en sous-thèmes, une intro, des extraits choisis et voilà ! C'est une anthologie de textes grecs ou romains qui font sourire voire rire. Au programme, des bien connus tels qu'Aristophane, Plaute, Pétrone, Lucien ou Martial voire Ovide. D'autres moins attendus comme Homère ou Platon et Tite-Live. Et puis d'autres, oubliés ou mal connus que les extraits permettent de rencontrer. Est-ce que nous rions toujours des mêmes choses ? Eh bien oui, ou en tous cas, il y a des histoires antiques qui peuvent toujours nous faire rire : les histoires de quiproquos ou de mauvaise foi, les histoires d'hommes et de femmes, les caricatures, les sujets de la vie quotidienne ou mythologiques...

Une jolie façon de renouer avec les textes antiques que j'affectionne, qui m'a donné envie de relire ou de me replonger dans les versions intégrales des textes ! 

mercredi 21 octobre 2015

Le petit Hippias

Sous-titré "ou du faux", ce dialogue de Platon met en scène Socrate, Eudicos et Hippias. Hippias a précédemment parlé de Homère. Vient désormais la question de Socrate, qui est le meilleur : Achille ou Ulysse ? (Non, les groupies, on ne s'emballe pas sur les muscles de l'un ou de l'autre, la question est essentiellement philosophique).

Vase François, Florence


Evidemment, c'est Achille le meilleur ! Il a des gros muscles, un beau bouclier... Il dit le vrai. Alors qu'Ulysse n'est qu'un faux jeton. Il ment tout le temps ! Mais s'il ment, n'est-ce pas qu'il a la capacité de le faire ? Et aussi de dire vrai ? Et n'ont-ils pas tous les deux cette possibilité ?
Hippias nuance : Achille ne ment qu'involontairement, lorsqu'il y est contraint, tandis qu'Ulysse ment à dessein ! Mais qui sont les meilleurs, ceux qui mentent volontairement ou ceux qui ne le font que sous la contrainte ? Là, Socrate comme Hippias peinent à trancher... Car ceux qui se trompent de façon involontaire, n'est-ce pas parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement ? N'est-ce pas le reflet d'une infériorité ? Mais alors, faut-il conclure que ceux qui commettent volontairement l'injustice sont meilleurs que ceux qui la commettent sans le vouloir ? Qui est le bon, qui est le méchant ? Est-ce celui qui sait ou l'ignorant ?

Comme toujours, Socrate nous laisse sans réponse, dans l'incertitude de la discussion. Il a bousculé nos idées reçues, a démonté quelques préjugés et s'en va, sans crier gare. A nous de penser la suite !

vendredi 9 janvier 2015

Apologie de Socrate

J'avais prévu de rattraper mon retard sur les expos. Mais il me parait plus urgent aujourd'hui de vous parler de philo. De vous inviter à réfléchir

L'Apologie de Socrate diffère des dialogues socratiques auxquels ont pu vous habituer vos cours de philo. Ici, Platon rapporte les propos de Socrate lors de son procès en -399. Ceux-ci se divisent en trois moments : la plaidoirie de Socrate, la proposition de sentence et sa péroraison, une fois condamné à mort


La plaidoirie tend à réfuter les accusions de Mélétos, de Lycon et d'Anytos selon lesquelles il corromprait la jeunesse et ne croirait pas aux dieux de la cité. Ce qui est intéressant, c'est qu'il y explique sa démarche philosophique. Il raconte combien l'oracle de Delphes rendu à son sujet a pu l'étonner : il n'existerait personne de plus sage que lui. Il sillonne alors Athènes pour interroger sophistes, hommes politiques, poètes, artisans. Et constate que beaucoup croient qu'ils savent alors qu'ils ne savent pas tandis que lui, Socrate, sait qu'il ne sait pas. Et ces petits entretiens attirent spontanément beaucoup de monde, dont des jeunes gens. Mais contrairement aux sophistes, Socrate ne se fait pas payer. Et il n'apprend rien à personne. Il se contente de questionner. Il reprend d'ailleurs cette méthode pour montrer l'absurdité des accusations de Mélétos. Revenant sur ses actions, il signale son honnêteté et son dévouement à sa cité. Il est intéressant de noter qu'il imagine son action de 'taon', de réveilleur des consciences en dehors de tout engagement politique : "Il est plutôt forcé que celui qui aspire à combattre réellement pour la justice, mène, si peu de temps qu'il veuille sauvegarder son existence, la vie d'un simple particulier et non celle d'un homme public". Comme s'il devait payer son opposition par la mort ou la compromission. Cette première partie nous permet de mieux comprendre le contexte du procès. Accusé sur des prétextes assez minces (surtout que les parents des jeunes soi-disant corrompus ne témoignent pas dans ce sens),c'est toute l'attitude de Socrate qui est accusée, qui semble nuire à la cité. N'est-il pas désagréable pour elle de s'entendre dire certaines vérités ? 

Puis Socrate, une fois jugé, propose sa sentence. Et bien loin de tenter d'attendrir les juges, il leur demande d'être nourri au Prytanée, c'est à dire aux frais de l'état, comme citoyen exemplaire :"Je m'y suis engagé, essayant de persuader chacun de vous, et de n'avoir aucun souci d'aucune de ses propres affaires, avant d'avoir souci, pour lui-même, de devenir le meilleur et le plus sensé possible ; et de ne point avoir souci de l'administration de l'Etat, avant de vous soucier de l'Etat lui-même". N'est-ce pas la quête première et existentielle de tout homme ? Chercher à progresser, à aller vers toujours plus de sagesse. C'est loin d'être un chemin évident. Mais c'est un beau chemin, non ? Socrate ajoute qu'une "vie à laquelle l'examen fait défaut ne mérite pas qu'on la vive".

Enfin, Socrate fait un dernier pied de nez aux juges qui le condamnent. Il annonce la honte qui les poursuivra : oui, ils ont tué un juste. Alors qu'ils auraient pu simplement attendre qu'il meure (après tout, il était âgé de 70 ans). Et par cette mort, ils en font un martyr. Ils donnent du prix à cette pensée pour laquelle il est prêt à mourir. Et ils en font un héros pour ses 'adeptes' :"le nombre augmentera, de ceux qui pratiquent cette mise à l'épreuve envers vous [...] vous vous imaginez qu'en mettant les gens à mort, vous empêcherez qu'on vous reproche de ne pas vivre droitement".
Il en profite pour caler quelques réflexions sur la mort :"Mourir, en effet, c'est l'une ou l'autre de ces deux choses ; car, ou bien la chose est de telle sorte que le mort n'a absolument pas d'existence et qu'il n'a pas non plus aucune conscience de quoi que ce soit, ou bien, comme on le dit, c'est précisément un changement d'existence, et, pour l'âme, une migration de ce lieu-ci vers un autre lieu". 

Ce texte, qui est souvent l'un des premiers que l'on étudie en philo, pose bien des interrogations propres à la démarche philosophique : la place du philosophe, son investissement dans la cité, sa démarche. Se faisant éveilleur des consciences, il a un rôle essentiel mais désagréable : il agace, il perturbe, il invite à penser hors des sentiers bien balisés. Et c'est en cela qu'il est potentiellement dangereux et qu'il peut faire vaciller toute la société. 

Bref, un texte accessible, qu'il fait bon de relire quand on se remet à la philo. D'ailleurs, la philo, ce n'est pas que pour penser en terminale, ça peut se poursuivre toute la vie !

samedi 29 mars 2014

De Rouge et de Noir, les vases grecs de la collection de Luynes

Vous commencez à me connaître, voilà plus de sept ans qu'on se fréquente. Vous savez donc que les vases grecs font partie de mes péchés mignons. Je n'ai donc pas résisté à cette exposition (gratuite) qui se tient au Cabinet des Médailles, la partie musée de la BNF (attention, ce n'est pas dans les magnifiques tours de Perrault, c'est rue de Richelieu). 

coupe figures noires BNF
Vendanges dionysiaques autour d'un Gorgonéion, coupe attribuée au peintre de Chiusi, -520-500

Cette exposition thématique met en valeur les œuvres d'un collectionneur du XIXe siècle, le duc de Luynes, archéologue et numismate. Œuvres léguées en 1862 au fameux Cabinet des médailles (si vous ne connaissez pas, ça vaut le détour, pour l'échiquier de Charlemagne, le Trône de Dagobert, le calice de Gourdon et plein d'autres objets remarquables). Dans la collection de Luynes, on trouve beaucoup de vases grecs mais aussi des intailles, des monnaies et quelques sculptures. Les vases sont ici mis sous les feux des projecteurs, présentés selon leur iconographie mythologique, partant du monde des dieux vers celui des héros et terminant par la vie quotidienne des grecs. L'essentiel des collections est constitué des vases à figures rouges athéniens, mais l'on trouve également quelques figures noires et surtout quelques vases corinthiens ou étrusques. 

BNF crateres collection duc Luynes

Cette exposition peut être une bonne introduction à l'art des vases grecs, pour ceux que les multitudes de la galerie Campana effraient. L'accès aux œuvres par leur iconographie est assez aisé. Les questions liés à la production, notamment des peintres et des potiers sont évoquées ainsi que les attributions mais sans risque de perdre le visiteur. On déplorera tout de même une absence de cartels détaillés, qui auraient pourtant été utiles pour expliciter certaines scènes moins connues comme l'histoire d'Amycos, géant spécialiste de la lutte, supplicié par les Argonautes. Je regrette aussi que la partie technique soit si peu détaillée. Je ne suis pas certaine que cela réponde aux interrogations des visiteurs. Mais l'ensemble est clair et précis, qu'il s'agisse de l'importance de la collection, de l'usage des vases ou de leur iconographie. Et surtout, le duc de Luynes avait un goût très sûr et les objets qui sont exposés sont tous d'une très grande qualités et témoignent de la production de l'âge d'or de la céramique athénienne. 

coupe dionysos figures rouges BNF
Dionysos entre deux satyres, coupe attribuée au peintre de Brygos, -480-470

dimanche 23 mars 2014

Lysistrata

Voilà un bout de temps que je n'avais pas lu Aristophane. Retour sur un classique de la comédie grecque ! 

Plat à figure rouge, peintre de Briséis,
-470-460
Les Athéniennes en ont marre. Leurs maris passent leur temps à se battre tandis qu'elles dépérissent dans leurs demeures. Menées par Lysistrata, elles décident de faire pression sur eux. Rien de moins qu'une grève du sexe ! Retirées sur l'Acropole, elles comptent bien faire fléchir leurs époux. Surtout que les femmes des ennemis, les spartiates, entament la même démarche qu'elles. 

Cette comédie, qui met les femmes au centre de la scène, étonne par sa modernité. Eh oui ! Les femmes se lancent en politique ! Mais elles le font avant tout pour épargner leurs époux et leurs enfants. Et pour avoir un lit bien chaud le soir ! Cette pièce caricature les femmes (et les hommes, Priapes en proie au désespoir) comme des êtres uniquement guidés par le sexe et les sens. Le langage y est très cru (c'est du Aristophane, quoi) mais joue aussi sur les doubles sens. Beaucoup veulent y lire une première occurrence du féminisme, c'est plutôt un appel au pacifisme. Car la femme ne revendique rien pour elle-même, elle ne conserve pas le pouvoir, elle ne demande pas de nouveaux droits. Elle veut simplement son mari et son foyer en paix...

Nous ne sommes plus en Grèce, c'est un lupanar de Pompéi

lundi 10 février 2014

Une rançon

Ce livre de David Malouf me tentait depuis sa (récente) sortie. Vous connaissez mon goût pour l'art, l'histoire et la littérature antique. Et ma faiblesse pour les grecs plus que pour les romains. Peut-être savez-vous également que j'ai un faible pour Hector. Bref, j'étais la lectrice idéale (en toute simplicité) pour ce roman.

David Malouf raconte un épisode clé de la guerre de Troie : la mort de Patrocle suivie de la mort d'Hector. Il s'intéresse plus spécialement à Priam, le père d'Hector et le roi de Troie, qui va demander à Achille de lui remettre le corps de son fils pour lui rendre les derniers honneurs. Achille est devenu une bête sauvage depuis la mort de Patrocle, un condensé de haine, de tristesse et de rage. Le fils de Pélée, chaque matin, attache le cadavre de son ennemi à son char et lui fait parcourir le champ de bataille, sous les murs de Troie. 

Achille cadavre Hector
Achille traînant le corps d'Hector,
peintre du Diosphos, - 490,
musée du Louvre

Ce roman est un régal. L'écriture en est simple, fine et poétique. Elle est très respectueuse du texte homérique, tant sur le fond que sur la forme. Mais elle est aussi très moderne en ceci qu'elle nous introduit aux ressentis et aux sentiments des personnages. S'attachant à décrire le cadre avec précision, l'auteur nous convie à un voyage. Celui de Priam jusqu'au camp grec. Un voyage dans la simplicité, loin du cadre contraignant de la cité. Un voyage avec un compagnon bienveillant, naturel et généreux, qui invite à poser un regard aimant sur le monde. C'est un très beau roman, qui se niche dans les vers du poème antique, qui invite à la contemplation, au pardon, à la compréhension mutuelle. Une trêve infime pendant cette guerre qui dure dix ans. L'auteur tisse des correspondances entre les personnages, fait appel à la filiation et établit d'étranges symétries. Par ailleurs, le divin y est diffus, le souffle épique apparaît en creux. Bref, c'est un moment qui n'est dédié qu'à l'homme et qui lui offre un peu de liberté, comme pour défier le destin. 

"Dans son monde à lui, un homme parlait seulement pour donner forme à une décision qu'il avait prise, ou exposer un argument pour ou contre. Pour adresser des remerciements à qui avait été brave, ou, avec colère ou un indulgent regret, des remontrances à qui ne l'avait pas été. Pour offrir un compliment dont les phrases ornées, et les appels à la vanité ou à la fierté familiale étaient fixés et de forme ancienne et approuvée. C'était le silence, non la parole, qui était expressif. Le pouvoir se trouvait dans la retenue. Il consistait à tenir caché, donc voilé de mystère, son dessein véritable. Un enfant pouvait se montrer bavard, jusqu'à ce qu'il apprenne la discrétion. Ou les femmes, dans le secret de leurs appartements. 
Mais ici, au dehors, si l'on s’arrêtait pour écouter, tout bavardait. C'était un monde bavard. Les feuilles qui roulaient dans la brise. L'eau qui bondissait sur les galets et qui revenait sur elle-même pour bondir encore. Les cigales qui composaient une si longue et si assourdissante stridence, puis soudain s’arrêtaient, pour vous laisser à nouveau conscient du silence. Sauf que ce n'était aucunement du silence, mais un froissement, un bruissement, un bourdonnement continu, comme si la présence de chaque chose était autant le son qu'elle produisait que la forme qu'elle prenait, ou sa façon, bien personnelle, de remuer ou d'être immobile". 

dimanche 5 janvier 2014

Découvrir les étrusques, à Paris ou à Lens

C'est un exercice déjà réalisé par plusieurs journaux que de comparer les mérites respectifs des deux expos sur les étrusques au musée Maillol et au Louvre Lens. Si la première tente d'embrasser toute une civilisation, l'autre se concentre sur la cité de Cerveteri.

Exposition thématique, celle du musée Maillol aborde selon les salles des notions essentielles pour appréhender cette civilisation méconnue du grand public : l'architecture, la langue, la religion, la création artisanale, le banquet, etc. Les œuvres présentées ne sont pas très nombreuses mais elles sont de qualité. Notons ainsi les restitutions de la tombe du navire ou la magnifique plaque ornementale de Palestrina. Les objets proviennent essentiellement de musées italiens, parmi lesquels le musée étrusque du Vatican, le musée archéologique de Florence ou de Milan, la villa Giulia... Si les cartels ne sont pas très bavards, les textes introductifs tentent de transmettre une information accessible et utile au visiteur. Il manque certes un ancrage chronologique mais celui-ci est donné via un feuillet (encore faudrait-il que les visiteurs le prennent et le lisent) relativement détaillé. 

A retenir : quelques œuvres d'orfèvrerie exceptionnelles, un propos didactique parfois simpliste mais accessible, un panorama des grands sujets de l'art et de la civilisation étrusque.

bracelet cerveteri

L'exposition du Louvre-Lens, centrée sur Cerveteri, se déroule de façon chronologique une fois passée l'introduction sur la redécouverte des objets de la ville. Dès cette première vitrine, j'ai eu quelques inquiétudes : les gens ne lisent vraiment pas les cartels et imaginent alors que les étrusques produisent la même céramique que les grecs. Et plus loin, il est dommage que les dates ne soient indiquées que dans les titres de sections et non sur les cartes géographiques : cela ne favorise pas le repérage. 

Ensuite, les objets archéologiques introduisent à chaque période de la cité, des premières urnes cinéraires à l’orfèvrerie orientalisante en passant par les antéfixes, les vases (il y a le cratère d'Aristonothos !), les sarcophages, etc. Il y a des objets magnifiques, notamment le sarcophage des époux, récemment restauré et beaucoup mieux exposé à Lens qu'à Paris (le département étrusque m'a toujours paru mal éclairé). Le propos est intéressant, il s'appuie sur des découvertes récentes et est illustré par des films qui permettent de pénétrer au cœur des tombes. Cependant, j'ai entendu tellement d'atrocités qu'il me semble que ce propos n'est pas suffisamment explicite et compréhensible : non, il n'y a pas de momie dans les sarcophages étrusques, non, un antéfixe et un acrotère ce n'est pas la même chose, ...

sarcophage cerveteri

Contrairement à celle de Paris, celle de Lens ne cherche absolument pas à être accessible au grand public. Et ce sera là mon principal reproche : c'est tout de même dommage pour un musée qui se veut le plus démocratique possible.

jeudi 20 juin 2013

Apelle. La bataille d'Alexandre

Ce livre de P. Moreno bouscule les idées reçues sur la mosaïque découverte dans la maison du Faune à Pompeï : la bataille d'Alexandre. 


Pendant toutes mes études, on a affirmé que cette mosaïque avait été inspirée par une peinture de Philoxénos d'Eretrie et qu'elle représentait la bataille entre Alexandre et Darius à Issos. Que nenni nous dit Paolo qui attribue l'oeuvre à Apelle. Figurez-vous que ce pourrait être la défaite de Darius à Gaugamélès ! 
Et de nous expliquer pourquoi... et de nous montrer un autoportrait d'Apelle dans le bouclier d'un soldat... troublant mais pas toujours très convaincant dans cette démonstration. Et l'on finit par une biographie d'Apelle et une liste de ses œuvres.

Le tout est très illustré de détails en couleurs de la mosaïque et d’œuvres qui s'en sont inspirées (mais en noir et blanc). Cela me semble quand même toujours compliqué les attributions antiques, surtout dans le domaine de la peinture dont les témoignages sont plus que fragmentaires...

mardi 4 décembre 2012

Peplum


Cette exposition entre Saint-Romain-en-Gal et Lyon était pleine de promesses. J'imaginais ces jolies suivantes de Cléopâtre, ces héros musclés et ces scènes de gladiature propres aux péplums. Rassurez-vous, vous les verrez. Mais vous en découvrirez beaucoup plus (savez-vous qu'un film s'intitule Les nuits chaudes de Cléopâtre ? Incroyable)!


A Lyon, l'exposition est intégrée dans l'espace des collections permanentes. Chaque thème (les jeux du cirque, la mer, le costume etc) est lié à la partie de la collection qui lui correspond. Mais plutôt que de faire dialoguer les extraits de films et les oeuvres, d'expliciter le rapprochement, les cartels restent très descriptifs et ne marquent pas le lien. Décevant.

A Saint-Romain, l'exposition prend place dans un espace qui lui est propre. Pas de sens de visite conseillé, l'expo est thématique : courses de char, catastrophes, femmes, érotisme, danses et festins, divinités, esclavage, voyage, etc.
Outre les extraits de films, nombreux, plus ou moins connus, des objets (affiches, figurines, costumes, gravures, peintures) complètent ce propos sur un genre qui a popularisé l'Antiquité. 

Une expo sympa sur un thème original, qui complète bien ma lecture du Guide de l'Antiquité imaginaire d'Aziza. Bon, encore une fois, des cartels plus descriptifs qu'explicatifs mais je crois que c'est un peu peine perdue ce débat.


En plus : j'ai pu voir les installations de Museomix au musée archéologique de Fourvière. Moins d'une semaine après l'opération, j'étais déçue de voir que certains dispositifs étaient déjà morts (théâtre, course de char, commerce notamment). J'ai beaucoup aimé la maquette corrigée, les bruits de quartier et la story stel'ing !

mardi 13 novembre 2012

Pour seul cortège

Dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister, j'ai reçu ce roman de Laurent Gaudé qui me faisait très envie. 

Eh bien, c'est un véritable petit bijou que ce roman polyphonique. Je dois avouer, je l'ai dévoré. Je n'arrivais pas à le lâcher. 
Pour seul cortège retrace les moments précédents et suivants la mort d'Alexandre. Les voix puissantes du conquérant, Dryptéis et Ericléops nous mènent au coeur d'un roman au souffle épique. 
Alexandre se meurt, il a senti une douleur intense au milieu d'une danse et s'est écroulé. On le voit lutter contre cette fièvre avant de se résigner, d'appeler ses hommes, de les saluer et de s'éteindre.
Dryptéis, fille de Darius, veuve d'un général d'Alexandre, Héphaistion, petite-fille de Sisygambis et jeune mère, retirée dans un temple, est à nouveau projetée dans le temps par Alexandre. Sa mission est d'accompagner Sisygambis afin qu'elle soit la diseuse de mort du héros.
Ericléops revient d'une mission au bout du monde et vient annoncer à Alexandre de nouvelles conquêtes.
Hélas, leur présence auprès d'Alexandre est vaine. Le roi se meurt. Les diadoques se déchirent l'empire et le corps du mort...
Dryptéis et Ericléops, fidèles à sa mémoire et à sa voix, sauvent son corps et son esprit des vautours de Ptolémée et de Perdiccas.

Cette lecture est un véritable enchantement. Certes, son sujet n'est pas des plus joyeux. Mais il est question d'héroïsme, de rêves, de fidélité, de bravoure (là, ça fait péplum mais c'est bien plus que cela). Ce roman peut être dur. Il avance à toute vitesse, comme une tragédie grecque se précipite vers le destin, sous un soleil pesant. Son style est également de toute beauté : rythmé, épique, puissant, magnifique.
Un coup de coeur !

Pour partager mon enthousiasme, sachez que vous pouvez trouver ce livre ici

mercredi 5 septembre 2012

Dans l'oeil du miroir

Cette lecture de l'essai de Françoise Frontisi-Ducroux et Jean-Pierre Vernant est presque un hommage à mes études, à mes tuteurs en recherche. Ces auteurs faisaient partie des références qu'il fallait lire sans même se soucier du titre.

Mais de quoi est-il question ?
D'imaginaire antique. De femmes. D'identité. D'érotisme. De Narcisse.

Le miroir, petit objet féminin, est le lieu de l'intime, de la relation à soi et aux autres. Si l'homme, qui n'a pas de miroir, se reflète dans le regard des autres hommes, qui le reconnaissent avec son statut, son identité, la femme n'a pas de relation avec l'extérieur. Elle n'a que son miroir qui l'ouvre à une relation à l'autre, une relation de réciprocité qu'elle trouvera dans le mariage notamment. Il lui permet une objectivation d'elle-même. Avec son lot de vérités... et de tromperies. 
Le prisonnier du miroir, c'est Narcisse, pris au piège de son propre reflet. Il refuse la réciprocité de l'amour et l'ouverture au monde. C'est le contre exemple parfait de ce que devrait être un homme antique dans sa relation aux autres et à lui-même. Un repoussoir. 
Une belle étude qui dépasse le cadre du simple objet et de ses représentations. 

jeudi 31 mai 2012

Lire à Rome

Oui, ça fait beaucoup d'antique et d'histoire à la suite. Que voulez-vous, j'ai envie de lectures qui fassent apprendre en ce moment. 

Ce livre de Catherine Salles s'interroge sur le phénomène du livre et de sa réception au Ie siècle (ap. J.-C.) dans l'empire romain. En trois temps : l'écrivain, le livre, le public. Elle dessine un panorama qui semble complet. En effet, elle dresse un état de la société romaine vis-à-vis de la culture, que ce soit à Rome ou dans les provinces. Puis elle s'attache à l'image de l'écrivain : est-il un mondain oisif qui cherche à s'occuper, un miséreux allergique au travail ?
La partie la plus intéressante selon moi est celle consacrée au livre : l'auteur met en avant les techniques de l'édition, entre dans les salons en vogue, s'invite aux concours poétiques et s'intéresse au commerce et à la conservation du livre. 
La dernière partie, plus centrée sur les attentes du public, m'a semblé plus connue. 

Un essai historique passionnant pour qui s'intéresse à l'histoire du livre et de sa diffusion. 

mercredi 30 mai 2012

Rituels et mystères des rois divinisés

Dans cet essai historique publié chez Actes Sud, Henri Stierlin interroge des grands monuments antiques et la notion de divinisation des leaders. 

A partir d'une étude du théâtre maritime d'Hadrien à Tivoli et d'un texte de Varron, Stierlin nous promène du monde hellénistique à la république romaine en traversant des monuments phares. On se penche notamment sur des palais royaux, sur un bateau mythique : la Thalamège, sur une image superbe : Petra, sur la construction d'une ville : Pergame... 
Après une description, l'auteur nous propose une interprétation. Il met l'accent sur la séparation des parties privées et publiques, sur la place de tholos dans ces lieux, d'espaces de banquets et propose d'y lire des rites de divinisation des souverains. 
L'étude se poursuit avec l'analyse de grands sanctuaires romains, celui de la Fortune à Preneste et d'Hercule à Tivoli. L'auteur y insiste sur la présence d'un temple et d'un théâtre, que l'on retrouve ensuite pour le théâtre de Pompée à Rome, et y lit une volonté de divinisation de Sylla et Marius. 

Interprétations astronomiques, lecture partielle des sanctuaires, textes appelés en simples illustrations des démonstrations... J'ai un peu de mal à adhérer aux hypothèses de l'auteur, ou du moins à son interprétation du théâtre maritime. Je me méfie de cette apparente évidence et de ces liens tissés entre tous les monuments convoqués ici. Peut-être ne devrais-je pas. Mais je suis de nature sceptique.

jeudi 1 mars 2012

Pompéi

Voilà un petit livre de Maja Lundgren qu'il faudrait mettre entre les mains des latinistes trop sérieux, histoire qu'ils se souviennent un peu que les romains, c'était plutôt fautes d'orthographe, gribouillis sur les murs et humour sous la ceinture. Le temps de les faire redescendre du piédestal de leur érudition. 

Maja Lundgren fait revivre grâce à quelques graffitis la cité avant le drame de 79.
On y croise plutôt de la prostituée et du gladiateur que du sénateur et de la prêtresse mais c'est plus sympa, non ? Tout commence par ces signes avant coureurs du drame. Puis, après un petit mot sur le Vésuve, sur le garum, sur les métiers plus ou moins nobles de Pompéi, on plonge dans sa vie quotidienne, entre archéologie et imagination.

Actius Annicetus, Methe et Paris sont comédiens. Ils boivent beaucoup dans les tavernes pompéiennes. Amaryllis, c'est l'amie de Methe. Elle est fileuse et fellatrix. Chrestus fait battre les coeurs. Vénus se promène de nuit dans Pompéi et souffle des idées au mortels. Julia s'entiche d'un esclave. Le tavernier empoisonne ses clients, leur propose du vin avec ou sans miel presque frelaté. Maria la chrétienne est changée en chien. Bouboule n'est pas aimé par ses frères. Une statue de Bès disparaît. Une horloge solaire retarde à toutes les saisons. Les chrétiens se réunissent. Et puis, un tigre se ballade dans tout le roman.

C'est à la fois érudit, drôle, et enlevé. Ce roman est à la portée de chacun, il fait voyager dans les rues de Pompéi, invente une histoire à ce peuple disparu et lui donne une voix gouailleuse, familière et touchante. 

vendredi 10 juin 2011

Satiricon


Pétrone avait été le cauchemard de certaines versions de prépa. Et puis, à mesure que mon latin s'est amélioré, j'ai pu apprécier un peu plus le bonhomme... Mais là, je l'avoue, cette relecture complète de l'oeuvre s'est faite en français. Avec un petit coup d'oeil au latin de temps à autre pour constater que j'avais un peu perdu la main. Bref, le Satiricon, c'est un petit roman qui m'est assez cher.

Alors, certes, c'est souvent très olé olé et à la limite de la pornographie. Voire au delà de la limite. Mais c'est aussi amusant de lire les aventures de ces jeunes éphèbes. 

Encolpe et Ascylte se partagent les faveur de leur 'petit frère', le charmant Giton qui fait tourner toutes les têtes du roman. Eux mêmes, assez séduisants, plaisent plutôt aux femmes qui les séquestrent et les épuisent. 
Outre les scènes érotiques, il y a quelques aventures : fuite en mer, passage dans différentes cités, retrouvailles, impuissance, captation d'héritage (ou du moins tentative de captation), mariage de Giton etc. 
Et puis le gros morceau du repas de Trimalcion qui accumule les nourritures les plus farfelues (en tous cas, en apparence) mais finalement assez communes. Ecoeurant de quantité et de vulgarité que ce passage chez le parvenu !

Hélas, c'est un roman à trous et le fil est parfois difficile à suivre. Et puis, certains épisodes tournent court. De même, le roman se termine en queue de poisson.

Bref, un roman assez désarçonnant, érotique et pornographique, vulgaire et gras, mais finalement plus amusant que répugnant (enfin, selon les passages). Le genre d'images de la Rome antique qui favorise les interprétations orgiaques et extrèmes de l'empire romain. Bref, la décadence mais avec humour !

jeudi 16 décembre 2010

La caverne des idées

Peut être vous rappelez vous la joie avec laquelle j’avais refermé mon précédent livre de Somoza : voilà un auteur qui me plaisait et dont les jeux littéraires m’avaient fascinée. C’est encore le cas ici avec ce roman (que j’ai choisi pour sa couverture en premier lieu. C’est pas tous les jours que les cratères de Brygos sont présentés).

Il va m’être difficile de vous en parler sans tout révéler mais je vais tenter un petit résumé un peu allusif.

Ce roman commence par un crime. Le jeune Tramaque est retrouvé près d’Athènes, dans les collines, le cœur arraché par les loups. Voilà le prélude à l’enquête que mène Héraclès Pontor, ancien ami du père de Tramaque. Son but ? Découvrir ce qui a causé cette mort, qui ne lui semble pas ressembler à un accident. Le commanditaire de l’enquête ? Diagoras, membre de l’académie de Platon et guide de Tramaque, Antise et Eunio, trois éphèbes bien de leur personne.

Puis l’on s’aperçoit que cette histoire est en réalité une traduction. Les notes font apparaître un traducteur soucieux de donner des détails, de contextualiser. Ce traducteur prend de la place car certains aspects de se vie privée nous sont révélés. Sa passion ? L’eidesis. C’est à dire la suggestion d’images dans le texte : dans le second chapitre, le nombre de termes en rapport avec l’ondulation, le froid, le glissant évoque à la fin l’image d’un serpent. Procédé que j’ai trouvé tout à fait passionnant, il faut l’avouer !

Bref, sans rentrer plus dans les détails, sachez que ce roman est beaucoup plus riche qu’il n’y paraît. L’ambiance de l’Athènes de la guerre du Péloponnèse est remarquablement évoquée sans la lourdeur des traductions de textes anciens, parfois imbuvables (remercions le généreux traducteur) parce que trop près du grec. Encore une fois Somoza a su m’étonner et me plaire par sa maîtrise des jeux littéraires. Superbe aventure !



mardi 16 novembre 2010

Claude / Néron

Bon, je résume les deux en un billet parce que dans mon édition, ils étaient ensemble. Oui, je n'en fais qu'à ma tête !

Suétone a été surnommé par un de mes profs d'histoire la 'dame pipi de l'histoire'. Sous cette épithète peu avantageuse (et nullement homérique), se cache un ragotteur patenté ! Au début, tout commence pour le mieux. Suétone présente la généalogie des empereurs. Grande famille, présages, tares ou qualités paternelles, tout est passé au crible. S'ensuit la partie 'histoire du règne' où, de la désignation à l'assassinat, nos deux empereurs voient leurs moindres faits et gestes commentés. D'abord, quelques qualités pour Néron, il est artiste, il est généreux... Pour Claude, ça commence tout de suite assez mal : il est peureux, limite débile (au point que Livie, sa grand-mère, refusait de lui parler). Et puis pour les deux, ça se gâte : Claude aime maladivement les femmes et la bonne chère (il se marie quatre fois). Ce qui ne lui portera pas chance, je vous assure. Et puis, en justice, il n'en faisait qu'à sa tête. Quant à Néron, précédé dans vos esprits (dans le mien aussi, je vous assure) de toutes les tares possibles, son portrait est finalement moins noir que celui de Claude. Bon, c'était un égocentrique, paranoïaque et criminel. Je ne vous raconterai pas le nombre de coups pendables qu'il a fait à sa mère... ni même le nombre d'assassinats qu'il a commandité. Ce poète un peu trop oublieux de ses concitoyens a une vie tout à fait étonnante (que vous pouvez aussi découvrir par le biais d'une BD, Murena, excellentissime, si les ragots de Suétone vous gonflent). 

mardi 29 septembre 2009

De viris illustribus


Le brave abbé Lhomont a voulu résumer l'histoire romaine pour ses sixièmes. Là on peut faire une parenthèse sur la baisse du niveau de latin en France. Oui, j'ai découvert ce livre pour mon petit latin en hypokhagne. Depuis, je ne joue plus à traduire ou alors seulement par ennui.
Et je me suis aperçue que jamais je ne l'avais lu in extenso. Du coup, pour réviser mon histoire romaine en m'amusant (et parce que je n'ai pas la série Rome à ma disposition) j'ai relu cette compilation du brave abbé.
Il commence son récit à la fondation de Rome par les jumeaux (la louve, Rhéa Silvia etc) et poursuit son résumé jusqu'à l'empire. Il nous abandonne après Actium comme si la suite n'était que décadence. Ce qui est sympathique, c'est la vivacité des portraits d'hommes illustres (c'est la traduction du titre pour les non latinistes), la capacité à résumer en quelques événements importants les étapes de l'histoire. Bien sûr, les anecdotes et les exemples de courage sont mis en avant. Et l'ensemble n'est pas aride. L'abbé ne fait pas rire mais il est pédagogue. Il note les faits marquants, insiste sur les grandes batailles, les héros dévoués et les morts improbables. Le tout sans trop de fautes ou d'approximation, compilant Tite Live, Cicéron, Polybe etc.
Une bonne introduction à l'histoire romaine. Et une manière amusante de se remettre au latin.

mercredi 29 juillet 2009

Alceste


Non, je ne me suis pas remise à lire les textes que l'on préparait pour le bac. J'ai juste pris quelques jours pour aller compléter mes infos pour mon concours à la source, c'est à dire en Grèce. Là, j'ai pu assister à une représentation en plein air dans le beau théatre d'Epidaure. C'est une envie que j'avais depuis des années, depuis que l'on m'avait appris l'existence de ce festival qui reprend les pièces antiques pendant l'été et les rejoue dans un lieu adapté.
Alceste, c'est l'histoire de cette épouse fidèle qui se sacrifie pour sauver son époux. Nul n'a voulu échanger sa place aux enfers sauf Alceste. Admète, le veuf, en veut atrocement à ses parents pour leur "égoïsme". Au même moment, on frappe à la porte. C'est Héraclès, le héros qui traine son lion doudou et sa grande massue ; il demande l'hospitalité. Le deuil lui demeure caché. Mais un serviteur excédé par son ivrognerie lui raconte les événements récents. Héraclès disparait et donne à Admète une épouse voilée, la sienne, sauvée de la mort. Bon, pas trop tragique, ça va.
Alors bien entendu, je n'ai pas tout compris. Il y a une distance entre le grec ancien et moderne et entre l'écrit et le parlé. Mais je connaissais suffisament la pièce pour ne pas être perdue. Les acteurs étaient vétus (plus ou moins) à l'antique tandis que le choeur avait un costume de business (wo)men. Les effets étaient par contre résolument modernes et la mise en scène un peu étonnante mais tout à fait regardable !
Bref, une superbe sortie (pour un prix défiant toute concurrence) dans ce lieu magique !

lundi 6 juillet 2009

L'odyssée de Pénélope


Ce livre d'Atwood m'intriguait beaucoup. Il faisait partie de la sélection swapomythique mais aussi des collections de ma bibliothèque municipale. Il était sur un présentoir, je l'ai vu, je l'ai emprunté. Voilà.

C'est Pénélope qui, du champ des asphodèles, nous conte son histoire et celle de ses servantes, pendues par Ulysse. La pauvre regrette sa vie passée et ses choix. Régulièrement, à la manière du choeur antique, les servantes mêlent leurs voix en un chant nostalgique ou vengeur.

La vie de Pénélope est celle qu'on entrevoit chez Homère, fade petite épouse pas très jolie, second choix par rapport à Hélène, sa cousine. Elle épouse Ulysse chez qui elle trouve un mari à la hauteur de son intelligence. Rusé et conteur (pour ne pas dire menteur), il la berce de ses histoires avant et après la guerre de Troie et son errance malheureuse de dix ans (enfin, faire l'amour à Calypso ne devait pas être si désagréable pour qu'il soit resté si longtemps auprès d'elle. Et c'est pas moi, c'est Homère qui le dit). Pendant ce temps, Pénélope coud. Et nourrit des prétendants excités par sa dot. Et charge ses servantes de les distraire et de devenir agents doubles. Sauf qu'en rentrant, Ulysse est pas très content de voir ses richesses accaparées par des morfales et les envoie dans l'autre monde. Et pend les servantes pour leur comportement. Il parait que Pénélope aurait dû être parmi elles. Pourquoi ? On suspecte sa fidélité mais sans avoir de vraie réponse à ce sujet. Il y a aussi une interprétation spirituelle que je vous laisse lire et qui m'a semblé complètement hors sujet...

Pour conclure, j'ajouterais que le style moderne et les différents types de tons employés sont agréables et diversifient les approches d'un personnage qui demeure assez terne. Et qui n'hésite pas à ternir les aventures d'Ulysse par des interprétations très terre à terre (mais très drôles).