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lundi 1 février 2021

La joie

Etrange que ce roman de Charles Pépin ! Je m'attendais à un essai, c'est certainement ce qui a d'abord perturbé ma lecture. Ensuite, ce sont les similitudes avec l'Etranger de Camus qui m'ont dérangée. J'ai eu l'impression de relire ce livre avec un autre point de vue. Alors, de quoi s'agit-il ?

Monsieur Solaro a de quoi se plaindre : une mère malade, des problèmes financiers, un papa dépressif... et pourtant, il est habité par la joie. La joie d'être en vie, de sentir la vie couler en lui ; il voit le côté positif des choses même quand ça va mal. Et puis, suite à une rixe, sa vie bascule : il est jugé pour avoir tué un homme. Mais c'est un autre procès qui se joue, le procès de sa joie, de son amour de la vie qui passe pour de l'insensibilité, de l'indifférence. Pour lui, ce qui se passe est dans l'ordre des choses, il n'y a pas de remord ou de regret à avoir, ils ne servent à rien et ne changent rien. Pour les jurés et juge, c'est un crime à condamner, une sociabilité à réformer. 

Un étrange roman, certainement philosophique avec cette faculté à vivre du présent et de la joie d'être, dont la fin m'a pas mal questionnée. Pourquoi ce geste finalement ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment ? Car si l'on comprend l'accident du premier crime, le second reste incompréhensible !

"Soudain j'ai eu envie de lui répondre que non, je n'avais rien à ajouter tant il me semblait que tout avait été dit, tout avait été dit de leurs préjugés et de leurs œillères. Chaque prise de parole avait eu pour fonction de conforter celui qui parlait dans ce qu'il pensait, chaque phrase m'avait semblé un effort pénible et vain pour justifier une position : c'était bien la preuve qu'elle n'était pas bonne, cette position [...] Il m'a semblé que c'était bien là ce qui me distinguait d'eux : ce qui était me suffisait amplement, je n'avais rien à ajouter. J'ai pensé qu'elle était là, l'injustice, la vraie. Il y avait ceux qui toute leur vie souffriraient, incapable d'aimer ce qui est, et il y avait les autres, les autres dont j'étais"

"Il ne comprend pas qu'ici, les déceptions n'ont pas le même poids : ici, on peut mourir d'espérer. Je lui dis que c'est le réel qui compte, c'est lui et lui seul qui peut nous rendre heureux"



 

lundi 24 décembre 2018

La confiance en soi

Charles Pépin, que j'ai croisé comme prof, a écrit ce joli ouvrage qui se lit comme un roman. Simple, léger, saupoudré de philosophie et de stars, il se veut un anti-manuel de développement personnel mais il y ressemble diablement. Il part néanmoins d'un présupposé différent, à savoir que la confiance en soi ne dépend pas que de soi mais de plusieurs ressorts : la confiance en l'autre, la confiance en ses capacités et la confiance en la vie. L'ouvrage se construit ainsi : 

Cultivez les bons liens

Être de relation, nous ne naissons pas tout armés pour la vie, il nous faut des soins, nous naissons dépendants. Et cette relation à l'autre, elle se poursuit bien après l'enfance. De la nait la confiance en l'autre, qui se cultive par la mise en confiance, par le fait que l'on nous fasse confiance.
"Quelques mots bien sentis d'un maître ou d'un ami. Des mots venants du coeur, qui suffisent alors à donner confiance pour la vie"
"C'est donc un même mouvement qui nous aidera à prendre confiance en nous et à faire confiance aux autres : sortons de chez nous, nouons des relations avec des gens différents et inspirants, choisissons des maîtres ou des amis qui nous grandissent, nous réveillent, nous révèlent. Cherchons les relations qui nous font du bien, qui nous sécurisent et nous libèrent"


Entrainez-vous

En fait, la confiance, ça se travaille. Ou plutôt, c'est le développement d'une compétence, d'un talent, qui aiderait à construire la confiance. Et c'est une compétence qui vous plait, que vous travailler sans trop vous en rendre compte, ou sans que ça vous saoule. Il faut que ça vous fasse plaisir sinon vous risquez d'être un "consciencieux" qui a peur d'être pris en défaut. A vos 10 000 heures de pratique - avec le sourire ! Moi, à part lire, je vois mal où je peux trouver autant d'heures accumulées à faire la même chose :)

"Chez les grands artistes, la confiance provient donc d'abord, ou disons plus exactement surtout, d'une pratique assidue et même obsessionnelle" 

Ecoutez-vous

Et pour cela, distinguez l'urgent de l'important. Et trouvez des lieux ou des temps pour vous écouter, des rituels qui vous font du bien et vous aident à être présents.
 

Émerveillez-vous

"L'expérience esthétique n'est jamais simplement esthétique. En nous rendant davantage présents à nous-mêmes et au monde, elle a pouvoir de réveiller, de provoquer, peut-être même d'entrainer notre confiance en soi"
 

Décidez

"Choisir, c'est se reposer sur des critères rationnels pour armer le bras de son action. Décider, c'est compenser l'insuffisance de ces critères par l'usage de sa liberté. Choisir, c'est savoir avant d'agir. Décider, c'est agir avant de savoir" 

Mettez la main à la pâte

"Le travail manuel, le fait de "mettre la main à la pâte" et d'observer son action modifier le réel, peut être épanouissant, humainement comme intellectuellement" 
"Un bon travail, selon Aristote, doit pouvoir procurer du plaisir à celui ou celle qui s'y adonne, et son excellence doit pouvoir être jugée par les autres de manière directe. Dans une société soucieuse de la "vie bonne", affirmait-il, nous devrions tous avoir un travail, un métier qui corresponde à ces critères"

Passez à l'acte

Tentez, échouez, confrontez-vous au réel, non pour renforcer votre confiance, mais pour vous abandonner à la réalité, et voir ce qui peut en naître !
 

Admirez

"Admirer, ce n'est pas vénérer ; ce n'est pas s'oublier dans la contemplation du talent de l'autre. C'est se nourrir. Prendre exemple sur ceux qui ont osé suivre leur étoile pour entreprendre de chercher la sienne. Que nous dit leur exemple ? Qu'il est possible de devenir soi" 
"Croire que nous ne sommes pas dupes est la meilleure façon d'être complice de ce qui nous diminue"

Restez fidèles à votre désir

"Le seul fait de se comparer nous détourne de la vérité de notre existence : nous sommes tous singuliers. Notre valeur est absolue, non relative à celle des autres" 

"Nous pouvons tous nous inspirer de la sagesse d'Ulysse : il a confiance en lui parce qu'il a confiance en son désir. Il se connait assez pour reconnaitre, au milieu de toutes des étoiles qui sont autant de tentations, celle qui brille plus que les autres, celle qui brille pour lui"

Faites confiance au mystère

Et à la vie, même quand elle n'est pas une fête. 

Je sors confiante de cet ouvrage ! Et j'ai été particulièrement touchée par ce qui relève de la confiance en l'autre. Je le vis et l'éprouve tous les jours dans mon travail mais j'ai du mal à l'appliquer à moi-même. Bref, il y a plein de pistes à explorer et une bibliographie commentée, qui m'a fait ajouter plusieurs titres à ma LAL.